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netteté dans la rédaction. Je remarque cependant que l'article porte tout entier sur ce principe, que désormais rien ne pourra être exécuté qui ne soit auparavant ratifié par le corps législatif; les événemens de tous les jours peuvent nous mettre dans le cas de jetter les yeux sur les conventions qui occasionneroient ou qui provoqueroient le déploiement de la force nationale ; par exemple, quoique nous soyons convaincus que la guerre d'Espagne n'est ni menaçante ni dangereuse, il n'est pas douteux qu'il faudroit jetter les yeux en arrière, et regarder si les conventions sont nationales ou si elles ne le sont pas. J'ai donc proposé une chose utile à faire avant la fin de la session. J'adopte l'ajournement, mais je pense qu'il doit être à bref délai ». L'assemblée passa à l'ordre du jour.

PRÉSIDENCE DE M. DE BEAumetz.

Du 27 mai au 7 juin 1790.

29 mai. La veille, sur une lettre de M. de Saint-Priest, dans laquelle il rendoit compte de la manière dont plusieurs particuliers de Marseille s'étoient emparés de la citadelle

de cette ville et en avoient commencé la démolition, il avoit été décrété que les députés extraordinaires de la municipalité de Marseille seroient appellés pour faire connoître ces événemens; ces députés se présentant à la barre, ils firent le tableau des préparatifs vraiment hostiles et effrayans faits dans les forts de cette ville contre les citoyens.

M. Dupont demandoit que les députés extraordinaires de Marseille donnassent des éclaircissemens sur l'assemblée tenue à Brignoles; sur les propositions qui y avoient été faites de demander la suppression du Châtelet, à l'instant où l'on faisoit à Paris la même proposition.

M. d'André, en demandant le renvoi au comité des rapports, croyoit que chaque membre pouvoit faire à ces députés les interrogations qu'ils jugeroient nécessaires sur l'affaire de Marseille seulement.

Mirabeau répondit à MM. Dupont et d'André.

Il dit au premier: «< il me paroît doublement extraordinaire qu'on veuille joindre ce qu'on dit s'être passé à Brignoles à ce qui

est

est arrivé à Marseille, et parce que votre délibération porte,simplement que vous entendrez les députés de Marseille, et parce qu'il est étrange qu'un député étranger à la Provence ait sur l'assemblée de Brignoles des connoissances et des résultats. que ·les députés de Provence n'ont point encore. Je pourrois aussi montrer mon étonnement de l'interprétation sévère qu'on veut donner des motifs de cette assemblée; comme si elle avoit été publique, comme si les municipalités ne s'étoient pas réunies dans tout le royaume presque autorisées par vos décrets».

que

Il dit au second: « j'adopte la proposition le préopinant a faite du renvoi des pièces au comité des rapports; mais j'ajoute contre lui que puisque cette affaire y est renvoyée, vous ne pouvez la juger en un instant; et que puisque nous ne pouvons la juger, il est très-inutile d'interroger les députés extraordinaires. Gardons-nous,d'imiter la précipitation des ministres qui veulent accroître les troubles de Marseille, de nière que l'étourdissement du peuple lui ôte toute espèce de confiance. Nous ne sommes point les oppresseurs du peuple; Tome III.

M

de ma

nous sommes ses surveillans et ses modérateurs; nous devons l'éclairer, le calmer et ce n'est pas avec la marche hâtive et vindicative des ministres que nous pouvons y parvenir ».

L'assemblée renvoya au comité des rapports tout ce qui concernoit l'affaire de Marseille. Mirabeau demanda ensuite que les députés extraordinaires de la munici palité de cette ville obtinssent l'honneur d'être admis à la séance. Cette proposition fut acceptée.

PRESIDENCE DE M. L'ABBÉ SYEYES.

Du 8 au 20 juin 1790.

Jusqu'ici nous nous sommes livrés avec l'infatigable ardeur qu'inspire l'enthousiasme de la liberté à rassembler ces monumens épars du génie. Mais que sont ces recherches, ces travaux, auprès de la solli citude Toujours active, toujours brûlante de ce défenseur des droits du peuple. A cette époque Franklin meurt; qui ne répandra des larmes au souvenir de l'hommage funèbre rendu aux mânes d'un grand homme', sur l'invitation d'un grand homme dont la perte

bientôt après couvrit de deuil la France entière.

Mirabeau monte à la tribune. «Messieurs, Francklin est mort. (il se fait un profond silence); Il est retourné au sein de la divinité, le génie qui affranchit l'Amérique et versa sur l'Europe des torrens de lu

mières.

כל

» Le sage que deux mondes réclament, l'homme que se disputent l'histoire des sciences et l'histoire des empires, tenoit sans doute un rang bien élevé dans l'espèce humaine.

» Assez long-temps les cabinets politiques ont notifié la mort de ceux qui ne furent grands que dans leur éloge funèbre ; assez long-temps l'étiquette des cours a proclamé des deuils hypocrites; les nations ne doivent porter que le deuil de leurs bienfaiteurs; les représentans des nations ne doi vent recommander à leurs hommages que les héros de l'humanité.

» Le congrès a ordonné dans les quatorze états de la confédération un deuil de deux mois pour la mort de Franklin, et l'Amérique acquitte en ce moment ce tribut de

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