Page images
PDF
EPUB

SOCIÉTÉ DE SAINT-VINCENT-DE-PAUL.

CONFÉRENCES

DE LILLE, TOURCOING, ROUBAIX, WAZEMMES, LA MADELEINE-LEZ-LILLE, ET HAUBOURDIN.

Séance générale du 19 mai 1851.

La séance, présidée par Mgr l'archevêque de Cambrai, est ouverte à onze heures. MM. les doyens de la ville et un très-grand nombre de membres du clergé y assistent, ainsi que des députations des conférences de Roubaix, Tourcoing, Wazemmes, La Madeleine, et Haubourdin.

La parole est donnée au membre chargé de présenter le rapport des conférences pour l'année 1850. M. le rapporteur s'exprime en

ces termes :

En 1849, la conférence de Lille comptait 92 membres actifs, 76 membres honoraires, elle en offre aujourd'hui 112 pour la première catégorie, 73 pour la seconde.

Dans cette grande ville, où les pauvres semblent se multiplier à mesure que l'industrie s'y développe, nous avons toujours à gémir sur l'insuffisance de nos ressources ordinaires. Pour tâcher de remédier à cette pénurie, la conférence s'est vue obligée d'employer un de ces moyens dont on abuse peut-être quelquefois dans les temps où nous sommes, moyen qui semble appeler la cupidité au secours

de la bienfaisance. Nous avons ouvert une loterie qui a produit une somme de 8,372 fr., laquelle a été répartie également entre la conférence des dames et celles des hommes. C'est aux dames surtout que nous devons ce re sultat important. Ce sont leurs démarches infatigables c'est leur ingénieuse et persévérante activité, qui ont mené à bonne fin cette opération délicate et hérissée d'entraves. Qu'elles daignent recevoir ici l'hommage de notre respec tueuse gratitude.

A l'aide de ces ressources nouvelles, nous avons pu faire des distributions extraordinaires en nature. La conférence s'est attachée surtout à améliorer la literie du pauvre. Elle s'est efforcée, en multipliant les objets de couchage, d'obvier aux inconvénients hygiéniques et moraux qui résultent trop souvent de la nécessité où est la famille indigente de se grouper sur le même grabat.

Aussi nous avons eu bientôt après le bonheur de constater que ces efforts de notre part avaient produit un certain effet. La mère de famille, heureuse de se trouver en possession de ces petits objets dont elle manquait jusqu'alors, s'est plue à en faire un bon emploi; elle a voulu que tout dans sa demeure fût en harmonie, et la propreté, ce luxe des pauvres, a enfin réjoui son regard et embelli son réduit.

La conférence, grâce encore à l'état moins précaire deses finances, a pu améliorer aussi quelques autres portions de son service. Elle a porté au nombre de quatre les secours extraordinaires de chaque séance, qui jusqu'alors étaient indéterminés, et ne s'élevaient jamais à ce chiffre.

[merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small]

Dans ce rapport sommaire, nous n'avons pas la prétex

tion de faire l'historique complet des mesures prises soit par la commission centrale, soit par la conférence ellemême, dans ses réunions particulières. Il nous suffit de quelques indications propres à donner une idée de la marche générale de notre OEuvre. Et, pour procéder dans cet exposé avec ordre et clarté, le rapporteur doit jeter un coup d'œil rapide sur chacune des œuvres que la conférence a fait naître et qu'elle tâche de faire fructifier. Après ce bref examen, nous aurons à parler des conférences qui, dans ce jour solennel, se font représenter ici par leurs membres les plus fervents.

Société de Saint-François-Xavier.

Fondée depuis huit ans, cette société, dont le personnel, composé d'environ 140 ouvriers, s'est en partie renouvelé, conserve encore cependant un bon nombre de sociétaires primitifs, dont l'attachement à l'OEuvre fait notre édification. Nos pieuses soirées du dimanche sont toujours suivies avec une régularité touchante par ces braves gens qui forment l'élite des travailleurs lillois. L'an dernier, après avoir entendu l'un de nous leur parler des sociétés de tempérance établies et propagées par un saint prêtre en Amérique et en Angleterre, nos excellents ouvriers se sentaient émus; ils voulurent avoir aussi leur société de tempérance. Ils la fondèrent pour ainsi dire sans désemparer, et bientôt peut-être, grâce à leur noble initiative dans nos contrées, comme déjà aujourd'hui dans l'Irlande, on verra partout des compagnies d'artisans chrétiens déployant leurs bannières où sera inscrit le salutaire précepte: Veillez et soyez sobres.

Société de Saint-François-Régis.

Fondée depuis onze ans, la société de Saint-Régis a ad

mis plus de 3,300 couples, facilité plus de 2,400 mariages, procuré la légitimation à plus de 800 enfants.

Cette œuvre vient de recevoir une coopération bien puissante, celle du législateur lui-même, qui a généreusement octroyé aux indigents la remise des droits de timbre. et d'enregistrement. Le concours personnel de notre vénérable clergé, la bienveillance des administrations civile et judiciaire, étaient depuis longtemps acquis à la Société. Deux conseils municipaux (ceux de Lille et de Wazemmes) viennent d'accepter la tutelle de l'OEuvre, en leur accordant des subsides. Honneur et reconnaissance à nos magistrats!

OEuvre des bons livres.

Nous ne mentionnons cette œuvre que pour mémoire, car elle ne doit pas sa création à la conférence. Son existence à Lille ne remonte pas à moins de 25 ans. Elle a été la pierre angulaire sur laquelle se sont assises les autres associations de charité. Elle a maintenant trois dépôts dans la ville. Le colportage des bons livres dans les campagnes a été essayé dans ces derniers temps. Les résultats n'ont pas répondu entièrement aux désir des zélés fondateurs. C'est une œuvre difficile et délicate, pour laquelle les lumières de l'expérience manquent encore.

Du reste, grâce aux souscriptions organisées dans les paroisses, la bibliothèque catholique est dans les meilleures conditions.

Société de Saint-Joseph.

L'énumération des œuvres catholiques de Lille serait très-incomplète, si nous ne faisions pas au moins mention de l'admirable Société de Saint-Joseph, avec les 800 membres qui, dans des réunions de plaisir, viennent le di

manche chercher une salutaire diversion aux travaux de la semaine, et un abri contre les séductions du dehors. Elle a quinze années d'existence.

OEuvre du patronage.

Au sortir de l'école primaire, le fils de l'ouvrier réclame un autre enseignement, l'enseignement du travail. Il entre en apprentissage. Là encore, là surtout il a besoin d'appui et de protection; il faut le conduire par la main dans cette carrière nouvelle, qui sera celle de toute sa vie, et tâcher ainsi de prolonger dans la jeunesse, et même dans l'âge mûr, les bonnes habitudes de l'enfance. C'est en novembre 1849 qu'a été inaugurée cette belle et touchante institution de l'OEuvre des jeunes apprentis. Commencée avec 130 jeunes ouvriers, elle en patronne maintenant 180. Les exercices sont régulièrement suivis. Le chant religieux plaît beaucoup; les progrès de toute nature y sont sensibles. Un nouveau local plus vaste permettra de recevoir bientôt de nombreux aspirants.

OEuvre des militaires.

Comme nous, le soldat avait une famille, une mère, des Surs, un père; comme nous tous, il a été élevé dans T'amour de ses parents et dans la crainte de Dieu. Tout à coup la voix de l'honneur l'appelle sous les drapeaux. Il obéit.... Mais qui peindra les douleurs de sa mère, qui racontera les soucis, les mortelles inquiétudes de ce cœur brisé? Pieuse femme! elle a béni son fils en pleurant ; elle 'a recommandé à la Vierge très-prudente. Et en effet, que d'écueils, que de dangers sous les pas de cet enfant exilé! Voilà pourquoi nous aimons le soldat, voilà le secret de nos sympathies pour cet étranger que Dieu envoie par

« PreviousContinue »