tachés au commerce des vins, et domiciliés dans la commune de Bercy. «Veuillez, je vous prie, monsieur le maire, faire part de cette proposition à votre conseil municipal, dans sa prochaine réunion. «Recevez, etc. » Le conseil municipal de Bercy s'est empressé d'offrir son concours, pour l'exécution de cette intention généreuse. Nous voudrions que l'exemple donné par MM. Chapsal et Chambard trouvât beaucoup d'imitateurs. (Moniteur du 15 juin.) M. de Germiny, receveur général de la Seine-Inférieure, avait donné un bel exemple en mettant à la disposition de la municipalité de Rouen cent livrets de la caisse des retraites, sur lesquels il avait fait de ses deniers un premier versement de 25 francs. Il avait pensé que ces livrets, destinés aux ouvriers les plus laborieux et les plus recommandables, feraient promptement connaître à la classe ouvrière, en vue de laquelle elle a été spécialement fondée, une institution appelée à rendre de grands services. Comme M. de Germiny, M. Guilhem, receveur général du Nord, a voulu inaugurer dignement les caisses de retraites qui viennent de s'ouvrir sous la garantie de l'État; seulement il a donné à sa libéralité une autre destination. Il a écrit à M. le maire de Lille qu'il tiendrait à sa disposition cent livrets de la caisse des retraites, sur lesquels un premier versement de 25 fr. serait acquitté, et qu'il le prierait de vouloir bien se charger de remettre ces livrets aux cent élèves des écoles municipales qui, lors de la prochaine distribution des prix, en seraient reconnus les plus dignes. Ces livrets leur seront remis avec les couronnes qu'ils auront méritées, comme un encouragement à l'épargne et à la prévoyance. (Constitutionnel du 25 juin). COLONIE AGRICOLE DE MONTMORILLON (VIENNE). NOTICE HISTORIQUE. Il y a sept ans déjà que les premières bases de cette œuvre ont été jetées. Elle eut d'abord pour motif la nécessité de développer la colonie de Saint-Antoine, fondée dans la Charente-Inférieure par le saint abbé Fournier, ami de M. l'abbé Fleurimond. Mais, une fois tous les arrangements pris, M. l'abbé Fournier vit s'évanouir les moyens sur lesquels il avait compté, et son ami resta seul et dénué de tout, en face des engagements pris. Dans la paroisse dont il était curé, M. Fleurimond venait de bâtir une église et de créer une école gratuite. Là s'était en allé le dernier sou de son patrimoine: il était donc sans ressources personnelles. Mais, comptant sur le secours de Dieu et sur le concours des hommes d'intelligence et de dévouement, il n'hésita pas à poursuivre son œuyre. L'homme de Dieu emprunte 150 fr. pour subvenir aux frais du voyage, et il se met en route avec vingt enfants pauvres. Voilà tout le personnel et tous les moyens pécuniaires de la colonie.--On arrive ainsi sur les vastes landes qui devront pourvoir aux besoins de la colonie, quand les petits bras des colons les auront défrichées et conquises. Là, point d'autre abri qu'une grange; point d'autres lits que le peu de mauvais foin qu'y avait laissé le fermier sortant; quant au directeur, il se logea, par privilége, dans le réduit qui avait abrité tant bien que mal les volailles. Point de mobilier, point de provisions, point de linge, point d'argent; une grange au milicu d'un désert, des landes à défricher pour toute ressource : voilà la colonie. Niez donc, après cela, l'assistance de la Providence et la fécondité du dévouement. Cependant la sainte audace de l'abbé Fleurimond attira l'attention; sa confiance inaltérable et calme, l'énergie de son dévouement, inspirèrent l'admiration et le respect. Cela parut une folie, mais une noble et bienfaisante folie. On ne croyait point au succès de son œuvre, mais on eut foi en lui. Il y a dans ses paroles, et dans sa douce et respectable physionomie, je ne sais quoi d'attractif et de persuasif. A Montmorillon, à Poitiers, à Paris, on lui vint en aide. Les notabilités de notre département, le conseil général, le gouvernement, s'associèrent à son œuvre, disons-le, sans la croire possible. Or aujourd'hui cette œuvre est un fait accompli. Il n'est plus question d'y croire, il n'y a qu'à la regarder; la voilà, telle qu'un prêtre dénué de tout et vingt enfants pauvres l'ont faite. Un logement provisoire convenable a été construit, où tout le personnel de la colonie est maintenant établi. On a båti une communauté pour les pieuses filles de Saint-Vincent de Paul, qui, depuis quatre ans déjà, prodiguent leurs soins maternels aux jeunes colons. De plus, on a jeté les fondements d'un vaste corps de bâtiments, où pourront être logés 250 enfants; la partie centrale de cette construction est en voie d'achèvement. Ces constructions sont placées au centre de la colonie. Déjà les landes, dans un vaste périmètre, ont été défrichées, assainies, mises en bon état de culture. Chaque année voit s'étendre ces pacifiques conquêtes sur les bruyères, et bientôt le vaste domaine, improductif jusque-là, sera devenu riant et fertile. Dans un immense étang formant un marais infect, ont été créés des jardins, des pépinières, des bosquets; c'est l'atelier des jeunes jardiniers. Le régime de la colonie est exactement celui des fermes du pays. Si rien n'est épargné en ce qui touche la santé des enfants, la propreté, la bonne tenue, rien n'est donné au luxe ou à l'apparat, rien qui puisse donner aux jeunes colons des goûts autres que ceux qui conviennent à des cultivateurs. Le règlement de la maison est digne d'être remarqué. Le câdre hiérarchique se compose du directeur, de contre-maîtres avec un contre-maître major, de moniteurs avec un moniteur-major. Chaque soir, ont exactement lieu les rapports. Un livret est délivré à chaque colon. A l'avoir, figure une masse individuelle destinée à four nir à tous les besoins, à toutes les dépenses de l'enfant. La portion économisée par lui est capitalisée chaque semaine et placée à la caisse d'épargne à son profit. Ce petit pécule se grossit des intérêts et des récompenses obtenues, de même qu'il est entamé par les amendes encourues. Si l'enfant quitte la colonie avant sa dix-huitième année, il perd sa masse; aussi ne se mettent-ils jamais dans le cas d'être renvoyés. Les colons reçoivent dans l'établissement l'éducation religieuse et morale; ils y apprennent à lire, à écrire, à calculer, à tenir un livre de comptes et un livre de ferme. Un cours d'agriculture leur est fait chaque semaine, afin de leur apprendre à raisonner la pratique agricole. Tel est, bien en abrégé, le régime de la colonie de Montmorillon. Le respectable abbé Fleurimond en a fait une grande famille agricole, religieuse, laborieuse, dévouée à son chef. Aussi toutes les affections des colons se sont-elles réveillées pour se concentrer sur ce père, qui les aime; sur ces bonnes sœurs, qui les soignent si affectueusement; sur ce sol qu'ils ont conquis par leur travail. Chacun de ces enfants voit là véritablement son chez soi, et quand ils ont quitté l'établissement, s'ils éprouvent quelques difficultés, quelques peines, s'ils sont malades, on les entend dire: Allons-nous en cheznous! Et ils sont toujours reçus à la colonie pour y être soignés dans leurs maladies, conseillés dans leurs petits embarras personnels, réconfortés dans leurs défaillances morales. — Avoir rendu à l'enfant trouvé ou abandonné une famille, y a-t-il un bienfait comparable à celui-là? y a-t-il un moyen de moralisation aussi puissant que celui-là? y a-t-il une garantie sociale aussi sûre que celle-là? Voilà l'œuvre de M. l'abbé Fleurimond. Oui, quoi qu'en dise sa modestie, après Dieu qui l'a bénie, cette œuvre est à lui et bien à lui; il's'y est donné tout entier, avec son immense dévouement, avec son cœur si bon, si chaleureux, avec cette paisible et inébranlable énergie du bien vouloir et du bien faire, avec une remarquable intelligence des choses agricoles. Il a fait plus que d'accomplir cette belle œuvre, il s'en est dépouillé, en quelque sorte, pour qu'elle se perpétuât après lui. Les Lazaristes, ces pieux enfants de Saint-Vincent-de-Paul, ont acceplé cette succession charitable par anticipation; ils seront les entinusteurs de l'abbé Fleurimond. Le respectable fondateur de la colonie de Montmorillon a fait tout ce qu'il lui était possible de faire pour elle; il l'a fondée, il l'a fait vivre, il a assuré sa durée. Aux hommes d'intelligence et de cœurincombe maintenant le devoir de développer cet établissement sì éminemment social, car il ne peut être sérieusement utile qu'à la condition d'être complet. Une société de patronage a été fondée dans ce but; que chacun de nous lui apporte donc son concours moral et quelques secours pécuniaires (1). EMM. DE CURZON. ŒUVRE DU PRÊT GRATUIT, A MONTPELLIER. Pendant que certains rêveurs proposent à l'État, comme la chose la plus simple du monde, de prêter sans intérêt, à bureau ouvert, sur la demande de tout indigent qui se présentera muni d'un certificat du maire, les fonds du Trésor public; pendant que les économistes s'ingénient à démontrer que le taux de 9 p. 100, payé par l'emprunteur aux monts-de-piété parisiens, loin d'être usuraire, n'est que la conséquence naturelle de l'organisation de ces établissements, tout en confessant néanmoins qu'une petite réforme, à cet endroit, ne serait pas totalement impossible, si l'on cherchait bien; pendant ces débats, la charité chrétienne poursuit sa marche à travers les siècles, réalisant, en dehors des préoccupations politiques, et grâce aux moyens qui lui sont propres, les bienfaits qui, sans elle, entre les mains du socialisme, ne seraient qu'une décevante illusion. Le prêt gratuit existe dans plusieurs villes de France, notamment à Montpellier depuis 1684, sous le titre de Confrérie du montde-piété. Les capitaux que possède cette œuvre s'élèvent à plus de 200,000 fr., et s'alimentent par les legs, les donations, les of (1) On peut déposer au bureau de l'Abeille de Poitiers les offrandes destinées à la colonie de Montmorillon. 1851. 12 |