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niqué cette demande à la Cour de Rome. En même temps, l'épiscopat du Royaume crut le moment venu d'exposer ses griefs et demandes au lieutenant de l'Empereur, général Lambert. Dans cette pièce, en date du 25 septembre, les pétitionnaires formulaient, comme il suit, ce qu'ils se croyaient en droit de solliciter.

Ils demandaient 10 la restitution à la religion catholique romaine, de son ancienne autorité; 20 la suppression des lois pénales sur le mariage, comme étant contraires à tout esprit de tolérance; 3o la suppression des rescrits violateurs des principes de l'Eglise catholique et de l'esprit de l'Evangile, notamment: le rescrit du 28 mai 1860, lequel défend d'admettre au tribunal de la pénitence les personnes inconnues; le rescrit qui interdit aux ecclésiastiques toute prédication sur le dogme; 30 enfin, le rescrit de la Commission des cultes, du 14 novembre 1832, qui défend aux évêques toutes publications d'ordonnances ou de lettres pastorales dans leurs diocèses sans une autorisation préalable de la Commission; 40 l'interdiction à la même Commission de toute immixtion dans des objets étrangers à ses fonctions: le culte extérieur, les processions, les sermons, la liturgie, etc.; 5o l'institution près de la Commission des cultes d'un bureau ecclésiastique, sous la présidence de l'archevêque, et uniquement chargé des intérêts spirituels; 6o la faculté, pour les évêques, de se réunir en synodes diocésains, de célébrer des jubilés et de faire des missions; 7° la prompte nomination de titulaires aux évêchés vacants; 80 un nombre non limité d'élèves des séminaires, ainsi que des religieux et des religieuses des communautés; 9o la restitution des fonds consacrés pour l'entretien des élèves près des académies étrangères; 10° l'ouverture de maisons de retraite pour les prêtres âgés sur les fonds enlevés à l'Eglise, et sur les mêmes fonds une pension de retraite pour les prêtres hors d'état de remplir leur ministère; 11° la réorganisation de la maison de détention sur la montagne de la Sainte-Croix, conformément aux besoins actuels et d'après un projet présenté par les évêques; 12o l'administration des fonds ecclésiastiques par la Commission des cultes, mais après entente avec l'autorité religieuse, et l'exécution de la bulle de Pie VII, publiée en 1818, et qui or

donne de consacrer ces fonds uniquement aux besoins des cathé drales, consistoires, séminaires et paroisses; 130 la faculté pour les autorités ecclésiastiques de correspondre directement avec le Saint-Siége pour ce qui concernait les affaires spirituelles; 14° la modification des restrictions qui rendaient si difficiles les constructions et les restaurations des édifices religieux; 15° enfin, le rétablissement des prêtres transportés, dans leurs fonctions, et, pour l'avenir, plus d'arrestations de prêtres sans information du fait à l'autorité ecclésiastique. On peut remarquer que nulles allusions n'étaient faites dans ce document aux scènes déplorables qui venaient d'avoir lieu dans les églises. Quant aux motifs sur lesquels se fondait l'écrit épiscopal, ils étaient tout entiers dans le passage suivant : « Depuis neuf siècles, la religion catholique romaine, en Pologne, fait partie de la vie nationale. » Sous l'égide de cette religion, les évêques et les prêtres polonais, remplissant à la fois leurs devoirs spirituels et civiques, prenaient part à toutes les affaires de la nation. L'Eglise catholique, tout en veillant sur l'intégrité et l'unité de la doctrine de Jésus-Christ, resta toujours fidèle et d'accord avec le Gouvernement; et c'est ainsi qu'elle a pu exercer la plus grande influence sur les progrès politiques, moraux et matériels du pays. Avec l'appui et la vénération que lui portaient les rois de Pologne, l'Eglise jouissait sans interruption de sa pleine indépendance et tout ce que nous avons encore aujourd'hui, nos basiliques, nos établissements chrétiens aussi bien que cette influence et cette considération dont nous jouissons auprès des fidèles, tous ces biens sont l'héritage des siècles écoulés, ce sont les fruits de l'antique piété et du respect dus à cette institution divine.

Mais tout ce brillant passé de l'Eglise s'est évanoui avec l'existence politique de la nation; malgré les promesses solennelles que le nouveau Gouvernement avait faites d'entourer l'Eglise catholique de toute sa sollicitude, les lois ecclésiastiques ont perdu leur vieille autorité, et la liberté religieuse a été entravée par des restrictions blessantes. Ici les évêques rappelaient le dommage causé à la religion catholique par diverses parties de la législation le code pénal de 1847, le décret royal du 6/18 mars 1817, la propagande orthodoxe, ainsi que différents rescrits.

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On le voit la situation, à quelque point de vue que l'on se plaçât, était loin de présenter un aspect satisfaisant. Toutefois, le Gouvernement faisait des efforts pour entrer et se tenir dans la voie de la légalité dont malheureusement des passions, qui, parfois, prenaient leur source dans un sentiment patriotique respectable, le faisaient sortir. On ne saurait blâmer le Gouvernement d'avoir repoussé avec quelque amertume l'accusation dont un journal (le Czas) s'était fait l'interprète, à savoir que des agents auraient distribué de l'argent au peuple en l'engageant à se rassembler devant les cathédrales pour réclamer l'ouverture des églises et provoquer ainsi aux troubles. « Il est, disait-il, dans un Communiqué aux journaux, des mensonges que l'on ne saurait passer sous silence. C'est ainsi que l'on croit devoir opposer le démenti le plus formel à la nouvelle publiée par le Czas du 19 décembre. >>

Ici l'imputation dont il vient d'être parlé.

Les agitations dont l'Empire fut le théâtre durent avoir leur contre-coup matériel. La crise monétaire, qui datait des premiers mois, se prolongea assez avant dans l'année. Les grands propriétaires de mines, ainsi que les principaux établissements de filature se plaignaient. Les fabricants de sucre demandaient des subsides au Gouvernement, et l'on craignait la cessation de travaux de plusieurs distilleries; cependant, si l'on s'en rapporte à un recueil spécial (les Annales du commerce extérieur), les ventes opérées aux diverses foires auraient été productives. Parmi les articles de toute nature qui étaient l'objet des ventes réalisées sur ces marchés les cotonnades auraient figuré (dernier chiffre publié) pour 373,000 roubles; l'or et l'argent pour 221,000; les fers pour 145,810; enfin, le total des marchandises russes pour 2,095,805 roubles; les articles étrangers et le commerce d'Asie ne seraient, dans les transactions, que pour un million de francs au plus.

Un ukase en date du 23 juin complétant et modifiant les dispositions qui régissaient les prêts sur dépôts de cuivre et de fer par la succursale de la banque de l'Etat à Catherinebourg, décréta ce qui suit : 1° que pendant trois ans, la succursale de la banque de l'Etat, à Catherinebourg, serait autorisée à faire des

prêts sur dépôts de cuivre et de fer au taux de 75 copecks par rouble de la valeur des métaux déposés; 2° que la valeur des métaux, pour leur admission au dépôt, serait déterminée tous les six mois par la direction des mines de l'Oural, d'accord avec la succursale de Catherinebourg et avec la sanction de la régence de la banque de l'Etat; 3° que les prêts sur dépôts de métaux seraient accordés à des échéances de trois à quinze mois.

Un ukase également important, quoique d'une autre nature, fut promulgué le 26 du même mois de juin. Il sanctionnait une décision du Conseil de la guerre abrogeant la loi qui obligeait les gentilshommes et autres engagés au service militaire sur leur demande, à y rester un certain nombre d'années.

CHAPITRE VI.

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TURQUIE.

Céré

Mort d'Abdul-Medjid. Avènement de son frère Abdul-Aziz. monial suivi à cette occasion. Funérailles d'Abdul-Medjid. - Hat impérial dans lequel le nouveau Sultan fait connaître le plan de conduite qu'il entend suivre. Situation de l'Empire. Révoltes dans plusieurs provinces. Les Monténégrins. Leurs attaques.

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Envoi d'Omer-Pacha contre eux. - Instructions qui lui sont adresLa Syrie et l'occupation française.

sées.

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Explications à ce sujet - Nomination de Daoud-Pacha en qualité

Retour à la situation intérieure. Les

SERVIE. Politique étrangère. - Rap

ports avec la Porte. La skuptchina.

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Mission de M. Garachanin à Constantinople.

EGYPTE.

Le choléra. · Situation intérieure. Voyage du prince à Paris.

Les ministres.

L'isthme de Suez.

Le changement de règne (27 juin) eut lieu paisiblement. Les funérailles du Sultan Abdul-Medjid furent célébrées suivant le cérémonial islamiste, le 25 juin. A cette occasion, son frère et successeur Abdul-Aziz sortit du vieux sérail accompagné du grandvizir, du séraskier et du capitan-pacha. Le trône était placé sous le grand portique; les troupes rangées en cercle contenaient la foule; sur les côtés étaient rangés les serviteurs du palais qui, pendant toute la durée du service, devaient faire entendre la formule en usage aux jours de fête: «Que Dieu conserve le Sultan pendant mille ans! » Abdul-Aziz prit place sur le trône aux sons de la musique et au bruit des salves d'artillerie. Suivit la prière, puis le baise-main. Après avoir reçu les hommages des dignitaires de l'Empire, le nouveau Sultan se retira dans l'intérieur du palais pour y sacrifier un mouton. Il monta ensuite dans son caïk de parade, et retourna au palais de Dolma-Bagtche. Il est à remarquer qu'au moment où Abdul-Aziz prenait place

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