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tain et un desservant qui l'avoient assisté auprès du moribond. L'affaire étant parvenue à la connoissance du saint Siége, S. S., avec cette haute sagesse qui la caractérise, désapprouva les poursuites de l'archiprêtre, en les déclarant antireligieuses et contraires à l'ordre établi. Le commissaire inquisitorial, qui transmit la décision de S. S., l'accompagna d'un Mandement dans lequel on remarque le passage suivant: La justice de Dieu est inévitable; il a également pitié de toutes les ames en souffrance; gardons-nous de prêter à la méchanceté des hommes des armes qu'ils tourneroient contre eux-mêmes en s'en servant contre la religion. Anathême à celui qui méconnoîtroit l'esprit de charité de Jésus-Christ! L'Eglise, comme le pauvre de Jéricho, ne peut que montrer ses plaies et attendre des secours ». L'archiprêtre, rentrant promptement dans les sentimens de la vraie religion, se dispose à aller expier son faux zèle dans les missions d'Afrique ».

On voit qu'il ne manquoit rien à cette anecdote pour en imposer aux lecteurs; le nom de la confrérie, celui de la famille, tous les détails de l'affaire sembloient rapportés avec une fidélité scrupuleuse. Seulement le pathos du commissaire inquisitorial paroissoit un peu amphigourique et un peu boursoufflé, outre qu'il n'est pas très-orthodoxe. Un habitant des Pays-Bas, étonné de ce langage, profita de quelques relations qu'il avoit avec Ancône pour demander des informations sur ce fait. Il supposoit bien qu'on avoit pu en altérer les circonstances; il n'immaginoit pas qu'on eût pu inventer l'anec dote entière. Voici ce qu'on lui a répondu dans une lettre du 3 janvier dernier : La confrérie de la Sainte Trinité n'existe pas à Ancône, ni par conséquent l'archipretre de ladite confrérie. La dame Camille Cirrimiglio n'y existe pas non plus, et ce nom, ainsi que le legs, la construction de la chapelle exigée par le testateur, le rèscrit du Pape, la condamnation de l'archiprétre, el sa résolution d'aller aux missions d'Afrique, sont autant d'inventions dont on n'a jamais oui parler ici. La persome qui reçut cette lettre crut de bonne foi qu'elle

feroit sur les autres la même impression que sur ellemême. Elle alla trouver le journaliste du Limbourg, espérant qu'il suffiroit de lui montrer la vérité pour l'engager à démentir un fait apocryphe. Mais on lui répondit qu'on ne pouvoit se rétracter sans se compromettre. Que faut-il plus admirer ici, ou de la frivolité d'une telle excuse, ou de l'impudence de l'auteur de l'anecdote, qui s'amuse à envoyer à ses correspondans des nouvelles où il n'y a pas un mot de vrai? Il y a des gens qui prennent plaisir à insulter les prêtres; il y en a d'autres qui se croient plus fins, et qui se contentent de les tourner en ridicule.

GAND. M. de Broglie, notre évêque, invité à ordonner des prières pour la naissance du fils du prince d'Orange, avoit cru devoir en référer au saint Père. Il vient de publier la réponse du souverain Pontife à la suite d'un Mandement. Voici ces deux pièces :

« Si jusqu'à présent vous n'avez pas entendu, N. T. C. F., la voix de votre premier pasteur au milieu des acclamations d'allégresse qui ont suivi la naissance du jeune prince, héritier futur de la couronne, ce n'est pas que notre coeur ne les partageât. Nous étions dans une véritable tristesse de ne pouvoir donner l'essor aux sentimens de joie que doivent éprouver, en pareilles occasions, de fidèles sujets de cette dynastie, qui, depuis bien des années, nous avoit honoré de ses bontes. Nous avions pourtant un juste sujet d'espérer que le jeune héros, de l'illustre enfant, n'ignoroit pas nos désirs à cet égard.

père

>> Nous attendions avec impatience la décision du chef de l'Eglise, auquel il appartient d'interpréter les saints canons et d'en dispenser au besoin, ainsi que la règle de conduite que nous devions suivre, relativement à cet objet, dans le royaume des Pays-Bas. Enfin, nous ve→ nons de recevoir de sa Sainteté le bref ci-joint, dans lequel elle nous déclare, comme le saint Siege l'a déclaré en d'autres circonstances, qu'il nous est permis d'adresser au Tout puissant, par qui règnent les rois (Prov. c. 8), et qui est l'arbitre suprême des empires, des prières solennelles pour tout ce qui concerne le bien et la prospérité du Roi ou de sa famille, et la stabilité de son trône. Que nos églises retentissent donc, N. T. C. F., de cantiques sacrés, en actious de grâces pour les bienfaits qu'il a plû à Dieu d'accorder à cette auguste dynastie.

» Réunis autour des saints autels, et sachant qu'il nous est prescrit d'honorer les rois (I. Petr. 2), et de leur être fidèles, offrons nos vœux au Seigneur, pour qu'il daigne accorder à sa majesté et à sa famille, non-seulement la félicité terrestre qui passe comme l'ombre, mais encore le bonheur inappréciable de le servir en esprit et en vérité.

A ces causes, nous avons ordonné et ordonnons qu'un Te Deum solennel soit chanté dans tous les églises de notre diocèse le premier dimanche qui suivra la réception de notre présent Maudement, en actions de grâces pour la naissance du jeune prince, et l'heureuse délivrance de S. A. I. madanie la princesse d'Orange.

>> Les autorités civiles et militaires seront invitées à assister à cette solennité.

» Et sera le présent Maudement lu au prône des messes paroissiales.

» Donné à Gand, en notre palais épiscopal, le 8 de mars 1817 ». MAURICE, évêque de Gand.

PIE VII, PAPE.

Vénérable frère, salut et bénédiction apostolique.

« Si nous n'avons pas encore répondu à la lettre que vous nous avez écrite relativement aux prières que le gouvernement pourroit peutêtre vous demander à l'occasion du mariage du prince héritier de la couronne, il faut l'attribuer à deux causes. D'abord, attendu l'immense quantité d'affaires sur lesquelles nous sommes consulté de tous côtés, l'examen de cette question, que nous avions commis à une congrégation de quelques cardinaux de la S. E. R., a été différé plus long-temps que nous ne l'aurions voulu. Ensuite nous aurions pu, l'examen étant terminé, et l'affaire ayant été mûrement examinée par nous, vous faire connoître notre décision; mais voyant que l'occasion d'ordonner ces prières publiques étoit passée, nous avons cru devoir différer de vous répondre sur cet objet.

»Maintenant que nous sommes prié de nouveau, tant de votre part que de celle des autres ordinaires du royaume, de déclarer quelle règle de conduite on devra suivre en de pareilles occasions, si elles se présentent eucore, nous vous faisons savoir, vénérable frère, suivant le sentiment reçu et manifesté en d'autres circonstances par le saint Siége, qu'il est permis aux ordinaires susdits, en cas que le Roi leur témoigne son désir à ce sujet, d'ordonner des prières publiques pour une cause quelconque qui concerne le bien et la prospérité du Roi et de la famille royale, ou la stabilité de son gouvernement, toutefois avec les précautions prescrites par l'un de nos prédécesseurs, le pape Benoît XIV, d'acureuse mémoire, dans sa lettre aux archevêques et évêques du rit grec en communion avec le saint Siége, donnéc le premier mars 1756. » Il faut aussi avoir l'attention, en ordonnant ces prières, de prévenir avec soin le scandale qui pourroit peut-être en résulter pour les foibles, en avertissant le peuple, daus une instruction pastorale, que ces prières sont offertes à Dieu, soit pour lui rendre grâce pour les bienfaits qu'il a accordés au Roi et à la famille royale, soit pour lui demander leur prospérité, ainsi que la tranquillité publique et privée du royaume, et afin que le cene du prince soit rendu favorable à la religion cetholique et bien disposé pour elle.

> En vous renouvelant les témoignages distingués de notre tendre af

fection pour vons, nous vous donnons avec effusion de cœur, ainsi qu'à votre troupeau, notre benediction apostolique.

» Donné à S. Pierre de Rome, le premier février de l'an 1817, de notre pontificat le dix-septième ».

(L. S.)

Signé, PIE VII, pape.

A notre vénérable fière, Maurice“, évêque de Gand.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. S. M. vient d'accorder, sur sa cassette, 6000 fr. aux hospices de Fontainebleau. Dès le commencement de l'hiver, elle avoit ordonné qu'il fût fait aux indigens de cette ville des distributions de bois; de plus, elle avoit fait remettre au maire une somme de 15,000 fr., qui, réunie aux sommes provenans de l'abandon fait sur la liste civile, et aux bienfaits que ne manquent pas de répandre les Princes, lorsqu'ils viennent chasser dans la forêt, ont permis de faire des distributions de pain, et d'établir des atteliers de charité.

Le général Lauriston a été envoyé à Calais pour complimenter et accompagner le grand-duc Nicolas, frère de l'empereur de Russie, qui se rend à Maubeuge, et qui doit y passer une revue. Ce prince a été reçu, le 18, à Lille, avec les honneurs dus à son rang.

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L'anniversaire du 12 mars a été célébré à Bordeaux par une messe solennelle et un Te Deum, et par des signes de joie de la part des habitans de cette cité fidèle.

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Le projet de loi sur les commissaires-priseurs a été rejeté, le 18 mars, par la chambre des députés. Sur 173 votans, il y a eu 100 boules noires.

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M. le comte de Goyon, préfet de l'Yonne, est nommé préfet de l'Eure, en remplacement de M. le marquis de Gasville, qui passe à la préfecture de l'Yonne.

M. Girod, ancien sous-préfet de Clermont-Ferrand, est nommé sous-préfet de Saint-Gaudens..

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M. Roy, un des trois candidats présentés par la chambre des députés pour la commission de surveillance de la caisse d'amortissement, a été nommé membre de cette commission par S. M.

On dit

que

les nouvelles élections auront lieu en quatre fois. Les seize départemens qui doivent concourir au renouvel

lement de 1817 seront classés en quatre divisions, lesquelles ne feront leur opération que les unes après les autres. Les départemers de la Seine et de l'Oise seront, à ce qu'on croit, de la première division.

— Une figure de la loi, assez laide, qui occupoit le milieu du bas-relief de la façade du palais Bourbon, va disparoître, à la satisfaction de beaucoup de personnes, qui s'étonnoient qu'on eût, depuis la restauration, fait choix d'un tel sujet de sculpture, qui rappeloit les déesses de la liberté dont on couvroit tous nos monumens et nos maisons pendant la révolution. La figure du Roi remplacera la loi. C'est M. de Puymaurin, de la chambre des députés, qui a provoqué ce changement.

- On assure que les généraux commandant l'armée d'occupation ont arrêté, qu'aussitôt le départ des corps désignés pour quitter la France, il sera fait un changement dans les cantonneniens, depuis l'Alsace jusqu'à la mer du Nord, de manière à ce que les communes qui ont le plus souffert soient diminuées de la moitié de leurs garnisons.

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-Les principaux habitans de la ville d'Hazebrouck, département du Nord, viennent de donner un nouvel exemple de bienfaisance réunis à l'hotel-de-ville par le maire, ils ont ouvert une souscription volontaire pour secourir les pauvres jusqu'à la moisson prochaine : les besoins étoient calculés par aperçu à 10,000 fr.; les sommes offertes à l'instant même se sont élevées à 12,000 fr,, et la liste des souscriptions ayant été portée ensuite au domicile des particuliers qui n'avoient pas assisté à l'assemblée, on a également obtenu une autre somme de 12,000 fr. Ce résultat fait d'autant plus d'honneur à la ville d'Hazebrouck, qu'elle n'a qu'une population d'environ 7000 ames', qu'elle n'est enrichie par aucune branche de commerce, et qu'elle a beaucoup souffert des charges de la guerre.

-Les journaux ont publié un rescrit de l'empereur Alexandre, adressé au gouverneur de Cherson, en Tauride, relativement à une seçte appelée les Dulobortzi, qui s'est établie depuis peu dans ce pays, et qui paroît avoir des rapports avec les méthodistes anglois. L'empereur ne veut point qu'on les chasse ni qu'on les maltraite, à moins qu'ils ne recèlent des déserteurs, ou qu'ils ne tentent de séduire les fidèles de l'Eglise dominante. Il recommande au gouverneur de s'assurer des faits, et de ne pas en croire des rapports exagérés.

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