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religieuse; il regrette lébréviaire catholique et honore les saints catholiques. Dans ses ouvrages, il parle avec de grands éloges des saintes « diaconesses,» Hercule, Walburge, etc., et exprime un désir ardent de pouvoir rétablir le culte de la très sainte Vierge. C'est du moins ce que les réformés lui reprochent en parlant de l'opuscule De la simplicité virginale, dans lequel il représente l'état de virginité comme un état de sainteté. Il a fait prévaloir le nom de sœurs parmi les diaconesses de sa création; elles font profession et deviennent, dit-il, « des épouses du Christ. » Elles font le vœu de stabilité dans leur état, et d'obéissance envers leur directeur spirituel. Tout cela suffit do reste pour expliquer les mesures prises par le Consistoire contre ce ministre. L'hérésie des hérésies, aux yeux des protestants, est de se rapprocher de Rome. Pour tous les autres péchés, on peut espérer miséricorde, sinon absolution; celui-là est irrémissible. >>

N.-J. CORNET.

Cette dernière réflexion n'est ni juste ni chrétienne. Il n'est pas nécessaire, pour être bon catholique, de manquer à la charité. Jésus-Christ ne traitait pas les Samaritains aussi mal que M. Cornet traite les protestants. Un peu de charité ne nuit point dans les discussions, même envers ceux dont on ne partage pas la manière de voir. Les pharisiens hypocrites sont les seuls que Jésus-Christ ait traité avec rigueur. Suivons ses exemples.

Pour tous les articles non signés :

L'abbé GUETTÉE.

PARIS.- · IMPRIMERIE DE DUBUISSON ET ce, RUE COQ-HÉRON, 5.

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Nos lecteurs ont remarqué que le respectable auteur du manuscrit que nous avons édité, et qui a si bien vengé les opinions gallicanes contre le système, ultramontain, avait enseigné le presbytérianisme vers la fin de cet ouvrage. Sur ce point, il a été dans l'erreur; son ardeur contre les abus d'autorité qui désolaient l'Église, de son temps, et qui la désolent encore aujourd'hui, l'a emporté au delà des bornes légitimes.

Certes, nous sommes aussi ennemis que qui que ce soit de ce despotisme papal et épiscopal que l'on voudrait nous donner comme d'institution divine, quoiqu'il soit opposé aux premiers principes de la religion; mais nous ne confondons pas l'abus avec la chose. En nous élevant contre les abus, en attaquant de front l'arbitraire, le pouvoir antichrétien que les premiers pasteurs de l'Eglise cherchent à s'attribuer, nous respectons le ministère sacré dont ils sont investis, et nous regardons comme une erreur très dange reuse l'opinion de ceux qui soutiennent qu'ils ne sont supérieurs aux prêtres que de droit ecclésiastique.

Cependant, cette erreur est née d'une vérité, mal comprise, et par ceux qui l'ont rejetée et par ceux qui l'ont admise. Afin d'en donner une idée plus exacte, nous établirons trois propositions.

Première proposition :

Les évêques et les prêtres sont égaux quant à l'ordre sacerdotal.

Il n'y a dans l'Eglise qu'un sacerdoce, lequel est conféré par le sacrement de l'ordre. On ne peut recevoir ce sacrement qu'une fois et d'une manière complète. Il serait ridicule de soutenir que l'on peut recevoir une fraction de sacrement, la moitié ou les deux tiers, par exemple. Si ceux qui sont ordonnés reçoivent le sacrement en entier, ils reçoivent le sacerdoce complet; ils sont donc tous égaux quant à l'ordre. La consécration que reçoivent les évêques n'est pas un sacrement. L'Eglise n'a jamais reconnu qu'un seul sacrement de l'ordre, conférant un caractère indélébile, et ne pouvant par conséquent être conféré à la même personne une seconde fois. Il serait donc erroné de considérer la consécration épiscopale comme un supplément au sacrement de l'ordre, qui ne peut pas plus être conféré en deux fois que les autres sacrements de l'Eglise. Dès que la forme est appliquée à la matière sacramentelle, le sacrement existe nécessairement à l'état complet. Les prêtres recevant le sacrement de l'ordre sont investis du sacerdoce au même titre que les évêques, dont ils sont les égaux quant à l'ordre.

Deuxième proposition.

Les évêques sont supérieurs aux prêtres quant à l'exercico des fonctions sacerdotales.

Dès l'origine de l'Eglise, on aperçoit une différence hiérarchique entre ses pasteurs. Les uns sont investis d'une plus grande autorité, d'une surveillance, non-seulement sur les fidèles, mais sur les autres pasteurs. On convient généralement de ce fait; mais les uns prétendent que l'autorité des pasteurs supérieurs, quoique datant des premiers

temps de l'Eglise, n'en est pas moins d'origine ecclésiastique, et qu'elle est née de circonstances qui ont rendu l'ordre hiérarchique utile, sinon nécessaire, pour le bon gouvernement de la société chrétienne; les autres veulent que la supériorité épiscopale soit de droit divin, c'est-à-dire qu'elle ait été établie par les apôtres d'après les enseignements que Jésus-Christ leur avait donnés.

Nous nous rangeons à cette croyance, et nous établissons

cette

Troisième proposition.

Les évêques sont supérieurs aux prêtres, de droit divin, quant à l'exercice des fonctions sacerdotales.

Ceux qui refusent d'admettre cette troisième proposition se fondent ordinairement sur la première, et en tirent des conséquences qui ne sont pas légitimes. De ce que les prêtres ont reçu le même ordre, le même sacerdoce que les évêques, il ne s'ensuit pas qu'ils peuvent en exercer légalement toutes les fonctions. Il suffit, pour qu'il n'en soit pas ainsi, qu'il existe une loi qui les soumette, quant à cet exercice, à une autorité supérieure. Or, cette loi existe, et elle émane de Jésus-Christ par les apôtres.

On a cherché des traces de cette loi dans plusieurs textes qui ne prouvent rien: ce qui a autorisé les partisans de la première opinion à la soutenir plus opiniâtrément, et qui leur a fait obtenir des triomphes de détail sur leurs adversaires. Ainsi, dès qu'il s'agit de l'épiscopat, on cite ces paroles des Actes: «Faites attention à vous et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis surveillants (ETICXOTO) pour gouverner l'Eglise de Dieu, qu'il a acquise par son sang.» (Act. XX, 17-28.) Comine du terme grec episcopoi on a fait episcopi en latin, et évêques en français, on voudrait en conclure qu'il s'agit réellement des évêques dans ce texte. Il n'en est rien cependant, et l'on n'aurait jamais admis ce sens erroné si l'on eût voulu faire attention au contexte, dans lequel il est dit formellement que saint Paul adressait les paroles citées ci-dessus à tous les an

ciens (majores natu) des Eglises de l'Asie Mineure. Dans son épître aux Philippiens (I, 1), saint Paul ne mentionne que les évêques et les diacres. Nous pourrions citer plusieurs autres textes pour prouver qu'il donnait indifféremment les titres de επίσκοποι et de πρεσβυτεροι (prètres ou anciens) aux mêmes pasteurs. On ne peut donc s'appuyer sur ces textes pour prouver ni la distinction entre les évêques et les prêtres, ni la supériorité des premiers sur les derniers.

Nous ne rencontrons de preuves valables en faveur de notre troisième proposition que dans les épîtres à Timothée et à Tite. Saint Paul avait mis ces deux disciples à la tête des Eglises d'Ephèse et de Crète. Parmi les devoirs de leur charge, il place celui de n'élever aux titres de surveillant ou d'ancien, et de diacre, que des hommes d'élite. Il leur indique les qualités que doivent avoir les élus présentés à l'ordination ou imposition des mains. De ces deux épîtres il résulte clairement qu'à la tête des Eglises qu'ils fondaient, les apôtres plaçaient leurs compagnons d'apostolat ou leurs évangélistes pour tenir leur place. Dans l'Apocalypse, saint Jean donne le nom d'anges à ces pasteurs supérieurs qui remplaçaient les apôtres (Apocal. ch. I, II et III). Ce mot, qui signifie envoyé, est synonyme à peu près de celui d'évangéliste, qui signifie bon envoyé ou messager de la bonne nouvelle. Les droits et les devoirs de ces premiers pasteurs des Eglises sont clairement déterminés dans les deux épîtres indiquées. Ils jouissent évidemment d'une autorité supérieure à celle des prêtres ou anciens dans le gouvernement des Eglises, mais on ne leur reconnaît pas un caractère différent; on leur impose en particulier le devoir de ne remplir leurs fonctions, même les plus sacrées, comme celle de l'imposition des mains, qu'avec le concours du presbytère, c'est-àdire de l'assemblée de leurs prêtres.

Nous pouvons conclure des principes que nous venons d'établir: 1° que des évêques et leurs flatteurs sont dans une erreur grossière lorsqu'ils cherchent à élever tellement

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