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due et flottante; elle se raltache nécessairement à quelque réalité extérieure; et c'est ainsi que le moi est lié à la nature extérieure, et communique avec elle.

Telles sont les premières distinctions que la réflexion manifeste en nous; telle est la conscription exacte qu'elle donne à l'objet de la conscience.

Dès lors, et par le fait seul de cette première décomposition, le corps est exclu de l'objet de la psychologie. Chose singulière, si le corps était l'homme! car l'homme est certainement dans ce qu'il appelle soi; il n'est pas là où il reconnait lui-même qu'il n'est pas ; et si, d'une part, il se place dans un principe actif et sensible, simple et iden tique à lui-même. dont il a une perpétuelle conscience; si, d'autre part, il ne se reconnait plus dans les modifications inétendues et sans forme qu'il éprouve, par cela seul qu'il ne se sent pas en elles et qu'elles sont multiples et variables, à plus forte raison il ne se reconnait pas dans cette masse solide, figurée, étendue, composée, et perpétuellement changeante qui l'enveloppe, et qu'il nomme lui-même le corps.

Non seulement il ne s'y trouve pas, mais il la regarde comme une chose extérieure à lui, qui agit sur lui, et sur laquelle il agit, qui sert d'instrument à ses volontés sur la nature exterieure, ou d'instrument à la fatalité extérieure sur lui. (Voyez AME.)

JOUFFROY.

PTÉROPODES. (Histoire naturelle.) Nous avons donné, d'après Lamarck, à l'article MOLLUSQUES (voyez ce mot), les principaux caractères des ptéropodes, et la description succincte des six genres que ce zoologiste a compris sous cette domination, comme formant le premier de ses cinq ordres de moilusques. Depuis la publication de son beau travail, les observations se sont multipliées, et plusieurs nouveau genres ont été decrits par un naturaliste zélé, M. Rang; en sorte qu'aujourd'hui leur nombre total s'élève à neuf, sans y comprendre quelques sous-genres qui ne sont peut-être point encore suffisamment déterminés. Nous croyons donc devoir compléter ce qu'il y a d'intéressant à dire sur les ptéropodes, en faisant connaître ce qui distingue les trois genres appartenant à cet ordre.

CUVIERIE (Cuvieria), animal alongé, muni de deux nageoires assez grandes, contenu dans une coquille cylindrique, en forme d'étui, un peu aplatie près de son ouver

ture. Il habite l'Océan, la mer des Indes et celle du Sud

ECLIBIE (curibia), mollusque portant deux nageoires horizontales, à la base desquelles est la bouche; coquille mince, transparente, en forme de calotte renversée.

PSYCHE (psyche), animal sans coquille, enveloppé d'un manteau membraneux muni de deux nageoires latérales assez longues. Il habite les parages de Terre-Neuve. (Voyez MOLLUSQUES.)

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PTOLEMÉE Jer, surnommé Soter, l'un des compagnons d'Alexandre-le-Grand et le fondateur d'une nouvelle monarchie eu Égypte, naquit vers l'an 360 avant JésusChrist, dans l'Éordée, province de la Mygdonie, qui faisait partie de la Macédoine. Il passait pour être fils de Philippe, et par conséquent frère d'Alexandre; mais il ne reconnut jamais d'autre père que Lagus, le mari de sa mère : aussi tous ses descendants sont connus sous le nom de Lagides Il fut élevé avec le jeune Alexandre, dont il embrassa le parti avec ardeur, lorsque ce prince se brouilla avec le roi de Macédoine à l'occasion de la reine Olympias. Le fils de Philippe, à peine monté sur le trône (l'an 337 avant Jésus-Christ), s'empressa de témoigner sa reconnaissance à Ptolémée, qui continua à le servir fidelement, le suivit dans toutes ses expéditious, et lui sauva même la vie lors de la prise de la ville des Oxydraques. Après la mort de son maitre (lan 324 avant Jésus-Christ), il songea à s'assurer une part des vastes conquêtes auxquelles il avait puissamment contribué. Il proposa même de partager l'empire. Son avis ne fut pas adopté, et l'on arrêta qu'Arrhidée, fils naturel de Philippe, serait reconnu roi à la condition de prendre le nom de Philippe, encore cher aux Macédoniens, et de partager la couronne avec Hercule, fils d'Alexandre et de Barsine, et le prince qui pourrait naître de Roxane, femme aussi du conquérant. On confia la tutelle des rois à Perdiccas, et l'on procéda bientôt après au partage des provinces. Ptolémée obtint l'Égypte avec la Libye, ainsi que plusieurs parties de l'Arabie et de la Syrie limitrophes de l'Égypte. Le premier soin du nouveau gouverneur fut de s'attacher les cœurs des peuples confiés à son zèle, et il eut bientôt lieu de s'applaudir de cette sage conduite; car Perdiccas, qui tenta par de secrètes manœuvres de le dépouilier de son gouvernement, et qui en vint ensuite à une rup

ture ouverte, échoua dans toutes ses entreprises, et fut même assassinė, (l'an 322 avant Jésus-Christ) par ses soldats, dont Ptolémée sut grossir son armée. N'ayant plus dès lors rien à craindre pour les provinces qui lui étaient échues, il voulut y en ajouter d'autres. Déjà il avait profité des dissensions civiles de Cyrène pour placer cette ville sous sa dépendance. Il se rendit maître de la Phénicie et de la Judée, pendant que son lieutenant Nicanor s'emparait de la Syrie. Cependant il évita, autant qu'il put, de prendre une part active aux guerres par lesquelles les successeurs du héros macé. donien ensanglantaient l'Asie et l'Europe, et il aima mieux s'occuper d'embellir et de fortifier ses États. Mais il fut forcé, par l'ambition d'Antigone, d'entrer dans une ligne avec Séleucus, Cassandre et Lysimaque. I obtint avec eux quelques avantages; mais il perdit quelques-unes de ses possessions en Phenicie et en Syrie, qui lui furent enlevées par Démétrius, fils d'Antigone. Il fit de grands armements pour les reprendre (l'an 312), et, après une victoire signalée, s'empara effectivement de Sidon, de Tyr, de la Phénicie tout entière et de la plus grande partie de la Syrie. Mais Demetrius reçut des renforts, et la face des affaires changea complètement. Ptolémée prit le parti que lui dictait la prudence: il se retira en Égypte, disposé à s'y défendre. L'on ne vint point ly chercher : il résolut alors de se diriger encore une fois sur l'Asie-Mineure; mais Démétrius le força de repasser la mer. Enfin une paix fut conclue, qui remplissait également les vœux de toutes les parties belligérantes Elle fut pourtant de courte durée. Ptolémée donna le premier le signal de la guerre l'an 310. Il s'assura, par une ruse indigne de son grand cœur, la paisible possession de l'ile de Cypre. L'année suivante, il se mit en mer avec des forces imposantes, et soumit plusieurs villes de l'Asie-Mineure et de la Grèce; mais une révolte le força de rentrer en Égypte. L'an 307, Démétrius, après avoir chassé des villes grecques les garnisons qu'y avait laissées le gouverneur de l'Égypte, s'empare de plusieurs places de l'ile de Cypre, et de Salamine même, après avoir remporté, en vue de cette ile, la plus brillante victoire navale. Ce fut alors qu'Antigone, assuré d'être invincible avec un tel fils, osa prendre le titre de roi. Ptolémée en fit autant (l'an 307 ) pour montrer que l'échec qu'il venait d'essuyer en per

sonne ne l'avait point découragé. Il y avait dix-sept ans qu'il régnait sur l'Egypte, dont il passait pour être seulement le gouverneur. Cet exemple trouva des imitateurs. L'année suivante, le nouveau roi d'Egypte se vit attaqué dans ses propres États par terre et par mer: Antigone et Démétrius songeaient à profiter de la victoire de Salamine. Mais leur rival sut se défendre, et fut d'ailleurs secouru par l'inondation du Nil. La guerre fut reprise, et continuée entre eux comme entre tous les successeurs d'Alexandre, mais avec une mollesse qui ne promettait pas de grands résultats. A la fin, les prétentions d'Antigone armèrent contre lui Lysimaque, Cassandre, Seleucus et Ptolémée (l'an 302). Une bataille décisive, livrée l'année suivante dans les plaines d'Ipsus, en Phrygie, fixa sans retour les destinées des successeurs d'Alexandre. Antigone y périt, et Démétrius se retira dans Éphèse, avec quelques débris de sa formidable puissance. Les vainqueurs se brouillèrent quand il fallut partager les provinces conquises. Seleucus étant passé dans le parti de Démétrius, Ptolémée s'unit avec Lysimaque, et reconquit une portion de l'ile de Cypre, la plus grande partie de la Phénicie, et les autres provinces qui lui avaient appartenu autrefois en Syrie. Cependant la paix ne tarda pas à être conclue entre le roi d'Égypte et Démétrius. Elle fut troublée plus d'une fois par le caractère remuant de ce dernier, qui la viola enfin ouvertement, et, malgré quelques succès, se vit enlever successivement toutes ses possessions sur les côtes de la Phénicie et de l'Asic- Mineure. Depuis lors Ptolémée cessa de prendre part aux événements qui agitaient encore le monde ; mais c'est sans doute à cette épaque qu'il termina les palais, les temples et les autres beaux édifices d'Alexandrie. Parvenu à un âge très-avancé, il s'occupa de régler sa succession. Il donna la préférence, sur tous ses enfants, à l'aîné de ceux qu'il avait eus de Bérénice, Ptolémée, surnommé depuis Philadelphe. Non content de l'avoir désigné pour son héritier, il voulut l'installer lui-même sur le trône de son vivant, et en descendit pour lui faire place l'an 285 avant Jésus-Christ. Il ne survécut que deux ans à son abdication, et mourut l'an 283 avant Jésus-Christ, âgé d'environ 80 ans. Sous son règne, les savants et les philosophes abordèrent de tous les côtés en Egypte : Faccueil qu'il leur fit et le musée qu'il fonda

donnèrent naissance à cette école d'Alexandrie, qui eut une si grande influencé sur les sciences et sur les lettres.

* PTOLÉMÉE II, surnommé Philadelphe, né dans l'ile de Cos, vers l'an 309 avant Jésus-Christ, avait environ vingtquatre ans, quand son père, PtoléméeSoter, lui céda la couronne d'Égypte, qu'il posséda trente-huit ans, deux ans pendant la vie de son père, et trente-six seul. Ses années royales comptèrent du 2 novembre 285 avant Jésus-Christ au 24 octobre 247. Il n'eut point les vertus guerrières de son prédécesseur; mais ce fut, sans doute, un bonheur pour l'Égypte. On ne voit pas qu'il ait pris souvent part aux divisions et aux guerres des successeurs d'Alexandre, et quand il y fut entraîné malgré lui, il confia la conduite de ses armées à ses généraux. Toutefois il sut maintenir la monarchie égyptienne dans le haut rang politique qu'elle devait à son fondateur, et il la fit jouir d'une prospérité que rien n'altéra. Il protégea les lettres et les sciences, voulut enrichir la bibliothèque d'Alexandrie fondée par son père, et n'épargna ni les recherches ni les dépenses pour y réunir une immense quantité de monuments littéraires, qu'il fit acheter ou copier dans les pays les plus éloignés. Ce fut alors, si l'on en croit une tradition très-ancienne et très-répandne, que fut exécutée la première version des livres saints en langue grecque. Ce récit paraîtra assez vraisemblable si l'on réfléchit que, dès l'époque de la fondation d'Alexandrie, les Juifs vinrent en grand nombre s'établir dans cette ville, qu'ils y obtinrent de grands priviléges sous Ptolémée-Soter, qu'ils s'y multiplièrent beaucoup, et que probablement la langue grecque leur était devenue plus familière que celle de leurs ancêtres. Parmi la foule des poètes, des savants et des philosophes qui furent attirés à la cour du roi d'Égypte par ses bienfaits, on voyait Straton de Lampsaque, Théocrite de Syracuse, Callimaque, Lycophron de Chalcis et le fameux critique Zoile. Pour ouvrir de nouveaux débouchés au commerce, Ptolémée fit rétablir le canal qui, sous les anciens rois, unissait le golfe Arabique avec la Méditerranée, employa ses navires à faire des voyages de découvertes et de courses lointaines, et couvrit de colonies toute la côte occidentale du golfe Arabique et de la mer Érythrée. Plusieurs villes d'ailleurs s'élevèrent par ses ordres

sur tous les points du royaume, et reçurent de lui les noms de Bérénice, d'Arsinoë, etc., c'étaient ceux de sa mère de sa sœur bienaimée, dont il fit sa femme. La reconnaissance publique décora d'autres villes des noms de Ptolémaïs et de Philadelphie. Il y eut cependant plusieurs conspirations sous son règne; mais elles ne furent suivies d'aucun résultat.

* PTOLÉMÉE III, surnommé Évergètes (le bienfaisant), fils et successeur du précédent, était âgé d'environ 36 ans quand il monta sur le trône ses années royales comptèrent de l'an 247 avant Jésus-Christ à l'an 222 ou 221, qui marque le commencement du règne de Ptolémée-Philopator, son fils. A peine maitre de la couronne, il fut engagé dans une guerre longue et opiniâtre contre le roi de Syrie Seleucus, dit Callinicus. Il croyait marcher au secours de sa sœur Bérénice, qui déjà avait péri victime de l'ambition du prince syrien. Quoique déçu dans son espoir, le roi d'Égypte n'eut pas lieu de se repentir d'avoir pris les armes; il soumit la Cilicie, l'Ionie, la Pamphylie et toute l'Asie-Mineure; puis, passant l'Euphrate, il conquit la Mésopotamie, la Babylonie, la Susiane et la Médie : enfin, sans les troubles qui le forcèrent de revenir dans son royaume, il aurait achevé la ruine de son ennemi. Celui-ci répara pendant ce temps-là ses affaires, et voulut recommencer la lutte; mais il fut vaincu encore une fois, et n'eut d'autre ressource que de former une ligue avec son frère Antiochus, surnommé Hiérux, qui avait combattu contre lui pour les Égyptiens. Cette ligue eut pour résultat immédiat de faire signer à Ptolémée une trève de dix années; mais les deux frères s'étant brouillés de nouveau, il profita de leurs sanglants débats pour ordonner plusieurs incursions dans la Syrie, et jusque dans la Mésopotamie, tandis qu'il maintenait l'Égypte dans une parfaite tranquillité, et qu'il se livrait en paix à tous les plaisirs. On ne peut le regarder toutefois comme un prince sans énergie et sans talent. Il conserva à la cour d'Alexandrie toute sa splendeur; il protégea les lettres et les sciences et ceux qui les cultivaient; il s'occupa de conserver et d'entretenir les établissements commerciaux et militaires que son père avait fondés sur les côtes de la mer Érythrée; en un mot, il fut le dernier de sa race qui se montra digne de régner. Voulant conserver l'influence que les rois ses prédécesseurs

avaient eue dans la Grèce européenne, il se déclara d'abord le protecteur de la ligue des Achéens, puis de Cléomènes, roi de Lacé démone, qu'il accueillit dans son malheur, et qu'il eût, sans doute, aidé à recouvrer ses États, si la mort ne l'eût empêché de secourir ce prince, qu'il estimait.

* PTOLÉMÉE IV, surnommé Philopator, fils et successeur du précédent, occupa le trône pendant dix-sept ans : ses années royales comptèrent de l'an 222 ou 221 à l'an 205 avant Jésus-Christ, époque du règne de Ptolémée-Épiphanes, son successeur. Le ministre Sosibius, pour conserver sous lui toute l'influence dont il avait joui sous le règne d'Évergètes, l'éloigna des affaires, et entretint son goût déjà très-prononcé pour la débauche. Le roi sacrilia successivement à l'ambition de ce ministre son frère Magas et sa mère Bérénice. Plus tard, lorsque le malheureux roi de Sparte, Cléomènes, après avoir long-temps compté sur de vaines promesses de secours, se fut donné la mort, non sans avoir cherché à se venger de la mauvaise foi du prince égyptien, celui-ci insulta son cadavre, et fit ensuite égorger la mère, la femme et les enfants de l'homme auquel il avait donné l'hospitalité. Antiochus-le-Grand crut le moment favorable pour venger les affronts faits à ses prédécesseurs, les rois de Syrie, par les Ptolémée, et prit les armes. Il ne réussit point dans sa première tentative; mais une seconde expédition fut plus heureuse. De deux lieute nants de Philopator, l'un passa dans les rangs ennemis, l'autre fut battu complètement. Le lâche roi d'Égypte, pendant ce temps, ne songeait qu'à ses honteuses voluptés. Ses ministres, Agathoclès et Sosibius, furent assez adroits pour amuser Antiochus par des négociations trompeuses pendant qu'ils faisaient d'immenses préparatifs de guerre. Enfin, il fallut en venir encore aux mains,et ils furent vaincus. L'an 216 avant Jésus-Christ, Ptolémée consentit avec peine à se montrer à la tête de son armée; mais ce fut pour se retirer d'un combat décisif à l'approche du danger. La victoire néanmoins le favorisa, et fit rentrer rapidement sous sa puissance les villes de la Palestine, de la Phénicie et de Célésyrie, qui lui avaient été enlevées. Il se hâta de retourner à Alexandrie pour s'y replonger dans la débauche. Dès lors il cessa de s'occuper des événements qui se passaient autour de lui: il ne donna plus signe d'exisTome 19.

tence, si ce n'est par quelques cruautés. H persécuta les Juifs, parce qu'à son passage à Jérusalem, en revenant de son expédition, il n'avait pas été admis dans le saint des saints: il fit périr sa femme Arsinoë, qui était aussi sa sœur, pour complaire à une indigne maîtresse et pour se débarrasser d'un censeur incommode. Il mourut luimême de maladie l'an 205 avant Jésus-Christ, n'étant encore qu'à la fleur de son âge.

* PTOLÉMÉE V, surnommé Epiphanes, fils et successeur du précédent, monta sur le trône d'Égypte, à l'âge d'environ 5 ans, et régna vingt-quatre ans. Ses années royales comptèrent de 205 à 181 avant JésusChrist, première année de Ptolémée Philométor. Le vieux Sosibius conserva la principale part dans l'administration des affaires, et Agathoclès eut la tutelle du jeune prince; mais cet indigne tuteur eut bientôt mérité la haine générale, et l'on fut obligé d'accorder à la vengeance publique sa mort et celle de sa sœur Agathoclée, l'infâme maitresse du dernier roi. Tlépolème, jeune homme qui avait été l'un des chefs de cette révolution, et qui se trouva porté par elle à la tête du gouvernement, ne tarda pas à șe brouiller avec Sosibius, qu'il parvint à supplanter; mais il fut supplanté à son tour, On pense bien qu'Antiochus-le-Grand, roi de Syrie, sut profiter de ces divisions. Il enleva à l'Égypte, tant par lui que par ses lieutenants, un grand nombre de places importantes. Cependant, comme il se proposait d'attaquer les Romains, il fit la paix avec Aristoménès, le nouveau ministre de Ptolémée. L'Égypte n'en fut pas plus heureuse : des révoltes, des conspirations troublèrent son repos, et la vie même du jeune roi fut menacée. Bientôt la défaite et la mort d'Antiochus débarrassa Ptolémée de la crainte des guerres étrangères; mais il brouilla tout dans l'intérieur de son royaume, par son insouciance, sa tyrannie et sa cruauté. Il vit éclater de toutes parts des rébellions sérieuses et ne les apaisa qu'à force de sang. Enfin, il fut empoisonné par les grands de la cour: il était alors âgé de 28 ans.

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qu'il vit ses possessions hors de l'Égypte, et Égypte même, envahies par Antiochus Épiphanes, roi de Syrie. Ce prince, dont il fut alors le prisonnier, le traita avec beaucoup d'égards; mais, pendant ce temps, les Alexandrins se donnaient un nouveau roi, Ptolémée, surnommé Évergètes, frère de Philométor. Une révolte des Juifs ayant forcé Antiochus de retourner en Asie, les

deux frères, compétiteurs au trône d'Égypte, consentirent à le partager. Les années de ce double règne datèrent de 170 avant Jésus-Christ, la douzième année de Philométor répondant à la premièrè d'Évergètes. Les Ptolémées auraient eu de la peine à résister à Antiochus ; mais les Romains intervinrent comme médiateurs dans cette querelle, et firent restituer l'ile de Cypre aux Égyptiens, qui furent obligés de renoncer, en faveur du roi de Syrie, à leurs prétentions sur les provinces asiatiques. Les deux frères, débarrassés ainsi de l'ennemi comman, ne tardèrent pas à se brouiller. On ignore les détails de la guerre qu'ils se firent on sait seulement qu'Evergètes fut contraint de quitter l'Égypte, et d'aller à Rome implorer la protection du sénat, vers l'an 164 avant Jésus-Christ. A partir de cette époque, Philométor régna seul. Rome fit droit aux prières réitérées d'Évergètes, prétendit lui assurer la possession de l'ile de Cypre, et retrancha son frère de l'alliance de la république ; mais Philométor se prépara à la guerre, la fit avec succès, et, maitre de traiter Évergètes en ennemi, lui pardonna, et lui abandonna même la Cyrénaïque et plusieurs villes de l'ile de Cypre. L'Égypte jouit alors, pendant plusieurs an nées, d'une profonde paix, et se rétablit, sous l'heureux gouvernement de son souverain, des maux qu'elle avait soufferts par les guerres civiles et étrangères. Philométor intervint néanmoins dans les démêlés du roi de Syrie, Démétrius Ier, avec un prétendant à la même couronne, Alexandre Bala, et seconda ce dernier avec succès. Bientôt il déclara la guerre à ce prince, auquel il avait contribué à faire donner la couronne, mais dont il croyait avoir à se plaindre; et, après lui avoir enlevé une partie de ses États, il s'unit à Démétrius, surnommé Nicator, fil's et héritier des droits de Démétrius Ier. Il fut salué roi par les habitants d'Antioche; mais il n'osa pas ou ne voulut pas accepter cette nouvelle couronne, et eut le crédit de la faire placer sur la tête du jeune prince

qu'il avait pris sous sa protection. Bientôt une bataille décisive fixa les destinées des

deux rois de Syrie. Alexandre fut vaincu; mais Philométor périt peu de jours après, des suites des blessures qu'il avait reçues dans cette journée. Il avait régné trente-cinq,

ans.

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PTOLÉMÉE, surnommé Eupator, fut le successeur immédiat de Ptolémée-Philométor, son père. Le surnom d'Eupator ( né d'un père illustre ), donné au jeune prince, servirait seul à prouver quelle vénération les peuples avaient vouée à la mémoire du roi précédent. C'est sans doute en l'an 145 avant Jésus-Christ, aussitôt après la mort de son père, que Ptolémée Eupator fut proclamé, sous la tutelle de sa mère Cléopâtre. La première année fut certainement aussi la dernière de son règne éphémère, qui se perdit dans la durée de celui de son successeur, Ptolémée-Évergètes II. On verra dans l'article de celui-ci, le peu de faits qui intéressent Ptolémée-Eupator.

*

PTOLÉMÉE VII, surnommé Évergètes II, était à Cyrène, où il régnait, lorsqu'il apprit la mort prématurée de son frère Philométor. Il s'empressa de réclamer la tutelle de son neveu, Ptolémée-Eupator, qui était déjà donnée à Cléopâtre, mère du jeune prince et veuve du dernier monarque. Une guerre s'ensuivit, qui fut bientôt terminée par une transaction entre les deux partis. On convint qu'Évergètes, en prenant la tutelle d'Eupator, épouserait la reine-mère : cette convention fut exécutée; mais bientôt les peuples eurent lieu de s'en repentir. Le cruel Évergètes commença dès lors à marquer chaque jour de sa puissance par des meurtres continuels, parmi lesquels il faut compter celui de son pupille. Bientôt las de Cléopâtre, qu'il n'avait épousée que pour se frayer le chemin du trône, et désirant s'unir à la fille de cette princesse, nommée aussi Cléopâtre, il fit violence à l'objet de sa criminelle passion et répudia sa femme. On voit cependant que les deux Cléopâtres continuèrent à être nommées concurremment dans les actes publics, et que la mère avait toujours conservé le premier rang. Ce fait ne prouve rien en faveur du tyran, auquel il fut sans doute commandé par les circonstances. On le voit reprendre aussitôt le cours de ses cruautés et y mêler tous les excès de l'intempérance et de la plus honteuse débauche. Il n'était protégé contre la haine universelle que par l'estime que l'on

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