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En rêvant aux moyens de se ménager ces intelligences, je me suis dit qu'on pourrait peut-être profiter de l'infâme décret qui porte que ceux qui ne seront pas rentrés au 30 juin seront poursuivis par les procureurs généraux pour être jugés. Dès qu'on connaîtrait des poursuites commencées contre quelques serviteurs du Roi, il serait bien d'en trouver d'assez dévoués pour demander publiquement à rentrer en France pour s'y défendre. Certes s'ils ont dirigé des poursuites contre moi, je suis prêt à me dévouer, je dirai que je demande à être jugé, pourvu que je le sois par des jurés et que ma défense soit publique. Avec les principes qu'ils sont obligés d'avoir, quoiqu'ils les détestent, la publicité d'un tel procès est propre à causer un mouvement et faciliterait les intelligences que, j'en suis convaincu, beaucoup désirent même parmi les membres de cet abominable gouvernement.

Je soumets, Monsieur le Comte, ces idées à votre sagesse et à votre circonspection, en vous réitérant que je suis toujours aux ordres du Roi.

Je suis avec respect votre bien dévoué serviteur.

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H. B.

P.-S. Les petites fièvres qui me minaient m'ont à peu près quitté, mais c'est pour me rendre des douleurs de rhumatisme qui m'ont retenu bien des jours sur la route. Les docteurs veulent que j'aille aux eaux, qui m'ont toujours été fort salutaires, mais des voyageurs me disent que B. a à Aix-la-Chapelle de nombreux et chauds partisans.

Vous pouvez, monsieur le Comte, m'écrire sous le couvert de M. Frazer, négociant, maison Gall, à Amsterdam.

No 109.

Note de Lainé.

A. B.

Sans date.

Il paraît qu'on a eu l'intention de donner la faculté de suspendre le paiement de la totalité des droits réunis à l'exception des tabacs, qui se trouvent réservés par les derniers termes de l'article 23 1.

Peut-être est-il prudent de ne pas donner des pouvoirs aussi généraux.

Dans tel département on a horreur de l'impôt sur le sel et on paie volontiers des droits sur les boissons. Dans tel autre on paie volontiers des droits sur les sels et les boissons et on résiste à la taxe sur les tabacs. L'Alsace et la Lorraine supportent ce dernier impôt fort impatiemment et consentent à tous les autres pourvu qu'elles aient la culture du tabac.

Ne conviendrait-il pas mieux de donner aux commissaires le pouvoir de suspendre le paiement de ceux des droits réunis qui sont les plus onéreux aux départements dans lesquels ils exercent leur fonction, ou, selon les circonstances et l'avantage du peuple, et l'intérêt du trésor, de réduire la taxe des impôts indirects?

Art. 22. Ils sont à cet effet autorisés.... et déclareront la résolution où nous sommes de provoquer, aussitôt que nous pourrons réunir les deux Chambres, la suppression définitive des droits jugés les plus vexatoires, la réduction de certains autres et leur remplacement, si, etc., etc.

1. Cf. ci-dessus, n° 16. Les articles visés par Lainé y sont numérotés 19

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Le duc de Wellington, que j'ai quitté à minuit, m'a chargé d'informer Votre Majesté des événements de la journée d'hier. Sa Seigneurie a gagné la bataille la plus complète, la plus contestée, la plus glorieuse et peut-être la plus conséquente de l'histoire. Le rival et les ennemis de la France ont été vaincus après neuf heures de combat. Le duc s'est surpassé en héroïsme, et la science militaire n'a jamais été mise à une plus grande épreuve.

L'ennemi est en pleine déroute, il a perdu son artillerie et perdu aujourd'hui les restes de son armée dispersée. J'aurai l'honneur de soumettre à Votre Majesté les détails de cette mémorable journée, et je la supplie, en attendant, de vouloir bien agréer mes félicitations et mon profond respect.

No III.

Le comte de Blacas à Wellington.

Mylord,

A. B., minute.

Sans date.

Avoir à féliciter Votre Excellence et l'Europe entière de la nouvelle gloire dont vous venez de vous couvrir est un bonheur auquel se joint, pour ceux qui vous connaissent, un sentiment dont j'ose me flatter que vous me croirez pénétré.

Le Roi a reçu 1 du général Pozzo di Borgo la nouvelle du triomphe décisif que vous avez remporté.

Autant qu'on peut juger par les premières informations, le succès de Votre Excellence a surpassé ceux dont sa brillante carrière était déjà remplie; je ne crois point, dans une pareille circonstance, lui paraître importun en lui rappelant une demande que j'avais eu déjà l'honneur de lui soumettre 2 et que la conjoncture

1. Ratures: Ce matin du général Pozzo di Borgo, la nouvelle du triomphe décisif [qui vient d'illustrer encore. a couronné vos] que vous avez remporté [sur l'ennemi le plus redoutable, un ennemi, l'ennemi du monde; et vous devez aussi penser que les espérances dont il est le gage n'est pas n'a pas été le seul motif du de la vive satisfaction] sur l'oppresseur de la France et S. M. me charge de vous exprimer [toute la part que S. M. prend tout ce qu'elle éprouve dans cette occasion pour l'intérêt de ses sujets, [pour le celui de l'Europe, pour pour] pour la renommée de celui auquel elle aime à devoir une si juste admiration.

Nous avons tenu à reproduire scrupuleusement et comme en fac-similé toutes les ratures qui, sur la minute, surchargent cette phrase. L'on éprouve quelque soulagement à constater que, du moins au début de sa lettre, le comte de Blacas ne trouva pas sans peine des mots pour louer le vainqueur d'une armée française.

2. Cf. ci-dessus, no 49 à 53.

présente peut lui offrir maintenant sous un aspect plus favorable.

Votre Excellence connaît trop bien la France pour douter de l'effet qu'y produira la défaite signalée que vient d'essuyer Bonaparte. Les correspondances que j'ai entretenues avec les départements du Nord me garantissent maintenant la réussite complète d'une entreprise à laquelle la situation présente des affaires ne vous paraîtra plus, j'espère, mettre aucun obstacle. Si Votre Excellence approuve la proposition que j'ai l'honneur de lui renouveler sur cet objet, elle doit être assurée que mon idée ne se joint à aucune prétention indiscrète ou onéreuse aux armées alliées. La moindre force disponible et un faible détachement d'artillerie légère est l'unique assistance qui paraîtrait à peu près indispensable. La victoire que vous venez d'obtenir, Mylord, tiendra lieu d'une armée; et la seule chose qui serait absolument nécessaire est un certain nombre de fusils pour armer les habitants, qui ne demandent qu'à marcher à la voix du Roi.

Ce développement de l'opinion et de la force nationale en France doit être incontestablement du plus grand avantage non seulement pour le Roi, mais pour le repos du monde 1. Votre Excellence, qui a déployé aux yeux de l'Europe assemblée cette pénétration qui distingue tour à tour en vous l'homme d'État et le grand capitaine, apercevra cette incontestable vérité. Elle sentira que la France, pour reprendre le rang que lui offrent encore les autres peuples parmi les premières puissances, ne doit pas perdre l'estime d'elle-même : elle ne doit pas

1. Rature: La stabilité de l'ordre de choses qu'il s'agit de rétablir en Europe.

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