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pables et qui ne l'ont pas mérité? Ne serait-il pas bien de songer à leur procurer les ressources dont ils ont besoin et qu'ils ne trouvent plus dans l'exercice d'un ministère qui leur a été injustement ôté ?

Nous posons cette question au P. Sorin et à tous ceux qui montrent un zèle, si légitime du reste, pour les prêtres coupables.

On écrit de Rome au Monde :

« Il est fort question, depuis quelque temps, de la retraite de Mgr de Mérode. Ce bruit n'est pas né à Rome. Il y a été apporté de l'étranger. Le ministre du Pape déplaît à certaines gens. Dans sa charge, déplaire aux ennemis déclarés ou masqués de l'Église, est un honneur. Il ne se le refuse pas. On sait quelle part il a eue dans la détermination de M. de La Moricière, lorsque le général accepta avec un si noble dévouement la mission que lui offrait le Saint-Siége. C'est à lui que l'on doit la réorganisation actuelle de l'armée, déjà portée au chiffre de dix mille hommes; il a su vaincre tous les obstacles et déployer, avec une fermeté quelquefois rude, une prudence qui a déconcerté les politiques, dont la malignité attendait, je ne dirai pas un prétexte plausible, mais des apparences pour accuser le Saint-Siége d'appuyer sa cause suprême sur les aspirations des partis. Mgr. de Mérode a pour le Saint-Siége un amour absolu, un amour sans alliage, et c'est là sa force. Ceux qui veulent être dignes de l'entreprise la plus sainte et la plus élevée qui soit au monde doivent aimer ainsi. Ce devoir est énergiquement tracé aux Zouaves pontificaux dans un ordre du jour de leur lieutenantcolonel, M. le vicomte de Becdelièvre. >>

Ainsi celui qui se proclame le représentant de JésusChrist et son vicaire, a une armée et des zouaves! et c'est un prêtre qui organise son armée!

O tempora! O mores!

-- On lit dans l'Opinion nationale:

« Une correspondance du Monde émet cette doctrine har

die que les contrées où règne encore le pape, « loin d'ap<< partenir à l'Italie, sont la propriété inaliénable du monde >> catholique.» Mon Dieu! ne serait-il pas temps de conseiller au correspondant du Monde quelques grains d'ellébore!

» Ceci nous rappelle les sermons du P. Gavazzi, et c'est toujours autant de gagné. On n'y saurait trop revenir. Écou

tez :

>> Une poule est entrée un vendredi dans la cour d'un curé de campagne. Une poule dans la cour d'un curé! un vendredi !..... Voyant la poule, le curé s'est écrié immédiatement: «Elle est belle, elle est grasse, elle va me faire un >> bon plat aujourd'hui.... Mais, père curé, c'est aujour» d'hui vendredi! C'est vendredi ?... »

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« Alors le bon curé compulse la théologie et se dit : « Si le Seigneur m'a envoyé cette poule, c'est signe qu'il » veut que je la mange; s'il me l'a envoyée aujourd'hui que » j'ai grand appétit, c'est signe qu'il veut que je la mange » aujourd'hui... Mais c'est aujourd'hui vendredi! donc, c'est » signe que Dieu entend que je la mange un vendredi... La >> volonté de Dieu soit faite. >>

» Vous voyez qu'avec la théologie du curé dans ses rapports avec la poule, il n'y a pas moyen qu'elle en réchappe. N'est-ce pas là toute l'histoire du temporel ecclésiastique? >>

Dans une correspondance adressée de la Sabine au Corriere del popolo, on lit le passage suivant :

« Nous avons ici des prisonniers presque tous blessés; ces braves gens sont munis d'un morceau de papier qui contient ces lignes : « Corps de réserve du Saint-Siége, cent » ans d'indulgence plénière à celui qui prendra les armes >> contre le roi excommunié.-Signé : cardinal de Angelis. >> (Unità italiana.)

Pour tous les articles non signés : L'abbé GUETTÉE.

PARIS.

IMPRIMERIE DE DUBUISSON ET ce, RUE COQ-HÉRON, 5.

L'OBSERVATEUR

CATHOLIQUE

REVUE

DES SCIENCES ECCLESIASTIQUES ET DES FAITS RELIGIEUX.

Omnia instaurare in Christo. Eph., I, 10.,

LE POUVOIR DES PAPES

DÉFENDU EN PRÉSENCE DU SÉNAT.

Nous ne pouvons rendre compte complétement de la discussion qui a eu lieu au Sénat touchant le pouvoir du pape. Cette discussion touche à la politique par tous ses côtés, et notre humble recueil n'a pas le droit d'aborder la politique. Nous ne pouvons donc saisir au vol, à travers les discours des orateurs, que des phrases éparses çà et là, qui se rapportent au pouvoir papal considéré d'une manière générale, et qui rentrent ainsi dans notre compétence.

Parlerons-nous du discours de M. le marquis Henri de La Rochejacquelein? Mais d'abord ce discours est-il, sérieux ? M. le marquis a-t-il le droit de se poser en athlète de la religion? Nous ne voulons pas attaquer personnellement l'orateur; nous ne pouvons ni apprécier sa situation politique, ni les allusions transparentes de la réponse du prince Napoléon ; mais ce qu'il nous est permis de dire, c'est que, pour se poser en athlète de la religion et de l'Église, il faudrait avoir à ce rôle plus de droits que n'en a M. le marquis. Quels sont ses antécédents dans la question religieuse ?

Quelles sont les preuves de la délégation qui lui aurait été donnée ? Quels sont les actes qui pourraient l'autoriser à prétendre qu'il a puisé dans sa conscience le droit de se présenter au Sénat comme le champion de la catholicité? qu'un évêque, qu'un prêtre, qu'un écrivain fameux et autorisé, qu'un catholique éprouvé et connu par des actes d'un zèle fervent et désintéressé, prennent en main la cause de l'Église dans telle ou telle circonstance, on le comprend; encore devraient-ils le faire avec plus de modestie que M. le marquis de La Rochejacquelein devant le Sénat; mais, nous l'avouons, nous n'eussions jamais pensé rencontrer M. le marquis sur la brèche couvert d'un aussi brillant uniforme.

Du reste nous l'avons trouvé digne des nobles guerriers qui combattent avec lui pour la même cause; digne de M. Pie, de Poitiers, qu'il connaît bien; digne de M. Dupanloup, d'Orléans; digue enfin de tous ces généreux athlètes de l'ultramontanisme, qui cachent, sous des dehors fort honorables, des desseins qui le sont peut-être beaucoup moins.

A ce point de vue, il a été supérieur aux cardinaux sénateurs qui n'ont essayé que de la scholastique ou du sentiment, sans pouvoir revêtir ni l'un ni l'autre d'un peu de véritable éloquence.

M. le cardinal Matthieu a voulu prouver qu'il était profond en droit des gens. Il a cité beaucoup de textes; mais en prouvant parfaitement en thèse générale que les peuples sont solidaires les uns à l'égard des autres, il ne s'est pas aperçu que la thèse générale détruisait radicalement la thèse particulière qu'il voulait soutenir en faveur du gouvernement pontifical. Mais quittons ce terrain dangereux que nous ne pouvons fouiller comme il serait nécessaire, et arrivons à un argument très ́original de M. le cardinal Mat÷ thieu en faveur du pouvoir temporel du pape. Nous citons textuellement :

« Si on supprime le domaine temporel, quelle indépendance restera au saint-père? Quelles ressources aura-t-il

pour entretenir auprès de lui ces employés, ces congrégations, ces tribunaux nécessaires à l'exercice de son autorité spirituelle? et, en supposant qu'il puisse les conserver, quels conflits n'aura-t-on pas à redouter avec le pouvoir nécessairement ombrageux qui commandera dans Rome? >> M. le cardinal pose en principe que ces employés, ces congrégations, ces tribunaux sont nécessaires au pape pour l'exercice de son autorité spirituelle. Nous lui demanderons alors comment il exerçait cette autorité avant LE SEIZIÈME SIÈCLE; car il doit savoir que les congrégations romaines, que les tribunaux romains ne remontent qu'à cette époque si rapprochée de nous. Puis, nous dirons à M. le cardinal que l'abolition de ces congrégations et de ces tribunaux sera un des plus grands biens qui résultera de l'abolition de la souveraineté temporelle du pape. Ce n'est pas d'aujourd'hu que la cour de Rome compromet la papauté; et l'on peut bien dire que, sans cette cour, sans les congrégations, sans les tribunaux de Rome, sans ses employés avides et ambitieux, la papauté n'eût pas cherché à conserver, par tous les moyens, une souveraineté temporelle dont les devoirs sont en complète contradiction avec les devoirs pontificaux ; qu'elle n'eût pas non plus cherché, d'une manière aussi constante, à usurper des prérogatives spirituelles qui ne lui appartiennent pas légitimement.

Il est donc fort étrange que M. le cardinal Matthieu ait donné, comme une raison de conserver le pouvoir temporel du pape, ce qui a le plus contribué à rendre ce pouvoir odieux, ce dont l'abolition sera une des meilleures conséquences de l'abolition du temporel.

M. le cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux, a voulu prendre aussi devant le Sénat la défense du pouvoir temporel du pape. Il l'a confondu avec le pouvoir spirituel, avec l'Église, avec la religion. Cette confusion est à l'usage de tous les ultramontains. Mais s'il est utile à leur cause de tout embrouiller, il est utile à celle de la vérité de tout éclaircir. Il ne faut pas se lasser de rappeler les principes

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