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Novibazar qui s'étend, entre la Serbie et le Monténégro, dans la direction sud-est jusqu'au delà de Mitrovitza, l'administration ottomane continuera d'y fonctionner. Néanmoins, afin d'assurer le maintien du nouvel état politique ainsi que la liberté et la sécurité des voies de communication, l'Autriche-Hongrie se réserve le droit de tenir garnison et d'avoir des routes militaires et commerciales sur toute l'étendue de cette partie de l'ancien vilayet de Bosnie..... >>

Article 26: « L'indépendance de Monténégro est reconnue par la Sublime-Porte et par toutes celles des Hautes Parties contractantes qui ne l'avaient pas encore admise.

Article 27: « Les Hautes Parties contractantes sont d'accord sur les conditions suivantes :

«Dans le Monténégro, la distinction des croyances religieuses et des confessions ne pourra être opposée à personne comme un motif d'exclusion ou d'incapacité en ce qui concerne la jouissance des droits civils et politiques, l'admission aux emplois publics, fonctions et honneurs, ou l'exercice des différentes professions et industries, dans quelque localités que ce soit. La liberté et la pratique extérieure de tous les cultes seront assurées à tous les ressortissants du Monténégro, aussi bien qu'aux étrangers, et aucune entrave ne pourra être apportée soit à l'organisation hiérarchique des différentes confessions, soit à leurs rapports avec leurs chefs spirituels. » (1)

(1) Ibid. p. 327.

Article 29.. « Le Monténégro ne pourra avoir ni bàtiment ni pavillon de guerre.

« Le port d'Antivari et toutes les eaux du Monténégro resteront fermées aux bâtiments de guerre de toutes les nations.

« Les fortifications situées entre le lac et le littoral, sur le territoire monténégrin, seront rasées, et il ne pourra en être élevé de nouvelles dans cette zone.

<< La police maritime et sanitaire, tant à Antivari que le long de la côte du Monténégro, sera exercée par l'Autriche Hongrie au moyen de bâtiments légers garde-côtes.

« Le Monténégro adoptera la législation maritime en vigueur en Dalmatie. De son côté, l'Autriche-Hongrie s'engage à accorder sa protection consulaire au pavillon marchand monténégrin.

Le Monténégro devra s'entendre avec l'Autriche-Hongrie sur le droit de construire et d'entretenir, à travers le nouveau territoire monténégrin, une route et un chemin de fer.

« Une entière liberté de communications sera assurée sur ces voies.

Article 34: « Les Hautes Parties contractantes reconnaissent l'indépendance de la principauté de Serbie, en la rattachant aux conditions exposées dans l'article suivant. » (1)

(1) Les mêmes que celles contenues dans les articles 5 et 27. V. De Clercq, Recueil des traités de la France, t. XII, p. 329.

Article 43 «Les Hautes Parties contractantes reconnaissent l'indépendance de la Roumanie, en la rattachant aux conditions exposées dans les deux articles suivants. (Art. 44, comparez les articles 5,27 et 34).

Article 45: « La Principauté de Roumanie rétrocède à Sa Majesté l'Empereur de Russie la portion du territoire de la Bessarabie détachée de la Russie en suite du traité de Paris de 1856..... >>

Article 61: « La Sublime-Porte s'engage à réaliser, sans plus de retard, les améliorations et les réformes qu'exigent les besoins locaux dans les provinces habitées par les Arméniens, et à garantir leur sécurité contre les Circassiens et les Kurdes. Elle donnera connaissance périodiquement des mesures prises à cet effet aux Puissances, qui en surveilleront l'application.

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Article 62: (Comparez les articles 5,27, 34 et 43). Article 63: « Le traité de Paris du 30 mars 1856 ainsi que le traité de Londres du 13 mars 1871 sont maintenus dans toutes celles de leurs dispositions qui ne sont pas abrogées ou modifiées par les stipulations qui précèdent. » (1)

Au cours de l'aperçu historique que nous venons de donner sur la question d'Orient, le lecteur a pu se faire lui-même une opinion de manière à pouvoir répondre à la question suivante.

Le principe de l'équilibre politique ou international peut-il s'accorder avec la solution de la question d'Orient dans le sens russo-slave?

(1) Ibid., p. 333.

Pour notre part, nous nous demandons en quoi le principe qui repousse tout agrandissement démesuré, excessif de l'un des membres de l'union internationale est-il en opposition avec la question d'Orient, telle que la comprennent la Russie orthodoxe et le monde slave orthodoxe? Dans l'accroissement démesuré et excessif d'une puissance européenne, derrière lequel viendraient se greffer des tendances à la monarchie universelle, il y aurait assurément, ainsi que nous nous sommes efforcé de le démontrer, dans la partie théorique de notre ouvrage, un danger pour l'Europe, et qui plus est, un danger menaçant pour l'existence même du droit international. Mais il ne peut y avoir danger du côté de la Russie, si l'on considère la solution qu'elle cherche à donner à la question d'Orient et que les Slaves approuvent. Le résultat auquel tend la Russie est celui que lui recommandent sa mission historique et son penchant naturel. Quant aux Slaves, les Slaves orthodoxes surtout, ils sont unis à la Russie par les liens du sang, par des liens intellectuels et moraux. Les Slaves catholiques et protestants ont, eux aussi, certainement des vues plus conformes à celles de la Russie qu'à celles de l'Autriche-Hongrie.

Nous nous demandons encore en quoi le principe de l'équilibre international commande, comme une nécessité, de faire perdre aux Slaves leur nationalité et de convertir au catholicisme les Slaves orthodoxes!

Si la Russie se place à la tête des peuples slaves qu'elle a délivrés, ou d'une façon plus générale si elle

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prend en main la direction des peuples des Balkans, elle ne montrera pas le moins du monde par ce fait un désir de domination universelle. Verra-t-on quelque chose de commun entre Charles-Quint, Napoléon et le Czar orthodoxe russe, parce que ce dernier se sera fait le protecteur et le chef d'une confédération de Slaves. orthodoxes?

En ce qui concerne les Slaves Autrichiens, la question d'Orient ne demande aucunement que le protectorat russe soit étendu jusqu'à eux, et que leur réunion à la confédération balkanique soit regardée comme indispensable. Il faut, pour que nous arrivions au but vers lequel tendent tous nos efforts, que l'Autriche devienne un Etat où l'élément slave aura la direction politique" extérieure. Il faut qu'elle soit sous la dépendance de la Russie, tout comme elle l'est déjà sous celle de l'Allemagne. Pour atteindre à ce résultat il faudra peut-être lui enlever ses provinces allemandes et proclamer l'indépendance de la Hongrie ; mais nous aimons à penser que l'Autriche, devenue plus sage par l'expérience, ne nous mettra pas dans l'obligation de recourir à des mesures extrêmes. C'est là une question de l'avenir.

L'Allemagne est aujourd'hui si puissante que la France, en cherchant à l'affaiblir, répondrait entièrement à nos vues et à nos intérêts. Immobilisée par une guerre avec la France, vaincue par les armées françaises, elle n'aurait pas les moyens de venir en aide à l'Autriche et à l'Italie, au cas où la Russie serait aux prises avec ces deux puissances. Des Autrichiens et

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