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quante-un canons, six caissons de munitions, et quinze cents hommes. Le rapport fera voir combien j'ai sujet d'être satisfait de la conduite des officiers généraux; de leur côté, ils rendent justice à la bravoure et à l'activité des officiers et des troupes qu'ils avoient sous leurs ordres.

Quoique notre perte soit considérable, elle ne l'a pas été autant qu'on l'auroit pu craindre, en considérant la force des positions attaquées et le temps durant lequel les troupes ont combattu, qui a été depuis le point du jour jusqu'à la nuit, Je suis cependant faché d'être obligé d'ajouter que le colonel Barnard, du quatre-vingt-quinzième régiment, est blessé grièvement; j'espère néanmoins qu'il ne l'est pas mortellement; nous avons perdu dans le lieutenant-colonel Loyd, un officier qui s'étoit fréquemment distingué, et promettoit beaucoup.

Dans le projet de cette attaque et pendant son exécution, le quartier-maître-général sir George Murray et l'aide-de-camp-général sir Edouard Pakenham, le lieutenant-colonel lord Fitzroy Sommerset, le lieutenant-colonel Campbell et tous les officiers de mon état-major, ainsi que S. A. S. le Prince d'Orange, m'ont rendu les plus grands services.

L'artillerie qui se trouvoit sur le champ de

bataille nous a été extrêmement utile, et je ne puis assez reconnoître le talent et l'activité avec laquelle elle a, sous la direction du colonel Dickson, été, dans cette saison, et par les mauvais chemins à travers les montagnes, conduite sur le point d'attaque.

Je vous envoie cette dépêche par mon aide-decamp le lieutenant Marquis de Worcester, que je demande la permission de recommander à Votre Seigneurie.

J'ai honneur, etc.

Signé WELLINGTON.

N, CV.

Observations sur la réponse faite par l'Empereur Napoléon an discours que le Sénateur M. de Lacepède lui avoit ad essé le 14 novembre 1813, et sur le sénatus-consulte du 26 du même mois, or lonnant une nouvelle levée de 500,000 hommes (1).

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Ne faut-il pas s'étonner si, dans un des momens les plus critiques que la France ait passé, dans un moment où les orateurs du sénat eux

(1) Ces observations ne sont pas officielles; mais sorties

mêmes, se relevant un peu de leur extrême abjection, osent parler de dangers que S. M. a courus, et qui ont fait frémir le Sénat, de la défection des alliés, de trahisons sans exemple, d'accidens funestes, de conditions de paix ressemblant à une capitulation, l'Empereur Napo leon, au lieu de donner à son peuple des éclaircissemens sur les événemens passés et des motifs de sécurité pour l'avenir, affecte la plus grande indifference, et dit pour toute réponse; « Toute TEurope marchoit avec nous il y a un an; toute l'Europe marche aujourd'hui contre nous: c'est que l'opinion du monde est faite par la France ou par l'Angleterre,

))

Si un spectateur oisif des événemens politiques, si un journaliste se fut contente d'un lieu commun si trivial, si misérable, personne n'y eût fait attention; mais, de la bouche d'un homme qui commande à des millions d'hommes, il n'est jamais sorti rien de plus choquant. A quel degré

de la même plume que le cabinet de Vienne avoit chargée de la rédaction de son manifeste ( Voy. t. I, p. 78 ), et insérées dans la gazette de Prague, qui portoit alors un caractère semi-officiel; elles ont été répétées par toutes les autres feuilles, et peuvent servir à faire connoître l'opinion publique de l'Allemagne à cette époque,

la nation françoise seroit-elle avilie, si un tel mé pris, une indifférence si outrageante pour les maux qu'elle souffre ne la révoltoient pas !

Quant à nous autres, auxquels, grâce à Dieu, il est de nouveau permis d'avoir une opinion et de la manifester, nous pouvons accueillir la doctrine de l'Empereur comme un aveu. Pourvu que l'opinion du monde ne soit plus faite par la France, c'est-à-dire par l'homme qui, au nom de la France et désavoué par la France, proclamoit sa propre opinion comme celle du monde, et ordonnoit que sa volonté fût celle du monde, notre sang n'a pas été versé en vain, nos victoires. n'ont pas été infructueuses.

Mais cet oracle prétendu doit-il proclamer un fait ou énoncer un principe politique, nous ne saurions le reconnoître. Ils sont immenses les bienfaits que nous devons à l'Angleterre: tout ce qui se fait aujourd'hui en Europe de grand et de glorieux, l'Angleterre l'a préparé, ou facilité, ou soutenu, ou créé. Modèle à la fois et moteur des déterminations les plus héroïques, l'Angleterre brillera dans l'histoire tant qu'une étoile de nos temps répandra son lustre sur les siècles à venir. Mais il est faux, et l'Angleterre sera la première à protester contre un mensonge indigne d'elle; il est faux que l'Angleterre soit la

cause de la grande lutte entreprise pour l'indé pendance de tous les états et de tous les peuples. L'impulsion fut donnée à ce mouvement par les puissances du continent: la Russie, l'Autriche et la Prusse se sont déterminées d'elles-mêmes; elles se sont déterminées réciproquement; et les états qui accédèrent plus tard à l'alliance y furent déterminés par l'évidente justice de la cause, par leur propre intérêt, mais surtout par la sagesse et la magnanimité des véritables auteurs de cette noble confédération. Au surplus, il n'a jamais été permis de dire, et aujourd'hui il n'y a que de la folie à dire, que l'opinion du monde est faite soit par la France, soit par l'Angleterre. Ni le juste orgueil national d'un Anglois, ni la crédulité et l'ignorance d'un François n'ajoutera foi à une assertion si peu fondée. Et l'Empereur Napoléon auroit enfin dû s'être aperçu qu'outre la France et l'Angleterre il existoit encore des nations et des cabinets actifs, et des armées imposantes, et de la vigueur, et du carac tère, et des talens!

Au premier moment on se sent disposé à regarder la maxime politique prononcée devant le sénat comme un artifice misérable, tendant à ternir la gloire des puissances continentales et diminuer leur importance, à éblouir en même

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