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seau le London : « D'après les actes hostiles » de la cour de Danemarck, et le prompt dé» part du chargé d'affaires de S. M. britan»nique, le commandant en chef de la flotte >> anglaise, désire savoir quelles sont les in>>>tentions définitives de la cour de Dane» marck, et particulièrement si le gouver>>neur du château de Cronenbourg a reçu » l'ordre de faire feu sur l'escadre anglaise » lorsqu'elle franchira le Sund. Cette de» mande de l'amiral anglais se fonde sur l'in» jonction qu'il a reçue de considérer le pre>>mier coup de canon du Danemarck comme >> une déclaration de guerre >>.

Le gouverneur Heer Striker répliqua «< que » le roi de Danemarck n'avait point congé» dié le chargé d'affaires, mais que des passe»ports lui avaient été délivrés sur sa propre » demande. Comme soldat, disait-il, je ne >> puis nine dois agiter la question politique, » mais je ne saurais souffrir qu'une flotte dont >> les intentions ne sont pas connues, s'ap»proche des canons du fort que j'ai l'honneur

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» de commander. En conséquence, si votre » excellence est dans l'intention de faire quel»ques ouvertures au roi de Danemarck, il » est important qu'elle veuille bien m'en >> informer, avant que son escadre se pré>> sente devant le château de Cronen» bourg. »

Le but de l'amiral était ainsi rempli: il s'empressa d'écrire au gouverneur de Cronenbourg qu'il regardait sa réponse comme une déclaration de guerre; qu'en conséquence, quelque répugnance qu'il pût avoir à commencer les hostilités, ses instructions ne lui permettaient pas de les différer plus longtemps: qu'au surplus, il serait toujours disposé à accueillir les ouvertures de la cour de Danemarck qui auraient pour objet de rétablir l'ancienne amitié qui avait existé pendant tant d'années entre les deux nations.

Le 30 mars, à 7 heures du matin, le vent étant devenu nord-ouest, les Anglais se hâtèrent d'en profiter pour effectuer le passage

du Sund. Ils rangèrent de près la côte de Suède où l'on trouve plus de fond, et sur laquelle ils n'aperçurent aucun préparatif de défense. Pendant que la flotte appareillait, huit vaisseaux mirent en travers pour protéger, contre les batteries du fort de Cronenbourg, ceux qui filaient un à un le long de la côte suédoise; les premiers coups de canon furent tirés de la forteresse; les vaisseaux ripostèrent et n'éprouvèrent point d'avaries. majeures. Cette action n'eut d'autre résultat que le passage très-rapide de la flotte anglaise; il ne dura guère plus de trois heures, et avant la fin de la journée, la flotte jeta l'ancre en face de la rade de Copenhague. On pouvait de la côte de Danemarck compter le nombre des voiles, et distinguer les pavillons des ami

raux.

A l'apparition subite de la flotte anglaise, les Danois ne songèrent plus qu'à combattre courageusement pour la défense de la capitale. L'isolement où la Russie et la Suède les laissaient au moment du danger, faisait dire que

ces puissances en avaient agi comme si elles n'eussent eu d'autre objet que d'attirer sur la nation danoise toute la vengeance anglaise, et d'abandonner ce peuple courageux au ressentiment de ses terribles adversaires. On savait que la flotte suédoise avait reçu l'ordre de mettre à la voile le 31 mars, et c'était trop tard pour qu'elle pût prendre part à l'action qui allait décider du sort de Copenhague, ou même seulement opérer une diversion.

La garnison de Copenhague était forte de dix mille hommes; tous les habitans en état de porter les armes étaient disposés à concourir à la défense; ils s'attendaient au bombardement, et n'étaient pas épouvantés de ses effets. On avait pris toutes les précautions que peut dicter une active prévoyance pour éteindre les incendies ou en arrêter les progrès. La milice était sous les armes; les étudians mêmes s'exerçaient : il n'y avait ni consternation, ni désordre.

Les moyens de défense maritime exté

rieurs étaient formidables; la gauche de la ligne d'embossage était appuyée par les feux de la citadelle de Frédérickstadt; une chaîne de bateaux plats formait, devant l'entrée du port, unc forte estacade, soutenue par des batteries flottantes.

La droite de la ligne était flanquée par la batterie ou lunette dite des Trois-Couronnes (Dreycrone); c'était le point le plus avancé dans la mer : cet ouvrage, dont les feux rasants prolongeaient le chenal, ne pouvait être approché et plongé par le feu des vaisseaux ennemis, à cause du peu de fond et des bancs qui resserrent le chenal. On devait donc présumer, que pour forcer la ligne d'embossage et mouiller à bonne portée, les Anglais passeraient à l'est du Middel-Grund, ou banc du milieu; et comme en se rapprochant ainsi de l'arsenal et des principaux établissemens, le bombardement devait produire plus d'effet, tout fut disposé pour repousser cette attaque de front.

Six vaisseaux de ligne furent embossés en

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