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luxe, et méprisoient ceux qui ne possédoient pas de fortunes semblables.

D'autres, tels que Diogène... témoignoient un tel dédain pour tous ces objets, et se montroient en public avec une af fectation si peu mesurée, qu'on les appela cyniques.

Mais des troisièmes, tels que le SAGE SOCRATE, et la plus grande partie de son école, tenoient un juste milieu entre ces extrêmes; leur principale occupation étoit l'amour de la sagesse, et la recherche de la vérité.

SOCRATE! SOCRATE! je t'ai toujours pris pour modèle. Je suis comme toi sans ambition.... Je n'ai recherché ni argent, ni distinction;... je n'ai aimé que la science.... Tu bus la ciguë plutôt que de trahir la vérité.

Je n'ai pas montré moins de courage pour la soutenir, cette vérité et si je n'ai pas succombé comme toi, cela est dû à quelques circonstances favorables.

AMOUR SACRÉ DE LA VÉRITÉ ET DE LA JUSTICE, TU NE CESSERAS DE GUIDER MES PAS.

Mais arrivé à un âge avancé, avec des infirmités très-graves et très-douloureuses, mes forces ne me permettent plus de suffire seul à la rédaction de ce Journal. J'ai donc prié M. de Blainville d'y coopérer avec moi, Chacun de nous indiquera séparément les articles qu'il fournira.

Plusieurs travaux importans ont été rendus publics cette année, et ont reculé les limites de la science. On doit distinguer particulièrement ceux qui ont été faits sur la lumière, sur l'élec tricité, sur le galvanisme....

L'Histoire naturelle a fait des progrès qui ne sont pas moins rapides.

La Géologie a une marche plus assurée.

La Chimie continue ses brillantes découvertes; elles annoncent qu'une nouvelle révolution y remplacera bientôt le règne de foxigène, comme celui-ci a remplacé le règne du phlogistique.

Mais tous ces nouveaux travaux confirment cette triste vérité; On doit sans cesse soumettre à un nouvel examen les choses qu'on croyoit les mieux constatées. De nouveaux faits prouvent souvent qu'on étoit dans l'erreur.

La théorie de l'oxigène, par exemple, comme principe des acides, étoit regardée, par des savans distingués, comme trèscertaine,... et aujourd'hui elle est généralement abandonnée.

On regardoit comme certain, d'après les expériences de Lémery, et surtout celles de Menghini, confirmées par tous les chimistes, que le principe colorant du sang étoit dû au fer; de nouvelles expériences prouvent que cette opinion n'est pas fondée.

Ce qui nous paroît le mieux constaté doit donc être placé seulement dans la classe des probabilités.

DES MATHÉMATIQUES.

Legendre, dans ses Exercices du Calcul intégral, s'est occupé de la théorie des fonctions elliptiques.

Poisson a développé la manière dont il suppose que le calorique se distribue dans les corps.

Il a fait des recherches sur une propriété des équations générales du mouvement. Cette propriété, dit-il, est comprise dans la formule que Lagrange a donnée à la page 329 de la Mécanique analytique, seconde édition, et dont il a fait la base de sa Théorie de la variation des Constantes arbitraires.

Plusieurs géomètres, et particulièrement Cauchy, ont également donné sur les Mathématiques différens Mémoires inté

ressans.

Des Tables des Probabilités.

Dans mes Tables des Probabilités, j'ai recherché celle des faits qui ont lieu hors de notre globe. Cette probabilité est assez difficile à déterminer. Néanmoins on doit toujours l'estimer par les mêmes principes d'après lesquels la probabilité des autres faits a été assignée; elle est fondée sur l'UNIFORMITÉ DES LOIS qui subsistent parmi les êtres existans.

La lune, par exemple, paroît avoir les plus grands rapports avec le globe terrestre; il est donc probable qu'il y existe à sa surface des êtres organisés, plus ou moins analogues à ceux qui

sont à la surface de celui-ci....

La même probabilité doit être appliquée à toutes les planètes et à tous les autres globes....

Mais comment déterminer les degrés de ces probabilités?

On doit se rappeler que j'ai exprimé la certitude, ou 8 maxtmum de probabilité par 100.000.000. Supposons, ai-je dit, une urne où on met 100.000.000 de billets; si on suppose tous ces billets blancs, et qu'on en tire un, il est certain qu'il sera blanc cette certitude, ou probabilité, est au maximum = 8 = 100.000.000.

Mais si on y met un billet noir, les autres étant blancs, on n'a plus de certitude que le billet qu'on tirera sera blanc. puisque le noir peut sortir. La probabilité que ce billet sera blanc est égale à 99.999.999.

Si on place dans l'urne deux, ou trois, ou quatre,... ou n billets noirs, la probabilité que le billet qu'on tirera sera blanc suivra les mêmes proportions....

Il n'y a de certain pour nous que ce qui est fondé sur le sentiment.

Je suis certain que la couleur de ce papier m'affecte différemment que celle de l'encre; cette certitude est 100.000.000.

Mais nos autres connoissances, celles qui sont fondées sur la MÉMOIRE, ou sur l'ANALOGIE, ou sur le TÉMOIGNAGE DES HOMMES, n'ont point de certitude pour nous; elles sont fondées seulement sur les probabilités. (Voyez la manière dont j'ai exprimé ces probabilités dans ce Journal, tome LXXIX, pag. 133 et suivantes.)

On calcule la probabilité de la durée de la vie humaine, par exemple, par le nombre des morts comparé à celui des naissances, sur un grand nombre d'individus.

Mais pour la probabilité de ce qui se passe sur les autres globes, nous n'avons que l'exemple de ce qui se passe sur le globe terrestre.... Aussi ces probabilités n'ont pas la même valeur.

On ne sauroit donner trop d'attention à perfectionner ces Tables de probabilités, afin de pouvoir y classer toutes nos con

noissances.

C'est un des travaux les plus utiles qu'on puisse entreprendre; et je ne doute pas que bientôt on ne cherche à perfectionner les Tables que j'ai commencées. On ne peut y appliquer la rigueur du calcul; il faut s'en tenir à des approximations, comme on le fait dans tout le cours de la vie, par exemple dans les assurances diverses....

DE

DE L'ASTRONOMIE.

Gauss a appliqué sa Théorie des Mouvemens elliptiques des Corps célestes à la détermination des mouvemens de presque toutes les comètes, et aux mouvemens de Pallas.

Bessel a calculé à Konisberg l'orbite de la comète de 1815. Sa période est de 74,049 ans. Il a également calculé l'effet des perturbations des planètes sur son prochain retour.

Les Tables des mouvemens des divers corps célestes se perfectionnent chaque jour.

L'obliquité apparente de l'écliptique est, au 1er janvier 1817, de 230 27. 51", 8, suivant l'Annuaire de 1817.

Cent vingtième Comète.

Pons a découvert à Marseille, Annales de Chimie, pag. 202, cette comète, qui est la 120e observée; elle étoit située dans le voisinage du pôle. Sa lumière étoit très-foible. Elle a été vue à Paris par Bouvard et Arrago.

Williamson, à New-Yorck, a fait un travail considérable sur les comètes.

Des Taches du Soleil,

Le professeur Pictet, au sujet de la température de cet été dans une partie de l'Europe, a rappelé l'attention des physiciens sur les taches du soleil, qui furent découvertes en 1610, par Scheiner et par Galilée.

« L'apparition de ces taches, en un nombre plus ou moins grand, dit Pictet, paroît ne pas avoir d'influence sensible sur la température des saisons correspondantes. On a vu des étés très-chauds pendant lesquels le soleil avoit beaucoup de taches, et des hivers très-froids pendant lesquels on n'en apercevoit aucune. Ainsi en 1779 et en 1793, on a vu des taches quí, mesurées exactement, avoient de dix à douze mille lieues de diamètre; celui de la terre n'en a que 2860. On en vit une en 1791, dont la surface étoit vingt-une fois plus grande que celle de la terre. >>

Les taches du soleil ne paroissent pas changer de place; Pictet çite les travaux de M. Eyrard, qui a fait un grand nombre Tome LXXXIV. JANVIER an 1817.

B

d'observations sur ces taches. « Je suis loin, dit Eyrard, d'accorder à ces taches la faculté de nous ôter sensiblement.de la chaleur du soleil. Nous pouvons raisonnablement admettre, d'après les observations de leurs rotations uniformes, qu'elles sont adhérentes au corps du soleil; et soit que, comme le pense Herschel, ces taches soient les montagnes du noyau solide et obscur du soleil, qui percent quelquefois l'atmosphère lumineuse; ou soit, comme le suppose M. Biot, que le corps du soleil soit embrâsé, et que ces taches soient d'énormes embouchures d'où partent des éruptions de feu, je ne vois point là de cause de diminution du fluide lumineux....>>

même

Mais en supposant avec moi, que les soleils sont d'immenses piles en activité (comme la grande pile de l'Institution royale), on dira que les taches sont des portions de la masse du soleil qui sont moins susceptibles d'être galvanisées, et qui sont plus ou moins éclairées par le fluide galvanique des parties environnantes, dont l'intensité doit varier, comme on l'observe dans nos piles.

Du Mètre.

Tous les peuples parvenus à un haut degré de civilisation ont cherché dans la nature un objet fixe pour déterminer leurs mesures de longueur.

Celles-ci ont servi de bases à leurs mesures de capacité, à celles de pesanteur....

On suppose que les Égyptiens avoient pris cet objet dans une partie quelconque d'un grand cercle du globe.

En France, on a adopté le même principe; on a fixé cet objet, ou le mètre, à la partie du quart d'un grand

1

10,000,000

cercle, ou un méridien du globe.

En conséquence on a cherché à mesurer la longueur de ce méridien dans différentes contrées.

Lambeton vient de faire, dit Delambre (Connaissance des Tems pour l'an 1819), une nouvelle mesure d'un arc du mé. ridien dans l'Inde, à la latitude de 11° 8, et il trouve l'aplatissement du globe de . 13′.

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Delambre estime l'aplatissement.

Les dernières mesures faites depuis Dunkerque jusqu'à l'île

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