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mesure qui étoit contraire à leurs principes; mais il devient un devoir lorsqu'on voit partout paroître des proclamations qui engagent le peuple au meurtre et à l'assassinat. Un peuple sage et paisible approuvera cette mesure qui le garantit, à tous égards, de toute responsabilité.

No VII.

Proclamation du général Comte de Bubna, datée du quartier-general de Bourg en Bresse le 14 janvier 1814.

HABITANS du département de l'Ain!

Des habitans de votre chef-lieu ont osé prendre les armes contre les troupes alliées et leur résister sous ses murs. Ils ont eté obligés de s'enfuir de la ville et de l'abandonner à mon pouvoir. Leurs noms me sont connus. Vous connoissez les lois de la guerre ; j'aurois pu disposer de leur vie et de leurs proprietés, mais sourd à toute espèce de vengeance, je les ménagerai avec une modération que leur inspirera le repentir de leur conduite. J'apprends, à ma grande surprise, que des malveillans ont répandu le bruit que j'ai mis le feu à la ville. Venez, trop credules habitans, retournez dans les murs de Bourg; vous y verrez

régner la tranquillité et l'ordre, vous y verrez établie une administration provisoire. J'en appelle aux citoyens de cette ville. Ils ont été témoins de la générosité avec laquelle j'ai arrêté un combat qui pouvoit leur devenir pernicieux. C'est ainsi qu'agissent les troupes des armées alliées. Que cette conduite modérée vous prouve avec quelle conscience elles se conforment aux proclamations de leurs souverains.

No VIII.

Signé BUBNA.

Déclaration du Roi de Danemarck, du 17 janvier 1814.

la

GRACES aux soins du gouvernement danois, guerre, qui depuis quinze ans ravageoit l'Europe, n'avoit pas troublé le repos du Danemarck. Mais le Roi se vit tout à coup dans la nécessité de prendre des mesures de défense, soit pour protéger la navigation de ses sujets, soit pour garantir ses pays contigus à l'Allemagne. L'attaque de la capitale des états de S. M., et l'enlèvement de sa flotte par les Anglois en 1807, mirent fin à cet état de tranquillité dont S. M. avoit eu le bonheur de faire jouir ses sujets. Les états danois eurent par cette attaque un ennemi com

mun avec la France, ce qui fit rechercher et conclure une alliance avec cette puissance. L'Empereur Napoléon promit publiquement et formellement des hommes et de l'argent. Une armée nombreuse entra en effet dans les états de S. M. Il étoit convenu que l'entretien de ces troupes seroit aux frais du gouvernement françois; il se montoit à plusieurs millions de rixdallers. Cette armée resta, sans rien entreprendre, plus longtemps à la charge du gouvernement qu'il ne l'eût souhaité. Les frais de son entretien ne furent pas remboursés au Danemarck, et ses réclamations à cet égard furent aussi infructueuses que celles qu'il fit relativement à l'argent. promis. Les finances d'un état dont la guerre maritime avoit déjà diminué les ressources, et que cette nouvelle dépense avoit totalement épuisées, ne tardèrent pas à éprouver les effets les plus désastreux de l'introduction du système continental que l'on faisoit regarder comme un moyen d'amener la paix générale. L'incorporation à l'empire françois des villes hanséatiques et des provinces. voisines devint ensuite le plus pesant fardeau, relativement aux relations commerciales avec l'Allemagne. Les effets s'en étendirent même jus qu'aux communications scientifiques.

Des promesses formelles réitérées plusieurs fois avoient fait espérer que ces obstacles si contraires à la bonne intelligence que S. M. s'effor çoit d'entretenir avec le gouvernement françois seroient écartés, mais cette espérance fut encore vaine. Pendant la retraite de l'armée francoise dans l'hiver de 1812 à 1815, les troupes de cette nation, qui conformément à la convention auroient dû couvrir les frontières du Holstein, disparurent. Le gouvernement françois ayant déclaré à peu près à la même époque qu'il étoit prêt à nouer avec tous ses ennemis des négociations pour la paix, le Roi trouva qu'il convenoit à ses intérêts de faire des propositions pacifiques au Roi de la Grande-Bretagne. L'alliance avec la France n'avoit plus aucun but. Le Roi eût bien voulu empêcher Hambourg et Lubeck de retomber au pouvoir des François, afin d'éloigner la guerre de ses frontières et d'éviter la destruction de ces deux villes dont la prospérité est si immédiatement liée à l'intérêt de ses sujets. S. M. fut obligée de renoncer à l'exécution de ce projet." Son intérêt exigeoit qu'il acceptât l'offre qui lui étoit faite de renouveler l'alliance avec la France et de lui donner plus d'extension, afin de s'assurer un secours puissant contre les souverains

qui déclaroient leur résolution constante de soutenir les demandes de la Suède en opposition directe avec l'intégrité du Danemarck.

Le Roi a de son côté rempli scrupuleusement les conditions du traité. Pendant que ses troupes combattoient comme auxiliaires à côté des troupes françoises, elles n'ont pourtant reçu qu'une partie de la solde qui conformément au traité leur revenoit, et les sujets de S. M. ont éprouvé des pertes sensibles, tant par le séquestre mis sur les marchandises qui leur appartenoient à Lubeck et à Hambourg, et dont le gouvernement françois se permit de disposer, que par l'enlèvement du fond de la Banque qui existoit dans la dernière de ces deux villes. Les promesses de faire droit aux demandes de remboursement n'ont pas été remplies, et toutes les réclamations sont restées san's succès. Il avoit été promis par le traité qu'il y auroit vingt- mille hommes de troupes pour défendre les duchés et le Jutland; mais le maréchal Prince d'Eckmühl quitta la position qui mettoit ces provinces à convert, se retira à Hambourg avec toutes les troupes qu'il commandoit, et abandonna à son sort le corps d'armée du Roi qui n'étoit pas assez fort pour résister à une armée bien plus nombreuse. Celle-ci, profitant dé sa supériorité, s'avançoit pour pénétrer dans

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