Page images
PDF
EPUB

Mais alors, dirons-nous, comment ose-t-il se poser publi quement en critique d'une doctrine qu'il ne comprend pas? Le passage du livre de M. Larroque, dans lequel il outrage saint Paul, est révoltant ou d'ignorance ou de mauvaise foi. M. Guettée, après l'avoir cité, veut bien se contenter de dire, avec sa modération ordinaire, que « M. Larroque ne s'est pas douté certainement que le chrétien, en le lisant, ne pourrait ê re saisi que d'un indicible sentiment de pitié pour celui qui l'a écrit... » Pour nous, qui ne sommes pas doué de la modération imperturbable de M. Guettée, nous nous indignons de ce passage, et nous disons qu'il est impossible que M. Larroque n'ait pas compris saint Paul; qu'il a dû rencontrer quelque part, ne fût-ce qu'une fois, dans sa carrièrè universitaire, l'explication de ce chapitre, telle qu'elle est admise par l'Église ; qu'au reste, il devait, en homme d'honneur, étudier les interprètes de saint Paul, avant de s'ériger en critique de sa doctrine; et qu'en l'invectivant, comme il le fait ici, il ment impudemment à sa conscience. Je dis plus, et j'ose ajouter que son livre entier est un outrage, on peut dire audacieux (1), fait sciemment, non-seulement à la foi chrétienne, mais à la raison éclairée, à la société et à Dieu.

L'apologiste chrétien donne une explication lumineuse de la doctrine véridique du grand Apôtre, et démontre à l'adversaire que, « s'il a sujet de se plaindre de quelqu'un en lisant saint Paul et en étudiant les doctrimes chrétiennes, c'est de lui, de son coup d'oeil superficiel et prévenu, qui n'a su voir que des inconséquences où il n'en existe pas, des contradictions où il n'y a en réalité que logique et harmonie parfaite.

n

Nous laissons aux aigles en théologie l'honneur d'accompagner sur le terrain de la prédestination M. Guettée, qui définit ainsi ce mystère :

La prédestination n'est en Dieu que la vue qu'il a, dans

(1) Puisqu'il n'a pas craint la honte qui l'attendait, si une réfutation savante venait à réduire en poudre sa critique.

son éternité, de deux masses distinctes: celle des élus et celle des réprouvés... Page 1 et 2. Effrayé de la profondeur de cet abîme, sentant déjà ma faible vue se troubler, "je m'arrête prudemment, en m'appuyant sur le huitième point de la doctrine posée dans cet article, parce qu'il établit pour moi suffisamment le dogme de la prédestination, et répond à la principale difficulté sur ce mystère impénétrable. 8° Dieu, par sa puissance infinie, pouvait faire que ceux qui ne profitent pas de sa grâce en aient profité; mais est-il obligé d'agir sur chacun de manière à déterminer sa volonté? Ne suffit-il pas à sa justice qu'aucune volonté ne soit nécessairement portée à une détermination contraire à celle qui est un devoir? Personne n'a donc le droit de demander à Dieu pourquoi il ne lui a pas plus accordé ; et les élus doivent proclamer que si leur volonté a été efficace, s'ils se sont élevés jusqu'à la liberté des enfants de Dieu; s'ils ont pu mériter d'obtenir le but surnaturel de leur création, ce n'est que par Dieu qu'ils ont voulu, qu'ils ont agi, qu'ils ont été justifiés, qu'ils ont été prédestinés. » No du 17 mars.

Il ressort donc pleinement de cet article que, quoique ce soit une vérité de sentiment et de foi que Dieu ne violente pas les volontés (p. 3), il n'est pas moins aussi de foi que ce n'est que par Dieu que les élus ont voulu, etc..., et finalement, que c'est par lui qu'ils ont été prédestinés. En sorte que la grâce est posée ici comme auteur et principe du salut depuis son plus faible commencement jusqu'à son achèvement et sa consommation. On ne saurait, ce me semble, mieux établir en peu de mots un mystère inaccessible au raisonnement humain, enseigné néanmoins d'une manière formelle dans l'Écriture, et que les développements les plus lumineux de saint Augustin ne résolvent pas. En présence de ce mystère, on reviendra toujours à s'écrier O altitudo! (1) - «Nous ne prétendons pas, dit M. Guettée en

(1) De quelque manière qu'on l'explique, il est certain qu'il faut, pour être dans le vrai, remonter à la volonté de Dieu, comme cause première, ou, si l'on veut, à son choix libre et gratuit. Ce choix gratuit

finissant, que cette doctrine de brenferine rienude anystėrieux, etc. Cette déclaration prouve évidentment qu'il est loin de prétendre réduire et expliquer le dogmeidę la prédestination au gré de l'orgueilleuse raison 2000 2004 % £! Les défauts que rencontre à chaque pas M. Guettée dans le livre de Ma Laproque, à mesure qu'il l'approfondit, në Hempêcheront pas, dit-il dans l'article, précédent, de contie nuer la tâche qu'il s'est imposée de le réfuter. Entre les rés sultats de haute utilité qu'aura son travail, et qu'il déduit en terminant nouspnoterons ici celui de démontrer que lë christianisme est l'unique asile où la vertu et la raison trou vent un refuge contre les entraînements du pallet des défaillances de l'esprit humain. quos 29uisy 291, didins'i eb Isya'l tict9_lus¶ sun 1966ze alla quisq & tugicidalite abzzung Jis vs zal teinfD-zweòl gb ssinado al sup‚(1) əmsi¶ zal ensv nul „binBIBLIOGRAPHIE. 91829 900 0978 -Ispoɔ Jis) svs ? -iula) elito) 291 2197 anus 'I „einmoonia 5 seily sb пoitutitengo saivib si 19itno obaom as 971 VIES DES CHRETIENS ILLUSTRES, us y se u gubi O DE 119 129 noitsibinį al Par M. MARTY, ancien recteur. Iersiduino) immol ence my 102 Days Shing zu suga'ban'I sh gisqjoang Ouvrage approuvé par NN. SS. les évêques de Rhodez, de Coutances, 00:29 de Mendé et de Montauban Gideo -mam,291dmom 292 39 tend) ub agroo of 2013 2007 (2007 « -'I eneb esɔulq esi udrticle 160 .05darom ab urd # - Dans une autre circonstance, Paul reproche aux Corinthiens les cabales formées au sein de leur Église par des dévots. Les uns disaient : Je suis à Paul, ceux-ci - je suis à Céphas; d'autres je suis à Apollo (Cor. I, 3, 4). A cette oc casion, un partisan de encyclique citée plus haut aurait tenu à peu près ce langage: Non, vous n'êtes ni à Apollo, ni à » Paul ; vous êtes à Céphas, vous lui appartenez à un titre » divin, Jésus-Christ vous a tous donnés à lui. Il est pour vous 5000k Smám si sova yallig'i isikutovnog 890 got ou 292 200 est précisément ce qui choque l'orgueil humain et ce qui le fait s'écrier: pourquoi ceux-ci ont-ils été préférés à ceux-là? Mais on a beau raisonner: la est l'impenetrabilité du mysteré, devant laquelle on ne peut que courber la tête la raison de ce choix est le secret de Dieu.

:

[ocr errors]

stout ce que serait le Fils de Dien s'il eût daigné fixer le trône » de sa gloire au milieu des hommes. Il est le seul dépositaire

de sa puissance, de sa justice et de ses indulgences Pour » nous, nous sommes trop honorés de nousu asseoirna ses ■npieds et de dénouer sa chaussure.» Eh bien, qu'on disè la fermebet digne réponse de saint Paul; qu'on soit attentil surtout au verset 22, où il ne craint pasadę se nommer en premier lieu, deux degrés avant Céphas, et ondjugera que cet apôtre, à l'extérieur timide et mesquin, afléctait avec l'unique vicaire du Christ une égalité choquante et scanda leuse.four al te utras ul úo elias 96piuo 'I 329 9meinatzindɔ --Elle ne choquait ni ne scandalisait l'ancienne Église quer l'ambition, les vaines complaisances, et les craintes lâches effleuraient à peine. Elle savait que Paul était l'égal de Pierre (1), que la charité de Jésus-Christ les avait poussés avec une égale ardent ét uñé égālē autorité, l'un vers les circoncis, l'autre vers les Gentils. Celui-ci avait fait connaitre au monde entier la divine constitution de l'Église. Elle est écrite au douzième chapitre de sa première lettre aux chapitrETO 2010 Corinthiens. Le silence absolu de l'apôtre sur la juridiction principale de l'un d'entre eux porte avec soi un sens formidable aux prétentions des Citons ce texte : « Pour

[ocr errors]

» vous, vous êtes le corps du Christ et ses membres, mem»bra de membro. Car Dieu a distribué les places dans l'Église; premièrement les apôtres, secondement les prophètes, troisièmement les docteurs, etc. » Nous nous arrêtons Ici, afin d'attirer l'attention du lecteur sur ce mot du texte, gubernationes... des gouvernements... C'était ici la place naturelle de la suprématie... Vous l'y chercheriez en vain, parce que saint Paul ne l'y a pas mise. Il ne l'a pas mise, parce que l'Esprit saint qui l'inspirait ǹeclui tên rien dit. L'apôtre a écrit les gouvernements, parce que, en effet, tous ses collègues gouvernaient l'Église avec la même auto1741162216) 31 32 34. gads up so fasmbers a las odo :79000-161 #89d a go zislf." $1 x095 6 2919,514 919 -fi-Jño 19-xu99 toup›ñoɖ -1(1) Voir surtout Tertullien contre Marcion, et dans le livre des Pres criptions.word ab 19 092 yi les xiul goub «ozapt al : 9351 si red

[ocr errors]

rité, sans reconnaître la prépondérance d'un seul. Cette doctrine est répétée dans la lettre aux fidèles d'Éphèse. Là, les douze apôtres sont nommés les fondements de l'Église." Afin qu'en aucun temps il ne pût étre permis de prêcher que ces fondements reposent sur Simon, fils de Jonas, comme sur la pierre principale, saint Paul déclare qu'ils sont établis sur la haute pierre angulaire, Jésus-Christ (2-20).

On comprend pourquoi M. Marty s'est bien gardé d'analyser la doctrine de saint Paul. Il eût été obligé de citer son enseignement sur la constitution de l'Église. Or, c'est ce qu'il ne voulait pas faire, à cause de ses engagements avec le parti. Ce parti prétend qu'il n'y a pas de christianisme. sans un chef unique, indépendant, irresponsable. Et saint Paul garde sur ce chef divin un absolu silence. Il laisse ignorer à l'Église que ce chef existe, qu'il est nécessaire, qu'il remplace le Christ et que son nom est Pierre. L'apôtre a commis une bien autre omission. Disons mieux, Paul et Pierre en sont également coupables. Tous deux prédisent l'apparition future d'esprits superbes, cupides, sensuels, curieux et novateurs. Ces hérauts de l'erreur naîtront après la mort des apôtres, et aucun de ceux-ci n'indique à ces maux le remède prescrit de nos jours, et imposé sous peine de damnation éternelle : l'obéissance à l'autorité suprême et infaillible des successeurs de saint Pierre !... En vérité, c'est à n'y rien comprendre. Voilà qu'au lieu de prêcher sur les toits toute vérité, selon l'ordre du maître, Pierre et Paul ont laissé la lumière sous le boisseau. Pendant près de mille ans, le remède contre l'hérésie a été inconnu des peuples chrétiens. Il a fallu le splendide soleil du moyen âge frappant le front de quelques évêques de Rome, pour apprendre aux fidèles qu'il y a dans l'Église un homme, un seul, jouissant du droit exclusif, comme le dit l'archevêque de Toulouse, de juger les controverses, et, selon le cardinal Donnet, d'imposer les dogmes.

M. Marty a donc été fort mal avisé de parler dans une biographie de saint Paul de la suprême autorité de saint

« PreviousContinue »