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tache et Saba, à cette grande mesure qui ne pouvait plus être reculée, et à faire connaître les conditions d'exécution.

La session des Etats généraux parut devoir être moins orageuse que les années précédentes. Toutefois on se plaignit, dans les Chambres, des irrigations pratiquées dans un pays voisin, la Belgique, en ce qu'elles se seraient faites au détriment du niveau habituel d'un fleuve commun, la Meuse, et de certains canaux. Une motion d'ordre ayant pour objet de recommander ce sujet à la sollicitude du Gouvernement, fut le résultat d'une enquête ouverte sur la question par un comité général de la seconde Chambre. La première Chambre adopta une résolution dans le même sens. Enfin une commission internationale, chargée de la conciliation des intérêts respectifs des deux Gouvernements en cette occasion, fut instituée à la suite des négociations ouvertes entre eux en vertu de ces résolutions des États.

Autre sujet de graves préoccupations pour l'administration et les Chambres : dans quel sens et sur quelle échelle exécuterait-on les voies ferrées, si indispensables à ce pays? Le Gouvernement proposait tout un réseau; mais quel serait le mode de concession? Nouvelle difficulté. Les Etats, qui estimaient trop vaste le réseau proposé, ne voulaient pas non plus du fonds spécial au moyen duquel, dans les vues du cabinet, on eût subvenu aux dépenses. On s'arrêta d'abord, dans la seconde Chambre (motion de M. Hoevell), à inviter instamment le Gouvernement de préciser ses projets et à affecter, dès à présent, 60,000 florins à l'étude des lignes. En fin de compte, le rapport sur le projet présenté par l'administration s'arrêta à une conclusion judicieuse, surgie d'ailleurs de la discussion pendante, savoir, la création de plusieurs lignes principales, conformes aux nécessités géographiques: nord, nord-est et midi.

Parmi ces projets tendant à la rapidité des communications, c'est-à-dire à l'accroissement de la prospérité matérielle du pays, il y en avait un, relatif au percement des dunes de la Hollande septentrionale, pour rapprocher mieux encore que par la voie habituelle le port d'Amsterdam à la mer. Des objections tenant à la stratégie, et, d'après le ministre de la guerre, interpellé à ce sujet, à la question financière, causaient l'ajournement

de cette opération instamment réclamée, surtout par la ville qui s'y trouvait particulièrement intéressée, et d'ailleurs par le commerce général du pays.

Ainsi que le discours de la Couronne l'avait constaté, la situation financière était satisfaisante. Comparativement à 1856, et malgré l'amortissement de la dette, l'exercice courant présentait une différence en plus assez forte: 911,049 flor. 25 1/2. Depuis 1850 on avait racheté, au moyen des budgets, 68,102,601 flor. de dette. Il restait disponible, pour continuer d'amortir, une somme de 10,000,000 florins. On avait pu atteindre cet excellent résultat, grâce aux excédants des finances coloniales. Pour 1858 il y avait lieu d'espérer encore de ce côté une différence de plus de 7,200,000 florins. On pouvait, avec ces ressources, soit continuer l'amortissement de la dette, soit en affecter une partie, précisément à l'exécution projetée des voies ferrées, ou à d'autres grands travaux d'utilité publique.

Toutefois, lors de la discussion, moins agitée que précédemment, les représentants du pays reprochèrent au ministère de trop se reposer sur les colonies, un reproche dont les organes du cabinet se défendaient de leur mieux, en motivant, par le système d'économie imprimé à toutes les branches du service public, les excédants qui venaient alléger la situation.

Lors de la discussion du budget pour 1858, le chapitre de la guerre, qui déjà n'avait passé, en 1856 (V. Annuaire), qu'à une voix de majorité, fut moins heureux encore cette année : il fut rejeté. On avait jugé excessives, durant les débats de ce chapitre, sinon les dépenses que nécessitait l'armée, au moins celles qu'entraînaient les fortifications; on trouvait, avec assez de raison peut-être, que ce système exagéré de défense ne s'accordait ni avec les besoins du pays, ni avec ses ressources financières. En vain, le ministre de la guerre, M. Forstner van Dambenoy, s'était-il offert, en quelque sorte, en holocauste, en annonçan sa démission, motivée d'ailleurs par son âge très-avancé, son budget (plus de 11 millions 1/2 de flor.) succomba sous le poids des attaques dont il venait d'être l'objet. Le service de ce département, qui eut ensuite pour chef M. van Meurs, fut assuré au

moyen du vote d'un crédit de six mois, prorogé ensuite au second semestre inclusivement.

L'ensemble du budget pour l'exercice 1858 était évalué comme il suit :

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On songeait à réformer utilement les impôts. La question fut sérieusement agitée au sein de la représentation nationale. Déjà le Gouvernement avait proposé, dans la session précédente, en vue du soulagement des communes atteintes par l'abolition des droits de mouture, un remaniement du système des contributions publiques; dans le plan du ministère, on eût paré au déficit sur ce chapitre spécial, par des ressources puisées dans une révision de la loi des successions. Cette fois, plusieurs députés proposèrent un autre allégement des contribuables : l'abolition des droits d'abattage. Cette proposition fut prise en considération. Mais la session était trop avancée pour qu'on pût pousser plus loin les graves discussions relatives à l'assiette de l'impôt. Une motion d'ordre d'un membre de la législature, M. Bieruma Oosting, les fit renvoyer à la prochaine rentrée. Cependant on eut le temps de voter l'abolition de la loi française de 1808, relative à l'intérêt de l'argent, ainsi que de nouveaux projets d'amortissement. D'après le dernier relevé officiel (31 décembre 1856) la marine marchande présentait un effectif de 2,343 navires, ayant une capacité collective de 593,384 tonneaux. Le matériel de la navigation à vapeur se trouvait compris, dans ces chiffres, pour 31 steamers et 10,428 tonneaux (11 bateaux de plus que l'année précédente). Comparativement à l'effectif du 31 décembre 1855, c'était un accroissement de 113 navires, et plus de 42,000 tonneaux.

Et pourtant, malgré l'accroissement officiel de la prospérité publique, il était parti, en 1856, des Pays-Bas, 623 chefs de famille, 283 femmes, 997 enfants et 21 domestiques; en tout, 1,924 émigrants. Les provinces qui avaient le plus contribué à ce contingent, étaient la Gueldre (565), la Hollande méridionale (347), la Zélande (308).

La grande majorité des émigrants étaient des individus dans la force de l'âge. Ces émigrants, à quelques exceptions près, motivaient leur expatriation par l'espoir d'améliorer leurs conditions d'existence; quelques-uns par le désir de rejoindre des parents. C'étaient environ 2,000 individus que perdait ainsi annuellement la mère-patrie; presque 60,000 âmes en vingt ans. Grave sujet de méditation pour les économistes.

En 1855, la Société de commerce avait importé des Indes orientales et occidentales, 1,269,700 balles de café, et, en 1856, 1,278,900. Elle avait débuté, en 1840, par le chiffre de 941 balles.

En 1856, une autre branche de commerce, les fromages, avait également présenté un chiffre relativement considérable, 1,026,144 formant un poids total de 2,322,754 kilogr.

En somme, d'après les derniers relevés, l'importation générale avait été (1855) de 342,654,000 fl., soit 726,426,000 fr., et l'exportation de 314,053,000 fl., soit 665,792,000 fr. au commerce général; ou 217,280,000 fl., soit 460,634,000 fr. pour le commerce spécial. En total, les deux divisions du mouvement commercial représentaient une somme de 1,392,218,000 fr. dans laquelle le commerce spécial comptait pour 990,274,000 fr.

Bien que satisfaisants, ces résultats étaient inférieurs aux précédents exercices: peut-être, à raison des circonstances extérieures, les approches d'une guerre imminente, celle de Crimée, qui nécessairement devaient, par contre-coup, altérer, sur divers points, les transactions générales : les nations étant presque toutes solidaires entre elles.

CHAPITRE III.

CONFÉDÉRATION GERMANIQUE.

:

Tendance à l'unité; divergence de vues entre la Prusse et l'Autriche : les fortifications de Rastadt. Conflit sanglant entre les troupes fédérales de Mayence. Affaire de Neuchâtel : les troupes prussiennes traverseraient-elles librement les Etats de la Confédération? - Opposition de l'Autriche intervention pacifique de la France. Autre conflit: les duchés allemands; accord entre la Prusse et l'Autriche à ce sujet. La Diète de Francfort saisie de la question; rapport du baron de Schrenck, concluant à la compétence de la Diete. Entrevue de Stuttgard; entrevue de Weimar. Le Zollverein : traité d'unité monétaire avec l'Autriche. Code de commerce uniforme pour toute l'Allemagne ; rivalité entre la Prusse et l'Autriche. Traité entre le Zollverein et la Perse; puis entre l'Union douanière et les îles loniennes. Population des Etats confédérés. Revenu de l'Association allemande. Chemins de fer. Intérêts respectifs des divers Etats. - Institutions financières et sociétés commerciales.

AUTRICHE.L'empereur François-Joseph en Italie: proclamation de nouveaux actes d'amnistie; l'archiduc Ferdinand-Maximilien nommé gouverneur général de la Lombardo-Vénétie; lettre de l'empereur à ce sujet. Retraite du maréchal Radetzky: ce que lui écrit à cette occasion son souverain. - Evacuation du duché de Parme par les troupes autrichiennes. -Rétablissement de la statue de Napoléon Ier dans le jardin public de Milan; paroles de François-Joseph. Programme du nouveau gouverneur général des provinces Lombardo-Vénitiennes. Le conflit austro-sarde; échange de notes entre M. de Buol et M. de Cavour : rappel du comte de Paar, chargé d'affaires de Vienne à Turin. — Voyage de l'empereur d'Autriche en Hongrie actes de clémence et incidents qui signalèrent cette excursion. La mort de la fille ainée de l'Empereur l'interrompt. Politique extérieure: la Russie désapprouve la conduite du cabinet de Vienne vis-à-vis du Piémont; parallélisme du cabinet de Berlin les fortifications et l'occupation de Rastadt. Affaire de Neuchâtel: Vienne insiste pour saisir la Diete de la question du passage des troupes prussiennes. — Question des duchés germano-danois: Vienne et Berlin s'entendent mieux à cet égard; échange de notes entre l'Autriche et le Danemark. Politique autrichienne dans la question des Principautés moldo-valaques; nouvelle divergence entre Vienne et Berlin: résolution de la Conférence de Paris. Entrevue de Weimar. - Questions intérieures : le Concordat; ses conséquences dans l'application. Sollicitude de l'Empereur pour les autres cultes : réunion des surintendants protestants; décla

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