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monsieur, ne croyez-vous pas que l'Europe seroit bien plus tranquille et plus heureuse si, en 1789, notre Sainte-Hermandad avoit pu se saisir d'une cinquantaine de vos plus chauds discoureurs, les affubler d'un san- benito à flammes renversées, leur appliquer en place de Grève une bonne et vigoureuse flagellation, et les mettre ensuite, pendant un an, à la diète rafraîchissante et salutaire de Charenton? Croyez-vous qu'après l'administration de ce remède nous eussions eu encore des Marat, des Robespierre, des Jourdan coupe-tête, des Montagnards, des Brissotins, des Feuillans, des sans-culottes des fusillades, des noyades, des Marseillois des chauffeurs, des septembriseurs, des Cayennes, un Temple, ses tortures et ses oubliettes ? Non monsieur, nous n'aurions rien de tout cela, paş même de Corses pour rois, ni une grande nation qui déchire les autres nations à belles dents, qui, depuis dix-neuf ans, peut se vanter d'avoir massacré ou fait massacrer trois millions de créatures humaines, et de n'être pas encore rassasiée de sang..... Ah! monsieur, quel épouvantable Saint-Office que le vôtre !

et

Vous terminez, monsieur, cette longue et singulière épître par des menaces; les plaines de

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l'Aragon et les quarante-deux assauts de Sarragosse ont dû vous prouver que le cœur des Espagnols n'est pas plus accessible à la crainte qu'à la corruption. Vous parlez ensuite de guerre interminable; quant à cela il faut vous rendre justice : nous savons que vous avez une patience à toute épreuve; car, depuis vingt ans que durent vos convulsions il ne seroit guère possible d'imaginer un mal, soit physique, soit moral, auquel vous ne vous soyez soumis avec un stoïcisme qui eût fait rougir Epictète. Votre Roi, le plus honnête homme peut-être qui fût parmi vous, a été traîné à l'échafaud après avoir été abreuvé pendant quatre ans des plus lâches et des plus infâmes outrages.... vous l'avez vu sans murmurer. Le sang de vos plus dignes citoyens a été versé à flots par une poignée de scélérats.... vous l'avez vu sans murmurer. Les crimes les plus atroces ont souillé pendant sept ans toute la surface de la France.... vous l'avez vu et entendu sans murmurer. Trois cent soixante de vos prêtres ont été égorgés, dans un seul jour, dans la grande capitale de la grande nation.... et la grande nation l'a vu sans murmurer. Vous avez pendant quinze ans changé de gouvernement et de joug aussi souvent qu'il a plu

à vos geoliers de vous les imposer..... et vous avez porté votre bât et votre muselière sans murmurer. Depuis huit ans on vous traîne des bords du Nil à ceux de la Vistule, et de la Vistule à l'Ebre et au Tage, en vous faisant faucher et en vous fauchant comme l'herbe des champs..... pas un mot, pas un mouvement pour rompre cette horrible et dégoûtante servitude. Oui, François, si séditieux sous le meilleur des Rois, vous êtes devenus le peuple le plus patient sous vos tyrans ; et je ne doute pas que vous ne vous prêtiez à toutes les impulsions qu'on va vous donner pour ensanglanter ma malheureuse patrie. Mais sachez que nous sommes prêts à tout; et que la patience aussi qui nous caractérise, partant d'un principe bien autrement pur et sacré que la vôtre, vous fera sentir la différence qu'il y a entre des hommes enflammés de l'amour de la patrie, et des furieux qui, après avoir déshonoré la leur, se plaisent à s'entourer de ruines et de cadavres. Le sort peut trahir un moment la sainte justice de notre cause, mais jamais, non jamais vous ne gagnerez nos cœurs. Souvenez-vous qu'une petite peuplade d'Espagnols chrétiens, réfugiés dans les montagnes des Asturies, a bravé pendant sept siècles

toute la puissance des Maures, et que ces Maures..... ont fini par être chassés de toutes

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PIÈCES

RELATIVES AUX AFFAIRES DE SA SAINTETÉ.

No I.

Lettre de monseigneur Rivarola, gouverneur général de la Marche d'Ancóne pour le Pape, au général françois commandant à Mace

rata.

Macerata, 11 novembre 1807.

C'EST avec le plus vif étonnement et avec la douleur que doit inspirer un acte aussi choquant qu'inattendu, que je viens d'apprendre, monsieur ls général, qu'au nom de S. E., M. le général Lemarrois, votre chef, vous avez annoncé au magistrat de Macerata qu'il se trouvoit en état d'arrestation, et alloit être conduit à Ancône sous escorte militaire. Quel que soit le motif qui sert de prétexte à cet ordre, je vous fais la simple observation que, dans tout état de cause, on ne peut méconnoître dans cet acte un grand abus de pouvoir et une énorme violation des droits et de la souveraineté du Chef de l'état. En conséquence

ΙΟ

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