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fait des nouveaux débouchés qui allaient s'ouvrir pour la Belgique.

D'accord, au fond, avec la pensée du Traité, un membre, M. Jamar, considérait cependant, avec regret, les formalités de douanes spécifiées dans les articles 19, 20, 21 et 22, et principalement celui qui se rapportait à la déclaration de valeur.

Aux yeux d'un autre membre, M. Lebeau, les concessions n'étaient point réciproques: les charbons français, par exemple, se trouveraient dégrévés, tandis que les charbons belges resteraient soumis aux mêmes droits. L'honorable représentant critiquait aussi le sort fait à la métallurgie belge, et prétendait que le Traité lui susciterait une concurrence mortelle par la libre sortie des minerais.

Tous ces articles furent adoptés sans amendement.

Le projet ne rencontra pas non plus d'opposition au Sénat, et la Convention avec la France fut adoptée à l'unanimité par cette assemblée.

Pour établir la transition entre le régime précédent et le régime établi par le nouveau Traité, un décret établit que le Traité du 27 février 1854, prorogé pour deux années par la Convention du 18 avril 1859, continuerait à recevoir sa pleine et entière exécution jusqu'à la mise en vigueur du Traité conclu entre la France et la Belgique, et signé à Paris le 1er mai 1860.

La promulgation de la loi relative à la circulation de la monnaie étrangère amena la retraite d'un membre éminent du cabinet, M. Frère Orban, ce ministre s'étant déclaré, dès l'origine, opposé à cette mesure. C'est au surplus à ces faits intérieurs que se borne l'histoire de la Belgique cette année. La session commencée continuait son cours. On discutait à la Chambre des Représentants (19 février) sur la proposition de M. Barthélemy Dumortier, relative à la libre circulation de l'or étranger, un membre, M. Royer de Behr, favorable à la proposition, fit remarquer que l'opinion publique se prononçait également dans ce sens, parce que la circulation de l'or augmentait tous les jours, et que l'agio gênait le commerce. L'événement du débat fut la réponse du ministre des finances, M. Frère Orban, aux arguments de l'auteur de la proposition. Il

rappela que ce représentant avait tenté, plusieurs fois déjà, de faire triompher son système, et que toujours il avait échoué. On ne voyait pas de motifs sérieux pour rapporter la loi de 1850 qui avait démonétisé l'or. La majorité actuelle était de cet avis, puisqu'elle avait adopté (session de 1860) une motion de M. Pirmez, ordonnant le dépôt, au bureau des renseignements, et motivée sur ce que la Chambre ne jugeait pas qu'il y eût lieu de rien changer au statu quo. L'organe du Gouvernement faisait observer qu'il n'avait pas cessé de mettre la question à l'étude, qu'il avait nommé une Commission spéciale qui avait conclu au rejet du cours légal de l'or. Les chambres de commerce s'étaient prononcées dans le même sens. Tel avait été aussi l'avis de la Commission supérieure d'industrie et de commerce. « Si l'or abonde, ajoutait le Ministre, c'est que sa dépréciation même fait que sa circulation est incessante mais les quantités importées sont limitées, et pour les limiter à jamais, vous avez deux barrières infranchissables : les caisses de l'Etat et la Banque. Tant que vous ne lèverez pas ces barrières, l'or circulera, mais il n'inondera pas. On objectait qu'il n'y avait plus d'argent dans le pays; qu'il fallait, par conséquent, donner à l'or, le cours légal. » De 1853 à 1860, répondait M. Frère Orban, les paiements des caisses de l'Etat, en pièces d'argent de 5 fr., avaient progressé. de 106 millions à 230 millions. En même temps, ce public qu'on représentait comme surchargé d'or et souffrant de la pénurie d'argent, portait à la Banque des sommes en argent pour avoir des billets, et le total de ces sommes s'était élevé, dans la période susdite, de 50 millions à 74 millions. Enfin, on s'était adressé en Belgique pour avoir de l'or, et il ne s'était pas trouvé 4 millions à vendre.

D'autres orateurs, MM. Orts, de Theux, Coomans et Hymans, prirent ensuite part, à différents points de vue, à ce débat. M. Coomans, en particulier, fit remarquer que l'attitude prise dans la question par le Ministre des finances placerait le Gouvernement dans la nécessité de laisser la loi non promulguée; «< car, disait l'orateur, il est impossible que le Ministre contresigne un acte qu'il a qualifié d'injuste et qu'il considère comme un déshonneur pour le pays. » L'avenir pouvait don

ner raison à M. Coomans; en attendant, le projet fut adopté le 6 mars par les Représentants.

Le Sénat vota les différentes lois venues de la deuxième Chambre. La discussion du budget et le crédit demandé pour l'établissement d'un consulat belge en Chine fournirent au duc de Brabant l'occasion de développer la question des débouchés que, selon ce prince, il fallait créer à l'industrie du pays. Il insistait avec assez de raison sur la nécessité d'étendre les relations du commerce belge avec l'Amérique et l'extrême Orient, et exprimait le vœu qu'à Anvers et à Ostende, où s'arrêtent les voies ferrées, on ouvrit à l'activité nationale une nouvelle et large issue. « Je voudrais, ce sont les paroles du duc, je voudrais que ces stations, points extrêmes aujourd'hui, devinssent bientôt les points de départ de nombreux steamers qui, prolongeant sur la mer nos railways, lui ramèneraient le mouvement de transit qui tend à nous échapper. >>

En réponse à ces observations, le Ministre des affaires étrangères fit remarquer qu'une Commission spéciale recherchait ce point préalable, si l'immixion du Gouvernement, dans les affaires de l'industrie privée, était réellement opportune, qu'il y avait donc lieu d'attendre qu'elle eût émis son avis.

CHAPITRE II.

NÉERLANDE.

Discours d'ouverture des Etats.

Annonce de divers projets et de la Convention avec la Belgique au sujet de la dérivation des eaux de la Le soulèvement de Bornéo; Questions intérieures : l'enseignement Présentation du

Meuse. Les possessions d'outre-mer.

l'abolition de l'esclavage.

moyen. Les rapports de l'Eglise et de l'Etat. projet de budget. - Déficit et excédant.

Le discours d'ouverture prononcé par le Roi aux Chambres, le 16 septembre, donne une physiononie assez exacte de la situation du royaume. Il constatait qu'elle était satisfaisante, « si quelques provinces avaient eu à souffrir des inondations et si la détresse avait été extrême, l'esprit philantropique du peuple néerlandais et les sympathies de l'Europe avaient contribué à réparer de si grandes calamités. >>

Le discours de la Couronne annonçait ensuite que les relations avec les autres puissances continuaient d'être sur le pied le plus pacifique. Il avait été conclu en particulier avec la Belgique, une Convention destinée à régler d'une manière équitable la question de la dérivation des eaux de la Meuse. Et S. M. ajoutait que l'on s'attachait à favoriser les relations internationales par la suppression de formalités gênantes. Annonce aussi que l'on veillait avec sollicitude à l'emploi des moyens alloués pour augmenter la défense du pays. En même temps on s'occupait activement de l'élaboration de la loi sur les gardes communales.

S. M. rendait compte de la situation favorable des possessions d'outre-mer, bien que quelques contrées eussent été éprouvées par de grandes calamités. Elle regrettait aussi que le soulèvement, dans les parties du sud et de l'est de Bornéo, n'eût pas été encore comprimé et qu'il continuât à exiger un déploiement de forces. « Question de haute importance, disait le Roi, que celle de l'abolition de l'esclavage dans les Indes occidentales. » Un projet

de loi à ce sujet serait incessamment soumis aux délibérations des Chambres. Il serait présenté aussi d'autres projets relatifs aux colonies. La situation intérieure ne serait pas moins satisfaisante. Le nombre des navires sur mer n'avait pas diminué. La navigation se maintenait à la même hauteur et les complications aux Etats-Unis d'Amérique, quoique d'une influence défavorable sur le commerce en général, n'avaient pas empêché les importations, exportations et le transit d'augmenter constamment.

Le discours annonçait ensuite la prochaine communication de projets de loi relatifs au service médical. Il serait présenté aussi un projet relatif à la question si grave du rachat des dîmes. On n'avait qu'à se féliciter des résultats de la loi sur l'instruction publique. Et l'on préparait un projet relatif à l'enseignement secondaire ou moyen. On poussait aussi avec activité les travaux préparatoires pour l'établissement d'un réseau de chemins de fer la direction de la majeure partie des lignes était arrêtée.

Les dernières ruptures de digues avaient dû entraîner à des dépenses extraordinaires, des propositions seraient faites en vue des frais de réparation, et en ce qui concernait les subsides à allouer aux districts intéressés. Etaient aussi en préparation un nouveau code d'instruction criminelle et un projet de répartition judiciaire du royaume. Enfin, en ce qui concernait les rapports de l'Eglise et de l'Etat, le Roi veillait au maintien d'un juste et sage équilibre, de manière à faire la part des droits de chacun et à observer la loi fondamentale.

La plupart des projets annoncés par le discours de la Couronne furent présentés à la Légistature.

Le 23 septembre, le Ministre des finances soumit le budget des dépenses et des recettes à la seconde Chambre. Les premières comportaient 86 millions de florins, et les recettes étaient évaluées à 61 millions de florins, non compris les excédants des Indes orientales. Ces excédants, dans l'année courante, n'avaient point répondu aux prévisions. La cause en était au rendement moindre des mines d'étain et des plantations de café et de sucre. Si néanmoins, on les ajoutait aux autres récoltes, on arrivait à un excédant de 3,700,000 florins, à moins de faire entrer en ligne de compte les 10 millions nécessaires pour la

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