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No CXII.

Extrait de la Gazette de campagne suédoise, 7 décembre 1815. (1)

du

Extrait d'une lettre d'Altona, du 7 décembre, écrite par un employé du gouvernement danois à M. de Rosencrantz, et interceptée par les Cosaques.

Je dois instruire Votre Excellence de deux visites que j'ai faites, l'une au maréchal Davoust, Tautre au Comte de Hogendorp. Le maréchal m'a reçu assez froidement, a évité de parler des négociations des puissances alliées avec notre cour, s'est surtout enquis de nouvelles, et m'a entretenu avec détail de ses moyens de défense. Il a eu l'air de ne pas vouloir croire que le péril s'approchât, et a soutenu que les forces des ennemis n'étoient pas assez considérables pour assieger Hambourg.

Je suis allé ensuite chez le Comte Hogendorp, que j'ai trouvé de très-mauvaise humeur. Il venoit d'avoir connoissance de la gazette de Brême, du 27 novembre, dans laquelle on fait contre lui

1, Cet article n'est pas officiel, mais tiré d'une gazette qui paroissoit sous autorité suprême.

une sortie violente. Il voudroit que la France entière se levât pour le venger, et faire un carnage complet de ses detracteurs. Metant permis de rire un peu de ses expressions, et de lui assurar que ce n'étoit que par la douceur que Fon se faisoit respecter, tandis que par de tels accès de colere on fournissoit de nouveaux sujets de diatribe au gazetier de Brême, Son Excellence s'est un peu apaisée.

Le Comte de Hogendorp a perdu presque tout son crédit; Davoust ne lui a laissé que le titre des fonctions qu'il remplissoit. L'insurrection de la Hollande semble avoir été le prétexte apparent de cette conduite. Mais le maréchal n'est pas, à Hambourg, le personnage principal. C'est le général Loison qui fait et ordonne tout; il est aussi le seul qui ait l'air de comprendre quelque chose aux affaires.

A la fête de l'anniversaire du couronnement, le maréchal porta la santé de l'Empereur en ces termes: «A Sa Majesté l'Empereur, notre auguste souverain, trahi par la fortune et par ses amis comme César, mais qui, comme César, triomphera de tous ses ennemis!» - Plusieurs personnes trouvèrent cette comparaison assez maladroitement choisie, parce qu'elles se rappelèrent la fin de l'Empereur romain. Comme on ne but

pas à la santé du Roi notre maître, cela fit inpression sur plusieurs personnes, qui en conclurent que le maréchal supposoit quelque changement dans les intentions de notre cour.

Note du gazetier. Nous ajouterons à ce rapport que toutes les autres lettres arrivées en grand nombre de Hambourg et d'Altona sont parfaitement d'accord avee celle que nous venons de citer, pour ce qui concerne les dispositions de MM. Dayoust et de Hogendorp.

No CXIII.

Proclamation du gouverneur général du grandduché de Francfort et de la principauté d'Isenbourg, du 11 décembre 1813.

Le général feld-maréchal-lieutenant au service de S. M. I. R. Apostolique, propriétaire d'un régiment d'infanterie, chevalier de l'ordre autrichien de Marie-Thérèse, et de l'ordre russe de Saint-George, Grand'Croix de l'ordre prussien de l'Aigle Rouge et de l'ordre hessois du Lion, gouverneur général du grand-duché de Francfort et de la principauté d'Isenbourg.

Un mouvement général excite les peuples d'Allemagne à maintenir contre l'oppresseur étranger et à consolider de nouveau la liberté que les glo

TOMR IV.

rieux triomphes des puissances alliées leur ont

donnée.

Tout crie aux armes et se précipite vers le Rhin, ce fleuve de la patrie. C'est le torrent de ce mouvement qui, lors du commencement de la révolution françoise, précédé par des promesses fallacieuses, comme n'apportant que le bonheur et une liberté inconnue dans vos contrées, habitans de Francfort et du pays de Fulde, du Spessart et de l'Odenwald, se répandit chez vous, et chercha à vous arracher à votre patrie, à votre forme de gouvernement et à la loyauté germanique; mais que, repoussant toutes les séductions, aussi long-temps que la supériorité n'a pas comprimé vos forces, vous avez constamment combattu. Avez-vous conservé l'ancienne loyauté et les sentimens allemands qui ont opposé une borne à l'esprit de vertige de l'étranger; ô, hâtez-vous, et joignez-vous volontairement à la troupe qui vole courageusement aux combats pour ce bien regardé jadis par vous comme si sacré, la liberté, les usages, le gouvernement de votre patric, et ne vent laisser revenir la domination qui menapas çoit l'antique peuple de l'Allemagne d'un honteux esclavage et d'une ruine complète. Toute l'Allemagne est une grande place d'armes; les barrières

sont ouvertes pour acquérir de la gloire et un mérite immortel auprès de la patrie.

J'appelle tous les hommes dans l'étendue de mon gouvernement général pour entrer volontairement dans la carrière, et, d'après la volonté des hautes puissances alliées, j'arrête ce qui suit:

1° Il sera formé une troupe particulière des hommes de mon gouvernement en état de porter les armes, qui de leur propre mouvement se présenteront pour le service de la patric.

Cette troupe sera composée de divisions. particulières pour Francfort, le Spessart, les pays de Fulde et d'Isenbourg. Les habitans de la ville. de Wetzlar se joindront à la division de Francfort. D'après les diverses divisions, la troupe portera

les noms de

Troupe des volontaires de Francfort.

du Spessart.

du pays de Fulde.
du pays d'Isenbourg.

2o La création de cette troupe a pour base un double motif.

Les puissances alliées veulent d'abord appeler au service, dans une manière correspondante à leur éducation et à leur état, les personnes qui sont assez riches pour s'habiller et s'équiper, et donner par-là des occasions de se distinguer aux

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