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grandes et beaucoup à de petites causes retardent d'un jour à l'autre l'envoi du travail fini depuis 10 à 12 jours. Le plus proche et le plus influent voisin (Frankreich, vertreten durch Talleyrand) a intérêt à mettre des bâtons dans la roue, et il s'accroche tantôt à ceci et tantôt à cela. Nous avons beaucoup à en souffrir, et malgré toute la bonne volonté imaginable d'ailleurs, il est douteux s'il y aura un résultat; je dis pour nous. D'ailleurs quand vous me prêchez si vivement, je suppose que c'est pour soulager votre sentiment; car vous devez bien croire que je ne me suis pas endormi. Je n'ai pas à me reprocher, depuis 3 mois, l'emploi ou la perte d'un seul moment. Mais il faut toujours parler des choses possibles et non de celles qui seraient abstraitement désirables. Dites-moi, entre nous deux, le bon, le médiocre et le mauvais de l'aîné des enfants du Prince de Wrède. Il pense à le confier à quelqu'un à qui je m'intéresse, et je veux savoir bien à quoi m'en tenir. Vous n'avez pas besoin de le nommer dans votre réponse. Veuillez, cher ami, envoyer à ma femme le compte de ce que je vous dois pour Adolphe. Je suis bien en retard. Adieu de corps et d'âme. Je suis encore pour 2 ou 3 mois en purgatoire. C. P.

Vienne, 15 mars 15.

Très cher ami, je profite d'une occasion sûre. Je n'ai plus osé vous adresser par la poste, depuis que j'ai vu paraître imprimées des lettres écrites dans la confiance de l'amitié.

Vous devez trouver le temps bien long.... Jugez de ce que c'est pour moi qui ai les mêmes inquiétudes que vous sur les mauvais effets, sur les dangers journaliers de cette prolongation éternelle, et qui éprouve en outre le plus cruel dérangement de toutes mes

affaires, de toutes mes habitudes, de mes goûts et de mes intérêts !........... C'est la France qui arrête à présent. Auparavant c'était l'Autriche. La France ne veut rien signer que provisoirement jusqu'à ce que Murat soit à bas. L'incident de Bonaparte a fait que pendant huit jours on nous dit demain, et toujours demain.

Ne pensez pas qu'il y ait là-dedans de la faute de Capo d'Istria. Il a fait tout ce qui est humainement possible pour rapprocher, pour adoucir, pour trancher quand cela était inévitable et pour expédier la besogne. Je l'ai vu, je puis dire, tous les jours ou à peu près, et j'ai pris un grand respect soit pour ses talents, soit pour son caractère moral. La circonstance d'avoir été appelé à la suite des grandes affaires, ne lui a point fait négliger celles de la Suisse.... Mais en réunissant contre lui plus de jalousies et plus d'efforts, cette circonstance a nui au fond des choses. La France, la Prusse et l'Angleterre se sont trouvées réunies dans des vues très opposées aux vôtres. Les arguments dont vous avez eu l'idée ont très probablement agi dans ce sens, et si l'ouvrage est médiocre dans son ensemble, mauvais même par rapport à ce que vous imaginiez, ce n'est pas à Capo d'Istria qu'il faut s'en prendre : il a fait ce qui était humainement possible avec les difficultés qu'il avait à combattre. On exige, en lâchant à peu près tout l'évêché de Bâle, que la constitution (Berns) soit rapprochée de celles des cantons plus démocratiques: il faudra voir l'exécution. La Valteline accroche encore. Notre affaire à nous (Genf) s'arrangera, sinon très bien du moins passablement; mais il manquera à la Suisse deux choses de première importance: Des frontières naturelles bien tracées, et un gouvernement central énergique.

On a fait contribuer les nouveaux cantons à élever les enfants des petits cantons pauvres, et j'ai donné l'idée d'y employer Hofwyl. Cela viendra.

Je pense que ma femme vous aura mandé ce que je l'avais chargée de vous dire du progrès que j'ai fait faire ici à Hofwyl dans l'opinion des archiducs et des grandes Duchesses qui peuvent dans la suite seconder vos vues. Il paraît qu'on s'occupe maintenant à faire nommer des jeunes gens bien choisis pour faire des apprentis Wehrlys à placer chez vous. Cela remontrera les idées du Comte Sievens.

D'après ce que j'ai vu de mon fils Charles je ne trouve pas du tout que son personnel promette ce qu'il faudrait pour espérer des succès dans ce genre. Il n'a pas la tenue et la maturité nécessaire. Il ira p. e. vous voir avec ma femme, avant que j'arrive làbas. Par à peu près, je crois qu'avant 15 jours je pourrai partir.

Si j'ai éprouvé ici le dégoût que donnent les passions vaines, et l'intrigue animée par la cupidité, j'ai fait connaissance avec des hommes d'un rare mérite. Vous jugez trop sévèrement le père du jeune homme sur lequel vous m'avez donné votre avis (Fürst Wrede). Il est du nombre de ceux que j'estime solidement. Je l'ai vu familiairement trois fois la semaine. Je crains que le jeune homme n'ait une légèreté incurable et point de sensibilité. Lui en est tourmenté, et il maudit les hommes qui l'empêchent d'être père. J'embrasse tendrement mon bon Adolphe, et l'encourage à mériter de plus en plus votre approbation. Adieu, très cher ami. C. P.

Den 20. März 1815 war die Erklärung des Wienerkongresses über die Schweizerangelegenheiten erfolgt,

und am 29. März unterzeichnete St. Marsan, der Bevollmächtigte des Turinerhofs, die beiden Protokolle von der Neutralisierung Nordsavoyens und von der Abtretung einiger savoyischer Gemeinden an Genf. Auch diese genehmigte der Kongress und selbst Talleyrand, nunmehr der Minister eines landflüchtigen Königs, << y mit sa griffe ». An demselben 29. März hatte Pictet eine Unterredung mit Wellington, der auf sein Befragen die Möglichkeit zugab, dass Napoleon über Genf in die Schweiz einbrechen könnte. Mit schweren Sorgen im Herzen trat Pictet den 31. März die Heimfahrt an. Als er den 10. April heimkam, musste er sogleich das Kommando der Genfer Miliz übernehmen. Vom Zorne Napoleons hatten die Genfer und besonders die Pictets alles zu befürchten.

IV.

Vom Mai 1815 bis März 1816.

Zweiter Pariserkongress und Turinervertrag.

Einen wertvollen Teil seiner Habe, ein Herde von 421 Merinos, sandte Pictet seinem Freund in Hofwil zu, der sie auf einem bernischen Weideberg sömmern liess.

(Genève) 6 mai 15.

Très cher ami, j'ai reçu vos deux lettres; mais je n'ai pas su trouver un moment pour répondre. J'ai réglé l'erreur avec Paschoud. Mon frère vous expliquera comment on m'a mis ici en réquisition, tellement que la galère est un métier de paresse auprès de celui que je fais. Dites-lui tout ce que vous pensez sur le g. B. (General Bachmann) et tout le reste.

J'avais pensé à envoyer chez vous au premier moment 412 mérinos et deux bergers; mais la crainte de vous embarrasser m'a retenu. Je viens de tondre et d'envoyer mes laines. Si j'ai encore le temps et que vous disiez oui, je ferai partir le convoi. J'ai lieu de croire que la crise sera du 9 au 15, pour la frontière sud-ouest. Je vous embrasse à la hâte et mon bon Adolphe.

12 mai.

Je prends le parti, très cher ami, de vous envoyer mon troupeau, de 420 bêtes environ. Ils sont tondus, excepté les agneaux. Il est possible qu'ils partent demain, mais plus probablement dimanche ou lundi. Je pense qu'il conviendra que vous ayez la bonté de chercher une montagne pour les y mettre 3 ou 4 mois. Ce sera à la fois la manière la plus économique et la plus sûre.

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J'ai eu bien du plaisir à entendre mon frère sur Hofwyl. Je vous écris en courant. Peut-être aurezvous un mot demain. Tout à vous.

C. P.

Den abfahrenden Hirten gab Pictet unterm gleichen Datum folgendes Geleitwort mit :

Pierre Cattier et David Herr conduiront mon troupeau à Hofwyl près de Berne, chez Mr. de Fellenberg en passant par Vevey et Fribourg.

Ils auront soin de ne pas faire de trop fortes journées, et de diviser les bêtes en deux troupeaux. Ils éviteront de loger dans les auberges où l'on reçoit des troupeaux de bouchers, et ne négligeront rien pour que les bêtes soient bien nourries en route, et ne souffront point.

Mr. Fellenberg est prévenu de leur arrivée.
Genève, 12 mai 1815.
C. Pictet.

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