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L'excommunication religieuse, à parler exactement, n'eût dû être que l'abandon, par l'Église, de l'un de ses fidèles. Le bon sens le voulait; mais malheureusement les choses ne se passeront ainsi sur la terre qu'aux jours où les préceptes, dont le germe a été déposé dans les écrits des sages, auront porté leur fruit. Dans un système de foi exclusive, qui ne sait que, lorsque le prêtre proclame une dissidence, il jure une haine ; que lorsqu'il maudit, il tue dans son cœur? Constitué par état roi de la pensée,

dès
que vous ne pensez pas comme lui, il
vous juge en rébellion. L'histoire des deux
mondes jusqu'au dix-huitième siècle dépose
de cette vérité, tellement que si le christia-
nisme, depuis cette époque, ne s'était relâ-
ché de ses rigueurs, on l'eût pu accuser d'a-
voir fait couler plus de larmes que n'en a
séché le charme de sa morale et de ses
consolantes promesses.

ennemis ! Tour à tour proscrits et proscrip- saint-office ne pouvant se dissimuler ce qu'il teurs, presque tous les cultes ont poursuivi y avait d'attentatoire à l'ordre social dans le avec le fer et le feu de simples dissidences. pouvoir dont il s'emparait, se bornait à déEn réclamant pour soi le droit de croire, on clarer les prévenus coupables d'hérésie, et a voulu l'interdire violemment à autrui. Ja- il laissait à l'autorité civile le soin d'exécuter mais le délire de la raison humaine n'est allé les sentences de condamnation; détestable plus loin. Les intérêts s'entendent et se con hypocrisie, puisqu'il n'ignorait pas que les cilient tous les jours; les opinions religieuses, magistrats, tremblants eux-mêmes devant jamais. La cause en est facile à trouver : elles son tribunal ou affiliés à ses statuts, conne vivent que par la foi, et la foi, par es- sommeraient bientôt l'homicide! sence, ne cessera d'être exclusive. La tolérance en pareille matière, à moins qu'elle ne fùt accompagnée de beaucoup d'instruction, attesterait une grande indifférence. Mais la proscription de la pensée menant inévitablement à celle des personnes, les hommes qui, en vertu des lois de leur organisation et de la variété des climatures, différeront toujours d'aperçus et de sentiments, ont été frappés du plus grand fléau qui pût les atteindre, partout où un culte dominateur s'est trouvé armé de la force publique. Si des barrières infranchissables avaient été posées entre le pouvoir temporel du magistrat et le pouvoir spirituel du prêtre; si l'autorité civile ne fléchissait presque tou jours devant l'autorité ecclésiastique dans les pays de fortes croyances, les proscriptions religieuses, renfermées entre les murs du temple, n'eussent point troublé la paix des peuples. Tout au plus un refus de participation aux mystères et à la prière commune en eût été la suite; mais les gouvernements, considérés dès leur berceau, ne pouvaient échapper à leur tendance naturelle. Il fallait prendre de la force quelque part aussi les premiers législateurs partout ont parlé au nom du ciel, et le système politique s'est trouvé tellement lié au système religieux, que le lituum et l'épée du commandement ont été placés dans les mêmes mains. Or, la pensée et l'intention appartenant au domaine des choses divines, on s'est cru en droit, dès ici-bas, de procéder à leur investigation, de les suivre au fond des cœurs, de les y atteindre, et de les immoler avec un fer sacré. L'inquisition date donc d'une époque antérieure au christianisme. Toutefois, nous ne saurions nous dispenser de reconnaître que, par une corruption de ce qu'il y a de meilleur, elle y a trouvé des armes et des moyens de persécution contre l'espèce humaine. Ainsi le culte Hon sanglant d'un Dieu pacifique a eu, dans presque toute l'Europe, ses prisons, ses bourreaux, ses tortures et ses victimes. Le

Il semblerait que le privilége de la proscription entrât dans les destinées de Rome, deux fois maîtresse de l'univers, deux fois toute puissance par le glaive acéré de ses soldats et par le glaive de la parole, quand celle-ci a retenti des sommités du Vatican. Sans nous enfoncer trop profondément dans les ténèbres des anciens âges, nous allons donner un coup d'œil rapide aux effets produits par cette dernière.

En 998, Robert de France, fulminé par Grégoire V, trouve à peine deux serviteurs qui aient le courage de donner des soins à sa personne; encore prennent-ils la précaution de se préserver, par le feu et l'eau, d'un contact qui les exposerait à une souillure canonique. Quel crime avait-il commis? Il avait épousé Berthe, fille de Conrad, roi de Bourgogne, sa cousine au quatrième degré.

En 1078, Hildebrand, connu sous le nom de Grégoire VII, force l'empereur Henri IV de s'inclimer à ses genoux, et d'y déposer un diadème, dont il doit le dépouiller plus tard, après l'avoir avili.

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En 1376, Grégoire XI lance une sentence d'extermination contre les Florentius.

En 1383, Urbain VI et Clément VII se proscrivent mutuellement : l'un prêche une croisade contre la France; l'autre fulmine une bulle contre les Anglais.

En 1431, les Hussites sont frappés d'un semblable anathème par Eugène IV, qui ordonne de leur courir sus, de manière que la mémoire en soit à jamais abolie.

En 1535, François Ier proscrivait Calvin, et en 1553, Calvin, toujours pour opinions religieuses, faisait expirer le médecin Servet dans les flammes.

En 1572, Charles IX prononce à Paris l'arrêt de mort des protestants; mais la veille du massacre, Grégoire XII frappait une médaille en l'honneur de cette journée, et quelques jours après, il en rendait grâces au ciel dans une bulle et par une procession solennelle.

En 1534, après avoir simulé pendant six ans le zèle de la réforme, Balthazar Gérard assassinait Guillaume, prince d'Orange; Philippe II, anoblissant la famille de ce fanatique, l'exemptait de la taille; ce ne fut qu'après les conquêtes de Louis XIV qu'elle fut rétablie au rôle, par Varole, intendant

de la Franche-Comté.

En 1589, le dominicain Jacques Clément enfonce le couteau dans les entrailles' d'un roi de France: Sixte-Quint prononce l'éloge du meurtrier en plein consistoire.

En 1610, Henri IV tombe également victime d'une proscription religieuse, qui se renouvelle en 1757, sur son petit-fils, Louis XV.

Nous nous abstiendrons de grossir cet aperçu sommaire. Les proscriptions religieuses touchent à leur fin; mais il est bon que l'on conserve la mémoire de celles qui ont affligé l'espèce humaine : ainsi, le poteau planté sur les grandes routes, à la place même de l'homicide, inspire au voyageur l'horreur du crime qui y a été commis.

Quant aux proscriptions politiques, indépendamment de la sentence prononcée contre elles par une saine morale et par un

sentiment vraiment religieux, nous dirons qu'elles hâtent toujours les progrès de la cause à la défaite de laquelle on les emploie. En matière de religion, brûler n'est pas répondre; dans la lutte des citoyens qui ont des droits à défendre, les échafauds n'ont pas plus de vertu. Les parties s'y traînant tour à tour, leur propre intérêt leur conseille de s'appeler devant un autre tribunal plus régulier que celui de la force brute et sauvage dont le sceptre est à peu près brisé en Europe. La violence n'a qu'un temps; tôt ou tard elle a ses réactions; d'ailleurs, elle répugne essentiellement à l'esprit du siècle actuel. La modération du caractère est un des premiers titres que l'on puisse faire valoir aujourd'hui, quand on aspire an gouvernement des hommes. Si quelque chose avait dû écarter le président Jackson du fauteuil qu'il occupe en ce moment dans l'Amérique du nord, e'eût été l'idée que l'on s'était formée de son humeur belliqueuse : aussi un de ses premiers soins, quand il est parvenu au pouvoir, a-t-il été d'effacer, par ses actes et par ses écrits, les objections élevées contre lui sous ce rapport. L'estime du monde policé est à ce prix. Quand on considère ce mouvement rationnel, l'on ne peut s'empêcher d'y reconnaître un grand perfectionnement social. Malheur à celui qui ne s'y conformera pas! Dans son aveugle imprévoyance, il peut essayer de la proscription; mais, à coup sûr, c'est une arme qui se brisera dans sa main, si elle ne se tourne contre lui-même.

Voyez l'excellent ouvrage de M. Bignon sur les Proscriptions, en deux volumes in-8°, et l'écrit non moins recommandable de M. Guizot, sur la Peine de mort en matière politique. Voyez aussi, dans ce Dictionnaire, les mots AMNISTIE, ARBITRAIRE ARISTOCRATIE, CULTE, DESPOTISME, POLICE, PRE

VÕTALES (COURS) et RÉFORME RELIGIEUSE.

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partie de la grammaire qui traite de cette manière de prononcer.

D'Olivet, dans son Traité de la prosodie française, définit la prosodie : « Cette manière de prononcer chaque syllabe régulièrement, c'est-à-dire, suivant ce qu'exige chaque syllabe prise à part, et considérée dans ses trois propriétés, qui sont l'aspiration, l'accent et la quantité. » L'auteur de l'article PROSODIE dans l'Encyclopédie démontre que l'on ne doit pas faire entrer dans la prosodie l'aspiration, qui n'est, à propre ment parler, qu'une articulation, et qui, étant marquée dans la plupart des langues par une lettre particulière, l'h, n'appartient par conséquent qu'à la lecture,

Considérée comme une certaine manière de prononcer, la prosodie est une espèce de chant ajouté à la voix; c'est un intermédiaire entre le chant musical et une prononciation entièrement monotone, comme l'est à peu près la nôtre. « La différence qu'il y a entre l'accent prosodique et l'accent musical, dit Duclos dans ses Remarques sur la prosodie de d'Olivet, c'est que l'accent musical ne peut aujourd'hui élever ni baisser moins que d'un demi-ton, et que le prosodique procède par des tons qui seraient inappréciables dans la musique, par des dixièmes, des trentièmes de tons. Il y a, ajoute-t-il, bien de la différence entre le sensible et l'appréciable. »

Cette manière de prononcer, qui constitue la prosodie, varie prodigieusement selon les langues. Quelques-unes, les langues anciennes surtout, ainsi que les langues des pays méridionaux, sont très prosodiques. D'autres, comme la nôtre, manquent presque entièrement de prosodie. En français, nous n'avons pas d'accent, ou, si nous en avons, il est placé si uniformément sur la dernière syllabe, qu'il ne produit aucune variété dans la prononciation. La quantité est à peine marquée chez nous ; et cette propriété des voyelles, qui chez les anciens faisait la base de la versification, qui donnait tant de prix au nombre oratoire, est maintenant presque entièrement négligée dans la poésie comme dans l'éloquence. L'abbé d'Olivet a entrepris, il est vrai, dans son Traité de poésie française, de trouver dans notre langue un système complet de quantité, et de la soumettre à des règles fixes; mais cet essai a plutôt prouvé en faveur de l'esprit ingénieux de l'écrivain que de la vérité du fait.

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Il est à remarquer que les langues sont d'autant plus prosodiques, qu'elles sont plus anciennes, ou qu'elles sont parlées par des peuples plus vifs, plus démonstratifs, et chez lesquels le geste domine encore beaucoup. Condillac, dans son Éloge sur l'origine des connaissances humaines, ouvrage plein d'excellentes observations sur la philosophie du langage, explique d'une manière assez plausible la naissance de la prosodie et le rapport constant que l'on remar. que entre le développement de la prosodie et celui du geste. « La parole, dit-il, en succédant au langage d'action, en conserva le caractère. Cette nouvelle manière de communiquer nos pensées ne pouvait être imaginée que sur le modèle de la première. Ainsi, pour tenir la place des mouvements violents du corps, la voix s'élève et s'abaisse par des intervalles fort sensibles. Chacun peut éprouver par lui-même qu'il est naturel à la voix de varier ses inflexions, à proportion que les gestes le sont davantage. ( Essai, part. 2, sect. 1, chap. 2, etc.)

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Considérée comme science, la prosodie traite non-seulement de l'accent et de la quantité de chaque syllabe prise à part, mais aussi des effets qui résultent de ces deux propriétés de la voix, du rhythme qui nait du mélange habile et de la succession régulière des tons graves ou aigus, des syllabes longues ou brèves; de même que la musique, qui n'est à proprement parler, selon l'abbé d'Olivet, qu'une extension de la prosodie, ne se borne pas à enseigner les divers tons et leur quantité caractérisée par les blanches, les noires, les rondes, etc., mais elle enseigne encore les différentes mesures qui doivent régler le chant, les propriétés des différentes pièces de musique qui résultent de la combinaison des notes.

Les éléments essentiels de la prosodie ou de la prononciation musicale sont, comme on l'a vu dans la définition que nous en avons donnée, l'accent et la quantité. L'accent est l'élévation ou l'abaissement de la voix sur chaque syllabe; la quantité est le temps plus ou moins long qu'on met à la prononcer. Comme la voix peut ou s'élever ou s'abaisser, ou bien s'élever et s'abaisser successivement sur la même syllabe, on distingue trois sortes d'accents: l'aigu, par lequel la voix s'élève; le grave, par lequel elle s'abaisse ; le circonflexe, par lequel elle s'élève et s'abaisse. On les marque dans certaines langues, en grec par exemple, par

des signes particuliers, qui reçoivent aussi les noms d'aigu ('), de grave (`), de circonflexe (^). Comme on peut aussi prononcer une syllabe ou rapidement ou lentement, comme les mêmes syllabes peuvent se-prononcer tantôt lentement, tantôt rapidement, on distingue également trois sortes de syllabes, en les considérant sous le rapport de la quantité, les brèves, les longues, les douteuses ou ad libitum. Les brèves sont désignées par le signe ( o), les longues par (-), les douteuses par (ʊ) ou (v). On sent combien ces indications sont vagues, combien il doit y avoir de degrés entre le ton le plus élevé et le ton le plus bas, entre la prononciation la plus rapide et la plus brève. On ne s'est sans doute arrêté là qu'à cause de l'extrême difficulté de remarquer des nuances trop délicates.

Ces deux propriétés du son, l'accent et la quantité, n'ont pas, dans la prosodie de toutes les langues, la même importance. Il est certaines langues dans lesquelles l'harmonie dépend plutôt de la quantité; d'autres où elle dépend surtout de l'accent (l'anglais); d'autres enfin où la quantité et l'accent doivent être également pris en considération; telles sont les langues anciennes. Cependant les traités de prosodie latine et grecque usités dans l'enseignement s'occupent presque exclusivement de la quantité. La raison en est sans doute qu'on y a plutôt pour but d'enseigner à faire des vers qu'à prononcer régulièrement, et que dans la versification des anciens la quantité joue le principal rôle.

La prosodie ainsi circonscrite, traite successivement de la quantité de chaque syllabe et des variations qu'elle peut subir; de la combinaison des syllabes de diverses quantités, d'où résultent les pieds; de la combinaison des pieds, d'où résultent les différentes sortes de vers ; de la combinaison des vers de différentes sortes, d'où résultent les divers genres de strophes et de poèmes. Les régles qu'elle établit sur chacun de ces points varient selon les langues. Nous ne pouvons les indiquerici, et nous renvoyons aux grammaires de chaque langue, auxquelles est généralement annexé un traité de prosodie et de versification.

Les prosodies les plus répandues dans les colléges sont celles de Le Chevalier, Rey, Boinvilliers, Noël, Aubert-Audet, Lefranc et Lesieur, Veissier-Descombes, CabaretDupaty. Il est nécessaire, pour compléter les notions qu'elles donnent, et qui se bor

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nent en général à la quantité des syllabes et aux différentes sortes de vers, d'y joindre les traités de versification latine que nous devons à MM. Planche et Quicherat. Ce dernier surtout nous paraît très-propre à initier les élèves à l'art de la composition poétique.

BERTON.

* PROSPER (SAINT), dit d'Aquitaine, était né dans cette province en 403, selon l'opinion la plus commune. Il vivait encore en 463. Sa fête est célébrée par l'Église le 25 juin. Ses ouvrages ont eu un grand nombre d'éditions: les meilleures sont celles de Paris, 1711, in-fol., et de Rome, 1752 (c'est sur cette dernière qu'à été faite celle de Paris, 1760, ainsi que la traduction frauçaise, ibid., 1762, avec des notes). — ProsPER TIRO, poète, que l'on a souvent confondu avec le précédent, était né dans les Gaules, et peut-être même dans la province d'Aquitaine, vers la fin du 4° siècle. On a sous son nom une chronique imprimée plusieurs fois à la suite de celle de saint Prosper, dont elle n'est guère qu'un abrégé ; mais elle en diffère par plusieurs passages qui semblent prouver que l'auteur partageait les erreurs du semi-pélagianisme.-PROSPER d'Afrique, ainsi nommé du lieu de sa naissance, florissait dans le 5e siècle. On présume qu'il se fixa en Italie. Il est auteur de divers ouvrages attribués à saint Prosper d'Aquitaine, et imprimé dans le recueil de ses ouvrages, tels que le Traité de la vocation des gentils, etc.

* PROSPER-ALPIN. Voyez ALPINI.

* PROST ( JEAN-CLAUDE ), surnommé le capitaine Lacuson, né à Longchaumois, près Saint-Claude, fit la guerre de partisan pour l'Espagne en Franche-Comté, de 1635 à 1659. La terreur qu'il avait inspirée aux habitants de la Bresse jurassienne était si grande qu'elle a perpétué jusqu'à nos jours une oraison par laquelle Dieu était prié de les préserver de deux fléaux : le capitaine Lacuson et la fièvre. Cet aventurier défendit successivement contre les armées de Louis XIV, les principaux châteaux du premier plateau du mont Jura, et alla mourir au siége de Milan, dans les rangs espagnols.

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* PROST DE ROYER (ANT.-FRANC.), lieutenant-général de police à Lyon, né dans cette ville en 1729, se montra administrateur habile, magistrat désintéressé, et était de son temps le seul homme à Lyon qui connût le droit public. Après avoir mé¬

rité l'estime de ses concitoyens par ses vertus et par son dévouement au bien public, il mourut dans l'indigence en 1784. On a de lui: Lettre à monseigneur l'archevêque de Lyon, dans laquelle on traite du prêt à intérét à Lyon, appelé dépôt de l'argent, Lyon, 1763, in-80 Voltaire, à qui Prost de Royer avait envoyé son opuscule, a fait entrer cet écrit dans un recueil qu'il publia sous ce titre les Choses utiles et agréables (1769-1770, 3 vol. in-8°); Lettre sur l'administration municipale de Lyon, ibid., 1765, in-12; Dictionnaire de jurisprudence et des arrêts, etc., tom. 1-5, 1781-84, in-4°, continué par François-Armand Riolz. On a encore de Prost de Royer un Mémoire sur la conservation des enfants, 1778, in-8°.

* PROTAGORAS, célèbre sophiste grec, né à Abdère vers l'an 488 avant Jésus Christ, exerça d'abord, dans sa jeunesse, le métier de portefaix. Démocrite (voyez ce nom), ayant reconnu en lui de lintelligence et de la sagacité, l'admit au nombre de ses disciples, et ne négligea rien pour cultiver ses dispositions. Protagoras enseigna ensuite, dans les environs d Abdère, la grammaire, qui comprenait alors la rhétorique, la poésie et la musique, puis vint ouvrir une école dans Athènes. De nombreux auditeurs accoururent bientôt à ses leçons. Péricles y vint lui même, et fut séduit par Féloquence et par la singularité de la doctrine du professeur. Protagoras, mettant un prix à ses leçons, amassa de grandes richesses, et, selon Platon, il gagna plus lui seul que n'auraient pu faire Phidias et dix autres statuaires aussi habiles. Il avait l'imagination vive et féconde, une mémoire heureuse, une rare éloquence. Platon, dans son Théetète, donne le précis de la doctrine de ce sophiste. Protagoras, devenu riche et indépendant, visita les principales villes de la Grèce, passa dans la Sicile, et de là dans la GrandeGrèce, où, sur la demande des habitants de Thurium, il donna des lois à cette pelite republique. Revenu à Athènes en l'an 420 avant Jésus-Christ, il y fut dénoncé comme impie, et condamné à mort, ou selon d'autres au bannissement. Après avoir erré quelques jours dans l'Archipel, sur une frêle barque, il fit naufrage, et périt à l'âge de 70 ans. Il avait composé divers traités sur la rhétorique, la physique et la politique; mais ses ouvrages, dont Fabricius rapporte les titres (dans la Biblioth. græca, liv. 2, ch. 23), furent brûlés par l'ordre des maTome 19.

gistrats dans la place publique, de sorte qu'il n'en reste aucun.

* PROTÉE ( Mythologie), dieu marin, fils de l'Océan et de Tethys, ou, suivant d'autres mythologues, de Neptune et de Phoenice, était chargé de conduire et de faire paitre les troupeaux marins du dieu des eaux. Il avait la connaissance de l'avenir, et l'on accourait de toutes parts pour le consulter; mais il se cachait, et quand il était découvert, il usait du don qu'il avait reçu d'échapper à la vue des mortels indiscrets en prenant toutes sortes de formes. Il fallait lutter contre lui avec obstination pour lui arracher ses secrets. La fable conte qu'il apparut sous la forme d'un spectre à ses enfants, Tmolus et Télégone, geants d'une atrocité inouïe, et les corrigea de leur cruauté en leur faisant peur.

PROTESTANT. Voyez RÉFORME RELI

GIEUSE.

* PROTESTANTISME. Voyez CALVIN, LÉON X, LUTHER, MÉLANCHTHON, etc.

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PROTOGÈNES, peintre grec, vivait à Rhodes vers la 112e olympiade (336 ans avant Jésus Christ). On ignore quel fut son maitre, et la nécessité le réduisit à peindre, pendant long-temps, des ornements de vaisseaux, des décorations intérieures, etc. Apelles, sachant que les tableaux de cet artiste n'étaient ni' recherchés ni payés, en acheta un cinquante talents attiques. C'est alors que les compatrioles de Protogènes ouvrirent les yeux sur son mérite. Les écrivains de l'antiquité ont cité comme le chefd'œuvre de ce peintre son tableau d'Ialy sus, chasseur et fondateur de Rhodes. Il employa, suivant Pline, sept ans à le terminer, et Apelles en le voyant resta muet d'admiration. Il avait à représenter, dans cet ouvrage, un chien écumant de fatigue et de chaleur vingt fois il avait recommencé la tête de cet animal sans pouvoir rendre l'effet qu'il se proposait : enfin le hasard le servit, au moment où, avec une éponge, il allait encore effacer son travail.

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