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par la parole d'honneur du ci-devant gouverneur françois général de division Comte Dutaillis, et par le général de brigade Baron Brun de Villaret, lequel avoit conclu la capitulation de Torgau; cependant S. E. M. le Comte de Tauentzien, général d'infanterie, crut devoir donner toute sou attention à cet objet hautement important pour l'intérêt des alliés. A cet effet S. E. nomma, pour prendre possession de la forteresse, une commission spéciale composée des membres soussignés qui s'assemblèrent à Torgau le 8 de ce mois. Conformément aux instructions qu'elle avoit reçues, la commission fit les perquisitions les plus sévères; les caisses et les registres des autorités françoises, ainsi que tous les effets et bagages sortis de la place ayant été soumis à l'examen le plus strict, formèrent la preuve qu'il n'y existoit ni trésors, ni effets précieux, ni dépôt de cartes appartenant à l'Empereur des François. Les assurances qu'on avoit reçues desdits généraux, et que tous les autres généraux qui se trouvent présens et les chefs des administrations. confirmèrent, en engageant leur parole d'honneur, furent trouvées parfaitement exactes, et l'on se convainquit que le faux bruit avoit été occasioné par l'arrivée de beaucoup de fourgons

portant l'inscription de Trésor impérial, qui avoit eu lieu le 20 octobre; mais la plupart de ces fourgons étoient vides, un petit nombre ren-fermoit des pièces d'argent, et par ordre du gouverneur d'alors, Comte de Narbonne, toutes les caisses existantes furent versées dans la caisse principale. Ce versement produisit un total de huit cent quatre-vingt-un mille quatre-vingt-quatre francs et quarante-quatre centimes argent comptant et quatre cent onze mille francs en papier sur Paris. On peut facilement juger combien de temps cette somme étoit suffisante pour le paiement de la solde et des autres besoins d'une masse de troupes de près de trente mille hommes comme étoit alors la garnison : aussi les officiers. et généraux ont été, pendant quelque temps, payés en papier, et dans les deux derniers mois toute la garnison est restée sans paiement.

Après avoir terminé ses recherches, la commission déclare sur son honneur qu'aucun moyen n'a été négligé pour découvrir la vérité, et qu'elle a remis son rapport avec les pièces justificatives à S. E. M. le général d'infanterie Comte de Tauentzien, lorsqu'il arriva, dans la journée d'aujourd'hui, de la prise de Wittenberg. S. E. les

mettra incessamment sous les yeux de Sa Majesté.

Torgau, le 17 janvier 1814.

La commission militaire établie par S. M. le Roi de Prusse.

Signé Jeanneret, général-major, et chef de brigade.

Wormbs, capitaine d'artillerie de la place.
M. Gr. Robert, banquier de Berlin.
D'Eisenhart, major et commandant de
brigade.

J. W.Toepel, major du génie de la Saxe.
Otto de Loeben, maître des eaux et forêts
de la Saxe.

Le capitaine de Neander.

Thinkel, capitaine et ingénieur de la place.
De Prondzinski, capitaine.

Girard, commissaire.

No XII.

Ordre du général Comte de Witgenstein, en date de Rastadt le 4 janvier 1814.

SOLDATS!

Le Tout-Puissant a exaucé nos vœux les plus ardens l'Allemagne est libre. Déjà nos dra

:

peaux flottent en France, et l'ennemi pressé, pour se soustraire à la juste vengeance de toutes les nations qu'il avoit opprimées, cherche une retraite dans l'intérieur de son empire. Nous allons passer le Rhin le Rhin, pour, d'accord avec nos

alliés, conquérir la paix dont l'Europe a un sí grand besoin. Deux années mémorables qui transmettront aux siècles futurs la gloire de nos armes se sont écoulées. Soldats, en entrant dans la nouvelle année, il ne me reste d'autre vœu à former que celui qu'elle puisse être aussi glorieuse pour nous que les années passées.

A l'avenir les troupes de Bade combattront avec nous pour la cause de la justice. Vous êtes accontumé, à partager en frères votre gloire avec les Prussiens et les Autrichiens; vous en ferez de même envers vos nouveaux compagnons d'armes. Et vous, braves Badois, la violence vous força de porter les armes contre cette même Russie à laquelle vous devez maintenant votre liberté, par suite d'un combat qui pourra vous prouver que la Providence est du côté de la justice, et qu'elle punit les brigands. Suivez l'exemple de vos nouveaux frères d'armes; sachez vaincre à la fois et gagner l'amour et la reconnoissance des habitans paisibles. Je ne doute pas de votre bravoure, et je suis bien aise de me trouver à votre

tête. Badois, soyez généreux! Traitez les habitans de la France comme vos compatriotes. Soyez terribles pour ceux qui portent les armes contre vous, mais protégez les habitans paisibles ; vous serez reçus en amis, et leurs bénédictions vous conduiront à la paix et à la gloire. Voilà ce qui constitue le véritable héros. Ne vengez que sur le champ de l'honneur les offenses que depuis tant d'années vous avez souffertes de la part des François,

Soldats, je vous conduis à la victoire : l'immortalité ne peut être donnée que par les bénédictions des nations vaincues. La discipline est l'âme du service. Jusqu'à présent, grâces soient rendues au Tout-Puissant, j'ai commandé les troupes réunies russes, prussiennes et autrichiennes sans employer l'autorité qui m'est confiée pour rétablir l'ordre. Soldats! épargnez-moi cette fois aussi, par votre discipline, des mesures sévères qui sont étrangères à mon cœur. Amis, le but de tous nos efforts et de tous nos vœux n'est pas éloigné, suivez mon conseil, et une paix heureuse couronnera nos efforts. Les récompenses généreuses de nos monarques distingueront toute espèce de mérite, et la véritable gloire trans mettra vos noms à la postérité la plus reculée,

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