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léon III. Vers la fin d'août (le 29) le Moniteur annonça que S. M. venait de faire l'acquisition, sur sa cassette particulière, par l'entremise de M. Renier, de la portion du mont Palatin comprise sous le nom de Jardins Farnèse, et qui appartenait à S. M. le roi de Naples. En dehors du domaine acquis par l'Empereur, il ne restait que l'ancienne villa Mills, au sud, tant de fois fouillée, et dans laquelle se trouvait un couvent de religieuses françaises, et au levant, une maison de Franciscains. Les terrains achetés n'avaient pas moins de sept hectares d'étendue. Ils renfermaient les ruines du Palais des Césars, dont deux étages étaient comblés depuis l'invasion des Barbares, et qui recélaient sans doute des statues, des peintures, des inscriptions du plus grand intérêt. M. Pietro Rosa, auteur de la grande carte archéologique du Latium, a été nommé conservateur du Palais des Césars. Il devait aussi diriger les fouilles qui commenceraient au mois de novembre de cette année.

D'autres événements intéressants à divers titres, ont signalé cette année si féconde d'ailleurs. Après la rapide expédition de Chine et le traité qui s'en était suivi, une indemnité avait été stipulée en faveur des victimes de l'attentat commis le 18 septembre 1860 à Tang-Tchéou. Le 28 novembre, la Commission chargée de la répartition de cette indemnité, présenta à l'Empereur un rapport sur ses opérations. Il était dit, que l'indemnité chinoise qui s'élevait à 200,000 taëls avait produit une somme de 1,539,918 fr. 87., qui se trouvait déposée à la caisse des dépôts et consignations. Suivaient le détail des droits constatés par la Commission (V. Appendice) et la proposition faite à S. M. d'approuver la répartition qu'elle avait arrêtée.

Victorieux du Céleste Empire, le général de Montauban, ainsi qu'il en adressa le récit au Ministre de la guerre, fit une excursion au Japon. Il s'était d'abord (22 novembre), rendu à Chefu, dont il visita la garnison. Ne se trouvant qu'à quarante-huit heures de Nangasaki, le général résolut de visiter ce port important, attendu qu'il ne pouvait aller à lédo d'une manière officielle. Pour arriver dans cette magnifique rade, « on traverse, écrivait M. de Montauban, un bosphore tout aussi riche que celui de Constantinople. >> Il racontait ensuite que les rives en

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étaient garnies de forts, et défendues par des batteries dont les pièces se trouvaient sous les toits; et, autre détail intéressant, que les montagnes en amphithéâtre de chaque côté, sont couvertes d'arbres verts et de cultures en gradins soutenus par des murs en pierre. Le général décrivait ensuite la physionomie des habitants << petits, mais vigoureux. » Les gens du peuple travaillent presque complétement nus. Les femmes, de petite taille également, se laissent voir dans les rues comme dans leur intérieur. Lorsque les jeunes filles se marient, elles doivent laquer en noir leurs dents et se rougir les lèvres, « ce qui est affreux à voir, et d'autant plus à regretter qu'elles ont presque toutes de belles dents blanches tant qu'elles restent filles. M. de Mautauban remarquait la placidité, mêlée de finesse, des habitants. Il racontait, ce qui ne se rencontre guère ailleurs, qu'au Japon, il existe une classe de mendiants qui ont, de père en fils, le privilége de mendier et ne peuvent avoir d'autre profession. Il y a aussi une police armée, autre indice de civilisation. Les bonzes marchent à la tête de la population. Ils sont richement vêtus. Nangasaki fait le commerce de laques qui se fabriquent à Miko et de porcelaines qui s'y font également. Le général admire fort dans sa lettre la beauté du paysage. Du port où il se trouvait jusqu'à Ozaka, « on navigue constamment dans une succession de cinq ou six lacs de Genève bordés de montagnes du plus riant aspect, couvertes d'arbres d'une hauteur et d'une grosseur prodigieuses, portant les uns un feuillage vert, les autres des fleurs de toutes variétés. Au pied de ces montagnes, des villes et des villages qui se succèdent sans interruption. La mer intérieure est couverte de jonques et de bateaux pêcheurs : le poisson étant la principale nourriture des habitants. Les maisons sont entourées de jardins, plantés d'orangers couverts de fruits, de bananiers, de pommiers, etc. » Le 16 décembre au soir, le général était de retour à Shang-Haï, où, quelques jours avant étaient arrivées les troupes venant du Pei-Hồ.

L'expédition de Cochinchine se traduisait également en résultats favorables. Le 27 février, l'amiral Charner annonça au Ministre de la marine que « les formidables positions établies

par les Annamites dans la plaine de Ki-Hoa, » étaient tombées an pouvoir des troupes expéditionnaires, dans la matinée du 25 du même mois. « L'ennemi est en fuite, ajoutait l'amiral, et nous campons dans son principal retranchement. » Profitant des affaires qui attiraient les Français dans le nord, et du peu de forces qu'on avait laissées à Saïgon, les Annamites avaient fait des travaux considérables pour se retrancher dans la plaine de Ki-Hoa, et dominer ainsi tout le pays. » De là, ils se poussaient dans le pays et menaçaient Saïgon même. Et c'est précisément ce que l'expédition sut prévenir. Pendant que ces opérations s'accomplissaient sous la direction du vice-amiral Charner, le contre-amiral, Page, remontant la rivière du Saïgon, avec huit bâtiments, attaquajt et détruisait les défenses de Yeu-Lok, dispersait les Annamites sur ce point, se rendait complétement maître de la rivière et opérait ainsi sur les derrières de l'ennemi une utile diversion au moment de l'attaque principale de ses lignes. Le lendemain (25 février), la forteresse était livrée aux flammes, et la division reprenait la route de Saïgon, n'ayant eu pendant le cours de ses opérations, que 4 hommes tués et quelques blessés. Les armes françaises triomphaient ainsi, comme on voit, dans l'extrême Asie, et, avec elles, on le pouvait espérer, s'implanterait quelque jour, dans ces contrées éloignées (c'était sans doute la pensée première de l'expédition), la civilisation européenne. Nous aurons à suivre plus tard, dans des chapitres spéciaux, les développements que le temps et la politique donneront nécessairement à ces grandes entreprises militaires et navales.

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CHAPITRE XI.

COLONIES.

ALGÉRIE. Rareté d'événements.

- Calme actuel de nos possessions.

Mesures réglementaires et administratives: Attributions du Directeur-général des services civils; du Conseil supérieur; · du Con

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Lettre de l'Empereur relative au re-
Graves considéra-
Traité avec l'Angleterre portant

Grâce aux dernières victoires, l'histoire de l'Algérie française est cette fois plutôt politique et administrative que guerrière. Plusieurs décrets eurent principalement pour objet d'aviser au réglement intérieur des affaires de la colonie. Celui du 13 avril est relatif aux attributions du directeur-général des services civils. L'article 1er dispose que ce fonctionnaire exercera sous l'autorité du gouverneur-général et en son nom, la haute direction de l'administration civile. « Il propose et soumet au gouverneur-général toutes les mesures qui intéressent la colonisation, l'agriculture, le commerce et les travaux publics, ainsi que celles qui ont pour objet d'assurer l'exécution des lois, décrets, réglements généraux et instructions concernant l'administration publique. Il prend (article 2) les ordres du gouverneurgénéral sur la correspondance administrative et les propositions intéressant les affaires civiles, des généraux divisionnaires, des préfets et des chefs de service qui correspondent directement avec le gouverneur-général. Enfin (article 3), il statue sur ceux des objets compris dans les attributions administratives du gouverneur-général que ce dernier juge à propos de lui déléguer ; il signe par délégation toute la correspondance administrative que le gouverneur-général ne s'est pas réservée.

Un second décret en date du 30 du même mois, règle les at

tributions du Conseil consultatif institué auprès du gouverneurgénéral. « Il donnera » nécessairement son avis sur les affaires suivantes :

1° Etablissement ou modifications des circonscriptions administratives, judiciaires, communales; désignation des chefs-lieux, 2o Etablissement de périmètres ; 3° Cantonnement des indigènes ; 4o Création de centres de population; 5o Plans d'amortissement de terres à affecter à la colonisation; 6° Concession, dans de certaines conditions, de biens domaniaux.; 7° Concession de terres d'une étendue de plus de trente hectares; 8° Concession de mines, de dessèchement de marais; 9° Exploitation de madragues et de pêcheries; 10° Ventes de gré à gré et échanges d'immeubles domaniaux; 11° Soumission des forêts au régime forestier; 12° Concession d'immeubles domaniaux aux provinces, communes, etc.; 13° Affectations d'immeubles domaniaux aux services publics; 14° Déclarations d'utilité publique pour les cas d'expropriation; 15° Création d'établissements, de bourses, chambres de commerce et autres institutions publiques; 16° Acceptations de dons et legs aux provinces, aux communes, etc.; 17° Bases et mode de perception des contributions arabes; 18° Ouverture et tracé de routes à exécuter aux frais de l'Etat ou des provinces; 19° Projets, plans, devis de travaux à exécuter au compte de l'Etat et des provinces et marchés à faire, lorsque la dépense doit dépasser 50,000 fr.; 20° Emprunts et budgets des provinces, des communes, dans de certaines conditions et mesures; 21° Législation et réglements organiques sur l'état civil, le culte, la justice et l'instruction publique des indigènes. Enfin, le Conseil serait appelé à donner son avis sur tous les projets de lois, décrets, réglements généraux intéressant l'administration, le commerce, les finances ou la colonisation.

Un troisième décret, en date du 22 mai, avait trait au Conseil supérieur de gouvernement, et traçait les modes de session et de délibération de ce Conseil.

Ce qui concernait l'Afrique française se trouvait ramené cette année à cette série de dispositions réglementaires.

COLONIES TRANSATLANTIQUES. Une question plus haute et qui touchait en même temps à un grand problème humanitaire

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