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pour faire apercevoir la haute supériorité qu'elle a sur ces contradictions si faussement appelées philosophiques.

Il y a peu de passages dans cette controverse que l'on puisse abréger sans en affaiblir la force ou l'agrément. Tel est encore celui-ci. « On pourrait discuter sa théorie du mérite, dit M. Guettée, mais à quoi bon opposer systèmes à systèmes? Notre unique but est de défendre la doctrine chrétienne contre ses attaques. Nous l'avons suffisamment défendue en l'exposant et en lui comparant la théorie erronée que M. Larroque a prise pour elle. Sa première erreur l'a conduit à une seconde qui en est la conséquence; il se bat les flancs pour arriver à prouver qu'un mérite personnel ne peut être reversible sur d'autres personnes. Eh! mon Dieu, très honorable adversaire, il ne s'agit pas en tout ceci du mérite résultant des actes d'une personne isolée; mais bien de la régénération de l'humanité par son incorporation au Dieu-Homme, son médiateur, son principe de vie. Est-ce la doctrine du christianisme que vous voulez critiquer? Alors partez d'une notion saine de cette doctrine, ou bien vous perdrez votre temps, et à l'exemple d'un chevalier célèbre par ses exploits fantastiques, vous tirerez l'épée contre des êtres inoffensifs ou imaginaires. »Voici comment il ramène son adversaire à une juste défiance de ses propres lumière qui est le caractère du vrai sage lorsqu'il raisonne sur les attributs de la divinité : « Cette proposition - la justice divine cesserait d'être, plutôt que de n'être pas telle que nous la concevons (sous la notion qu'il vient d'en donner), trop absolue: elle signifie que si la justice divine n'est pas telle que M. Larroque la conçoit, elle n'existe pas. Cette fierté philosophique est peu digne d'un philosophe qui doit d'abord, à l'exemple de Socrate, être persuadé qu'il ne sait rien. Plus on est profond en philosophie, moins on est absolu : car avec la science des choses, on acquiert la connaissance d'insondables mystères... Si la modestie est toujours un devoir pour le vrai philosophe, c'est surtout lorsqu'il s'agit des attributs de l'Etre infini. C'est le fait d'un orgueil

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exubérant, pour me servir des expressions de notre adversaire, que d'oser, lorsqu'il s'agit de Dieu, s'exprimer ainsi : « Je conçois de telle manière tel de ses attributs; s'il n'est pas tel que je le conçois, il n'existe pas, il n'est pas possible.>> N.

Chronique Religieuse.

Un agent de la cour de Rome convenait dernièrement de la maladie du Pape, et disait que les journaux de Piémont ne disaient pas toute la vérité, or voici quelques extraits de ces journaux :

« La maladie du Pape va s'aggravant. Pie IX donne des signes d'aliénation mentale depuis que lui sont arrivées des lettres des évêques de Lombardie annonçant le péril d'un schisme. On raconte qu'on l'a entendu dans le délire s'accuser soi-même et les siens d'avoir provoqué le schisme qui menace l'Église. »>

La Nazione publie une lettre de Rome où l'on lit;

« Vous pouvez imaginer que la secte jésuitique a déjà peur du Pape, et qu'elle l'entortille le plus qu'elle peut. Elle le transporte à la campagne pour l'enlever aux contacts, le dominer ou l'éteindre à son gré. Je sais qu'une personne haut placée et en relation étroite avec le général des Jésuites, a dit que le Pape a souvent des délires (vaniloqui) dans lesquels il dit des choses qu'il est nécessaire de ne faire entendre à personne. Il pourrait bien se faire que ces prétendus délires fussent des discours faits sérieusement et la manifestation de pensées plus raisonnables et d'idées plus conformes à l'avantage de l' glise et de l'État. Mais maintenant le pauvre Pie IX est perdu pour toujours, et de l'abîme où il est tombé, il ne peut sortir et ne sortira qu'avec la vie. >>

Les journaux jésuitiques répètent sur tous les tons qu'il n'y a rien de vrai dans ces nouvelles; plus ils parlent haut, plus on doit croire qu'ils veulent tromper le public.

Pour tous les articles non signés :

L'abbé GUEttée.

FARIS. IMPRIMERIE DE DUBUISSON ET ce, RUE COQ-HÉRON, B.

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DES SCIENCES ECCLESIASTIQUES ET DES FAITS RELIGIBUX.

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La question soulevée à propos du principe: hors de l'Église pas de salut, est d'une gravité que tout le monde comprend. Si ceux qui nous ont fait des observations à ce sujet ne veulent point profiter des éclaircissements aute cissements que nous avons donnés précédemment, d'autres en profiteront sans doute. C'est pourquoi nous jugeons utile de fortifier la doctrine qué nous avons émise par le témoignage de plusieurs théologiens is appartenant à l'école de Port-Royal, et qui ne peuvent être suspects à nos contradicteurs.

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Voici d d'abord comment s'exprime Nicole à propos de ceux qui peuvent être justifiés sans avoir reçu le baptême, c'està-dire sans appartenir à l'Église visible (4);

(1) Nicole, Instructions théologiques et morales sur les sacrements, t. Ier, 20 instruction, ch. vII, édit. 1741.

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« DlEn combien de manières peut-on recevoir là grâce du baptême?99 19 ¿9rytism of grib-4-129'9,062 ub emêtqso » R. Tout le mohde (1) est obligé d'y participer par la réut ception actuelle du sacrement; mais si Pon en Test exclu par quelque nécessité, le désir peut servir de supplement aucsacrement, et produire son effet, pourvu que ce désir soit sincère et qu'il soit accompagné d'une véritable con version Car, dit saint Augustin (2), commé Dieu supplée la bonne volonté dans les enfants, il supplée aussi le sacre ment dans les adultes, lorsque c'est quelque nécessite invo-9! lontaire:quides en prive, quoique la voie ordinaire de la sanctification demande et la bonne volonté et le sacrement. » D. L'effet du baptême reçu par le seul désir est-il aussi grand que celui qu'on reçoit par le sacrement?q9q is R. Ni saint Thomas (3), hi saint Bonaventure (4) ne croient pas que la rémission soit si entière sans le sacrement qu'avec le sacrement, ni qu'elle enferme la rémission entière de la peine, comme la réception du sacrement.

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» D. N'y a-t-il que ces deux moyens de recevoir la grâce Fatih du baptême ? » (8) 99inoob on

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(1) Invenio non tantum passionem pro nomine Christi, id quod ex baptismo deerat, posse supplere; sed etiam fidem, conversionemque cordis, si forte ad celebrandum mysterium baptismi in angustiis temporum succurri non potest. (S. Aug., 1. IV, cont. Donat., c. 22.)

(2) Et sicut in illo latrone quod ex baptismi sacramento defuerat, complevit omnipotentis benignitas, quia non superbia vel contemptu, sed necessitate defuerat, sic in infantibus qui baptisati moriuntur, eadem gratia omnipotentis implere credenda est. (Ibid., cap. 24.)

(3) Si quis ergo catechumenus sit, habens desiderium baptismi (quia aliter in bonis operibus non moreretur, quæ non possunt esse sine fide per dilectionem operante), talis decedens non statim pervenit ad vitam æternam, sed patietur pœnam pro peccatis præteritis; ipse tamen salvus erit, sic quasi per ignem. (S. Thom. 3, p. q. 68, a. 2.)

(4) In baptismo flaminis qui est per poenitentiam et Spiritûs sancti gratiam, purificamur à culpa: in baptismo fluminis purificamur à culpa et satisfactoria poena in baptismo sanguinis purificamur ab omni miseria. (S. Bonav. centiloq. 3. p. sect. 48, de Bapt.)

Il y en a encore (4) un autre que l'on appelle le baptême du sang, c'est-à-dire le martyre; et ce moyen s'é- í tend même aux enfants qui meurent pour désus-Christ. A «

D. Sur quoi est fondée cette croyance que le baptême de sang suffit aux enfants pour le saluti22955 9upisup 18. B. Sur la tradition (2) de l'Église, qui a toujours ho→ noré les saints Innocents comme des martyrs. 9 sidonia dica Ainsi, d'après Nicole, le désir du baptême peut être ac compagné d'une véritable conversion Dieu peut remplacer d le sacrement qui nous introduit dans l'Église visible par une grâce qui justifie et sanctifie sans le sacrement; avant f le baptême, c'est-à-dire avant d'avoir rempli la conditions première et essentielle pour appartenir à l'Église visible, on peut être prévenu d'une grâce si excellente que l'on soit capable du martyre, c'est-à-dire du plus grand acte de cha9 rité, et Dieu est tellement maître de ses dons qu'il sanctifie même des enfants qui sont morts à l'occasion de JésusChrist, sans le savoir et sans avoir la moindre idée de la mort qu'ils souffraient.70m xush 295 sup li-tv A Mésenguy enseigne la même doctrine (3). « Ceux, dit-il,

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(1) Sciant igitur........... nec privari (catechumenos) baptismi sacramento, ut pote qui baptisentur gloriosissimo et maximo sanguinis baptismo, de quo et Dominus dicebat habere se aliud baptisma baptisari. (S. Cyp. ep. 73, ad Jubaranum, qd pistaymi moorendsisa b

Intonat..... veritas : Si quis non fuerit fenatus, etc. Atque ut ab hac sententia exceptos martyres faciat, quibus contigerit ante pro Christi nomine occidi, quam Christi baptismate dilui, dicit alio loco : Qui perdiderit animam suam propter me, inveniet eam. (S. Aug. de anima et ejus orig., 1. II, c. 12.)

(2) Non enim frustra etiam infantes illos, qui cum Dominus Jesus Christus necandus ab Herode quæreretur, occisi sunt, in honorem martyrum receptos commendat Ecclesia. (S. Aug., de lib. arb., 1. III, c. 23.)

Quos rex impius eximit mundo, Christus inserit cœlo, et quibus nondum sanguinis sui impendit redemptionem, jam martyrii tribuit dignitatem. (S. Leo. Serm. I, in Epiph. Vide Tertull., lib. de Bapt. S. Hilar. in Matth.)

(3) Exposition de la doctrine chrétienne, t. V; du Baptême, ch. iv, édit. 1744.

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