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ployé à la construction et à la réparation des routes, et de 800 pour le développement de la marine militaire.

Au 30 juin 1855 la dette extérieure s'élevait à 47,231,132 reis, et en juin 1856 elle était de plus de 48,560,982.

Dans l'état présent du commerce et de l'industrie, les chemins de fer devaient surtout appeler la sollicitude des Chambres et du Gouvernement. C'est ce qui arriva vers la fin de la session. Le 4 juin le Parlement donna sa sanction au traité ayant pour objet la voie de Porto, et conclu par le ministère avec la compagnie Morton Peto. Voici quelles en étaient les dispositions capitales Concession pour quatre-vingt-dix-neuf ans; achèvement dans le délai de quatre années de tout le tracé de Lisbonne à Porto. Du côté du Gouvernement, engagement de livrer à la compagnie les terrains appartenant à l'Etat, les constructions actuellement menées jusqu'à Santarem, plus 5,500 livres sterling par kilomètre.

Au dehors le Gouvernement avait à traiter une délicate question: comment s'exercerait sur les Eglises des Indes le patronat de la couronne? Négociations à ce sujet (V. Etats Pontificaux) entre le pro-nonce de Lisbonne, Mgr di Pietro, et M. Rodrigo da Fonseca au nom du cabinet de Lisbonne. Le 21 février, signature d'un concordat soumis ensuite aux Chambres qui l'accueillirent au moins implicitement avec assez peu de faveur. Elles en ajournèrent l'examen avec l'intention transparente de laisser passer le délai des ratifications. Ce qui devait nécessiter des nouvelles négociations.

Le dernier acte de la session fut le vote de 100 contos pour les frais du mariage du Roi avec une princesse de HohenzollernSigmaringen, et de 60 contos pour la dotation de la future Reine. Le Gouvernement n'avait pas fixé à cet égard de chiffre; il s'en était rapporté à la munificence des représentants du pays.

La session fut close le 11 juillet par le Roi en personne. Sa Majesté passa rapidement en revue les travaux qui avaient signalé la campagne parlementaire; en particulier, le vote des moyens de mettre à exécution le projet de relier, par une voie ferrée, Porto à la capitale. Regret de la part du Souverain de ce que le temps n'avait pas permis à la législature de doter au

plus tôt le pays d'un système d'instruction nationale qui pût consolider l'organisation politique en créant des hommes aptes à chacune des fonctions sociales. Le Roi espérait que les Chambres sentiraient avec lui la nécessité de signaler leur prochaine session par leurs efforts pour la solution, qui plus que toute autre avait droit aux méditations de ceux que préoccupait l'avenir du pays. Dom Pedro terminait son discours en témoignant sa reconnaissance de l'accueil fait par les Cortès à l'annonce de son mariage.

Telle était la situation, et le cabinet de fusion dirigé par le marquis de Loulé fonctionnait sans trop d'orages, quand une grave perturbation dans l'état sanitaire du pays, l'irruption de la fièvre jaune, vint détourner de ce côté toutes les préoccupations et, il faut le dire, toutes les terreurs. Les ravages furent rapides et effrayants, surtout dans les quartiers populeux et avoisinant le Tage. L'épidémie sévit ainsi pendant quatre mois, de septembre à décembre. Il faut remonter aux souvenirs des plus mauvais jours du choléra, pour retrouver un point de comparaison. Naturellement les affaires politiques et même commerciales restèrent suspendues durant une contagion dont les victimes se comptaient par milliers (5,000, dit-on, sur 15,000 malades). Pendant que nombre de gens, voire même des dignitaires et des hommes politiques, des membres des Cortès, et jusqu'au patriarche de Lisbonne fuyaient le fléau, le Roi, bien jeune cependant (il n'avait que 20 ans), restait dans la capitale; il visitait les hôpitaux, parcourait les quartiers les plus atteints, dirigeait les secours, enfin veillait, à l'occasion, au chevet des malades.

L'épidémie durait encore quand la session se rouvrit (4 novembre). Cette fois ce fut le président du Conseil qui traça le programme des travaux des Chambres et le tableau de la situation financière. Annonce d'établissement de lignes télégraphiques, d'ouverture de routes nouvelles et de la conclusion de la convention au sujet du chemin de Porto. Les calamités qui venaient d'assiéger la cité ne pouvaient être passées sous silence. Le Gouvernement demandait aux Chambres d'aviser aux moyens d'en atténuer les effets. Chose fâcheuse à rappeler, peu de membres

du Parlement se trouvaient à leur poste; il fallut donc renvoyer au 9 décembre l'ouverture réelle de la session. Ce jour-là arriva, et les Cortès, vu l'absence de la plupart de leurs membres, ne purent encore se constituer. Evidemment il était plus aisé de faire de l'opposition ou de faire naître des crises ministérielles, que de payer de sa personne en présence du danger. Le Roi, qui ne cessait pas de stimuler le zèle des membres des Cortès, allait peut-être se trouver dans la nécessité de recourir à quelque mesure extraordinaire. En effet les dignes pairs (formule consacrée) n'arrivaient point, et les députés ne se pressaient pas beaucoup plus. En présence de tant de tiédeur, la popularité du Roi ne pouvait que s'accroître, et s'il en avait eu la velléité, il aurait pu frapper quelque coup d'Etat. On l'y conviait bien, et il ne manquait pas de gens pour crier ou afficher: Vive D. Pedro Roi absolu et à bas les Chambres! Il faut avouer que les Chambres ne faisaient pas preuve d'un bien brûlant amour de leur de voir. Mais le Roi, dont la conduite avait été si haute et si digne, témoigna encore du sens le plus exquis en fermant l'oreille aux sollicitations des ennemis de la paix publique. Des troubles partiels avaient éclaté à diverses dates et sur plusieurs points. Ils furent réprimés. Le 18 juillet, dispersion d'une bande de factieux à la savane de Majoursa, où ils campaient. « Nous leur avons livré bataille, disait le général José M. Cabral, nous leur avons tué et blessé beaucoup de monde. Une charge vigoureuse de la cavalerie a complété le triomphe, et la faction a pris la fuite en désordre, laissant en notre pouvoir son artillerie et quelques prisonniers. >> D'autres troubles causés par des questions de subsistances ayant éclaté dans le Nord, l'autorité en était venue à bout; mais n'était-ce pas le moment, pour le Gouvernement et les Chambres, d'aviser à l'introduction d'un système meilleur?

CHAPITRE XIII.

:

GRANDE-BRETAGNE.

Ouverture du Parlement par commission. Situation au dehors et à l'intérieur. L'Opposition se plaint du laconisme du discours lu au nom de la Reine lord Derby et lord Clarendon; réponses du ministère. Les questions pendantes en Orient; la Sardaigne, Naples. — Chambre des Communes M. Gladstone, M. Disraeli et lord Palmerston; la Perse et la Chine: le bombardement de Canton. Motion de lord Derby dans la Chambre haute; rejet. Motion de M. Cobden sur le même sujet; adoption. Dissolution du Parlement. Le ministère tombait-il devant une coalition? - Retraite du speaker M. Shah Lefevre : détails à ce sujet; tous les députés se découvrent devant lui. Elections. M. Cobden n'est pas réélu; lord Russell est sur le point d'avoir le même sort. Caractère et résultat de la lutte électorale. Lord John Russell attaqué par les journaux du ministère. — Ouverture du nouveau Parlement Message de la Reine. Programme du cabinet. La réforme et la formule du serment. Autres questions de législation : les abus de confiance; les sociétés par actions et les caisses d'épargne. Le divorce; les maris qui battent leurs femmes. Débats et motions sur ces questions. Clôture de la session.

Des affaires graves, considérables, occupaient le monde politique quand le Parlement s'ouvrit (3 février). Et pourtant le discours de la Couronne s'expliqua assez vaguement sur toutes ces questions dont quelques-unes, celle de Neuchâtel, par exemple, ou de la constitution des Principautés danubiennes, tenaient le monde politique en suspens.

« Sa Majesté, portait la harangue lue au nom de la Reine, nous a ordonné de vous annoncer que les difficultés qui s'étaient élevées à l'égard de quelques-unes des conditions du traité de de Paris, avaient retardé l'exécution complète des stipulations de ce traité. Ces difficultés ont été levées d'une manière satisfaisante, et l'esprit du traité a été complétement maintenu. Un mouvement insurrectionnel qui a eu lieu en septembre dernier dans le canton suisse de Neuchâtel, dans le but de rétablir dans ce canton l'autorité du roi de Prusse, comme prince de Neuchâ1857 34

tel, a fait naître entre Sa Majesté prussienne et la Confédération suísse, de sérieux différends qui ont un moment menacé de troubler la paix générale de l'Europe; mais Sa Majesté nous ordonne de vous informer que, de concert avec son auguste allié l'Empereur des Français, elle s'efforce d'amener une solution amiable des questions en litige, Sa Majesté a la confiance et elle compte qu'un arrangement honorable et satisfaisant sera conclu.

Ce paragraphe était suivi d'un autre, relatif aux Deux-Siciles, et de l'annonce que les communications faites par l'Angleterre et la France dans le but d'amener le Roi de Naples à adopter une marche politique de nature à écarter les dangers qui pourraient troubler la paix, avaient été mal reçues, et que, par suite, les deux puissances avaient retiré leurs missions de la cour de Naples.

Des négociations seraient aussi entamées avec les Etats et le gouvernement de Honduras en vue de faire disparaître toute cause de mésintelligence à l'égard de l'Amérique centrale. Traité avec Siam; mais la Reine regrettait qu'une autre puissance asiatique, la Perse, eût tenu une conduite qui avait amené des hostilités entre Sa Majesté et le Schah de Perse. Le Gouvernement persan, malgré des avertissements répétés, et en violation de ses engagements, avait assiégé Hérat et s'en était emparé. Par suite, prise de possession par les Anglais partis de Bombay, de l'île de Karrack et de la ville de Bushire, afin d'amener le Schah à accéder aux « justes demandes du Gouvernement de Sa Majesté. » Venaient les rapports avec la Chine: des actes de violence et des insultes avaient été commis envers le pavillon britannique; une infraction aux traités avait été commise par les autorités de Canton, et un refus opiniâtre de réparation avait nécessité un recours à la force pour obtenir satisfaction. La Reine annonçait ensuite la présentation de bills pour la consolidation de parties importantes de la législation; elle recommandait à l'attention du Parlement, l'utilité du renouvellement des priviléges de la Banque d'Angleterre, l'étude des conditions posées à l'émission des billets de la Banque dans le Royaume Uni et l'état de la législation relative aux banques par actions en participation. Telle était en substance l'allocution royale,

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