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vent lui obéir, et Dieu l'assiste dans son commandement. Le pape est ainsi l'évêque, le pasteur et le pontife de l'Eglise universelle, l'évêque des évêques, le juge suprême et infaillible de toutes les questions religieuses. L'Église repose sur lui, sur son autorité; ainsi l'a réglé Notre-Seigneur.

>> Au-dessous du pape et autour de lui sont les évêques qui gouvernent, en union avec le pape, tous les diocèses du monde; et, pour renforcer le gouvernement des diocèses et faciliter les rapports des évêques avec le souverain pontife, les diocèses sont groupés en provinces, que président les archevêques.

>> Chaque évêque divise à son tour son diocèse en un certain nombre de paroisses, à la conduite desquelles sont préposés des prêtres appelés curés, et, avec le curé, d'autres prêtres appelés vicaires. Enfin viennent les 'simples fidèles.

>> On voit ainsi l'unité, la force et l'extrême simplicité du gouvernement de l'Église. Tout le monde, dans l'Église, obéit au pape, comme dans l'armée tout le monde obéit au général en chef : il n'y a qu'un commandement qui de Jésus-Christ passe en plénitude au pape, du pape aux archevêques et aux évêques, de ceux-ci aux curés et aux prêtres, et s'étend jusqu'au plus humble des fidèles.

» Et de même que l'état-major participe au gouvernement suprême de l'armée, représentant vis-à-vis de tous le général en chef; de même dans l'Église les cardinaux, et les autres ecclésiastiques appelés par le pape à ces fonctions sacrées, administrent et gouvernent au nom du souverain pontife l'Église catholique tout entière. C'est ce que l'on appelle les Congrégations romaines; elles sont au pape, pour le gouvernement spirituel, ce que sont ailleurs les ditférents ministères au chef de l'État. Leur autorité est l'autorité même du pape, qui, par elles, juge, gouverne et décide toutes les affaires de l'Église catholique. Les cardinaux, les prélats et les congrégations romaines forment l'état-major spirituel du souverain pontife.

» Enfin, dans l'Église comme dans l'armée, il y a des signes extérieurs pour distinguer les divers degrés de la hiérarchie la soutane ou robe sacerdotale est, : pour le souverain pontife, de couleur blanche; pour les cardinaux, de couleur rouge; pour les évêques, ainsi que pour les prélats, de couleur violette; pour les simples prêtres, de couleur noire. »

Ainsi, Notre Seigneur a réglé que le pape jouirait dans l'Église d'une autorité absolue, infaillible, divine. Quand est-ce que Jésus-Christ a établi cette règle? Comment se fait-il que l'Église l'ait ignorée jusqu'à nos jours? M. de Ségur ne daigne pas le dire. Il l'affirme, cela suffit. Sur quelles preuves s'appuie M. de Ségur pour affirmer que l'autorité ěpiscopale vient du pape? Sur aucune. Il entend qu'on s'en rapporte à sa parole sur ce point comme sur tout le reste. On a remarqué certainement que Monsignor fait les Congrégations romaines, les cardinaux, les prélats romains supérieurs aux évêques, puisqu'il en fait les organes et les instruments immédiats de l'autorité divine et infaillible du pape. Avons-nous tort de dire que la théologie des néo-catholiques ou plutôt des papistes n'a rien de commun avec l'ancienne théologie catholique? Cette dernière ne confondait pas dans l'organisation de l'Église le divin avec l'humain; elle reconnaissait que le gouvernement de l'Église avait été confié à l'épiscopat. Mais la nouvelle théologie, enseignant que le pape est dieu sur la terre, ne peut rien voir que de divin dans tout ce que le pape dit ou fait.

Nous ne perdrons pas notre temps à réfuter la théorie militaire de M. de Ségur. Il nous suffit de constater qu'elle diffère essentiellement de celle de la théologie catholique, et qu'elle n'est appuyée que sur l'opinion de Monsignor, dont l'autorité ne suffit pas pour en faire une vérité. L'abbé GUETTÉE.

(La suite au prochain numéro.)

L'ÉGLISE

PAR M. DE SEGUR.

Troisième article (1).

Peut-on se sauver hors de l'Eglise? M. de Ségur répond à cette question d'une manière qui nous a paru fort originale : « Oui, dit-il, en apparence, non en réalité. (P. 9.)» Que signifient ces mots : Se sauver en apparence? On est sauvé ou on ne l'est pas ; on peut se sauver, ou on ne le peut pas. Le salut, en apparence, est une invention de la néo-théologie à l'usage des néo-catholiques. La vraie théologie catholique n'a jamais été assez habile pour recourir à de pareilles distinctions.

On peut se sauver, dit M. de Ségur, sans appartenir extérieurement à l'Église. Il y a des hommes de bonne foi qui ignorent la vérité. Ces hommes peuvent se sauver hors de l'Eglise. Mais comme ils appartiennent à l'âme de l'Église, il est toujours vrai de dire que, hors de l'Église, il n'y a pas de salut. Après avoir fait ce raisonnement, M. de Ségur, satisfait de lui-même, s'écrie : Quoi de plus simple! Nous serions plutôt porté à dire : Quoi de plus embrouillé! En effet, on aura généralement de la peine à comprendre comment on peut appartenir à l'Église sans savoir même si l'Église existe, sans en avoir entendu parler. La vieille théologie catholique appelait âme de l'Église l'ensemble de ces fidèles d'élite qui sont dans la grâce de Dieu, dont les actes sont d'accord avec leurs croyances; elle appelait corps de l'Église l'ensemble de ceux qui ne lui appartiennent qu'extérieurement. Comment un homme qui ignore le christianisme luimême peut-il appartenir à l'âme de l'Église, c'est-à-dire à la société de ceux qui connaissent Jésus-Christ, qui l'ado

(1) Voir les numéros du 15 mai et du 1er juin.

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rent en esprit et en vérité, qui croient à sa parole, qui observent ses lois? La démonstration si simple de M. de Ségur se réduit à ceci : on peut se sauver hors de l'Église. Mais comme cette doctrine, formulée aussi rondement, aurait effarouché certaines gens, on a inventé la distinction de la possibilité apparente et de la possibilité réelle. Ce n'est qu'en apparence qu'on peut se sauver hors de l'Eglise, puisque ceux qui se sauvent hors de l'Église appartiennent à l'Église sans le savoir. C'est par des subtilités de cette nature que l'on rend la théologie ridicule et qu'on l'expose aux mépris de ceux qui ont quelque bon sens.

M. de Ségur aurait été et plus simple et plus raisonnable, s'il eût fait voir : 1o que cet axiôme : « Hors de l'Église, il n'y a pas de salut, » ne s'applique qu'à ceux qui ont la possibilité de connaître l'Eglise et d'y entrer; 2o qu'en ce qui concerne ceux qui n'appartiennent pas à l'Eglise, nous ne savons rien du sort que Dieu leur réserve dans l'éternité, et que nous devons nous en rapporter, sur ce point, à la bonté divine. Si, après avoir exposé ces deux principes, M. de Ségur eût exposé bien clairement ce qui est strictement nécessaire pour appartenir à l'Eglise de Jésus-Christ, il eût fait quelque chose de fort utile. Mais il avait hâte de quitter le terrain des généralités pour arriver à sa thèse principale, laquelle consiste à identifier l'Eglise avec le pape.

« On ne peut séparer l'Église du pape, » dit M. de Ségur. Pourquoi? parce qu'il est la tête de l'Eglise, et qu'un corps ne peut exister sans tête ; parce que l'Église est une famille, et qu'il n'y a pas de famille sans père.

Est-il vrai que le pape soit la tête de l'Eglise? Est-il vrai qu'il soit le Père de l'Eglise ? M. de Ségur ne se donne pas la peine de le prouver. Il l'affirme, c'est assez. Il ne croit même pas possible que l'on conteste ses deux assertions. Cependant, l'Ecriture sainte nous assure que l'Eglise n'a qu'une tête, qui est Jésus-Christ; que les hommes n'ont qu'un père, qui est Dieu. De quel droit M. de Ségur donnet-il une tête humaine au corps de l'Eglise, qui est le corps

BIBLIOGRAPHIE.

I

ESQUISSE HISTORIque sur l'anGIENNE ÉGLISE CATHOLIQUE

DANS LES PAYS-BAS.

M. C. H. Van Vlooten, curé de l'ancienne église catholique à La Haie, vient de publier (1), sous ce titre, un opuscule très intéressant et qui résume parfaitement l'histoire de l'Église de Hollande accusée de jansénisme. Il y prouve par des faits, que l'Église, regardée comme hérétique et comme schismatique par les ultramontains, n'est que l'ancienne Église catholique de Hollande, vivant sans interruption de ses anciennes et légitimes traditions. Pour faire connaître l'esprit qui règne dans cette Esquisse historique, nous en citerons quelques passages:

Voici d'abord l'avant-propos :

<<< Les signes des temps deviennent plus évidents de jour en jour, et le nombre s'augmente de ceux qui croient qu'une grande lutte s'apprête pour l'Église catholique. Depuis trois siècles, l'esprit du jésuitisme domine dans cette Église ; il s'y est soutenu par l'erreur et la superstition; de nouvelles doctrines ont été enseignées à la place de l'ancienne vérité, et l'immense majorité des catholiques qui croient l'être ne le sont pourtant plus. Ils ont perdu la vraie foi.

» En Hollande, la plus grande partie de l'Église catholique est imbue de l'esprit jésuitique; on y enseigne une doctrine entièrement contraire à celle de l'Église ancienne.

» Mais il existe aussi dans ce pays une Communauté chrétienne qui a conservé l'ancien dogme, qui rejette et les nou

(1) Paris, librairie ecclésiastique gallicane de A. Johanneau, 77, rue de Rivoli.

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