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gles que les juifs eux-mêmes ont proposées. Au reste, les apologistes de la religion chrétienne ne s'appuient que sur les prophéties directes. Les écrivains ecclésiastiques, lorsqu'ils développent le sens des prophéties indirectes ou typiques qui ont été exprimées, chez les juifs, par la parole, par des symboles, et par les événements, dont le peuple de Dieu était l'objet, ont uniquement pour but de montrer l'harmonie qui existe entre les deux Testaments. Les célèbres écrivaius de Port-Royal ont fait ressortir avec une grande supériorité de talent cette harmonic merveilleuse entre les figures de l'ancienne loi et les réalités de la loi nouvelle.

Jésus-Christ, dit encore Pascal, a régné sur les juifs et sur les gentils, en détruisant et le culte judaïque dans Jérusalem, qui » en était le centre, et dont il fait sa première ⚫ église ; et le culte des idoles dans Rome, qui en était le centre, et dont il fait sa » principale église. » De nos jours, plusieurs juifs interprètent dans un sens moral les prophéties qui annoncent le règne du Messie. Les deistes ajoutent : Les prophéties sont obscures; les passages qui en sont extraits, et dont la réunion forme le portrait du Messie, sont des phrases isolées, des mots que l'on a détachés de ce qui les précède et de ce qui les suit, que l'on prend tantôt dans un sens littéral, et tantôt dans un sens figuratif, et que l'on a placés dans un ordre arbitraire. Ce tableau de fantaisie, formé de traits pris ça et là, peut-il être regardé comme le véritable portrait du Messie dessiné par les prophètes, et comme l'image fidèle de Jésus-Christ?

On répond Parmi les prophéties, les unes sont d'une clarté manifeste; les autres sont, suivant les paroles de saint Pierre, comme un flambeau qui nous sert de guide dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour, venant à luire, dissipe entièrement les ténèbres.

La lumière de ce flambeau a été progressive. Porphyre disait des prophéties de Daniel, qu'elles étaient si claires qu'il était impossible qu'elles n'eussent pas été composées avant l'événement. Les prophéties qui regardent le Messie sont directes ou indirectes; le Messie est littéralement l'objet exclusif des premières; il est l'objet caché des secondes. Les juifs avaient des règles pour déterminer dans quelles circonstances il fallait reconnaitre le Messie caché dans les prophéties indirectes ou typiques. (Voyez le troisième volume des Réponses critiques de Bullet.) Quelques savants ont prétendu que des prophéties directes avaient littéralement un double objeť. (Voyez les Principes discutés, etc. ) Leur sentiment n'est pas suivi.

Il n'est point exact d'avancer que les prophéties qui regardent le Messie, et qui sont appliquées à Jésus-Christ, ne soient que des propositions détachées et des mots isolés. Ces prophéties se trouvent dans de longs passages, dans des psaumes tout entiers; et quand l'Église applique à Jésus-Christ quelques propositions détachées, et quelques mots isolés, elle y est autorisée par les rè

Les déistes opposent, au sujet de la prophétie de Daniel, quelques difficultés de chronologie; mais ces difficultés disparaissent devant un fait indiqué par Daniel : la venue du Messie avant la destruction totale des juifs. Ce qui a fait dire à Bossuet : « Dieu » a tranché la difficulté, s'il y en avait, par » une décision qui ne souffre aucune répli» que. Un événement manifeste nous met » au-dessus de tous les raffinements des chronologistes; et la ruine totale des juifs qui a » suivi de si près la mort de notre Seigneur, • fait entendre aux moins clairvoyants l'ac>>complissement de la prophétie. ( Discours sur l'histoire universelle, deuxième partie, chapitre 9.)

»

Les déistes disent enfin : Les anciens prophètes ne peuvent pas être regardés comme les interprètes de la Divinité ; ils ont accompagné leurs prophéties d'un langage d'action que la raison désavoue, et qui blesse toutes les convenances Les déistes n'ont pas fait attention qu'ils jugeaient les représentations symboliques des prophètes, d'après les usages modernes et d'après les mœurs des Européens. Chez les anciens et surtout chez les Orientaux, ce qu'on disait le plus vivement ne s'exprimait pas par des mots, mais par des signes; on ne le disait pas on le montrait. L'objet qu'on expose aux yeux ébranle l'imagination, excite la curiosité, tient l'esprit dans l'attente de ce qu'on va dire, et souvent cet objet seul a tout dit. D'ailleurs, Voltaire, que l'école philosophique du 18e siècle a imité, dénature les représentations symboliques des prophètes : l'abbé Guénée l'a démontré. (Voyez les Lettres de quelques juifs, etc. )

On trouvera dans les ouvrages des commentateurs et des apologistes l'explication des prophéties directes ou indirectes qui re

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gardent le Messie, et la réponse aux difficultés de détail que les juifs et les déistes ont opposées.

Un miracle est la suspension des lois auxquelles la matière est assujettie; une prophétie est la suspension des lois auxquelles l'intelligence humaine est soumise. Une prophétie est donc un miracle dans l'ordre moral. Or, Dieu, être infiniment sage, ne déroge à ses lois que dans des cas très-rares, et dans des vues dignes de sa sagesse. (Voyez MIRACLES.) Cependant, depuis les premiers siècles du christianisme jusqu'à nos jours, on a rapporté d'innombrables révélations sur le présent, le passé, l'avenir, qui sont supposées avoir été faites à des chrétiens de

toutes les communions. Ces révélations sem

blent mériter peu de confiance. La bonne foi les imagine, et veut les faire accueillir par la crédulité; l'hypocrisie les invente, et a la prétention de les imposer. Dieu sans doute est le maitre de ses dons, mais il ne se contredit pas lui-même. Depuis l'établis sement de la religion chrétienne, de nouvelles révélations paraissent inutiles; d'ailleurs, ne sont-elles pas en opposition avec l'esprit de l'Évangile, qui se propose de comprimer l'orgueilleuse curiosité de l'esprit humain, et qui recommande, avant tout, une humble et entière résignation à tous les événements que la Providence nous ménage dans l'avenir? Les disciples de Jésus-Christ lui demandérent si le temps où il devait rétablir le royaume d'Israël était arrivé. Saint Pierre l'interrogea sur le sort qui était réservé sur la terre au disciple bien-aimé ; Jésus-Christ répondit à ses disciples qu'il ne leur avait pas été donné de connaître les temps et les moments qui dépendent de la volonté du père. Il dit à saint Pierre, en parlant de saint Jean: Je n'ai pas assuré que ce disciple ne dút pas mourir; mais si je veux qu'il reste jusqu'à ce que je vienne, que vous importe ?

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Consultez du But et de l'Usage des prophéties, par Sherlock; le Sens littéral de l'Écriture Sainte de Stackhouse, la Bible de Vence le Dictionnaire théologique de Bergier, etc. FLOTTES. PROPIAC CATHERINE-JOSEPH-FERDINAND GIRARD DE ), traducteur et compilateur infatigable, né vers 1760, d'une famille noble de la Bourgogne, mourut en 1823, membre du comité de lecture du théâtre de la Gaité et chevalier de Saint-Louis. M. Mahul a donné le catalogue de ses écrits au tom. 4 de son Annuaire nécrologique.

PROPOLIS. Voyez ABEILLE.

PROPORTIONS. ( Analyse.) Quatre nombres, a, b, c, d, sont en proportion, quand le premier étant divisé par le second, et le troisième par le quatrième, ces deux quotients sont égaux. Le quotient est appelé rapport ou raison. On est convenu d'écrire ainsi ce système a: b:: c: d, qu'on énonce : a est à b comme c est à d. On appelle a et c les antécédents, bet d les conséquents, a et d les extrêmes, b et c les moyens de la proportion.

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a

car, par exemple, on a d= -: on trouve un extrême en multipliant les moyens et divisant par l'extrême connu.

Un grand nombre de questions d'arithmétique se résolvent par un calcul de cette espèce, auquel on a donné le nom de règle de trois. On reconnait qu'un problème dépend d'une proportion, quand l'énoncé remplit les conditions suivantes : cet énoncé est formé de deux périodes, dont chacune renferme deux nombres, l'inconnu compris ; ces nombres sont homogènes deux à deux, ou de même espèce; l'inconnue ne varie pas lorsque l'on multiplie ou divise, par un même nombre quelconque, les deux termes homogènes, ou ceux de la première période.

Ainsi dans cette question: 30 ouvriers ont fait 20 mètres d'ouvrage, combien 25 ouvriers feraient-ils de mètres dans le même temps? Je vois que ces conditions sont remplies, puisqu'on pourrait substituer au problème proposé l'un des suivants, dont l'inconnue a visiblement la même valeur :

60 ouvriers ont fait 20 mètres, combien 50 ouvriers?

6 ouvriers ont fait 4 mètres, combien 25 ouvriers?

Si l'on savait quel ordre observent, dans la proportion, les quatre nombres du problème, une multiplication et une division acheveraient la solution. Voici la règle qu'il faut observer à cet égard. En comparant les deux termes d'une période, on trouve que si l'on augmente l'un, il faut, pour que l'inconnue conserve sa valeur, ou augmenter, ou diminuer convenablement l'autre ; ce qui conduit à distinguer deux sortes de règles de trois, l'une directe, l'autre inverse. 1o Règle directe. Les deux nombres augmentent ensemble; dans ce cas, écrivez les quatre nombres de la question dans un tel ordre que les termes de la première période forment le premier rapport, et ceux de la seconde le second rapport, les homogènes étant aux deux antécédents d'une part, et aux deux conséquents de l'autre. Ainsi la question ci-dessus posée est une règle de trois directe, parce que plus on emploie d'ouvriers, et plus ils font d'ouvrage : on pose donc 30°: 20m :: 25°: xm; les antécédents 30 et 25 sont des ouvriers, les conséquents 20 et x sont des mètres. On trouve 25 × 20 ensuite x= 16 pour le nombre

30

de mètres demandés.

=

2o Règle inverse. L'un des termes de la première période augmentaut, l'autre doit diminuer pour que l'inconnue reste la même. Alors on pose, aux moyens de la proportion, les deux termes de la première période, et aux extrêmes ceux de la seconde. Par exemple, un ouvrage a été fait par 57 ouvriers en 5 jours, combien faudrait-il d'ouvriers pour faire le même ouvrage en 15 jours? Si la règle était directe, on poserait 5i: 57° :: 15i: x; mais ce n'est pas ici le cas la question est bien résoluble par les proportions, puisqu'on peut visiblement doubler, tripler 51 et 15 sans changer l'inconnue ; mais notre règle est inverse, parce que plus on emploie d'ouvriers, et moins il faut de jours pour accomplir une tâche. Ainsi, on doit poser 57° et 5i aux moyens, 15 et x aux extrêmes de la proportion 5 x 57 = 19. 15

:

15: 57:5: x; d'où x = Il faut 3 fois moins d'ouvriers, parce qu'on les fait travailler 3 fois plus de jours.

Il a fallu 6 d'une étoffe large de pour couvrir un meuble, combien en faudrait-il d'une étoffe large de ? Plus l'étoffe est large, moins il faut de longueur; règle inverse; donc ::: 6:x=6×4:2,oux=6.

La plupart des questions commerciales se rapportent aux règles de trois directes ; telles sont les règles d'intérêt, d'escompte, de société, etc... Les règles inverses se présentent plus rarement; les principes qu'on vient d'exposer serviront à les distinguer et à poser la proportion. FRANCOEUR. PROPORTIONS CHIMIQUES. (Voyez AFFINITÉ.)

PROPOSITION. (Grammaire.) On la définit d'ordinaire l'expression du jugement; mais comme il est certaines propositions qui expriment non un jugement, mais un souhait, une volonté, il vaux mieux employer un terme plus général que celui de jugement, et dire « la proposition est l'assemblage des mots nécessaires pour exprimer une pensée. » Dieu est juste, soyez heureux; voilà des propositions: la première est l'expression d'un jugement; la deuxième l'expression d'un vou; toutes deux énoncent une pensée.

De même que dans tout jugement, on distingue dans toute proposition trois éléments : le sujet, qui est l'expression de la chose dont on juge ou à laquelle on pense; l'attribut, qui est l'expression de la qualité, de la manière d'être que l'on remarque dans cette chose; le rapport du sujet et de l'attribut, le lien qui les unit, qui dans la langue est représenté par le verbe, par le seul verbe est, soit qu'il soit exprimé à part, soit qu'il soit confondu dans l'expression avec attribut. Ainsi dans Dieu est juste, Dieu est le sujet, juste l'attribut, est exprime le rapport. Dans je lis, je est le sujet, et lis, qui est pour suis lisant, exprime à-lafois l'attribut et le rapport. Le sujet et l'attribut portent en commun le nom de termes de la proposition.

Quand on fait l'analyse de la proposition, il faut bien distinguer deux sortes de sujets et deux sortes d'attributs. Considérés logiquement, c'est-à-dire dans la pensée ellemême, le sujet et l'attribut se composent de tous les mots nécessaires pour exprimer soit la chose dont on parle, soit ce que l'on attribue à cette chose : considérés grammaticalement, le sujet et l'attribut ne sont jamais que les deux mots principaux dont l'un commence la phrase, lorsqu'elle est construite dans l'ordre direct, et dont l'autre est immédiatement placé après le verbe substantif est. Ces deux mots n'expriment que les deux idées principales, qui servent en quelque sorte de point de ralliement à tou

tes les autres, autour desquelles toutes les autres viennent se grouper. Ainsi, dans cette période qui commence l'oraison funèbre de la reine d'Angleterre : « Celui qui rè gne dans les cieux, et de qui relèvent tous les empires, à qui seul appartient la gloire, la majesté, l'indépendance, est aussi celui qui se glorifie de faire la loi aux rois, et de leur donner, quand il lui plaît, de grandes et terribles leçons; » le sujet logique est l'ensemble de tous les mots qui servent à déterminer l'être dont on parle, celui qui règne, etc., jusqu'à indépendance; le sujet grammatical est le seul mot celui; l'attribut logique est celui qui se glorifie, jusqu'à la fin de la phrase; l'attribut grammatical est encore le mot celui placé après est. Quand on étudie les langues, il est de la plus haute importance de faire cette distinction ce n'est que quand on a trouvé le sujet et l'attribut grammaticaux, que l'on tient, pour ainsi dire, le fil du labyrinthe, et que l'on peut découvrir le sujet et l'attribut logiques, avec lesquels on saisit tout le sens de la phrase.

On reconnaît un assez grand nombre d'espèces de propositions; mais ici encore, pour introduire quelque ordre dans les divisions que l'on en fait, et ne pas mêler les éléments les plus hétérogènes, il est indispensable de distinguer le point de vue logique du point de vue grammatical.

Considérées sous le point de vue logique, c'est-à-dire dans la pensée qu'elles expriment, les propositions se classent de différentes manières, selon que l'on envisage ou la nature du rapport qui se trouve entre le sujet et l'attribut, ou la réalité objective de ce rapport, ou la manière dont l'esprit saisit ce rapport, ou la nature des termes qui servent de sujet ou d'attribut, ou les rapports qui se trouvent entre les différentes propositions.

Classées d'après la nature des rapports qui se trouvent entre leurs termes, les propositions sont positives ou négatives, selon qu'elles expriment un rapport de coexistence, de convenance (Dieu est bon, le ciel est pur), ou un rapport de séparation, de disconvenance (Dieu n'est pas cruel). Identiques ou non identiques, selon qu'il y a entre les termes qu'elles unissent un rapport d'identité ou de différence. Elles sont identiques, si les deux termes expriment une même idée sous des formes différentes (comme dans les définitions: un globe est un Tome 19.

corps rond dans tous les sens, ou dans les divisions: l'homme est ame et corps); non identiques, si ces termes expriment des idées différentes (le sucre est doux, l'homme est mortel). — Nécessaires ou contingentes, selon qu'elles expriment des faits dont le contraire est impossible (tout triangle a trois angles), ou des faits qui pourraient être autrement (ce triangle a trois pieds de haut).

Classées selon la réalité objective du rapport qu'elles expriment, elles sont vraies ou fausses, certaines ou incertaines, douteuses ou probables, possibles ou impossíbles.

Classées selon les différentes vues de l'esprit, les propositions sont affirmatives ou dubitatives ou volitives, selon qu'elles expriment un jugement certain (j'aime l'étude); un doute, une question ( aimez vous l'étude ?); une volonté, un ordre (aimez l'étude).

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Classées selon la nature des termes entre lesquels se trouvent les rapports qu'elles expriment, les propositions sont universelles, particulières et singulières, si on les envisage sous le point de vue de l'étendue, et selon qu'elles s'appliquent à une classe entière (les hommes sont mortels), à une partie de classe ( quelques hommes sont heureux), ou à un seul individu (cet homme est heureux, Cicéron est éloquent). Incomplexes ou complexes, si on les considère sous le point de vue du nombre des idées qu'elles expriment : incomplexes, si le sujet et l'attribut n'expriment qu'une seule idée (Dieu est juste); complexes, si le sujet et l'attribut, ou tous les deux se composent de plusieurs idées dont le concours soit nécessaire pour former un sens total ( le plus grand roi qui ait régné sur la Macédoine est Alexandre).

Classées selon les rapports qui sont entre elles, les propositions sont simples, si elles n'expriment qu'un fait, si elles n'ont qu'un sujet et un attribut (le ciel est juste); composées, si elles expriment plusieurs faits, si elles ont plusieurs sujets ou plusieurs attributs (le ciel est juste et sage).

Dans les propositions composées, on doit distinguer les propositions principales, les propositions subordonnées et les proposi tions incidentes. Les propositions principales sont celles qui pourraient subsister par elles seules, celles auxquelles se rattachent toutes les autres, comme servant à en com

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pléter ou à en déterminer le sens ; les propositions subordonnées sont celles qui, quoique pouvant subsister grammaticalement par elles seules, sont néanmoins nécessaires pour développer le sens de la proposition principale; c'est pour cela qu'on les nomme aussi complémentaires; les propositions incidentes sont celles qui sont en quelque sorte enclavées dans une proposition, de manière à ne faire qu'un avec elle, celles qui s'ajoutent au sujet ou à l'attribut, soit pour en expliquer, en développer le sens, et alors on les nomme explicatives, soit pour en déterminer, en restreindre l'idée, et alors on les nomme déterminatives. Ainsi, dans cette phrase: « Lorsque Alexandre eut conquis la Perse, ce prince, qui jusque-là n'avait mon tré que des vertus, se livra à tous les excès de la débauche et de la cruauté.» Les mots, ce prince se livra à tous les excès, etc., sont la proposition principale; qui n'avait montré que des vertus, est une proposition incidente, incidente explicative; lorsqu'il eut conquis la Perse, est une proposition subor donnée.

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La réunion de toutes les propositions, soit principales, soit subordonnées, soit incidentes, qui concourent à exprimer une pensée complète, forme une période.

Si enfin nous allons plus loin dans l'analyse de la proposition, et que nous considé rions la nature même du rapport qui unit la proposition subordonnée à la principale, nous verrons naitre différentes sortes de propositions composées, les propositions copulatives, conditionnelles, causales, comparatives, adversatives, disjonctives, selon que les deux parties de la proposition composée sont liées par de simples rapports de coexistence, ou par ceux de condition, de cause, d'égalité ou de supériorité, de différence ou d'incompatibilité absolue.

Les logiciens distinguent encore des propositions contraires, contradictoires, équi valentes, converties, réciproques.

Considérées sous le point de vue purement grammatical, les propositions, qui alors prennent plus particulièrement le nom de phrases, sont :

Pieines ou explicites, si le sujet et l'attribut, ainsi que les mots qui servent à en compléter le sens, sont tous exprimés. Exemple: Qu'un ignorant ne se mêle pas de vouloir instruire Minerve. —Elliptiques ou implicites, si quelqu'un des mots nécessaires dans l'ordre grammatical est supprimé ou

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sous-entendu; ce qui a lieu la plupart du temps dans les proverbes et dans les devises Exemple: Ne sus Minervam, sous-entendu doceat. Directes, si tous les mots en sont disposés selon l'ordre ou la nature des rapports successifs qui fondent leur liaison: J'ai toutes les fureurs de l'amour. ses, quand l'ordre naturel est interverti : De l'amour j'ai toutes les fureurs.

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Parmi ces différentes sortes de proposi tions, celles qu'il est le plus important de bien distinguer pour l'étude des langues, celles sans la connaissance desquelles il est impossible de jamais faire une analyse raisonnée, et de débrouiller le sens d'une période étendue et compliquée, ce sont surtout les propositions principales, subordonnées et incidentes; les propositions directes ou inverses, pleines ou elliptiques. Comment, en effet, comprendre un passage, si l'on ne sait d'abord y distinguer les membres principaux, si l'on ne sait suppléer les mots qui manquent et les mettre dans leur ordre naturel?

Pour compléter ce que nous venons de dire, il pourrait être utile de faire une analyse détaillée d'une proposition prise pour exemple; mais ce travail fastidieux nous paraît devoir être renvoyé aux livres élémentaires et spéciaux. (Voyez Discours.)

BOUILLET.

PROPOSITION DES LOIS. Voyez LéGISLATEUR, LOIS, PAIRIE, MINISTRE et PRÉROGATIVE.

PROPRIÉTÉ. (Économie politique.) Le système social tout entier est fondé sur le droit de propriété. L'homme tient de la nature, des besoins et la faculté d'y pourvoir par ses travaux. Sa première propriété est donc celle de sa personne, de son intelligence et de ses bras. De celle-là dérivent toutes les autres; car toute propriété a commencé par le travail. Celui-ci, à son tour, n'est pas, comme le disait un édit de Henri III, un droit régalien, qu'aucune autorité puisse concéder ou refuser; c'est celui de tout homme venant en ce monde.

Le sauvage se construit un wigwam. Il fabrique ses instruments pour la chasse et la pêche, des armes pour se défendre. Tout cela est à lui. Le daim qu'il a percé de ses flèches, le poisson qu'il a enveloppé dans ses filets sont encore à lui: c'est le fruit de son adresse et de ses peines. Nul n'a le droit de le lui ravir. L'Arabe dans le désert, le Tartare dans ses steppes, sont les maîtres

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