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tandis qu'il accusait le gouvernement français d'être destructeur de toute morale et de toute AN 9. bonne foi. Il fit la plus vive impression sur l'ame de Paul Ier. Bientôt une légation des plus solemnelles que la Russie cut jamais envoyées, arriva dans Paris. Le vice-chancelier Kalitschew, à la tête de cette ambassade, venait serrer les nœuds de la bonne intelligence entre l'empire russe et la république française.

CHAPITRE XXIII.

Rupture de l'armistice. Bataille d'Hohenlinden.

Sorr que cette nouvelle combinaison poli

tique n'eût pas été appréciée à Vienne, ou que les Anglais fussent parvenus à persuader les ministres de François II, qu'ils étaient lest maîtres d'en détruire à leur gré les effets sinistres, le terme fixé pour l'armistice arriva, sans qu'on fût convent des articles de la paix, et les hostilités récommencèrent. C'étaient les dernières étincelles d'un immense embrâsement qui s'éteignait, parce que ceux qui l'avaient allumé, manquaient de matières combustibles.

Le général Moreau, que l'espoir de la paix avait ramené dans sa patrie, venait de réunir

'les roses de l'hymen aux lauriers dont son 1800. front était couvert. Au bruit des armes, il s'ar

rache des bras de l'amour, pour voler dans ceux de la victoire. Les Français se rassemblaient, avec la rapidité de l'éclair, des marais de la Hollande aux roches granitiques des Grisons. Augereau, à la tête de l'armée de Hollande, passait à la droite du Rhin, et Macdonald, avec celle des Grisons, se préparait à franchir les neiges éternelles qui couvrent les Monts-Rhétiques, pour pénétrer en Italie. L'armée du Rhin était cantonnée dans la Bavière. La droite, aux ordres du général Lecourbe, se composait des divisions Gudin, Molitor et Montrichard; les divisions Ney: Legrand et Grandjean formaient la gauche, commandée par le général Grenier; les divisions Decaen, Richepanse et Leclerc occupaient le centre. Les opérations de cette armée devaient être appuyées, sur le Danube, par le corps du Bas-Rhin, aux ordres du général Sainte-Suzanne, et par l'armée gallo-batave, aux ordres du général Augereau; et à la droite, dans le Tyrol, par l'armée des Grisons.

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Au moment où l'armée marchait pour attaquer les ennemis, fut publiée cette proclamation « Soldats on était loin de croire, en France, que vous seriez forcés de reprendre les armes dans la saison la plus rigoureuse, pour conquérir une paix que les Autrichiens

éloignent avec des ruses employées trop sou-
vent par la diplomatique. On ne pouvait guères AN 9.
s'attendre qu'un négociateur se présentât sans
être revêtu du pouvoir de négocier. Le gou-
vernement français, aussi franc que doit être
celui d'un état libre, s'est empressé de faire,
à l'ambassadeur autrichien, les ouvertures les
plus avantageuses. Le comte de Cobentzel dé-
clare qu'il ne peut traiter de la paix qu'en
présence des plénipotentiaires anglais. De nou-
veaux succès feront seuls changer des dispo-
sitions aussi étranges. Nos ennemis auraient
cru gagner une saison qui ne nous permettrait
pas de suivre les avantages de cette campagne?
Ils vous connaissent mal. Les soldats français,
aussi peu sensibles aux rigueurs de la saison,
qu'ils l'ont été en conquérant la Hollande, et
en défendant le fort de Kell, sauront surmonter
les mêmes obstacles, pour obtenir une paix qui
mettra le comble à leur gloire et à la prospé-
rité de la patrie. »>

Les deux armées française et autrichienne se rencontrèrent le 12 frimaire, à sept heures du matin, entre les rivières d'Iser et d'Inn sur les hauteurs entre Bierkrain et Neumarck, Près de l'endroit où l'armistice d'Hohenlinden avait été conclu, se donna une de ces batailles qui décident du sort des empires. La neige tombait à gros flocons, sans affaiblir l'ardeur des guerriers; ils semblaient inaccessibles à

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1800.

l'action des élémens. Les Français combattaient pour conserver la gloire et les avantages de leurs précédens succès; les Autrichiens se défendaient comme des hommes auxquels les destinées de leur patrie étaient confiées. Jamais on ne fit un plus grand usage de la baionnette, arme terrible, inconnue aux anciens, et beaucoup plus meurtrière que les éclats foudroyans de l'artillerie. La victoire changea plusieurs fois de parti; elle parut long-tems incertaine entre les ennemis les plus braves et les plus acharnés.

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La déroute des Autrichiens commença par le centre vers les trois heures après midi, et s'étendit bientôt aux deux ailes. Elle était si complète, que la nuit seule sauva l'armée d'une destruction totale. Onze mille prisonniers, et cent pièces de canons furent les trophées de cette sanglante journée. Elle couvrit de goire le général Moreau, qui en avait combiné les dispositions.

Les Autrichiens, abandonnant leur artillerie, leurs bagages, leurs vivres, fuyaient en désordre à la droite de l'Inn. En vain l'empereur, pour rendre quelque énergie à ces. troupes découragées, en avait confié le commandement à l'archiduc Charles, l'émule de Bonaparte. Les circonstances dans lesquelles se trouvent les hommes, fout leurs bons ou leurs mauvais succès; le génie du prince Char

les ne pouvait plus rien contre celui de Moreau. Les Français ayant franchi rapidement l'Inn, An 9. la Salza, le Traun, l'Ens, l'Ips, s'étant rendus maîtres de Salzbourg et de Lintz se trouvaient, le 4 nivose, sur les bords du Trazen, à dixsept lieues de Vienne.

L'armée Gallo-Batave, ayant battu les Autrichiens en plusieurs rencontres, remontait la Rednitz, et s'approchait du Danube Aucun obstacle n'empêchait les Français de se porter devant Vienne. Cette capitale était hors d'état de soutenir un siège. La consternation y était aussi grande que lorsque Bonaparte franchissait les gorges de Léoben.

CHAPITRE XXIV.

Campagne d'Italie. Nouvel armistice.

Las succès de l'armée d'Italie n'étaient pas moins brillans que ceux de l'armée d'Allemagne. Macdonald, à travers les glaces et les neiges, avait escaladé les rochers du Splugen, près de ces magnifiques glaciers qui nous ont valu, depuis un demi-siècle, tant de tableaux pittoresques. Franchissant au cœur de l'hiver, la chaîne des montagnes qui séparent les vallées de Maïcra, d'Adda, d'Oglio, il pénétrait en Italie par le Haut-Adige, pour prendre de re

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