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dans ce combat une intrépidité rare. Elle a attaqué, sur un terrain très-difficile, de la cavalerie, de l'artillerie et de l'infanterie, et a eu la supériorité dans les trois armes.

Il est affligeant d'être obligé de parler de combats qui ont été livrés entre deux troupes composées d'enfans du nord. On devroit se contenter de gémir et de se taire. Le souverain dont la politique les a excités à ces dissensions, peut seul désirer qu'elles continuent encore longtemps. Nous espérons que le Roi de Danemarck mettra fin à cette guerre de frères, et que ce royaume et la Suède offriront bientôt l'image d'une famille unic, tranquille et heureuse.

L'ennemi, qui avoit été coupé de Rendsbourg par le général Wallmoden, se retira sur Kiel. Poursuivi per le général Skjoldebrand, il traversa le canal, et, après avoir détruit les ponts, il tacha d'atteindre la forteresse sur la rive opposée. Il falloit vingt-quatre heures pour rétablir les ponts; le général Wallmoden, qui avoit marché sur Klawenseck, en fit jeter d'autres, et, sur l'avis que l'ennemi se retiroit vers Eckernfohrde, il y envoya le général Dorenberg. L'avant-garde du general Wallmoden étoit déjà passée. Quelques bataillons et un régiment de houzards, qui devoient garder le pont et en

tretenir la communication avec le général Dorenberg, furent attaques à Osterode par l'armée ennemie qui, sans doute, par crainte d'être détruite dans sa marche vers Golding, prit tout à coup la résolution de percer par Rendsbourg. Comme le corps de bataille du génés ral Wallmoden étoit cloigné, il ne put pas arriver assez à temps pour prendre part au combat. Ce général, avec un regiment de houzards, quatre bataillons et quatre canons, soutint un combat long et opiniâtre contre l'ennemi, fort d'au moins dix mille hommes, et qui avoit une artillerie nombreuse. Le succès fut longtemps indecis; enfin l'ennemi réussit à gagner la route de Rendsbourg. Les soldats furent fréquemment opposés corps à corps; et quoique les Danois fussent trois contre un, le champ de bataille resta au Comte de Wallmoden. Les chasseurs mecklenbourgeois, à pied et à cheval, qui formoient l'avant garde du général Vegesack, arrivèrent à temps pour prendre part an combat, et pour le decider. Cette cavalerie fit une attaque brillante contre le régiment de Holstein, et sous le feu croisé de plusieurs bataillons placés derrière des broussailles. Le Prince Gustave de Mecklenbourg, qui s'est particulièrement signalé, a été blessé. Sa grande bravoure l'ayant entraîné au

milieu des ennemis, il tomba dans leurs mains; mais il fut aussitôt échangé contre un officier de rang égal. On espère que ses blessures lui permettront de continuer à faire la guerre. Sa conduite est au-delà de tout éloge. Le colonel Müller, des chasseurs de Mecklenbourg, s'est comporté d'une manière brillante. Le Comte de Wallmoden a dans cette affaire perdu un canon et cinq à six cents tués, blessés et égarés. La perte de l'ennemi se monte, d'après son propre aveu, à près de mille hommes. Dans cette journée qui fait beaucoup d'honneur au Comte de Wallmoden, et dans la précédente, où il y a eu des escarmouches, ce general a pris huit canons et fait quatre cents prisonniers. Le jeune lieutenant Mühlenfels des houzards de la légion, et le lieutenant Mahrenholz ont, avec à peu près vingt houzards et autant de chasseurs hanovriens, fait des prodiges de valeur, et pris cinq canons.

Le Prince de Hesse a demandé un armistice. Il est vraisemblable que toutes les dissensions. entre la Suède et le Danemarck s'arrangeront bientôt, et qu'enfin le Danemarck se rendra aux alliés.

No CXV.

Extrait des dépêches de Lord Wellington, datées de Saint-Jean-de-Luz le 14 décembre 1813.

APRES avoir été chassé de la Nive, l'ennemi avoit établi un camp très-fort, qui communiquoit avec la place de Bayonne. La division du général Paris étoit à Saint-Jean-Pied-de-Port, et il avoit trois corps considérables à Villefranche et à Monguerie, entre la Nive et l'Adour. Le 9 décembre Lord Wellington ordonna à l'aile droite, commandée par sir Rowland Hill, de passer la Nive à Cambo. La sixième division passa cette rivière à Ustaritz pour favoriser les opérations de l'aile droite; ces mouvemens eurent le succès le plus complet. Une partie de la sixième division se distingua en chassant l'ennemi des hauteurs de Villefranche, Le même jour, l'aile gauche, sous sir John Hope, reconnut l'aile droite du camp. retranché de l'ennemi, et la division légère reconnut en même temps le front en face de Bassussarry: elles poussèrent devant elles les postes ennemis, et rentrèrent le soir dans leurs positions respectives.

TOME IV.

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Le to au matin toute l'armée ennemie quitta son camp et attaqua avec fureur l'aile gauche de sir John Hope, et la division légère du général Charles Alten; les deux attaques furent repoussées avec un succès brillant, et sir John Hope fit près de cinq cents prisonniers, La brigade portugaise du général A. Campbell, deux brigades de la cinquième division du général Robinson et du colonel Greville et le cinquante-deuxième régiment d'infanterie légère furent le corps qui essuyèrent le feu le plus vif. Toutes les troupes se distinguèrent, et le projet du maréchal Soult de forcer Lord Wellington à retirer son aile droite, en attaquant avec toutes ses forces notre aile gauche, échoua complètement.

Après le combat, les régimens de Nassau et de Francfort passèrent de notre côté. Les troupes françoises ne renouvelèrent pas l'attaque sur la division légère, mais le lendemain elles firent deux légères attaques sur les postes de l'aile gauche. Dans l'une et l'autre l'ennemi fut complètement repoussé; dans la seconde, l'infanterie de la garde se distingua. Alors l'ennemi retira toutes ses forces de son aile droite, et entreprit, le 13 décembre au matin, une attaque désespérée

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