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commandement en chef dans Paris et dans les environs, si on peut y produire un grand mouvement avant l'arrivée du Roi dans la capitale et surtout avant l'arrivée des armées Étrangères 1. Les pouvoirs de commandement militaire pourraient être fort étendus; mais il faudrait que d'une part Macdonald cherche à bien s'entendre avec Oudinot, et de l'autre qu'il soit bien informé des intentions du Roi pour le licenciement total de l'armée actuelle, sans qu'il aie le droit de s'engager à la conservation d'aucun des corps de l'armée en masse; mais seulement à celui des officiers qui auraient refusé de servir l'usurpateur, ou qui, après avoir prêté le serment, donneraient de tels gages de leur fidélité qu'il fût permis de leur accorder.

Il faudrait, en même tems, donner un pouvoir à Macdonald et des instructions pour le civil. Ces pouvoirs et instructions (les hommes que l'on pourrait associer à Macdonald pour cette partie devraient être MM. d'Herbouville, de Chabrol et Pasquier) qui ne pourraient être que fort passagères, devraient se borner à 3 articles. (Ces trois articles devraient faire la base des instructions du D. d'Angoulême, du D. de Bourbon et du Mal Gouvion St-Cyr, en ajoutant celui relatif au licenciement de l'armée). 1o Que le Roi veut tenir fermement aux Loix et à la Charte qu'il a donné ; 2o qu'il ne veut entendre à aucune proposition qui tendrait à faire aucun changement aux articles de la Charte ; 3° qu'en attendant le moment où les Chambres pourront être convenablement réunies, le Roi usera de l'étendue de pouvoir qu'il s'est réservé dans l'article 14 pour les momens de crise.

4° Envoier très promptement un officier très sûr, pour lui marquer une confiance personnelle, pour lui faire

1. Cf. ci-dessus, no 27 et 28.

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I et de plus pour

l'assurer que l'on compte entièrement sur lui et pour lui demander des renseignements positifs sur sa division et sur tout le corps d'armée du gal Gérard.

5o Tenir des officiers près à partir pour ordonner le rassemblement et le soulèvement de tous les fidèles sujets du Roi aussitôt que le D. de Wellington aura donné le signal auquel il s'est engagé 2.

6° Préparer sans délai un manifeste bien clair, bien positif, bien bon pour tous les fidèles français, bien imposant pour les rebelles et en général aussi ferme qu'il puisse l'être sans s'écarter des bornes fixées par la Charte.

N° 66.

Le comte d'Artois à Louis XVIII.

(Sur la suscription: au trot.)

A. B.

Alost, Lundy 19 juin, Midy.

Je ne vous parle pas des nouvelles, mon Cher Frère. Voici ce que je vais faire je pars à l'instant pour Bruxelles; là, soit par Pozzo et le gal Vincent 3; soit par le Duc si je puis le joindre, je vais m'occupper de deux objets aussi urgents qu'importants.

1o Je ne demanderai pas, mais je dirai que le corps de l'armée Royale va se porter à Courtrai, à Menin et à Ypres pour pénétrer en France et y réunir tous les fidèles. Je demanderai un peu de Cavalerie et d'Artillerie.

I. Mots illisibles.

2. Cf. ci-dessus les lettres de Wellington, nos 50 et 52.

3. Le général Vincent avait été grièvement blessé la veille à Waterloo.

Si je ne les obtiens pas, je me bornerai à demander armes et munitions de toutes espèces.

2o Il arrive une immensité de déserteurs, je les demanderai tous.

3o Je demanderai également les prisonniers qui s'offrent en très grand nombre de vous servir. Bonaparte battu et à peu près détruit, ils ne peuvent plus être à craindre, et il est d'une importance majeure pour la suite que vous ayés le plus promptement possible une armée à vous. 4° J'emmène Montelegier et environ 30 officiers bien sûrs; d'après les rapports les plus positifs nous avons la certitude que ces MM. réuniront et vous amèneront un grand nombre de soldats de toutes armes, si comme je le demanderai avec instance on leur permet d'aller aux avants postes. J'ai déjà vu 3 officiers de Carabiniers qui répondent qu'ils amèneront plus de la moitié de leur corps.

En attendant je vous prie avec instance, mon Cher Frère, de faire partir du monde pour la Flandre, l'Artois, la Picardie et la Normandie, afin de faire lever sans délai toute la masse des habitants.

Bonaparte est perdu, mais nous avons d'autres ennemis à combattre qui sont peut-être aussy dangereux 1. Je vous supplie de vous rappeller de tout ce qui a été le résultat de nos conversations.

Je vous embrasse, mon Cher Frère, aussi tendrement que je vous aime.

1. Allusion au parti orléaniste, que l'on craignait de voir appuyer par la Russie.

N° 67.

Le comte d'Artois au duc de Berry, à Alost.

A. B.

Bruxelles, 6 h. 1/4 (sans date).

Je viens de causer plus d'une heure avec le Duc et Pozzo 1; les idées du 1er applaudies par le 2° sont excellentes dans le fond, quoique ne s'accordant pas entièrement avec les nôtres. Tu recevras des ordres de marche en avant dès demain peut-être, ou au plutard après demain 2. Je vais ce soir coucher à Alost et demain j'irai à Gand. Fais passer mon billet au Roi.

Je partirai d'ici vers huit heures; fais prévenir chez M. Tack (?), où je descendrai.

Je t'embrasse.

N° 68.

Le duc de Berry au comte d'Artois.

(Suscription : 6 h., au galop, Monsieur.)

A. B.

Alost, à 6 h. (sans date).

Mon bien cher Papa, je vous envoye la lettre que j'ai reçue de Marmont; vous verrez qu'il n'y a pas un moment à perdre pour que vous partiez de Gand. Je me pré

1. Cf. ci-dessous, t. II, correspondance de Goltz, no 15, 16 juin.

2. Ces ordres de marche se trouvent dans la lettre suivante, publiée au tome VIII de la Correspondance de Wellington :

<< A Son Altesse Royale le duc de Berri.

« Nivelles, ce 20 juin 1815, à 7 heures du soir. « Comme je compte passer la frontière demain, je prie Votre Altesse Royale de se mettre en marche pour se joindre à nous. Je vous prie de marcher demain, le 21, à Grammont, le 22 à Ath, et le 23 à Mons. J'écris au duc de Feltre pour le prier que le Roi se mette en mouvement aussi par la même route; et, en cas que Sa Majesté fasse séjour dans les villes nommées pour Votre Altesse Royale, il faudrait que Votre Altesse Royale cantonnât dans le voisinage au lieu de le faire dans la ville nommée. »

pare à me retirer à Termonde et derrière l'Escaut, tant pour couvrir la retraite du Roi que parce que je n'aurai pas le temps d'arriver à Malines si Bruxelles était occupé ce matin, comme cela est à craindre. Si la retraite n'est pas aussi précipité, j'irai de Termonde sur Malines, j'ai écrit au Duc. J'attendrai ici que je sache Bruxelles pris pour me retirer. Cela est bien fâcheux, mais cela ne fait pas grand'chose pour le résultat 1.

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Je renvoie à M. de Jaucourt les sceaux des affaires étrangères et un rouleau de papiers qui m'ont été remis par M. Rheinhart.

Je vous prie, monsieur le comte, de me dire si le Roi a quelques ordres à me donner. Je les attendrai ici et je les exécuterai fidèlement. Si, au contraire, Sa Majesté n'avait rien à m'ordonner, je quitterai cette ville, qui est fort chère et dont la position ne me convient pas, pour me retirer en Allemagne.

Permettez moi de vous observer que la résidence d'Ostende ne me paraît ni convenable ni sûre pour le Roi 2. Elle a l'inconvénient de le présenter comme toujours prêt à partir pour l'Angleterre ; elle a encore celui de n'offrir

1. Ce billet a dû être écrit soit après Ligny et les Quatre-Bras, 16 juin, soit plutôt le lendemain 17, veille de Waterloo.

2. Cf. ci-dessus, no 1, note 3, p. 3, et no 5 et 6; lettres du comte d'Artois, n° 56, 59, 62, et notes de Lainé, n° 102.

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