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particulièrement en Autriche. La Bavière concéda à des sociétés privées des portions considérables de lignes ferrées, moyennant une garantie de 4 1/2 p. 0/0. La Prusse suivit un système tout opposé on s'y montra en général contraire aux concessions privées. Des lignes plus ou moins étendues étaient en voie d'exé. cution ou d'étude dans les grands-duchés de Hesse et de Bade, dans le Wurtemberg et la Thuringe. Le Hanovre, de son côté, achevait ses voies principales, et s'occupait de l'établissement d'embranchements importants.

Les institutions financières progressèrent également cette année les sociétés en commandite ou anonymes absorbèrent un capital d'au moins 150 millions de thalers.

Notables progrès de l'industrie cotonnière. Le marché de Brême gagnait de plus en plus en importance. De 80,000 balles, chiffre de 1855, il s'était élevé à 120,000 balles en 1856.

Les plénipotentiaires du Zollverein réunis pendant une grande partie de l'année, et occupés de la liquidation des comptes courants et de la révision des tarifs, ne parvinrent cependant pas à s'entendre sur ce dernier point.

Les recettes douanières comparées à celles de l'année précédente présentèrent quelque, augmentation. Pendant les neuf premiers mois de 1856, elles s'élevèrent à 19,000,486 thalers, tandis que dans la période correspondante des années 1854 et 1855, elles n'avaient présenté que les chiffres de 18,479,610 et 15,895,560 thalers.

On s'occupait présentement à attirer dans un rayon commun le système douanier de l'Autriche et celui du Zollverein.

Le remaniement du système monétaire de l'Allemagne ayant abouti à une convention spéciale, les divers Etats qu'elle concernait étaient appelés à la ratifier. En voici les bases principales : La livre du Zollverein formerait le talon des monnaies d'or et d'argent. Avec une livre d'argent on frapperait, sous le nom de thalers de l'Union, deux monnaies d'argent principales. 1o Le thaler à 1/30 de la livre d'argent fin; 2° le double thaler à 11/15 de la livre d'argent fin. Ces monnaies de l'Union seraient valables dans tous les Etats allemands, et seraient acceptées partout en paiement. On frapperait aussi une monnaie com

nie et les injures déversées sur tous les actes du Gouvernement impérial, sur l'auguste personne de l'Empereur, comme sur ceux qui lui sont dévoués, l'insurrection, et jusqu'au régicide, préconisés comme moyen d'affranchir l'Italie de ce qu'on se plaisait à appeler le joug étranger, tels seraient les thèmes incessants des feuilles piémontaises. « En vérité, ajoutait l'organe du cabinet de Vienne, ma plume se refuse à retracer toutes les turpitudes dont ces journaux fourmillent; il suffit de les ouvrir au hasard pour trouver en abondance des pièces de conviction.»

En présence de ces attaques, le Gouvernement sarde se serait montré absolument passif, ou du moins il ne les aurait pas découragées.

Autres griefs des appels adressés aux étrangers afin de les faire concourir aux souscriptions ouvertes avec éclat pour renforcer le système défensif du Piémont « qu'aucune puissance ne songeait à menacer; » la réception officielle de prétendues députations des provinces italiennes, venant exprimer leur admiration pour une politique désapprouvée par leur propre Gouvernement; enfin, l'acceptation d'un monument offert, disait-on, par des sujets de l'Empereur en souvenir des faits d'armes de l'armée sarde.

>> Comment s'expliquer, se demandait le ministre de l'Empereur, qu'un Gouvernement qui aurait à cœur d'entretenir avec nous des rapports d'amitié et de bon voisinage, n'ait pas trouvé de sa propre dignité d'empêcher des démonstrations qui empruntent aux circonstances particulières qui les ont accompagnées une portée.., si directement hostile à une puissance amie? Etaitce bien en permettant que les souvenirs de la guerre et des passions révolutionnaires fussent sans cesse publiquement évoqués, que le Gouvernement sarde comptait remplir les stipulations du traité de paix? >>

Mais on objecterait l'impuissance de la législation du pays à empêcher des actes de cette nature? M. de Buol n'absolvait pas pour cela le cabinet de Turin, du reproche d'avoir paru s'associer par sa tolérance aux espérances d'un parti « dont le dernier mot était l'abolition des traités » qui avaient fixé les circonscriptions territoriales existant actuellement en Italie.

Mais, ainsi que le supposait le ministère piémontais, on pourrait poursuivre? c'est-à-dire que le Gouvernement autrichien serait condamné à remplir chaque jour le rôle d'accusateur public.

Après avoir fait remarquer que les attaques de la presse révo lutionnaire du Piémont portaient atteinte au principe monarchique lui-même, et sapaient les fondements de l'ordre social, l'organe du cabinet de Vienne terminait en disant, que l'Empereur devait à sa propre dignité de ne pas laisser ignorer au Gouvernement sarde le ressentiment que lui avait causé l'ensemble de ces procédés. « Ce sera à M. le comte de Cavour, à nous indiquer quels moyens il compte employer pour effacer ces impressions pénibles, et quelles sont les garanties qu'il peut offrir contre la prolongation indéfinie d'un tel état de choses. »

Conclusion, l'Autriche se réservait de régler en conséquence sa future conduite.

Le cabinet de Turin se devait de répondre à cette communication. Il le fit (v. Etats-Sardes) dans une dépêche adressée le 20 février par M. de Cavour à M. Cantono, chargé d'affaires de Sardaigne à Vienne. Le ministre sarde reprenait un à un tous les griefs et tous les arguments mis en avant par le cabinet de Vienne.

Réplique de M. de Buol (16 mars). Il prenait acte dans ce document de ce que le comte de Cavour aurait « avoué publiquement et hautement» que la presse piémontaise s'était livrée à des excès éminemment regrettables, qu'il condamnait ouvertement. Mais quels efforts faisait-il pour la répression de ces excès? suffisait-il de s'en remettre à cet égard « aux Gouvernements étrangers?» M. de Cavour assurait d'autre part, qu'il ne permettrait pas que le monument à ériger à l'armée sarde pût blesser en rien la susceptibilité de l'Autriche ou celle de son armée ; mais cette assurance n'eût-elle pas dû être spontanée au lieu d'être provoquée?

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M. de Buol prenait ensuite personnellement à partie le ministre sarde à propos des témoignages de sympathie dont il avait été l'objet de la part des provinces autrichiennes elles-mêmes, en ce qu'il avait fait abstraction du caractère et de la tendance

Le feld maréchal prit congé de ses soldats par un ordre du jour en date de Vérone le 1er mars. « Je ne prends pas congé de vous, leur disait-il, car je reste au milieu de vous. Je laisse à des forces plus jeunes le devoir pénible de vous former... pour montrer au moment décisif, si la voix de notre cher monarque m'appelait encore une fois, que l'épée que j'ai tenue pendant soixantedouze ans (il en avait quatre-vingt-dix) et sur beaucoup de champs de bataille, repose toujours fermement sur ma main. » Le lendemain de ces importantes décisions, un décret appela le comte de Giulay au poste de commandant de la seconde armée et général-commandant du royaume Lombard-Vénition, de la Carinthie, de la Carniole et du Littoral.

La Gazette Officielle de Milan résume dans les termes suivants les bienfaits des mesures prises par le Gouvernement. « L'Autriche fidèle à ses engagements ne se borne pas à favoriser les progrès de ses peuples; elle pourvoit avec sagesse à les doter d'institutions libérales. » Suivait l'énumération des actes d'amélioration récemment accomplis.

Une coïncidence importante fut l'évacuation du duché de Parme par les troupes autrichiennes M. de Buol, mandé par l'Empereur avec MM. de Bach et de Bruck, eut, dit-on, pour mission, de s'entendre avec Modène et le Parmesan, au sujet des moyens d'empêcher, en cas de troubles politiques, toute intervention de la part du gouvernement sarde.

Partis de Milan, le 2 mars, l'Empereur et l'Impératrice traversèrent lentement les provinces italiennes et s'arrêtèrent dans plusieurs villes, en particulier à Crémone et à Trévise. Le 12, ils arrivèrent à Vienne où ils furent reçus par les archiducs et les autorités militaires et civiles.

Parmi les actes mémorables de ce voyage, sans qu'ils aient eu pour cela une portée précisément politique, on doit citer le fait du rétablissement de la statue de Napoléon Ier dans le jardin public de Milan, ordonné par François-Joseph, pendant son séjour dans la capitale du royaume Lombard-Vénitien. Comme on montrait au prince la statue du chef de la dynastie napoléonienne reléguée dans un coin obscur du bâtiment : « Ce n'est pas sa place, dit François-Joseph, c'est à tous les regards qu'elle doit

être exposée. Napoléon a assez fait pour Milan, pour que Milan puisse contempler ses traits tous les jours et à toute heure. »

Ainsi qu'il en avait reçu le mandat, l'archiduc Ferdinand-Max., général gouverneur du royaume Lombard-Vénitien, se rendit de Venise à Trieste, et consacra dans cette dernière ville plusieurs semaines à l'expédition d'affaires importantes, particulièrement à l'organisation du commandement supérieur de la marine. Puis, le lieutenant de l'Empereur retourna à Venise, l'une de ses résidences officielles.

Dans un discours adressé aux autorités lombardo-vénitiennes, l'archiduc annonça son intention de hâter le développement des intérêts intellectuels et matériels, en s'appuyant sur les éléments propres au pays lui-même, en dirigeant l'esprit public sans le contraindre, en le détournant de tout excès sans l'enchaîner, enfin, en faisant concourir toutes les ressources individuelles au bien-être et à la prospérité générale. Comme tous les programmes politiques, celui du nouveau gouverneur général était plein d'espérances. Et l'archiduc terminait cette inauguration officielle de ses fonctions, en annonçant qu'il ne souffrirait pas qu'un seul d'entre ses subordonnés portât la moindre atteinte aux intérêts du trône, aussi bien qu'à l'honneur et au bien-être de ses administrés.

Cependant l'Empereur François-Joseph ne laissait pas absolument calme la Péninsule italique, où il avait eu le bon esprit de faire entendre des paroles et adopter des mesures de paix et de clémence. Mais son Gouvernement eut le tort de se plaindre presque simultanément du peu de sympathie que l'on aurait manifesté en Sardaigne, pour la personne et les actes de l'Empereur. Tel fut l'objet de la dépêche adressée par M. de Buol, le 10 février, à M. de Paar, chargé d'affaires d'Autriche en Piémont, pour être lue au comte de Cavour.

La presse piémontaise, violemment qualifiée dans ce document, y était accusée en outre d'avoir reproduit les événements de Milan, sous un jour tout opposé à la vérité des faits. La domination de l'Autriche dans le royaume Lombardo-Vénitien y était représentée comme dépourvue de tout titre légitime, et comme la source unique de tous les maux de la Péninsule. La calom

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