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I importe maintenant de signaler en peu de mots les erreurs bien singulières dans lesquelles les botanistes sont tombés en décrivant le tarchonanthus.

Bergius (Flor. cap.) veut que l'ovaire soit supérieur à la corolle, ce qui est sans exemple dans toute la famille des synanthérées. Linné (Syst. veg.) donne à l'ovaire une aigrette plumeuse. Gærte nerį bien meilleur observateur, n'admet point d'aigrette, et restitue à l'ovaire sa véritable place au-dessous de la corolle; mais il a commis d'autres erreurs, si toutefois la plante, qu'il a observée n'est pas d'une espèce différente de la nôtre, ce que je suis tenté de croire. En effet, il décrit des fleurs herman phrodites, à ovaire fertile, tandis que les nôtres sont mâles, l'ovaire étant avorté; il figure un style divisé en deux branches arquées en dehors, ce qui annonce une fleur hermaphrodite; et dans notre plante, le style est simple comme dans les fleurs mâles de la famille; les anthères, dans la figure de Gærtner, sont enfermées dans l'intérieur du tube de la corolle; et dans notre plante elles s'élèvent presque entièrement au-dessus de la corolle; on ne voit dans la figure ni dans la description de Gærtner, aucune trace de l'énorme nectaire que j'ai observé. Il y a encore quelques autres différences moins importantes. Il est à remarquer que Linné (Gen. Plant.) décrit les étamines et le style comme ils sont figurés dans Gærtner; mais il admet en même temps l'ovaire supérieur oblong, qui n'est autre chose que le nectaire. Sans cette dernière circonstance, je croirois que Linné et Gærtner ont décrit une espèce hermaphrodite, et par conséquent différente de la mienne.

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M. Decandolle, qui a disséqué avec soin des fleurs vivantes de tarchonanthus épanouies en hiver dans l'orangerie du Jardin du Roi, à Paris, a certainement eu sous les yeux la même espèce que moi cependant, nous sommes bien loin d'être d'accord sur les points les plus essentiels. Il croit que les étamines sont opposées aux lobes de la corolle, ce qui n'a lieu dans aucune synanthérée; et j'affirme qu'elles sont alternes avec les lobes de la corolle, comme dans toute cette famille. Selon lui, l'ovaire est libre, c'est-à-dire supérieur ou supère, ce qui rejetteroit également le tarchonanthus loin de la famille; et j'ai démontré que ce prétendu ovaire libre n'étoit autre chose qu'un nectaire. M. Decandolle conclut de ses observations, que Bergius et Linné ont mieux connu que Gærtner les véritables caractères du tarchonanthus; que cette plante n'est point une synan

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thérée; et M. Desfontaines, qui adopte son opinion, dit, dans son Histoire des Arbres, que M. Decandolle réunit le tarchonathus aux thymélées.

Ces erreurs étranges dans la bouche d'aussi excellens botanistes, prouvent que les observations les plus minutieuses ne sont pas à dédaigner; car s'ils eussent connu le caractère si chétif en apparence qui résulte de la disposition marginale des nervures de la corolle, ou celui de l'articulation des filets d'étamines, ils n'auroient jamais songé à expulser le tarchonanthus de la famille des synanthérées. L'observation des nervures, les auroit aussi préservés de la supposition que les étamines sont opposées aux lobes de la corolle; et s'ils avoient remarqué que toutes les synanthérées ont un nectaire épigyne plus ou moins développé, ils ne se seroient pas avisés de nous donner cet organe pour un ovaire supérieur.

⚫ M. Richard a mieux apprécié les affinités naturelles du tarchonanthus, puisqu'il l'a placé auprès du vernonia; cependant il les range l'un et l'autre dans sa tribu des liatridées, à laquelle il assigne pour caractère la nudité du clinanthe ou réceptacle commun; et nous avons vu que le tarchonanthus a le clinanthe hérissé de soies. lukso

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OS FOSSILES DE RHINOCEROS.

LE 27 février, sir Everard Home Iut, à la Société royale, un Mémoire sur des os fossiles de rhinocéros, trouvés dans une caverne de pierre calcaire, près de Plimouth, par M. Whitby. Sir Joseph Banks avoit prié M. Whitby, lorsqu'il partit pour surveiller la digue que l'on construit dans ce moment à Plymouth, d'inspecter toutes les cavernes qu'on rencontreroit dans les roches calcaires où l'on ouvriroit des carrières, et de lui envoyer tous les os fossiles qu'on pourroit trouver. Les os fossiles décrits dans ce Mémoire furent découverts dans une caverne, dans une roche calcaire, sur le côté méridional du Catwater. Cette roche est bien certainement de transition. On trouva la caverne après avoir creusé 160 pieds dans le roc solide; elle avoit 45 pieds de long; elle étoit remplie d'argile; elle n'avoit aucune communication avec la surface extérieure. Les os étoient des échantillons d'une perfection admirable. C'étoient certainement des ossemens de rhinocéros; mais ils appartenoient à trois animaux différens. C'étoient des dents, des os de l'épine,....... des os des jambes de devant, et du métatarse des jambes de derrière. Sir Everard les compara avec les ossemens du squelette d'un rhinocéros qui est dans la possession de M. Brookes, lequel est regardé comme appartenant à la plus grande des espèces qu'on ait jamais vues en Angleterre. Les os fossiles étoient en général d'une grandeur plus considérable, quoique quelques-uns d'eux appartinssent à un plus petit animal. La plupart d'entre eux furent analysés par M. Brande. il trouva un échantillon composé ainsi qu'il suit :

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Les dents, comme à l'ordinaire, contenoient une plus grande proportion de phosphate de chaux que les autres ossemens. Ces os étoient d'une netteté remarquable et parfaits; ils constituent les plus beaux échantillons d'os fossiles qu'on ait jamais trouvés en Angleterre.

MOMIE

TROUVÉE DANS L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE.

LE 17 février 1817, M. Cranch communiqua à la Société philosophique et littéraire de Bath, la substance de quelques mémoires qui venoient de lui être transmis de Doschester, près Boston, dans la Nouvelle-Angleterre. Cette notice étoit relative à une momie découverte dans une immense caverne souterraine, dans l'état de Kentucki.

La momie est celle d'une femme fortement constituée, d'une taille de près de 6 pieds anglais (5 pieds 11 pouces de France) de haut; mais elle étoit si desséchée, que toute la masse ne pesoit que 20 livres.

Ce fut à la distance de trois milles (environ une lieue) de l'entrée de la caverne, qu'on trouva cette momie. La figure paroissoit assise dans un espèce de sarcophage grosssier, composé de cinq tablettes de pierre calcaire; la cinquième servoit comme de couvercle ou de dessus au reste. Tout cela ressembloit exactement à ces anciens monumens désignés sous le nom de cromlechs, encore existaus en divers endroits des îles Britanniques.

Les genoux de la momie avoient été repliés tout contre le corps; les mains étoient jointes sur la poitrine; la tête, couverte d'une espèce de couronne, étoit droite, et toute la figure étoit enveloppée d'un grand nombre de tissus de chanvre sauvage et d'écorce de saule. Il y avoit, tout auprès du corps, des sacs qui contenoient des grains de collier, des babioles, et divers outils d'arts mécaniques, avec une sorte de panier à ouvrage, un instrument curieux de musique, et un éventail fait de plumes, à la Vandyke.

On a fait, ajoute-t-on dans les Mémoires communiqués à M. Cranch, des découvertes importantes dans le Kentucki, lesquelles indiquent qu'à une époque très-éloignée, la société, les arts, et les habitudes sociales avoient fait beaucoup plus de progrès que parmi les tribus indigènes jusqu'ici connues.

DU PRÉTENDU SIXIÈME SENS DES CHAUVE-SOURIS.

ON lit, dans le Précis élémentaire de Physiologie, par M. Magendie (1), à la page 139, le passage suivant :

Enfin, la faculté qu'ont les chauve-souris de se diriger en » volant dans les lieux les plus obscurs, avoit fait penser à Spal>> lanzani et à M. Jurine, de Genève, que ces animaux étoient » doués d'un sixième sens; mais M. Cuvier a fait voir que cette >> faculté de se conduire ainsi dans l'obscurité devoit être attri>>buée au sens du toucher.

>> Il n'existe donc point de sixième sens. »>

C'est à tort que M. Magendie prête l'opinion de Spallanzani à M.Jurine; et sin'ayant pu connoître son Mémoire original, puisqu'il n'a pas été publié, il s'étoit borné à copier avec plus d'exactitude ce que M. Cuvier dit à ce sujet, il auroit vu que ce savant anatomiste ne dit pas qu'il a fait voir, mais qu'il lui semble que l'organe du toucher suffit pour expliquer tous les phénomènes que les chauve-souris présentent, ce qui n'est par conséquent qu'une simple présomption. Au reste, voici ses propres termes, dans lesquels on verra que M. Jurine n'a jamais parlé d'un sixième sens, et qu'il pensoit que c'est par l'ouïe que les chauvesouris se dirigent.

Spallanzani conclut des expériences qu'il avoit faites, « que » les chauve-souris ont un sixième sens dont nous n'avons » aucune idée. M. Jurine a fait d'autres expériences qui tendent » à prouver que c'est par l'ouïe que des chauve-souris aveuglées » se dirigent; mais il nous paroit que les opérations qu'il a fait » subir aux individus qu'il a privés de la faculté de se diriger, » ont été trop cruelles, et qu'elles ont plus fait que de les em» pêcher d'entendre. Il nous semble qu'il suffit de leur organe » du toucher pour expliquer tous les phénomènes que les chauve» souris présentent (2). »

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Genève, 5 mars 1817.

J. F. BERGER, D. M.

NOTA. Nous prions M. Berger de nous excuser si nous avons cru devoir faire quelques changemens à la forme de sa réclamation, mais nous pensons en avoir entièrement conservé le fonds. (B.V.)

(1) A Paris, chez Méquignon-Marvis, 1816..

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(2) Leçons d'Anatomie comparée, t. II, p. 581, chez Baudouin Paris, an VIIŁ

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