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vaux des États clos le 31 octobre, non sans accompagner cet examen de réflexions empreintes d'une aigreur presque menaçante. On constatait, que si les États avaient fait, ainsi qu'ils le devaient, leurs déclarations relativement à la Constitution du 13 avril 1852 et à la loi électorale de la même année, ils ne s'étaient pas prononcés sur le règlement à eux fourni, au sujet de l'examen des travaux des Chambres. Et à son tour le Gouvernement déclarait se réserver ses résolutions à cet égard. On inféra de là que l'Électeur ferait de tout cela son affaire.

Au fond, les États ne cherchaient cependant pas à révolutionner le pays, et rien n'était moins radical que leurs prétentions, comme en témoignait la dernière loi électorale, qui faisait procéder des différentes classes du pays la représentation nationale. Cette conception politique avait cela de bon, qu'elle écartait des Chambres les fonctionnaires publics, comme ne constituant pas une classe proprement dite. A ce titre, les juifs auraient pu faire partie de la représentation; mais s'ils pouvaient être électeurs, ils ne devaient pas songer à être députés, puisqu'il fallait pour avoir droit à ce mandat professer la religion chrétienne. C'est à cet endroit seulement, que la constitution hessoise rappelait les lois de la libérale Angleterre.

Des projets importants avaient cependant dû appeler l'attention de la législature. Tel était celui qui avait pour but, de prévenir le morcellement des propriétés. Dans le système de ce projet, le possesseur d'une terre d'au moins 50 hectares pourrait en faire déclarer l'indivisibilité; ce qui était loin d'être une disposition démocratique. De là, à obliger les propriétaires de certaines portions du sol à subir dans un intérêt communal, et sur la demande de plusieurs habitants, un nouveau partage ou répartition, il n'y avait qu'un pas. Et c'est ce qui fut proposé; c'était une sorte d'aménagement nouveau où, au moyen d'un équivalent, on distribuait les terrains de telle façon, que la volonté d'un petit propriétaire, ou des servitudes, ne pouvaient plus entraver des travaux d'utilité générale. C'est ce qui existait déjà dans un Etat voisin, la Prusse.

Aux termes du budget triennal présenté, les recettes pour la

période financière étaient de 14,235,420 thalers, et les dépenses de 15,443,490, partant un déficit de 1,208,070 thalers. Pour le couvrir, le Gouvernement avait proposé le moyen connu et trop usité l'augmentation des impôts assis sur la propriété foncière, de manière cependant à ne pas atteindre la petite propriété. Or, c'étaient les grands propriétaires, qui dans la première Chambre avaient eu à se prononcer sur le mérite de ce projet, et ils avaient pu y voir un piége tendu à leur patriotisme par le gouvernement électoral; de là un très-vif mécontentement.

La Hesse électorale figurait pour 62,460 thalers dans le produit général des droits d'importation du Zollverein, durant le premier semestre de l'année.

DUCHÉ DE NASSAU.

Lors de l'ouverture des États (27 mars) le prince de Wittgenstein, président du conseil, annonça, de la part du Duc, le prochain mariage de la princesse Sophie de Nassau avec le prince Oscar de Suède. Quelque temps après, les Chambres adoptèrent un projet de loi, annoncé dans le discours d'ouverture, et ayant pour objet d'augmenter le traitement des employés subalternes, devenu absolument insuffisant, à raison de la cherté croissante des vivres. On espérait subvenir à cette augmentation, sans grever le budget dont les recettes s'élevaient à 3,354,042 fl., et les dépenses à 4,438,552 fl. Il y avait done un déficit, que la situation actuellement florissante du pays annonçait devoir être bientôt comblé.

OLDENBOURG.

Le Grand-Duc chargea son président du conseil, M. de Roessing, d'ouvrir les Etats. Ce qui eut lieu le 17 février. Naturellement le discours d'ouverture était le programme de la session. Le ministre annonça en conséquence un projet d'organisation judiciaire, l'état actuel des choses, c'est-à-dire la confusion des pouvoirs (justice et administration), étant en complet

désaccord avec le progrès des lumières. On projetait aussi un système de voies ferrées qui aboutirait à la Baltique.

Le Grand-Duc se faisait remarquer depuis l'origine du conflit Holsteino-Danois par ses sympathies très-prononcées pour la cause des Duchés.

VILLES LIBRES.

Hambourg. Les villes libres en général, et Hambourg plus que toutes les autres, furent éprouvées à la fin de l'année par une crise commerciale vraiment désastreuse, causée par l'état calamiteux des places américaines. Les faillites des Etats-Unis eurent leur contre-coup en Allemagne, où une vive sympathie pour les maisons atteintes se manifesta tout d'abord. L'Autriche se distingua particulièrement en cette occurrence. La Banque nationale de Vienne prêta à six pour cent et pour un an, au Sénat de Hambourg, pour le mettre à même de secourir le commerce, une somme de dix millions de marcs de banque, dont M. de Brentano fit la remise au nom de l'Empereur. Ce concours généreux du gouvernement autrichien produisit immédiate

ment le meilleur effet.

D'autre part, le Gouvernement local avait pris toutes les mesures qui pouvaient conjurer les désastres avances au commerce sur marchandises courantes et sur valeurs de bourse; invitation aux négociants de ne point exécuter trop rigoureusement la loi relative aux lettres de change. La haute banque avait concouru à la reprise des affaires en prêtant son concours (M. Ch. Heine en particulier) aux négociants gênés. Bientôt les approvisionnements métalliques abondèrent, et les caves de la Banque ne suffirent plus pour les contenir.

Le gouvernement hambourgeois adopta, à cette époque, d'autres mesures importantes proposées par le Sénat à la bourgeoisie, entre autres la prorogation pour un an, de l'application des taxes de l'accise avec certains changements parmi lesquels les suivants : élévation de l'abonnement des débits de boisson de 9 marcs à 30 marcs (13 fr. 50 c. à 45 fr.), mesure destinée en réalité à diminuer le nombre considérable de ces débits ;

réduction des taxes sur les viandes fraîches et les huîtres; et suppression de la taxe sur le savon noir; continuation du péage acquitté par chaque individu qui passerait íes portes de la ville le soir, après une certaine heure et suivant les saisons : une disposition qui rappelait les lois et règlements du moyen âge; prolongation pour un an (le Sénat proposait trois ans) des droits de timbre sur les lettres de change; enfin, suppression de la corporation des porteurs de blé.

Le Sénat soumit aussi au Corps législatif, qui la ratifia, la convention signée le 7 novembre par le plénipotentiaire du Gou. vernement et les représentants de Hanovre, Brunswick, Oldenbourg, Schaumbourg-Lippe et Brême, pour l'adoption d'un poids commun basé sur le système métrique et prenant l'étalon prussien pour type, c'est-à-dire l'unité de 800 grammes à la livre. La convention ne comprenait ni le poids monétaire, ni celui des métaux précieux.

Le 23 juillet, les villes hanséatiques conclurent à Paris avec la Perse un traité d'amitié et de commerce ayant pour base une complète réciprocité, et qui assurait aux villes hanséatiques les droits des nations les plus favorisées. L'article 5 du traité accordait aux parties contractantes la nomination de trois consuls. Ceux de la Perse devaient résider dans les villes libres, et ceux qui représenteraient ces dernières, résideraient à Téhéran, Bender, Bushir et Tauris.

Comme la plupart des Etats intéressés, Hambourg était partie prenante au traité conclu avec le Danemark au sujet du péage

du Sund.

Le 20 avril une ligne desservie par deux bateaux à vapeur, dont un français, mit en rapport Hambourg et Dunkerque.

Vers la fin de la dernière année (1856), la société des paquebots d'Amérique emprunta deux millions de marcs de banque (3,800,000 fr.) destinés à en augmenter le nombre et à doubler le matériel sur la ligne de New-York. D'autre part la société hambourgeoise des paquebots à vapeur pour le Brésil, fit également un emprunt pour l'acquisition d'un troisième pyroscaphe, au moyen duquel les départs pour les parages brésiliens pourraient être mensuels. En effet, la compagnie possédait déjà

deux bateaux à hélice. On projetait aussi l'établissement d'un service de bateaux à vapeur, entre Hambourg et la Havane. Hambourg est une des villes, d'où se dirige périodiquement le flot des émigrants pour le Nouveau-Monde. Cette année même (14 avril) quatre mille émigrants se pressaient sur le port pour aller chercher un destin meilleur, sur les rivages américains (1).

La plupart de ces voyageurs étaient originaires du Mecklembourg, du Holstein et des montagnes de l'Allemagne centrale. Le commerce maritime et terrestre de Hambourg présentait (dernier relevé) pour 1855 les chiffres suivants :

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Francfort. Les modifications apportées à la Constitution sont entrées en vigueur à partir du 1er janvier 1857. Il y avait toujours trois pouvoirs : le Sénat; le Corps législatif; la représentation de la Bourgeoisie. Voilà pour les Corps délibérants; le dernier contrôlait les finances et veillait au maintien de la Constitution. Deux bourgmestres annuels, pris dans le Sénat, étaient chargés de l'administration.

Organisation judiciaire plus de procédure secrète et écrite; débats publics oraux, et jury en matière criminelle.

Presse. Adoption du régime conforme à la décision fédérale du 6 juillet 1854 c'est-à-dire rédacteur en chef responsable et cautionnement des journaux.

Francfort eut, comme Hambourg et d'autres places de commerce, sa part de la crise de la fin de l'année, causée surtout par les émissions excessives des valeurs des banques étrangères. Pour conjurer de nouveaux désastres, et sur l'invitation des directeurs de la banque de Darmstadt, les représentans des mai

(1) On trouvera de curieux détails sur l'Emigration allemande dans les Lettres de Froebel, publiées par le rédacteur de cet Annuaire dans la Revue Germanique de MM. Charles Dollfus et Nefftzer (février et avril 1860).V. aussi l'intéressant article de M. Ph. Chasles, Débats, 3 juillet 1861.

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