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quence, vote des sommes nécessaires à l'achat de 12 batteries de canons rayés. Autre innovation importante des troupes helvétiques iraient s'exercer et manœuvrer dans les Hautes-Alpes C'est ce qui eut lieu au mois d'août : 4000 hommes réunis à Lucerne, sous le commandement du colonel Aubert, manœuvrèrent ainsi dans le Valais. On ne pouvait qu'approuver ces études militaires, se disposer à la guerre étant un sûr moyen d'avoir la paix. Cette année aussi eut lieu à Stanz un tir fédéral: le nombre des tireurs fut considérable, et aussi celui des curieux. Un accident grave, l'incendie qui éclata à Glaris, dans la nuit du 10 mai, émut tous les cantons. Les secours ne se firent pas attendre, et abondèrent. Une Landes gemeinde (assemblée du pays) convoquée pour le 20 mai, vota avec un unanime empressement toutes les ressources qui devaient atténuer le désastre.

Ce qui ne se voyait guère dans le passé Saint-Gall et Vaud révisèrent chacun sans troubles sa Constitution. Saint-Gall supprima, dans l'acte fondamental, la division confessionnelle qui existait dans les élections politiques. La tolérance, elle aussi, était écrite dans la loi. Le progrès passait dans les faits: Lucerne avait un temple protestant; les juifs étaient autorisés à s'établir dans les cantons de Zurich et des Grisons. Quant à la Constitution du pays de Vaud, elle posait hautement le principe de la liberté des cultes. Genève ne restait pas en arrière, et l'Alliance évangélique y fut accueillie au mois de septembre. Cependant, à Genève même, l'année ne fut pas exempte d'agitations. A la suite, dit-on, d'une réponse peu convenable à un homme qui lui demandait de l'employer, le vice-président, M. James Fazy, fut en butte, sur la voie publique, à des voies de fait. Le jury n'ayant pas vu dans le délit l'outrage à un magistrat dans l'exercice de ses fonctions, l'individu coupable n'eut à subir que quelques mois de détention. Par suite, démission en masse du Conseil d'Etat. Il y eut aussi des divisions dans le parti radical, et, en novembre, M. Fazy ne fut pas réélu au Conseil d'Etat renouvelé. C'était un échec purement individuel : car le nouveau Conseil appartenait encore au parti radical. A Fribourg, ce furent les Conservateurs qui l'emportèrent.

1861

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CHAPITRE IX.

ITALIE.

Continuation du siége de Gaëte. ·

ÉTATS SARDEs. Armistice Départ de l'escadre française. Reprise des hostilités. — Négociations, elles aboutissent à la capitulation de Gaëte. Situation intérieure. — Elections. Nouveaux sénateurs. du Roi.

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Ouverture de la session.

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Discours

Victor-Emmanuel proclamé roi d'Italie, Démission et
Rome sera la capitale de l'Italie. — Dis-
Les provinces méridionales. — Débat à ce
Ricasoli sur l'armée du Midi.
Lettre de Cialdini à ce général.

réorganisation du Cabinet.
cours prononcés à ce sujet. —
sujet. Interpellation de M.
baldi intervient dans le débat.

Réplique. Le Roi intervient pour les réconcilier. du ministre Bastogi.

La fète nationale.

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nétie. Mort de M. de Cavour. - Reconnaissance du royaume d'Italie par la France. Cabinet Ricasoli. Son programme. L'unifica

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Questions et

DEUX-SICILES. Circulaires du lieutenant général aux autorités administratives. Proclamation du prince de Carignan. Proclamation de M. Poazo de San Martino, nouveau lieutenant-général. Pompéï exhumée. - Eruption du Vésuve. Autres détails.

Les affaires de Naples ramenées au siège de Gaëte et les élections, tel était le double et grave sujet qui préoccupait le Cabinet sarde. Les opérations de Gaëte procédaient avec lenteur, la présence d'une escadre française ne permettant pas de bloquer la place. François II, pouvait donc recevoir des secours. Cependant, en octobre 1860, l'amiral Le Barbier de Tinan prévint François II que cette situation ne pouvait pas se prolonger, et qu'il eût à prendre ses mesures. Cette sorte d'avertissement fut renouvelée par le Cabinet des Tuileries dans les premiers jours de 1861. En

d'autres termes, l'Empereur des Français tenait à observer religieusement le principe de non intervention. En conséquence, du 8 au 19 janvier, armistice conclu par l'amiral français. Le 19, protestation adressée aux puissances au nom de François II par le Ministre des affaires étrangères, M. Casella. Il était dit que le jeune roi avait fait tout ce qui était en lui pour le maintien du principe monarchique. Le même jour, départ de l'escadre française. L'amiral qui prit sa place n'attaqua point de vive force, les fortifications se trouvant à fleur d'eau; il n'y eut que quelques engagements assez vifs, mais isolés. Du côté de la terre, on reprit l'action à partir du 22, mais encore sans résultats décisifs. En même temps, après avoir fait des propositions non écoutées, le général Cialdini poursuivit les travaux du siége. Le 8 février, la place, poussée par les attaques de l'artillerie, demanda un armistice de quarante-huit heures pour dégager les soldats enterrés sous une cantine qui venait de faire explosion. Le général assiégeant consentit et fit plus : il envoya chercher les malades que la place ne pouvait plus contenir, mais il rouvrit le feu le lendemain lorsqu'il eut appris que l'on avait profité des quarante-huit heures pour réparer la brèche. Les canons rayés donnent aux Italiens la supériorité. Néanmoins, par suite du manque de vivres et de munitions, nouvelle demande d'armistice, de quinze jours cette fois, sous prétexte de négocier. Cialdini consent à négocier, mais n'interrompt pas le feu. Sur ce, plaintes de M. Casella. – Alors, réunion d'une commission mixte, et le 13 février convention portant que François II s'embarquera sur le bâtiment français, la Mouette, stationnant devant Naples ; que, sauf trois généraux, y compris le général Bosio, vingt-cinq autres généraux seront, ainsi que l'armée, prisonniers de guerre jusqu'à la reddition de Civitella del Tronto et de la citadelle de Messine. Renvoi aussi dans leur pays, des étrangers, sous la condition expresse de ne plus servir la même cause, avant l'année écoulée. Enfin, entrée des Piémontais dans la place, où ils trouvèrent 800 canons et plusieurs milliers de fusils. Notons ici que lorsque les Italiens offrirent au général Cialdini une couronne de laurier, il refusa par un noble sentiment de convenance: il n'avait vaincu que des concitoyens. Le général Fanti fut bien moins inspiré lorsque,

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d'une part, il crut devoir dissoudre l'armée bourbonienne à laquelle il ne laissait ainsi, que le parti du vagabondage; et, d'autre part, en licenciant l'armée garibaldienne.

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Cependant il fallait songer aux élections. Le pays ne se montra que reconnaissant en acclamant le nom de Garibaldi, et, en somme, les élections furent favorables au ministère; dans ce résultat se rencontrait la juste réhabilitation des victimes du pouvoir tombé en Sicile, où cependant on exaltait Garibaldi quelques-uns de ses adversaires furent nommés: cet incident était plutôt l'effet, ou si l'on veut le vice d'une loi électorale qui, évaluant le cens sur la propriété foncière ne faisait électeurs que les grands propriétaires. Un décret (20 janvier) appela au Sénat 67 nouveaux membres, parmi lesquels le chef du Gouvernement sicilien en 1848, M. Ruggiero Settino, l'historien Michel Amari et d'autres encore célèbres à divers titres. Ce fut M. Ruggiero Settino qui fut nommé président de l'Assemblée ; mais retenu à Malte par son âge et ses infirmités, il dut laisser ces fonctions à d'autres, à d'honorables vice-présidents, parmi lesquels George Pallavicino, que M. de Cavour n'hésita pas à désigner, quoiqu'il fût son constant adversaire. 18 février, ouverture de la session. Le discours du Roi était empreint d'un certain laconisme qu'expliquaient les circonstances. Rien en ce qui touchait Rome el la Vénétie, ces deux sujets d'une préoccupation qui gisait dans les faits; mais il y était question des puissances, telles que la Prusse, qui témoignaient à l'Italie renaissante des sentiments non équivoques de bienveillance. Le 21 février, pendant que la Chambre des députés vérifiait encore ses pouvoirs, M. de Cavour présenta un projet ayant pour objet de donner à Victor-Emmanuel le titre de Roi d'Italie. Un membre, M. Pareto, eût voulu qu'on l'appelât << Roi des Italiens, » comme on dit Empereur des Français. » Cependant le titre proposé par le ministre prévalut, seulement on y ajouta avec raison : « par la grâce de Dieu. » La commission avait proposé cette formule plus métaphysique : « par la providence divine et le vote de la nation. » Quant à la question de savoir si l'on dirait « Victor-Emmanuel Ier, ou II, le Sénat s'en référait à la Chambre des députés du soin de décider à cet égard; et l'on sait que ce fut le nombre Il qui l'emporta. Après la vérification des

pouvoirs, la Chambre élut pour président le candidat du ministère, M. Rattazzi. Cette nomination fut suivie de la présentation, par M. Minghetti, ministre de l'intérieur, dont il consacrait le point de vue, d'un projet de loi constitutif d'un système administratif régional. La question napolitaine ne pouvait manquer, comme la plus importante du moment, de se produire au sein de la représentation nationale, M. de Cavour réussit à faire ajourner cette délicate discussion. Il avait saisi l'occasion des doutes élevés par le ministre anglais, lord John Russell, sur la valeur du suffrage constitutif du royaume d'Italie, pour établir à son tour, aux yeux de l'Europe (Lettre en date du 16 mars à l'ambassadeur Italien à Londres), la situation de l'Italie.

Pour mieux éviter de répondre à des interpellations, à ses yeux inopportunes, le Ministre de Victor-Emmanuel annonça à la Chambre la démission de tout le Conseil de lieutenance à Naples. C'était le moyen de modifier cette administration dans un sens tel qu'elle ne s'occupât plus que des affaires locales: la politique proprement dite regardant le ministère central à Turin. De là la conséquence qu'il fallait que Naples eut des représentants dans le Cabinet; une modification ministérielle survint ensuite. M. Bastoggi fut placé à la tête des finances, où il succédait à M. Vegezzi; M. Corsi eut pour successeur au département du commerce; M. Natoli de Messine, et M. de Sanctis prit à l'instruction publique la place de M. Mamiani. Naturellement, M. de Cavour gardait les relations extérieures et la marine, c'est-à-dire qu'il restait l'âme du Cabinet. Il le fit bientôt voir en faisant repousser l'ordre du jour proposé, en d'autres termes, un blâme, contre le ministre interpellé, M. Fanti, lorsque le 23 mars, le général La Marmora interpella ce collègue de M. Cavour au sujet de certaines mesures qui ne lui paraissaient pas entrer dans le système d'organisation qu'il avait adopté pour l'armée pendant qu'il était ministre. Le chef du Cabinet défendit le ministre de la guerre, en faisant observer que la Chambre n'était guère apte à se prononcer sur des sujets absolument techniques et spéciaux. Le 25 mars, ce fut au tour de la propre politique du Président du Conseil. Le député Audinot l'ayant interpellé sur les affaires de Rome, M. de Cavour

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