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Or, ce qui faisait l'aptitude des Bradières pour une ferme-école constituait également sa convenance pour une colonie agricole d'enfants trouvés. Sa position centrale, non loin du chef-lieu du département, l'étendue du domaine, la consistance moyenne, la nature variée des terres qui le composent, l'état progressif de ses assolements, le voisinage d'industries agricoles, comme celle de la sylviculture, offerte par la forêt nationale de Moulière, et celle des fours à chaux, qui sont nombreux dans la conrée, tous ces avantages, invoqués à l'appui de l'érection d'une ferme-école, militaient de même en faveur d'un établissement d'enfants trouvés. On se décida donc pour la propriété des Bradières.

Ainsi se trouvaient résolues les vraies difficultés matérielles du projet.

Il va sans dire que l'organisation morale de la colonie n'avait pas été méditée moins sérieusement; l'article 14 des statuts de l'Adoption de la Vienne en fait foi. II porte:

Obligation au directeur d'assurer aux enfants à lui confiés: 1o une éducation chrétienne; 2o une instruction comprenant les éléments de lecture, écriture et calcul; 3o une solide connaissance théorique et pratique des travaux de la campagne ; 4o un régime alimentaire et hygiénique salubre, conforme au régime des paysans de la con

trée.

Religion, travail, sobriété : voilà donc les trois grandes assises de l'édifice. Mais qui sera chargé de le consolider et de l'entretenir? Le choix des auxiliaires demeurait absolument confié au directeur, qui n'hésita pas un seul instant à tourner dans ce but ses regards vers les corporations religieuses.

Mgr l'évêque du diocèse ayant daigné juger que ces intentions méritaient une part du haut et fervent concours

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qu'il sait donner aux œuvres jugées dignes de sa protection, sa voix vénérée fut entendue, comme elle devait l'être, par les chefs de corporations auxquelles on s'adressa.

M. le supérieur de Saint-Laurent consentit à charger ses pieuses et charitables filles de la Sagesse des détails intérieurs de la colonie.

M. le supérieur des frères de Saint-François-d'Assises, dits Frères agriculteurs, voulut bien, de son côté, détacher de son établissement de Saint-Antoine (Charente-Inférieure) quelques-uns de ses utiles et modestes religieux, pour les envoyer prendre, aux Bradières, la conduite du travail agricole des enfants, et leur surveillance de jour et de nuit.

La mission de ces divers auxiliaires fut de faire exécuter, chacun pour sa part, un règlement intérieur soigneusement élaboré, et soumis à l'approbation du conseil supérieur de l'Adoption de la Vienne.

Que si l'on veut connaître comment ces dignes ministres de la charité s'acquittent de leur paternel et souvent pénible rôle, nous renvoyons au rapport de la commission du conseil général, où elle se plaît à rendre justice au zèle des personnes honorables qui secondent le directeur. Nous avons tous admiré, ajoute le rapport, l'exemple de travail et d'humilité que nous ont donné les Frères qui partagent les labeurs des enfants. Ce trait ne dit-il pas tout?

Telle est l'œuvre des Bradières, telles sont les combinaisons à l'aide desquelles on espère y avoir ouvert les voies de la colonisation rationnelle et à bon marché.

G. DE GROUSSEAU.

Octobre 1851.

OBSERVATION DU DIMANCHE.

M. le préfet de la Haute-Saône vient d'adresser aux agents de l'autorité sous ses ordres la circulaire suivante.

Vesoul, 28 septembre 1851.

« Messieurs, quoique la célébration des fêtes et dimanches soit observée dans ce département par le sentiment religieux des populations, je suis informé que, dans plusieurs communes, des entrepreneurs ont fait et font encore travailler le dimanche à des travaux communaux. Contraindre des ouvriers à travailler le dimanche, ce n'est pas seulement manquer à la loi divine, mais encore à la loi humaine; car la liberté de conscience, le libre exercice du culte, sont garantis par la Constitution, et l'administration chargée de faire observer les lois doit les observer la première.

«Il me paraît donc utile de vous rappeler les instructions que MM. les ministres de l'intérieur et des travaux publics ont adressées de concert sur cette question importante, à la date des 20 et 30 mars 1849. Il ne faut pas, en effet, encourager le travail du dimanche par l'exemple qui serait donné dans l'exécution des travaux publics. Un jour de repos par semaine est un élément de santé et de moralité.

«En prononçant l'interdiction du travail le dimanche et les jours fériés, pour les ouvriers employés au compte de l'administration, M. le ministre des travaux publics, dans la circulaire précitée, a présenté des considérations qui méritent d'être mises sous les yeux des populations.

« L'amélioration du sort des ouvriers, dit le ministre, est l'objet de la constante préoccupation du gouvernement de la République, et chacun est en position d'apprécier les efforts de l'administration pour accroître, dans la limite des ressources financières, le développement des travaux publics et particuliers.

«Mais, à côté du travail qui fait vivre, je placerai toujours l'amélioration de la condition morale, la satisfaction des besoins de l'intelligence, qui élèvent et fortifient chez tous le sentiment de la dignité personnelle, et la facilité laissée à l'ouvrier d'exercer librement les devoirs de la religion et de la famille.

« Le repos du dimanche est donc nécessaire à l'ouvrier; il faut qu'il soit respecté, au double point de vue de la moralité et de l'hygiène. L'exemple, à cet égard, doit être donné par les administrations publiques, dans les limites que leur imposent des exigences légitimes et la liberté, à laquelle le gouvernement entend ne porter aucune atteinte.

«En conséquence, j'ai décidé, d'après cette instruction du ministre, qu'à l'avenir aucun travail n'aura lieu dans les ateliers dépendant des travaux publics, le dimanche et les jours fériés, par les ouvriers employés à la journée au compte du gouvernement, du département où des communes. Dans le cas où des circonstances exceptionnelles justifieraient une dérogation à cette règle, vous devriez réclamer les autorisations nécessaires assez à temps pour que l'autorité compétente en puisse apprécier l'oportunité.

« Le préfet de la Haute-Saône,

«HIPPOLYTE DIEU,»

ŒUVRE DES FAMILLES.

La réunion générale des membres de l'OEuvre des familles, fondée dans les paroisses des 11o et 12o arrondissemonts, a eu lieu le 20 novembre, dans la grande salle de l'Institut des sourds-muets. M. Rataud, dont nos lecteurs connaissent le dévouement et l'infatigable activité, a donné lecture d'un rapport très-intéressant sur la situation de l'OEuvre dans la paroisse Saint-Étienne-du-Mont, où elle a pris naissance. Nous ne saurions mieux faire que de reproduire ici les principaux passages de ce rapport, que l'auteur a bien voulu nous communiquer.

«Parvenue au nombrre de 176 dizaines ou fraternités sur la paroisse Saint-Étienne-du-Mont, l'OEuvre s'y est fractionnée en trois conseils de familles qui, sous l'œil toujours vigilant et la sage direction du curé, ont leur organisation et leur action indépendante et distincte. Deux de ces conseils sont formés en majeure partie des fraternités organisées dans le sein des colléges Rollin et Sainte-Barbe. Le premier compte 62 fraternités; le second, 44.

Le troisième est formé des fraternités nées de l'association libre des habitants de la paroisse ; il compte 70 fraternités. C'est de l'action de ce conseil que nous avons plus particulièremen aujourd'hui à vous entretenir. Son bureau, élu annuellement par l'assemblée des présidents et présidentes de dizaines, a répondu pleinement à la confiance de ses mandataires, en prodiguant ses avis, ses conseils, ses démarches, pour seconder l'action des fraternités. Il a été plus d'une fois assez heureux pour concourir à d'utiles résultats.

Dans le cours de l'année qui va bientôt finir, 15 familles ont été complétement tirées de la misère, et plusieurs ramenées à des sent:ments de piété et de morale. Dans ce nombre, un mariage a été réhabilité, sept enfants heureusement placés en apprentissage, six em

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