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L'Angleterre, qui, en 1700, ne possédait que 164,000 familles propriétaires, voyait les six septièmes de ses habitants privés de toate propriété. Elle était alors dans le même état que la France, et dans celui où

l'Espagne est encore aujourd'hui. De nos jours, il y a dans la Grande-Bretagne, d'après le relevé fait pour l'établissement de l'income tax :

69,330 familles possédant 4,800 francs de revenu et au-dessus ; 252.712 familles possédant de 1,400 à 4,800 frances; 1,456,368 familles possédant moins de 1,400 francs de revenus agricoles ;

c'est-à-dire, 1,778,410 familles ou 8.892,050 individus propriétaires. Il est inutile d'ajouter qu'au-dessus de la classe vulgaire des possidenti, il existe une oligarchie composée d'une centaine de familles ayant de 500,000 fr. à 3,000,000 fr. de revenu.

La France, en 1780, possédait une pro

priété foncière de 18 milliards; en 1830, l'évaluation se porte à 28 : c'est un tiers de plus de richesses, et le nombre des propriétaires s'est accru dans la même proportion. Il existe aujourd'hui, d'après le relevé du cadastre et les états des contributions :

8,216 familles payant 3,834 francs d'impôt et au-dessus,
qui représentent..

18,845

112,636 3,665,300

1,468 425 12

Ce sont 3,804,998 familles agricoles ou 19 millions d'individus vivant de l'agricul

ture.

D'après ces données, on voit qu'il est inutile, pour le bien-être et le perfectionnement de l'espèce humaine, de s'occuper des pays où les formes politiques, s'étant opposées au développement de l'industrie, out laissé la civilisation languir dans l'enfance ou la servitude. La balance devrait s'établir entre les États-Unis, l'Angleterre et la France; mais, pour être juste, il faut encore élaguer les États de l'union américaine. Ses progrès n'ont pas eu pour unique mobile la situation

19,272 francs de revenu, 7,340

2,127 64

réelle de la société; il faut tenir compte des prodiges physiques produits par des terres vierges, par des défrichements, par les efforts d'un peuple qui craignait d'être contraint à se passer de tous les autres peuples; il faut tenir compte de ces actions et réactions persécutrices de tous les États de la vieille Europe, qui, pendant quarante ans, ont inondé le Nouveau-Monde d'un débordement d'émigrés venant accroître sa population, ses capitaux et son industrie.

Il faut se borner à comparer les îles Britanniques et la France. Or, nous voyons :

1o Que dans la Grande-Bretagne 20,000,000 d'hectares en valeur donnent un produit brut de.

Qu'en France 40,000,000 d'hectares donnent.

2 Qu'en Angleterre 1 hectare produit (terme moyen ). Qu'en France I hectare produit.

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30 Qu'en Angleterre 8,892,050 agriculteurs produisent.
Qu'en France 19,000,000 agriculteurs produisent.
40 Qu'en Angleterre I cultivateur produit (terme moyen)
Qu'en France 1 cultivateur produit.

Ainsi, la belle agriculture de l'Angleterre produit, sur une culture moindre de moitié, plus du double de la nôtre, malgré ses désavantages sous les rapports des terres, du climat, de la chaleur et de la fertilité. L'agriculteur anglais produit quatre septièmes de plus que le nôtre, malgré la différence de nombre, et quoiqu'il ait moitié moins de terres à cultiver. L'un a dompté la nature;

5,420,000,000 fr. 4,680,000,000

270

117

5,420,000,000 4,680,000,000

722 224

l'autre la seconde à peine. Ces différences sont colossales, et si jamais l'agriculture de France parvenait au degré de prospérité de celle de l'Angleterre, le produit brut de notre sol dépasserait douze milliards.

Comme tous les avantages naturels sont de notre côté, comme nos systèmes d'assolement, le nombre et l'hygiène de nos troupeaux, le choix et le croisement des races

s'améliorent de jour en jour, ce n'est pas dans les causes physiques qu'il faut chercher l'origine de la déplorable infériorité de notre beau pays. Nous la trouverions sans doute dans les règlements politiques, qu'il ne nous est pas donné d'apprécier ici, où nous devons nous borner à remarquer que l'Angle

Dans la Grande Bretagne, de.
En France, de.

terre exceptée, l'agriculture de France ne reconnaît pas de rivales.

Nous arrivons à la production de l'industrie manufacturière. Les individus consacrés à cette grande partie de la richesse, sont au nombre :

11,396.858 6,352,000

Ces individus produisent dans la Grande-Bretagne. . 3,568,000,000 fr.

En France.

Ainsi chaque individu produit (terme moyen) :
Dans la Grande Bretagne.
En France. . .

Cette fatale disproportion est cependant facile à expliquer outre les immenses capitaux possédés par l'Angleterre, créés par son industrie, et qui aujourd'hui alimentent, améliorent et accroissent cette même industrie qui les a produits, ce peuple, durant la révolution française, s'est emparé de toutes les mers et des places qui les maitrisent; par là tous les débouchés lui sont ouverts, tous les marchés lui sont asservis, et comme il fait le commerce du monde, il est le manufacturier de l'univers.

Toutefois, qu'on ne s'y trompe point, comme Carthage et Venise, l'Angleterre a dépassé le but. La concentration des capitaux produit, bien plus que leur extrême division, un effet désastreux. Les capitaux s'amoncèlent forcément dans les mêmes mains: l'or appelle l'or, et cette fortune qui nous étonne est l'apanage exclusif d'une très-petite quantité d'individus. Le peuple est déshérité comme Caïn, et comme lui il ne sait qui haïr et maudire. Une aristocratie d'argent compacte et lourde pèse sur le royaume uni, pire que ce que dit l'histoire des ricos hombres d'Espagne, des possidenti d'Italie, de la noblesse de soie de Florence et de Gênes, des sénateurs marchands de Venise et de Carthage; elle absorbe, elle dévore la substance nationale, et par suite elle usurpe également le pouvoir politique. L'oligarchie anglaise gouverne en effet le

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1,820,000,000

410 220

pays qui l'enrichit. Le peuple qui vit de tra vail est contraint de demander par la révolte la conservation ou l'augmentation du taux des salaires. Et encore au-dessous de ce peuple, il est une masse de prolétaires qui ne peuvent participer même à l'honneur du travail, dont la sueur est stérile, pour qui la vie est un fardeau, et qui, plus misérables que les ilotes de Sparte, vivent par l'aumône, par les prisons, par Sinamary, et semblent politiquement prédestinés à mourir par le gibet. L'Angleterre a été contrainte, par la centralisation des fortunes, de faire sortir la charité du domaine religieux pour la porter dans le domaine politique, et chez elle la pitié, légalement contrainte de nourrir un Anglais sur quatre, n'est plus qu'un impôt odieux. Pour l'Angleterre et le pays de Galles, la taxe des pauvres s'élève au terme moyen de deux cents millions, et le nombre des crimes auxquels la misère pousse la populace, est. annuellement de vingt mille, si l'on en juge par le nombre des accusations portées par les officiers de la couronne.

Il nous reste à apprécier la production commerciale des deux pays; nous verrons encore la même concentration d'un côté, la même division de l'autre, et toujours une immense supériorité pour la Grande-Bretagne.

La Grande-Bretagne exporte en produits agricoles.
La France. .

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La Grande-Bretagne exporte en produits coloniaux et étrangers.
La France ne présente pas même un chiffre approximatif.
La Grande-Bretagne importe en produits coloniaux.

La France.

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La Grande-Bretague importe de l'étranger.

La France.

22 millions d'Anglais consomment en produits agricoles. En produits industriels.

En produits coloniaux et étrangers.

30 millions de Français consomment en produits agricoles. En produits industriels.

En produits coloniaux et étrangers.

Il résulte de ce rapprochement qu'en Angleterre chaque habitant est trois fois mieux nourri, mieux vêtu, qu'il est trois fois plus riche, qu'il jouit de trois fois plus de bienêtre qu'un Français; et que la nature du gouvernement, luttant contre un sol ingrat, un climat peu favorable, un pays circonscrit et la haine des deux continents, a su triompher de tous les obstacles qui arrêtent encore cette belle France, favorisée de la terre, du ciel, du génie inventif et laborieux de ses habitants.

Les causes qui ont poussé la France vers ce degré de production qui, l'Angleterre exceptée, ne lui laisse plus de rivales, viennient de haut et de loin. L'idée première et les premiers règlements en appartiennent à Sully pour l'industrie agricole, à Colbert pour l'industrie manufacturière et commerciale. C'est moins la concentration des propriétés que les terres de main-morte qui s'opposèrent au développement de notre agriculture; et les vues de Colbert furent vaines par la révocation de l'édit de Nantes qui proscrivit notre industrie, par la guerre de succession qui détruisit notre marine et la sûreté des mers pour le pavillon français. La révolution française, en divisant les propriétés, et surtout en abolissant les mainsmortes, ressuscita notre industrie agricole. L'empire, , par ses prohibitions et son blocus continental, contraignit l'industrie manufacturière à tirer du sol de la patrie sa matière première et ses plus belles productions; et l'application des sciences aux arts vint à la même époque multiplier nos créations, et disséminer les éléments de nos prodiges. La restauration enfin, en nous ouvrant les mers, en abolissant ces barrières de fer qui nous séparaient de l'étranger, en établissant au dedans la liberté, la paix et la sécurité, vint donner à l'industrie commerciale cette puissance de développement où elle n'était jamais parvenue, et qui accroît encore chaque jour nos richesses agricoles et manufac turières.

Toutefois, il faut le dire, en économie, ne pas gagner c'est perdre; s'arrêter, c'est

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reculer, c'est tomber. Tel est à peu près l'état où la production française se trouve en ce moment. Peut-être, depuis quelques années, avons-nous trop accordé aux principes et pas assez aux intérêts; peut-être n'avons-nous pas mis à profit notre position relativement à l'Espagne, aux États de l'Amérique du sud, à l'Égypte, aux Échelles du Levant; peut-être même quelques lois de douanes, quelques règlements forestiers sont-ils en contradiction avec les bases les plus incontestables de l'économic politique. Mais, pour être juste, il faut se hâter d'ajouter que l'industrie pratique a des fautes graves à se reprocher : elle a voulu produire au delà de ce que la France pouvait consommer, au-delà de ce que le tonnage étranger permettait à notre concurrence d'offrir à la consommation extérieure; elle a voulu suivre l'exemple de l'Angleterre, et nous n'avions pas à notre disposition tous les marchés de l'univers. La France a produit plus que la consommation ne demandait, et de là l'état de malaise et de stagnation. Il faut dire en. core que l'industrie scientifique, prenant toujours la Grande-Bretagne pour modèle, s'est fourvoyée dans une ornière sans issue. L'état industriel de l'Angleterre est l'œuvre des événements plus que de la politique, du hasard plus que de la sagesse; il a pour cause nos trente ans de révolution, qui lui ont permis de conquérir par l'industrie le monde que nous voulions asservir par le glaive. Le glaive s'est brisé; l'industrie a gardé ses conquêtes. Est-ce un bien? est-ce un mal? Je l'ignore; mais ce brillant événement coûte à l'Angleterre vingt milliards de dettes, la nécessité d'une marine ruineuse, et l'ilotisme d'un quart de ses habitants.

Si nous avons moins de richesses, nous sommes entourés de moins de périls: même sous le rapport industriel, la situation de la France me parait plus favorable. L'Angleterre est arrivée au maximum de sa puissance, et nous sommes à peine entrés dans la carrière progressive des productions. Lorsque les capitaux circuleront parmi nous assez d'abondance, nos laboureurs

avec

voudront être aussi bien nourris que les laboureurs anglais, et alors notre agriculture pourra élever ses produits à douze milliards; ils voudront être aussi bien vêtus, et notre industrie fera circuler dans l'intérieur six milliards de ses produits. Alors le commerce français atteindra le point culminant de sa puissance productive. En économie politique, les nations qui gravissent vers les hauteurs marchent du bien au mieux ; celles qui déjà sont parvenues au faîte, ne pouvant plus monter, n'ont plus qu'à descendre.

PAGES.

PROGRESSION. ( Analyse.) Une suite de termes dont chacun étant retranché de celui qui le précède, donne une même quantité, est ce qu'on appelle une progression arithmétique, ou par différence; cette quantité, qui est la raison ou la différence, peut être positive ou négative. La progression 1, 4, 7, 10... a pour raison + 3; on l'écrit ainsi, 1.7.10.13. 16...

z.z-d.z-2d. z-3d... z—(n—1 ) d. En ajoutant terme à terme avec la série proposée, la somme est partout a+z: ainsi le double de la somme cherchée, ou

2s=(a+z) n.... (2).

bre de fois : cette quotité s'appelle raison ou quotient de la progression ; elle peut être entière ou fractionnaire; la suite est décroissante, quand la raison est < 1.

En désignant par q la raison, la forme de ces séries est

2

a: aq: ag : aq3.... aqn— —z.... (3). Dans cette suite de rapports égaux, on sait que la somme des antécédents est à celle des conséquents, comme un antécédent est à son conséquent : or, s—z et s—a sont ces deux sommes, s désignant la somme totale; donc s-zsa: a: aq, d'où.

q(s-z) = sa.... (4). Ces deux équations permettent de trouver les valeurs de deux des quantités a, q, n, z et s, connaissant les trois autres. Par exemple, pour insérer m, moyens géométriques entre a et z, on fera n=m+1, et on aura pour la raison

m+i

9= V

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:

La forme générale de toute progression arithmétique est÷a.a+d.a+2d.a+3d... Pour trouver le 64 terme de la progresa+(n−1) d=z... (1), en représentant le sion géométrique 1: 2: 4 8 16..., on fait a = 1, q= 2, n = = 64, et on a premier terme par a, le second par z, et la raison par d. Pour trouver la sommes de tous s = 264 1. Le calcul donne ce nombre immense s = ces nombres, écrivons la progression en 18, 446, 774, suivi de douze ordre inverse : autres chiffres. On raconte que l'inventeur du jeu d'échecs avait obtenu pour récompense de son souverain l'accomplissement du désir qu'il formerait, quel qu'il fût, et que ce savant, voulant profiter de la circonstance pour montrer au roi qu'il se faisait de sa puissance une idée exagérée, lui demanda autant de grains de blé que l'on en trouve dans la somme ci-dessus. Le roi qui jugeait le présent très-modique et peu digne de sa générosité, fut surpris d'apprendre que ce nombre surpassait infiniment toutes les récoltes de la terre. En effet, un kilogramme de blé contient environ 26,150 grains; un hectare ne produit que 1,750 kilogrammes de froment en termes moyens, ou 45,762,500 grains. En divisant s par ce nombre, on trouve que l'inventeur des échecs demandait le produit, en blé, de quatre cent trois milliards d'hectares, c'est à dire huit fois la surface entière du globe terrestre, en y comprenant les mers, les lacs, les bois, les déserts, etc.

Les équations (1 et 2) contiennent a, n, d, z et s d'où l'on voit qu'elles servent à résoudre tous les problêmes qui ont pour objet de trouver deux de ces cinq quantités, lorsque les trois autres sont connues. Par exemple, si l'on donne a, det s, on éliminera d'abord z, puis on trouvera n en résolvant cette équation du second degré,

sandn ( n−1) :

2s

après quoi on obtient n, puis z=——a.

n

Pour insérer entre les nombres donnés a et z, m, moyens proportionnels arithmétiques, on fera n=m+2, et on obtiendra la

raison d

z-a

: on formera ensuite aisém+1 ment la progression demandée.

Une progression géométrique ou par quotient est une suite de termes dont chacun contient celui qui le précède le même nom

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ainsi qu'on le sait d'ailleurs. Les progressions arithmétiques et géométriques comparées terme à terme ont donné naissance à la notion des logarithmes. (Voyez cet article.) FRANCOEUR.

PROHIBITION. (Économie politique. ) Il est probable que le désir de parer au désavantage résultant d'arts moins perfectionnés a fait naître l'idée du système prohibitif. Alors la première pensée a dû être de défendre l'usage des produits des manufactures étrangères, comme moyen de conservation des manufactures nationales.

pauvres,

Pour justifier ce système, ses partisans disent la classe favorisée des avantages que de la fortune, peut trouver mauvais qu'il soit défendu de tirer de l'extérieur certains objets qui lui conviennent ; que, rapportant tout à elle, elle ne voit dans les richesses qu'un moyen de se procurer des jouissances, sans examiner si l'objet en est nuisible à son pays; que le gouvernement doit avoir d'autres vues; que tuteur-né des cette qualité lui commande de ne rien né gliger pour adoucir leur misère; que s'il est juste de ne point gêner les riches dans la disposition de leur fortune, d'un autre côté il importe d'empêcher qu'ils ne sacrifient à leurs fantaisies ceux qui sont déshérités des biens de la société; qu'un événement semblable aurait lieu s'il était permis à l'étranger de faire le travail national, c'est à dire, s'il pouvait vendre sans difficulté une foule d'objets que les pauvres peuvent produire; que, pour lui faire accorder cette faculté, on parlerait vainement de la fraternité qui doit régner entre les peuples; que, sans doute, il serait à désirer que les hommes fussent animés des sentiments d'une bienveillance réciproque, mais que, comme il en est autrement, il faut bien que les gouvernements rapportent toute leur sollicitude à leur pays, et en séparent la prospérité de celle des autres ; que les riches ne peuvent que gagner

aux mesures prises pour réserver aux ouvriers le travail national, puisqu'ils trouvent plus aisément à des prix plus élevés le débit des denrées produites par leurs domaines; ce qui, en leur donnant le moyen d'avoir de nouvelles jouissances dans leur patrie, les dédommage amplement de celles que leur procurerait l'étranger.

Les ennemis du système prohibitif nient la justesse de ce qui fait le fond de ce raisonnement, que la liberté du commerce diminue le travail national: il leur paraît, au contraire, qu'elle l'augmente, des relations d'affaires plus fréquentes de part et d'autre ne pouvant que lui donner une nouvelle vie.

C'est presque toujours l'inactivité des manufactures qui fait prononcer des prohibitions. Craignant d'être accusés de sacrifier l'industrie de leur pays à celle de l'étranger, les gouvernements les adoptent comme un moyen de calmer les esprits, et de prévenir les troubles que peut faire naître un manque d'ouvrage. Si la popularité ne saurait leur être indifférente, puisqu'elle contribue à lever les difficultés qui entourent leur marche, il ne faut pas d'un autre côté, que pour la conserver ils prennent des mesures qui aient quelque jour des effets fâcheux pour le bien public. Quand ils ont eu la faiblesse de le faire, ils doivent, aussitôt qu'ils le peuvent, revenir sur leurs pas.

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Nul doute qu'il ne fût à désirer que les gouvernements de toutes les nations s'entendissent pour délivrer le commerce des entraves dont il est garrotté. Si, par la liberté illimitée, l'une d'elles recevait des parties de marchandises qu'elle ne produit point, elle en fournirait d'autres en échange; ce qui établirait une sorte de compensation, et rendrait les avantages à peu près égaux. Malheureusement cet accord est impossible, et notre vœu à cet égard doit être mis à côté du rêve de l'abbé de Saint-Pierre, sur les moyens propres à maintenir une paix perpétuelle entre les peuples. En supposant que, par un miracle, il eût lieu, il faudrait, pour qu'il durât, que la situation des nations restât constamment la même, c'est-à-dire, que l'une ne devint pas plus industrieuse, et ne payât pas plus d'impôts que l'autre ; hypothèse non moins inadmissible que la précédente, et dont l'histoire prouverait bien la fausseté, si l'on essayait de prouver la possibilité de la réaliser. L'industrie est sujette, comme toutes les choses de ce monde, à éprouver des variations: ou elle fait des

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