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département et même par l'Etat, se soutenir, s'il ne trouvait pas un appui dans les efforts de la générosité privée.

(Revue de la Marne.)

Nous pouvons citer un exemple frappant de ce que peuvent l'intelligence et l'énergie, la charité et le dévouement. Un modeste curé de campagne, M. l'abbé Delajoux, qui depuis longtemps consacre sa vie à des œuvres de bienfaisance et d'utilité, sans avoir des ressources personnelles, a trouvé le moyen de fonder, dans le départeшent de la Loire, un établissement agricole qui, bien qu'à sa naissance, est en pleine exploitation et en voie de prospérité; nous voulons parler de l'institut des Trouillères-Saint-Sulpice, canton de Saint-Germain-Laval, près Roanne.

Cet établissement, auquel se sont associés de riches capitalistes avec un désintéressement louable qui devrait trouver des imitateurs, comprend: 1o une grande ferme modèle, pour les fils de propriétaires riches et de cultivateurs aisés; 2° une colonie d'enfants appartenant à des familles laborieuses pauvres, d'orphelins sans ressources et d'enfants trouvés; 3o une maison de retraite pour des pensionnaires volontaires.

Nous ne saurions donner trop d'éloges à la pensée morale et humanitaire qui a inspiré cette création, et nous le recommandons à tous les hommes qui s'intéressent aux progrès de l'agriculture, et qui s'occupent de l'amélioration du sort des classes pauvres et laborieuses. (Le Messager de l'Assemblée.)

CHRONIQUE.

Depuis que les petites Sœurs des pauvres, ces humbles et dignes servantes de la vieillesse délaissée, sont venues exercer leur active et intelligente charité au milieu de nous, rien de ce qui concerne 'cet Ordre si éminemment utile ne peut nous être étranger; aussi applaudissons-nous de tout cœur à l'extension d'une œuvre qui, née d'hier,

compte déjà de si nombreux bienfaits. C'est à ce titre qu'aujourd'hui nous publions les intéressants détails qui suivent sur l'inauguration d'un nouvel établissement que Paris a confié au zèle de ces saintes filles.

Les petites Sœurs des pauvres ont été appelées, il y a quelque temps déjà, sur le 10 arrondissement, par la 10° légion de la garde nationale, laquelle a eu la génereuse pensée d'y ouvrir un asile pour les vieillards; c'est le 2 juillet que Mgr. l'archevêque de Paris, accompagné de son clergé, est venu bénir la chapelle de cette maison hospitalière.

Un grand nombre de personnes invitées à l'inauguration de cet asile de la misère et de la souffrance s'étaient rendues de bonne heure à la maison des pauvres de la rue du Regard; on remarquait parmi elles M. Dupin, président de l'Assemblée nationale; M. Carlier, préfet de police; M. le général Perrot, commandant la garde nationale de la Seine; M. le général Lauriston, colonel de la 10° légion de la garde nationale; M. Roger, maire du 10° arrondissement; M. le général Oudinot, et un grand nombre d'officiers et de gardes nationaux appartenant à cet arrondissement.

Les pauvres de la maison de la rue du Regard, auxquels on avait réuni ceux de la rue Saint-Jacques, assistaient à cette fête de famille; on voyait parmi eux les bonnes Sœurs qui les soignent avec tant de dévouement; on distinguait particulièrement la Sœur supérieure générale, l'une des deux ouvrières qui, avec Jeanne Jugan, conçut et sut réaliser la pensée d'une assistance, qui, en peu de temps, a déjà produit tant de bien.

Après la bénédiction de la chapelle, Mgr. l'archevêque et les personnes qui l'accompagnaient ont pris place sur une estrade élevée à l'extrémité du jardin ; le vénérable pontife, revêtu de ses habits sacerdotaux, a, dans une allocution simple et touchante, rappelé à ses auditeurs les bienfaits déjà réalisés par les petites Sœurs des pauvres; il a félicité les membres de la 10o légion de leur être venus en aide, et de leur avoir donné le moyen de faire profiter cet arrondissement de leur précieuse assistance.

M. Dupin a pris ensuite la parole, comme habitant du 10e arrondissement. Visiblement ému, l'honorable président de l'Assemblée n'a prononcé que quelques phrases, mais pleines de convenance et d'à

propos. Il a félicité la garde nationale d'avoir, au moment d'une réorganisation nouvelle, prouvé une fois de plus que si elle savait défendre et protéger par les armes les intérêts de la société menacée, elle savait aussi compatir à la misère et à la souffrance, et prévenir des maux pour n'avoir pas à les réprimer. Ces paroles ont été suivies de nombreux applaudissements. Mgr. l'archevêque de Paris a adressé des félicitations particulières à M. le colonel, au maire du 10o arrondissement, et à M. le capitaine Quetand, qui a noblement contribué à la création de la maison des pauvres de la rue du Regard.

La musique de la 10o légion a exécuté ensuite des fanfares, et les assistants se sont retirés en versant leur offrande dans la bourse des quêteuses.

Voici un petit fait qu'il nous semble bon de rapporter : Le 13 juillet dernier, M. l'abbé Hamon, récemment nommé à la cure de Saint-Sulpice, à Paris, a parlé pour la première fois à ses paroissiens. Dans son discours, on a remarqué le passage suivant:

«Je prends ici l'engagement solennel de donner aux pauvres, de leur donner beaucoup, de donner tout ce que je recevrai; je m'engage à vivre pauvre, à mourir pauvre ; en sorte que, quand il plaira à Dieu de m'appeler à lui, je n'aurai point de testament à faire, car il ne me restera rien à donner. >>

BIBLIOGRAPHIE,

Sous le modeste titre de Réponses, M. l'abbé de Ségur, aumônier de la prison militaire de Paris, a publié un ouvrage qui a déjà atteint sa sixième édition. Ce sont en effet des réponses courtes et familières aux objections qui malheureusement, de notre temps, [sont trop souvent adressées à la religion.

A la première vue, ces objections peuvent paraître puériles aux yeux des hommes qui connaissent et surtout pratiquent cette religion sainte, et l'on s'étonne qu'il soit nécessaire d'y répondre en détail;

mais la réflexion et l'expérience prouvent bientôt que sous une forme simple, quelque fois vulgaire, elles sont le résumé de toutes les erreurs, et comme la base du septicisme et de l'incrédulité. Les résoudre, c'est rendre aux saines doctrines l'empire qu'elles n'ont que trop perdu parmi nous.

M. l'abbé de Ségur a entrepris cette noble tâche; habitué à étudier le cœur humain non en philosophe, mais en apôtre de l'évangile, il a su découvrir le germe de ses égarements et la voie la plus sûre de les guérir. Ses Réponses présentent le caractère simple et universel qui est l'attribut de la vérité catholique, elles conviennent à tous, à l'ouvrier et au soldat, comme au savant et à l'homme du monde.

En les lisant avec quelque attention, l'incrédule voit tomber de ses yeux les écailles que la passion ou l'ignorance y avait accumulées; le chrétien dont la foi a pu chanceler au contact du monde sent se raffermir le sol où la bonté de Dieu l'a placé, et l'homme le plus ferme dans ses croyances admire combien la vérité et la charité se donnant la main, sont naturellement habiles, et savent, à la fois, éclairer les esprits et toucher les cœurs.

L'impression produite par la lecture de cet ouvrage que tous les abonnés des Annales voudront connaître, et surtout faire connaître à ceux qui en ont tant besoin, prouve que le ciel a exaucé la prière de son auteur: «Je demande au bon Dieu, dit-il, dans sa préface, que ces simples causeries vous fassent du bien, qu'elles gagnent votre

cœur.»

Il ajoute: «Connaissant par une douce expérience que le vrai bonheur consiste à connaître, à aimer, à servir Dieu, je n'ai pas de plus ardent désir que de voir mon bonheur si pur, si solide, devenir aussi le vôtre.»

Ce pieux désir a inspiré un excellent livre; il nous inspirera à tous la résolution de répandre de plus en plus un ouvrage qui fera de bons chrétiens, et par conséquent réalisera le vœu exprimé d'une manière si touchante par M. de Ségur (1).

DE MELUN, représentant du Nord.

(1) Réponses courtes et familières aux objections les plus répandues contre la religion, par l'abbé de Ségur. 1 vol. in-18; Paris, Lecoffe,

CORRESPONDANCE.

MONSIEUR LE RÉDACTEUR,

Dans un extrait du Journal de Québec, qui est contenu dans le dernier numéro des Annales de la charité, et qui mentionne toutes les institutions charitables du Canada, on ne parle pas du monastère des damès religieuses de Notre-Dame de Charité du Bon-Pasteur de Montréal, fondé en 1844 par le premier pasteur de ce diocèse, Mgr. Ignace Bourget, appartenant à la grande congrégation du BonPasteur, dont le généralat est en Erance, à Angers. Cependant, depuis plus de sept ans, cette excellente institution exerce, avec le monastère du même ordre, établi dans les États-Unis, à Louisville, SaintLouis et Philadelphie, une heureuse influence morale sur les populations du Nouveau Monde, et je suis d'autant plus heureux de réparer l'omission involontaire du Journal de Québec, que ce sont des religieuses françaises qui sont allées créer cet établissement catholique, sur un sol où notre civilisation, nos croyances, nos mœurs et nos habitudes, ont laissé de si profondes empreintes.

Je vous prie donc, monsieur le Rédacteur, de vouloir bien admettre cette légère rectification dans les colonnes de votre estimable journal, et d'agréer, etc.

Paris, le 11 juillet 1851.

ÉMILE LEGUAY.

Le gérant, Alexis CHEVALIER.

Paris. Imprimerie de RIGNOUX, rue Monsieur-le-Prince, 31.

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