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Recettes 1,562,631,400 réaux (390,657,850 fr.); savoir: 710,054,449 réaux concédés par la loi du 16 avril 1856, pour les six premiers mois de l'année; plus 852,576,951 réaux, jugés nécessaires pour le complément de l'année entière. Déficit : 29,610,257 fr.

CHAPITRE XII.

PORTUGAL.

Ouverture des chambres; Discours royal. Le serment des Miguelistes. Crise ministérielle de deux mois. Nouveau cabinet Loulé. M. Passos se rallie au ministère. Projets de travaux publics et réformes économiques les savons, les tabacs. Insuffisance des ressources financières l'emprunt Mirès; la dette. Les chemins de fer. Vote du traité relatif à la voie de Porto. Politique extérieure. Le patronat du Saint-Siége dans les Indes. Concordat. Les chambres peu disposées à le sanctionner. Mariage du Roi. Clôture de la session. La fievre jaune affreux ravages; dévouement de dom Pedro. Panique de la population. Les Cortès convoquées, mais suspendues de fait par l'absence des membres. Discours du président du conseil. Insurgés des provinces; leur répression.

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Les Chambres s'ouvrirent le 2 janvier, sous l'empire des préoccupations qui avaient signalé la fin de l'année. Les efforts du ministère pour diriger les élections, alors qu'il avait annoncé qu'il y resterait étranger, lui avaient fait perdre cette considération dont le pouvoir a toujours besoin. Telle était donc la situation. Le discours royal ne s'arrêta pas à ces questions électorales, qui étaient avant tout des questions de personnes. Il constata simplement qu'à l'extérieur, les relations de la couronne avec les puissances alliées continuaient d'être bonnes, et, en particulier, que les négociations depuis longtemps ouvertes avec le Saint-Siége, au sujet du patronat royal de l'Orient, recevraient dans peu de jours une solution honorable et définitive; qu'il serait présenté un traité que des difficultés inévitables avaient retardé jusqu'à présent.

Abordant un sujet trop actuel, la cherté des subsistances, cause de troubles momentanés dans la capitale, le Roi annonçait que la tranquillité publique était enfin rétablie.

Puis, à propos d'un autre et cruel épisode physique, Sa Majesté rappelait avec vérité, tant sa part personnelle dans le sou

lagement des malades avait été grande, que son gouvernement avait fait tous ses efforts pour porter des secours partout où le mal s'était fait sentir. Il avait trouvé aussi dans toutes les classes de la société un grand zèle pour le service public et une charité chrétienne que le peuple portugais ne manquait jamais d'exercer. Mention également de la bienfaisance des étrangers, des Anglais de l'île de Madère entre autres. Le manque répété de récoltes avait fait sentir l'efficacité d'un système douanier plus libéral en conséquence le Gouvernement avait pris différentes mesures tendantes à approvisionner les marchés du pays des objets de première nécessité. Le Roi rangeait avec raison l'instruction publique parmi les avantages qu'il fallait tout d'abord départir aux populations. Il appelait surtout sur l'instruction primaire l'attention des Cortès, auxquels divers projets ayant en vue de la généraliser allaient être présentés.

L'accroissement alarmant de l'émigration devait attirer la sollicitude du Gouvernement et de la législature : le discours du trône annonçait que des mesures seraient prises pour atténuer le mal.

Les moyens de communication, leur amélioration ou leur création terminaient ce discours des routes principales étaient achevées; d'autres venaient d'être entreprises. La section du chemin de fer de l'Est de Lisbonne au Carregado avait été livrée à la circulation, et l'on poursuivait les travaux pour l'achèvement de cette ligne jusqu'à Santarem.

« Notre séparation de l'Europe civilisée, disait le Roi, et plus encore l'impossibilité de développer notre commerce intérieur constituent un état de choses qui ne peut durer. » Il invitait en conséquence les Cortès à l'examen attentif des propositions que ferait le Gouvernement pour la continuation de la voie ferrée jusqu'à la frontière d'Espagne; pour l'établissement d'un chemin de fer de Lisbonne à Porto, et pour l'achèvement des routes qui viendraient donner un plus grand mouvement à ces importantes voies de communication.

Ce discours résumait assez complétement l'état des choses. Restaient les rapports respectifs entre le ministère et les chambres. Dès le début, il y eut l'incident du serment des miguélistes.

Ils étaient cinq: obéissant à un mandat imposé par le comité électoral directeur, ils demandèrent tout d'abord une modification de la formule du serment. Refus de la Chambre, et aussitôt après, retraite des auteurs de la proposition qui protestèrent << devant Dieu, devant le pays et devant le monde. » C'était beaucoup de solennité pour un assez mince sujet! Venait la question de l'existence du cabinet lui-même, et, par suite, ce qu'on appelle, dans les gouvernements constitutionnels, une crise ministérielle. De là une halte dans l'expédition des affaires qui ne dura pas moins de deux mois. A qui s'adresserait le Roi? personnellement il penchait peu pour un ministère Saldanha, pris dans le parti dit de la régénération. Ferait-on appel aux septembristes purs? Mais leur capacité était douteuse. Les usages parlementaires conseillaient de puiser les éléments d'un cabinet nouveau parmi les septembristes historiques, qui constituaient la majorité dans la Chambre. C'est-à-dire, en résumé, qu'il s'agissait d'éviter les progressistes et les conservateurs extrêmes ou chartistes. Enfin, le 14 mars, le ministère se trouva reconstitué. On y voyait figurer le marquis de Loulé et M. Sa da Bandeira, qui représentaient une nuance progressiste, puis M. Vicente Ferrer de Paiva Netto, qui prenait le portefeuille de la justice; M. d'Avila, ancien chartiste, à qui étaient dévolues les finances et de l'aptitude duquel on espérait beaucoup. Ce cabinet si laborieusement enfanté ne put pas même se compléter immédiatement. Le ministre de la justice s'étant retiré bientôt après, par suite des difficultés auxquelles donnait lieu le Concordat avec le Saint-Siége, l'intérim fut rempli par M. d'Avila; enfin, le ministre de la marine, M. Sa da Bandeira exerça également à titre provisoire les fonctions de ministre de la guerre. Le président du Conseil, marquis de Loulé, gardait les affaires étrangères et l'intérieur. Maintenant il fallait compter avec l'opposition, qui ne manqua pas de se déclarer après la reconstitution du ministère, auquel le chef de la majorité, M. Passos, s'était rallié. Les nouveaux antagonistes suivaient dans la Chambre des députés la direction de l'ancien ministre des finances, M. Fontes Pereira de Mello. Dans le Sénat c'étaient les conservateurs que le cabinet avait à combattre. En d'autres termes, '

régénérateurs et ceux qui n'entendaient rien régénérer étaient opposés aux ministres.

Que devenaient parmi ces stériles escarmouches les questions d'intérêt public recommandées à la sollicitude parlementaire par le discours de la couronne ? Les cabinets précédents (Saldanha, de Fontes), le premier en tête, ayant compris qu'il était temps de doter le pays de puissantes ressources de crédit, de réformes économiques, de voies de communication, s'étaient en effet voués à l'exécution de cette œuvre de régénération. Les nouveaux ministres ne pouvaient certes pas tenir une conduite différente. Mais alors ils se trouvaient exposés à défendre, en leur qualité, ce qu'ils avaient combattu comme députés. Parmi les projets élaborés par le cabinet Fontes se trouvait celui qui avait pour objet l'abolition du monopole de la fabrication du savon. La nécessité de l'adoption de cette mesure était reconnue de tous, et le ministère ne pouvait s'écarter en cette occasion de l'opinion générale. Il proposa donc l'abolition, et l'opposition s'en fit une arme contre lui. N'avait-il pas fait sien le plan d'un précédent cabinet? Il y avait à l'ordre du jour une autre proposition: celle de faire passer des mains d'une compagnie dans celles de l'Etat l'administration des tabacs. Le Gouvernement n'était pas de cet avis, et pourtant le ministre des finances, M. d'Avila, avait, avant son entrée aux affaires, prôné le système opposé, et il venait aujourd'hui, contradiction fâcheuse, demander le renouvellement du contrat passé avec la compagnie concessionnaire des tabacs et qui devait expirer en mai 1858. La majorité y consentit; mais des victoires de ce genre ressemblent singulièrement à des défaites. S'agissait-il maintenant des dépenses à porter au budget en vue des projets d'améliorations matérielles, on se trouvait en présence de la nécessité ou plutôt de l'urgence notoire de se mettre promptement à l'œuvre, et de l'insuffisance des ressources régulières. Les dépenses votées pour l'exercice 1857-1858 (du 1er juillet au 30 juin) étaient évaluées à quatorze millions de contos de reïs, tandis que les recettes étaient d'un chiffre évidemment inférieur, douze millions environ. Que faire alors? emprunter. C'est ce qui eut lieu. Durant cette session, vote d'un emprunt de 600 contos pour être em

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