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CHAPITRE XIV.

ÉTATS DIVERS.

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AMÉRIQUE CENTRALE: MEXIQUE. Le président Juarez proclame de nouveau la constitution de 1857. Il expulse trois agents étrangers. Son message au Congrès. Fâcheux état des choses: l'anarchie et la confusion continuent. Curieuse dépêche du ministre anglais à ce sujet. Convention entre la France, l'Angleterre et l'Espagne à l'effet d'entreprendre une expédition ayant pour objet le redressement de leurs griefs. Arrivée d'une escadre havanaise en vue de la Vera-Cruz. Reddition de la place après simple sommation. — La candidature de l'archiduc Maximilien d'Autriche au trône du Mexique, mise en avant pour la première fois.

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VENEZUELA. Les oligarques et les fédéraux. - Le coup d'Etat du colonel Echezursa Gouvernement provisoire et dictature.

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- Le général

Paez. Il conclut un armistice avec les fédéraux. Néanmoins les troubles continuent.

Constitution.

Nouvelle GRENADE. La fin de la présidence de M. Ospina devient le signal de nouvelles agitations. Insurrection conduite par le général Mosquera, gouverneur de Cauca il se réunit au général Santos Gat tierez qui était dans le Nord. Intervention officieuse du Corps diplo matique. Mosquera fait son entrée à Bogota. Réunion des représentants des Etats-Unis de Colombie. La présidence est déférée au général Mosquera. EQUATEUR. Efforts du président Moreno en vue de régénérer le pays. Révolte d'un village: Perucho. Un vice-président de la république, M. Espenel, soupçonné d'être un des auteurs du mouvement. Le président sollicite le protectorat de la France.

PÉROU. Expiration des pouvoirs du président Castilla. Conflit avec un concurrent, Echenique. Le président le fait déporter.

CHILI. Election des divers corps de l'Etat.

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Ouverture de la session législative. Election de M. Perez à la présidence Le président Montt rentre paisiblement dans la vie privée après dix années de présidence. Loi d'amnistie.

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ETATS DE LA PLATA. Continuation de la lutte entre les fédéraux et les unitaires. Le président Derqui met en état de siége Cordova, ville présumée placée sous l'influence de Buenos-Ayres. Intervention officieuse de plusieurs ministres étrangers. Elle est sans résultat.

- La guerre éclate. Buenos-Ayres semble devoir l'emporter. HAÏTI. Efforts du président Geffrard à l'effet d'empêcher l'annexion de la seconde partie de Saint-Domingue à l'Espagne. — Ouverture des Cham

bres. Le complot des Gamaïves.

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Le général Legros condamné par suite de cette affaire. Les troupes du Cap tentent de se révolter. BRÉSIL. Démission du ministre Ferraz. Le général Caxia recompose le cabinet. Ouverture de la session législative. Loi relative aux mariages entre non catholiques.

MEXIQUE.

Une des suites inévitables dé l'anarchie, c'est l'intervention étrangère. C'est ce qui ne devait pas tarder à se réaliser dans ce pays. Rentré à Mexico, le président Juarez proclama de nouveau la Constitution de 1857; et peut-être cet acte eut-il réussi comme point de départ de son gouvernement, s'il avait gardé quelque mesure vis-à-vis de l'étranger; mais il fut assez imprudent pour ordonner l'expulsion de trois agents du dehors: 1° M. Pacheco, ambassadeur d'Espagne; 2o le ministre du Saint-Siége, Mgr Clementi, et le ministre de Guatemala; pourquoi? parce qu'ils se seraient prononcés pour un concurrent: Miramon. Ce sansfaçon n'avait rien de bien rassurant pour l'avenir. Déjà son pouvoir était menacé à l'intérieur par Zuloaga et les bandes enrôlées sous son drapeau. Le 9 mai eut lieu l'ouverture du Congrès. Le Message de Juarez rappelait avec complaisance que lui et son parti se rattachaient aux événements de 1857. Il faisait dater de cette époque maintes réformes les biens de mainmorte devenus biens nationaux, la liberté des cultes, la démarcation entre les pouvoirs civils et religieux. Le tout sanctionné par le peuple. Le Président s'applaudissait moins de l'état des finances, dont la situation difficile ne pouvait guère se dissimuler. Venaient les relations avec le dehors. Le Président convenait que sur certains points elles étaient assez tendues. La rupture avec le Saint-Siége était mise sur le compte du temporel seulement « les lois, disaient-ils, qui garantissent la liberté des cultes ne s'opposent pas à ce que les catholiques résidant dans le pays aient avec le chef de l'Eglise, mais quant au spirituel seulement, de libres relations. » Le Président remerciait la Providence de lui avoir permis de rétablir l'ordre légal. Mais cet ordre légal n'existait que dans les termes du Message. Ici c'était le général Marquez et les bandes qu'il commandait, qui en étaient venues à menacer la capitale; ailleurs, le général

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démocrate Degollado était pris à la tête d'un corps nombreux t était tué. Le Congrès mettait à prix les têtes de quelques-uns de ces chefs. L'administration n'allait pas mieux. Quand le Gouvernement comme tant d'autres — avait besoin d'argent, il imposait les plus riches propriétaires ou banquiers, et s'ils ne répondaient pas à cet appel, il faisait incarcérer les récalcitrants. On avait aussi recours aux églises et aux vases sacrés. Malheureusement, le Gouvernement ne pouvait demander ainsi de l'argent à la violence sans rencontrer sur son chemin les intérêts étrangers placés sous la protection de leurs gouvernements. C'est ce qui arriva lorsque, le 17 juillet, le Congrès vota et que le Président approuva une loi suspensive pour deux ans, du versement des sommes destinées, suivant les conventions diplomatiques, à payer des créances étrangères. Cette rupture légale d'engagements internationaux décida aussitôt les représeptants de la France et de l'Angleterre, M. Dubois de Saligny et sir Charles Wyke à suspendre les relations officielles avec le Gouvernement mexicain. Déjà, dans une dépêche adressée à lord Russell, le premier de ces ministres faisait une peinture peu flattée de l'état de désorganisation de ce pays. « Il serait difficile, sinon impossible, disait M. Wike, de donner une idée juste de l'état des affaires dans cette malheureuse contrée, tant est incompréhensible la conduite du Gouvernement qui, présentement, préside à ses destinées. Animé d'une haine aveugle contre le parti de l'Eglise, le Gouvernement actuel n'a qu'une pensée, celle de détruire et de dissiper les immenses propriétés appartenant autrefois au clergé et dont la valeur est estimée de 60,000,000 à 80,000,000 de dollars espagnols. Le parti de l'Eglise n'est pas dompté, et quelques-uns de ses chefs campent à six lieues de la capitale à la tête de 4,000 à 6,000 hommes. Marquez est un de ces chefs, et récemment il a défait différents corps de troupes envoyés contre lui. La destruction des couvents et des églises, continuait le ministre anglais, a froissé les sentiments de la population, et les moines dispersés dans les masses, y sèment le mécontentement, entretenu par les femmes, qui, prises d'ensemble, sont toutes du parti du clergé. En même temps le Congrès, au lieu de s'appliquer à mettre le Gouverne

ment en état de faire cesser le désordre, passe son temps à débattre les vaines théories d'un Gouvernement ultra-libéral, pendant que la partie honorable de la population reste abandonnée sans défense aux attaques des voleurs et des assassins qui infectent les grandes routes et les rues de la capitale. Le Gouvernement est hors d'état de maintenir son autorité sur les diverses parties de la Confédération. Impossible dès lors d'obtenir quelque réparation de la part d'un Gouvernement occupé au jour le jour de sauvegarder son existence. » M. Wyke n'attendait rien que du parti modéré, qui, quoiqu'en petit nombre, ferait peut-être des efforts pour sauver le pays d'une ruine imminente. Le patriotisme, dans le sens habituel du mot, est à peu près inconnu au Mexique, et l'on ne voit pas un homme un peu considérable dans les rangs de quelqu'un de ces partis. « Tel est, concluait le Ministre de S. M. Britannique, l'état actuel des affaires au Mexique, et Votre Seigneurie comprendra dès lors qu'il n'y a d'autre chance de justice ou de réparation. que l'emploi de la force. >>

De leur côté, les Gouvernements de France et d'Espagne avaient de graves sujets de plainte contre les autorités mexicaines par suite d'injures et sévices dont leurs nationaux avaient été l'objet. Il s'ensuivit que les trois puissances, la GrandeBretagne, la France et l'Espagne, résolurent d'entreprendre une expédition commune pour avoir raison du Mexique, de leurs griefs respectifs. Le 31 octobre, convention signée à Londres entre les trois Gouvernements, et aux termes de laquelle ils étaient décidés à diriger en commun leur action. L'article 1er portait « que S. M. la Reine de la Grande-Bretagne et S. M. l'Empereur des Français s'engagent à prendre immédiatement, après la signature de la convention, toutes les mesures à l'effet d'expédier sur les côtes du Mexique les forces militaires et navales dont le chiffre serait ultérieurement convenu, à l'effet de s'emparer pour les occuper ensuite, des diverses forteresses et positions placées sur la côte mexicaine. Le même article autorisait les commandants des forces alliées à exécuter telles autres opérations pouvant être considérées comme la conséquence indiquée au préambule de la convention, et surtout de nature

à assurer la sécurité des résidents étrangers. Un bâtiment fut envoyé à la Vera-Cruz pour amener sir Wyke à Port-Royal dans la Jamaïque, où l'escadre britannique destinée à entrer au Mexique devait se rendre, sous les ordres de l'amiral Milne, commandant de la station des Indes occidentales. Les escadres françaises et espagnoles devaient se diriger vers la Havane, pour de là se rendre non loin du Cap Antoine, à l'extrémité occidentale de Cuba, où il était convenu que l'escadre britannique les irait rejoindre. Lord Russell écrivit ensuite à sir Wyke que si les autorités mexicaines accédaient aux conditions qui leur seraient posées et mettaient les forces alliées en possession de la Vera-Cruz, il serait inutile d'entreprendre les opérations sur la côte du Pacifique, comme on l'avait projeté en dressant le plan des opérations.

Ignorant ce qui avait été convenu entre les trois puissances, le Gouvernement de Cuba avait envoyé de la Havane, avant l'arrivée des vaisseaux français, une escadre qui, au commencement de décembre et sous le commandement de l'amiral Rubalcaya, vint en vue de la Vera-Cruz et somma la place de se rendre. Ce qui eut lieu sans résistance. Les escadres anglaises et françaises étant arrivées peu de temps après, le Mexique se trouva à la merci des trois puissances européennes. A ce moment même, le bruit s'était répandu qu'un grand nombre de Mexicains étaient décidés à inviter l'archiduc Ferdinand-Maximilien d'Autriche à accepter la couronne au Mexique. C'est à ce propos que lord John Russell écrivit au Ministre britannique, sir Wyke: « Si les Mexicains, d'un mouvement spontané, veulent placer l'archiduc autrichien sur le trône du Mexique, il n'y a rien dans le Traité qui puisse empêcher ce résultat, et d'autre part, nous n'avons aucun sujet d'intervenir à cet égard. C'est aux Mexicains de consulter en cela leurs propres intérêts. » (The Mexicans must consult their own interests.)

Le Ministre des affaires étrangères de la Grande-Bretagne, écrivit ensuite à M. Crampton, représentant du Cabinet à Washington : « Si les Mexicains ont pris le parti de constituer un gouvernement qui puisse rétablir l'ordre et maintenir des relations amicales avec les autres nations, le Gouvernement de

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