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moine, vous devez l'en dédommager. La latitude qu'a parcourue M, Barnave, entre 800 livres et 1000 livres, est celle que j'avois voulu vous faire parcourir, parce qu'elle me paroît juste. Une autre observation se présente à mon esprit, et me paroît digne de fixer votre attention: le religieux, rendu au siècle, condamné à une pension annuelle et fixe, arrivera dans ce monde dénué de beaucoup de choses de première nécessité. Comment se les procurera-t-il ? il ne peut lesattendre que de vous, et vous les lui devez, Je proposerois donc de donner aux moines, dès l'instant où ils sortiront du cloître, une somme à forfait, par exemple la moitié de leur pension en argent-monnoie. Quoique nous n'ayons très-certainement pas eu l'intention de faire une opération de finance,

demande au préopinant la permission de présenter une observation financière. Accorder un sort plus favorable aux religieux qui sortiront du cloître qu'à ceux qui y resteront, c'est se servir d'un moyen très-légitime et très innocent de faire évacuer les monastères, de la disposition desquels nous avons grand besoin.

On demanda d'aller aux voix, et la discussion fut fermée.

Voici le décret qui fut prononcé, avec un amendement relatif aux Jésuites.

L'assemblée nationale décrète qu'il sera payé à chaque religieux qui aura fait sa déclaration de vouloir sortir de sa maison, par quartier et d'avance, à compter du jour qui sera incessamment réglé; savoir: aux MENDIANS, 700 livres, jusqu'à 50 ans ; 800 liv. jusqu'à 70 ans, et 1000 liv. après 70 ans. Et à l'égard des religieux NON MENDIANS 908 liv. jusqu'à 50 ans, 1000 liv. jusqu'à 70 ans, et 1200 liv. après 70 ans. Les cidevant Jésuites résidans en France qui ne possèdent pas en bénéfice ou en pension sur l'état un revenu égal à celui qui est accordé aux autres ordres religieux de la même classe 'recevront le complément de ladite somme.

20, 22 et 23 février. On s'occupa dans ces trois séances du projet de loi que le comité de constitution avoit été chargé (1)

(1) Ce projet de loi fut provoqué par un mémoire qu'adressa M. le Garde des Sceaux à l'assemblée; il l'informoit des troubles survenus à Beziers, et des insurrections qui désoloient plusieurs provinces.

de

de présenter, pour réprimer les désordres qui régnoient dans les provinces, et pour statuer notamment sur les cas où les officiers refuseroient de recourir aux moyens qui leur sont confiés.

Le comité proposa successivement deux projets. Au sujet du second de ces projets, Mirabeau disoit :

» Ce qui arrive en ce moment nous prouve combien la réflexion est une chose utile et précieuse. Le comité nous présente aujourd'hui un projet absolument différent dans sa tendance; c'est ainsi que de bons et zélés citoyens doivent profiter des lumières et revenir sur leur travail. La meilleure, la seule manière d'applaudir à l'ingénieuse docilité du comité, est de prendre aussi quelques moyens pour réfléchir à la nouvelle loi qu'il nous présente. Puisque ce projet est nouveau, il doit être de nouveau imprimé, de nouveau discuté avant d'être soumis à la délibération ».

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L'assemblée jugea à propos d'ouvrir sur le-champ la discussion sur le nouveau projet de loi.

MM. Cazalès, l'abbé Maury,d'Esprémesnil proposoient de charger le roi de prendre les Tome III.

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.

mesures qu'il croiroit les plus propres à assurer la tranquillité publique, et de l'investir, pour trois mois seulement, de toute la plénitude de la puissance exécutive.

MM. Malouet et Clermont-Tonnère, sans voter pour la dictature, la dictature, demandèrent que le pouvoir exécutif reprît toute son autorité.

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Mirabeau avoit fait observer (1) à M. Cazalès qu'il étoit hors de la question; et cet avertissement n'avoit pas empêché les membres qui l'avoient remplacé à la tribune de tomber dans d'étranges erreurs. On nous entraîne, dit-il (2), rapidement loin de l'objet dont nous devons nous occuper; de quoi s'agit-il? de faits, mal expliqués, mal éclaircis ; mais desquels il résulteroit tout au plus qu'une ancienne municipalité (3), par imprévoyance ou par crainte, a laissé commettre des attentats qu'elle eût dû réprimer. En prononçant la loi martiale, vous avez donné lieu à un grand délit, si cette loi, dans un moment où elle est nécessaire,

(1) Séance du 20.

(2) Séance du 22.

(3) La municipalité de Beziers.

n'est pas fidèlement exécutée. La question étoit de savoir la nature et l'étendue du délit d'une municipalité qui n'use pas des moyens la constitution lui donne pour réprimer le désordre; il falloit qualifier ce crime, indiquer la peine et le tribunal; il ne falloit que cela.

que

est en danger.

-

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>> Mais on nous a fait un tableau effrayant chargé des couleurs les plus sombres, on a généralisé des faits particuliers; on a représenté quelques tumultes comme des insurrections, quelques brigandages comme une guerre civile civile, et l'on a dit : la république danger. Quand je parle de république, j'entends la chose publique, qui embrasse tous les intérêts. Pour sauver donc la république, on nous propose, comme dans l'ancienne Rome, la dictature: la dictature! c'est-à-dire, le pouvoir illimité d'un seul homme sur vingt-quatre millions d'hommes la dictature! dans un pays où tous les pouvoirs viennent d'être renversés, où il s'agit de les remettre tous à leur place au nom de la loi; dans un pays dont les représentans assemblés ont besoin de la sécurité la plus parfaite. Voulez vous connoître la dictature militaire? lisez ces lignes de sang

:

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