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ci : l'apothème est la hauteur des triangles. Le tétraèdre est une pyramide à quatre faces triangulaires.

La surface d'une pyramide s'obtient en évaluant les aires de toutes les faces qui la composent. Le volume est le produit de l'aire de sa base par le tiers de sa hauteur: toutes les pyramides qui ont même hauteur et des bases quelconques égales, ont même volume. L'une de ces deux propositions est la conséquence de l'autre; celle qui sert à trouver le volume de la pyramide est un des théorèmes de géométrie les plus diffici. les à démontrer. (Voyez les Géométries de MM. Legendre, Lacroix, Vincent, etc., et mon Cours de mathématiques pures.

FRANCOEUR.

PYRAMIDE. Voyez ÉGYPTIENNE et INDIENNE (Architecture), et MONUMENTS.

* PYRARD (FRANÇOIS), voyageur français, né à Laval dans le 16 siècle, s'embarqua à Saint-Malo en 1601, sur un des deux navires qu'une compagnie de marchands des trois villes de Laval, Saint-Malo et Vitré, avait armés pour chercher un che-. min aux Indes orientales. Cette expédition relacha successivement aux iles Annobon, Madagascar et Comore, dans l'océan Indien. Le bâtiment sur lequel se trouvait Pyrard ayant fait naufrage sur les Maldives, ce voyageur et ses compagnons furent recueillis par les insulaires, et répartis sur plusieurs iles. Pyrard fut conduit à Malé, résidence du roi des Maldives, et fut bien traité par ce prince. Il vivait depuis cinq ans dans cette fle, lorsque les Maldives furent attaqués par la flotte du roi de Bengale. Le prince insulaire ayant été tué, Pyrard pria le vainqueur de le rendre à la liberté. Pris d'abord pour un Portugais, il fut maliraité, et on voulut même lui óter la vie ; mais, reconnu ensuite pour Français, il fut traité plus humainement, et le chef de l'expédition le prit, avec trois de ses compagnons, sous sa protection spéciale. Ils s'embarquèrent sur la flotte qui retournait au Bengale. Pyrard rendu à la liberté, éprouva bientôt de nouvelles infor tunes. Les Portugais le firent prisonnier. Il servit, pendant deux ans, comme soldat dans leurs troupes, fut détenu ensuite avec tous les étrangers qui se trouvaient à Goa, obtint sa liberté par l'entremise des jésuites qui résidaient dans cette dernière ville, en partit avec ses trois compagnons, le 30 janvier 1610, et aborda les côtes de Galice au bout d'un an de traversée. Il quitta l'Espagne presque aussitôt

pour revenir en France, et se rendit à Paris, où le récit de ses aventures lui valut la protection de plusieurs personnages puissants. Ce fut d'après le conseil du président Jeannin (vayez ce nom), qu'il écrivit la relation de ses voyages, qui parut pour la première fois sous ce titre : Discours du voyage des Français aux Indes orientales, ensemble des divers accidents, adventures et dangers de l'autheur en plusieurs royaumes des Indes, etc., Paris, 1611, in-8°. Jérôme Bignon, avocat - général, obtint ensuite de Pyrard des renseignements beaucoup plus amples que ceux qui étaient contenus dans ce Discours; et la rédaction de ces matériaux, fondus dans la première relation, fut confiée à Bergeron, qui publia son travail sous le titre de Voyages des Français aux Indes orientales, Maldives, Moluques et au Brésil, depuis 1601 jusqu'en 1611, Paris, 1615, 2 vol. in-8°, avec un vocabulaire des iles Maldives. On ignore l'époque de la mort de Pyrard. Long-temps après, Pierre Duval fit paraitre Voyage de Fr. Pyrard de Laval, contenant sa navigation aux indes orientales, etc., divisé en trois parties, nouvelle edition, revue, corrigée et augmentée, etc., Paris, 1679, in-40 : l'éditeur a omis le vocabulaire des Maldives; mais il a dressé une carte de ce voyage. La relation de Pyrard est une des plus exactes et des plus intéressantes que l'on puisse lire; et des voyageurs anglais, qu'un malheureux hasard avait jetés, de même que lui, ont confirmé son témoignage par leur récit. On trouve des extrails du voyage de Pyrard dans plusieurs recueils de Voyages, écrits en français ou dans d'autres langues.

PYRÉNÉES (traité des). Voyez HARO (D. Louis de) et MAZARIN.

*PYRGOTÉLÈS, artiste grec, graveur en pierres fines, vivait sous le règne d'Alexandre-le-Grand. Il paraît que la gravure en pierres fines était alors portée au plus haut degré de perfection, comme la peinture et la sculpture. Pline cite Pyrgotėlės parmi les quatre plus habiles graveurs qui aient existé. Les pierres qui portent son nom sont les têtes d'Alexandre et de Phocion, un Hercule assommant l'hydre.

PYROMÈTRE. (Physique.) Plusieurs instruments sont propres à apprécier la quantité de calorique qui s'échappe des corps et qui constitue leur température. Ces instruments portent en général le nom de thermomètre ( voyez ce mot). Mais on ré

serve le nom de pyromètre à ceux qui sont propres à faire connaître les températures extrêmement élevées. Nous ne possédons qu'un seul instrument de ce genre qui puisse donner des mesures comparables à celles fournies par les autres thermomètres ; c'est le pyromètre de Wegdwood. Il n'en est pas de même des instruments qui servent à indiquer que les fours ou les hauts-fourneaux ont acquis une chaleur convenable; ceux-là peuvent être très-multipliés.

Le pyromètre de Wegdwood est basé sur la propriété que possède l'argile de diminuer de volume au fur et à mesure qu'on la soumet à une température plus élevée. Un petit cylindre d'argile de 12,7 millimètres de largeur, de 14 à 15 millimètres de longueur, un peu aplati d'un cóté et fabriqué avec de l'argile blanche de Cornouailles, mêlé à moitié de son poids d'alumine pure, est la partie la plus importante de l'instrument. La seconde pièce de l'appareil consiste dans une plaque en cuivre, sur laquelle sont soudées deux règles de même métal de 609,592 millimètres de longueur, et laissant entre elles un écartement de 12,7 millimètres à une extrémité, et de 7,62 millimètres à l'autre. L'espace qui les sépare porte le nom de jauge. L'une des règles est divisée en 240 degrés; chaque degré comprend 720 du thermomètre ordinaire, et le zéro de l'instrument correspond à une température de 580 55 du thermomètre centigrade. Cet instrument étant principalement destiné à faire connaitre à quelle température la fusion d'un corps a lieu, on jette dans le creuset où elle s'opère le morceau d'argile, on l'y laisse séjourner pendant quelque temps, et on l'en retire pour l'introduire immédiatement dans la jauge. Le point où il s'arrête indique la température du liquide dans lequel il a été plongé. Soit, par exemple, le fer en fusion : l'argile s'arrêtera au 130° degré, et au 160o, si c'est le manganèse. Cet instrument offre des imperfections dans le détail desquelles la nature de cet ouvrage e nous permet pas d'entrer.

M.. Brongniart emploie à la manufacture de Sèvres un pyromètre qui consiste dans ane verge de platine fixée à une extrémité dans le sol du fourneau, et pouvant faire mouvoir par l'autre un levier coudé terminé par une aiguille. Lorsque, par la chaleur, la verge de platine vient à s'alonger, elle imprime un mouvement de bascule à l'extrémité du levier, et l'aiguille parcourt sur

un arc de cercle des degrés qui y sont tracés. On juge que la température du four est suffisante, quand l'aiguille s'arrête à un point déterminé. Ce pyromètre ne fait donc connaitre que la température convenable à la cuisson complète de la porcelaine.

On pourrait encore concevoir un pyromètre à air formé par un tube de platine capillaire fixé à une extrémité, traversant les parois d'un four et venant s'ajuster à un tube recourbé en U, dans l'intérieur duquel se trouverait du mercure. L'air dilaté exercerait une pression sur le mercure, qui monterait d'un certain nombre de degrés dans la branche B du tube (voyez la seconde livraison des planches), et qui indiquerait des variations de température propres à ménager des quantités de charbon souvent trèsconsidérables, dans les manufactures où l'on est obligé d'entretenir un feu continuel.

ORFILA et Devergie.

PYROTECHNIE. (Technologie.) Ce nom, composé de deux mots grecs, signifie l'art du feu, l'art de se servir du feu. L'art de l'ARTIFICIER, que nous avons décrit, n'est qu'une faible partie de celui qui nous occupe, et sur lequel on n'avait pas de notions bien exactes avant le commencement de ce siècle. Le savant et infatigable Curaudau a ouvert la carrière de l'application des sciences exactes à l'art de faire le feu, dans la vue de tirer du même combustible une plus grande quantité de calorique, et de le conserver dans l'appartement avec la moindre déperdition possible. Les nombreux mémoires qu'il a fait imprimer dans le Journal de physique, et dans les autres journaux consacrés aux sciences et aux arts, témoignent en faveur de ce savant, qui a fait faire un pas immense à l'art de construire les fourneaux, les poêles, les cheminées, et tous les instruments destinés à répandre et à conserver la chaleur avec la moindre dépense possible. C'est lui qui a donné l'élan à toutes les recherches et à toutes les découvertes dans ce genre qui honorent notre industrie.

Les Désarnod, les Laumont, les Chassenot, et une infinité d'autres qui sont venus après lui, ont mis à profit la théorie qu'il a si bien développée dans les ouvrages dont il nous a enrichis, et dans les travaux qu'il a fait exécuter, dont le plus important, sans contredit, se voit encore à l'Imprimerie royale. Il sert à échauffer ce vaste établissement, et surtout la très-grande pièce dans laquelle on fait sécher le papier.

Mais écoutons parler l'auteur lui-même «La plupart de ceux, dit-il, qui se livrent à ces différents genres de construction, conduits le plus souvent par une aveugle routine, et dépourvus de connaissances physiques et chimiques suffisantes pour se rendre raison des phénomènes qui accompagnent toute espèce de combustion, négligent de prendre des précautions essentielles, qui, en assurant à leurs constructions un effet plus certain, offriraient encore l'avantage d'obtenir avec une moindre quantité de combustible une chaleur beaucoup plus intense.

» Ce qui se passe dans la lampe d'Argant et dans celle de l'émailleur a servi de base à mon travail. En examinant avec attention l'effet de ces deux lampes, j'ai reconnu que le plus grand foyer de chaleur réside seulement à l'extrémité du jet de la flamme, et que son intensité est toujours en raison de la rapidité de son jet.

Guidé par cette simple observation, j'ai cherché à en faire l'application aux fourneaux d'évaporation, et par suite à toutes les autres espèces de constructions pyrotechniques. Les nombreux avantages que j'en ai obtenus, ont confirmé la théorie que j'avais établie. » (Voyez CALORIFÈRE, CALORIQUE, CHAUFFAge a la vapeur, CHEMINÉE.)

LENORMAND et MELLET.

* PYRRHON, philosophe grec, chef de l'école ou de la secte qui a pris son nom (le pyrrhonisme), né à Élis, dans le Péloponèse,

vivait vers l'an 336 avant Jésus-Christ. Il exerça la peinture dans sa jeunesse, suivit ensuite l'école de Mégare et les leçons du philosophe Anaxarque, qu'il accompagna dans la grande expédition d'Alexandre en Asie. De retour en Grèce, il obtint le droit de cité à Athènes, et acquit une grande réputation de sagesse. Ses concitoyens l'élevèrent aux fonctions de grand-prêtre, et, par estime pour lui, exemptèrent d'impôts tous les philosophes. Il mourut dans un âge très-avancé. Avant lui, le sage Anacharsis, Xenophane, Zénon, Démocrite, Métrodore, les sophistes Protagoras et Gorgias, plus récemment les disputes de l'école de Mégare et les paradoxes des cirénaïques, avaient semé les germes du scepticisme parmi les Grecs. Pyrrhon réduisit leurs doutes en corps de doctrine; et du scepticisme indirect des sophistes qui avaient enseigné que tout peut se soutenir, il tira cette conséquence que rien ne peut se démontrer. Il ne rejetait

point la vérité; mais il déclarait seulement que les philosophes ne l'avaient point encore trouvée. Il voulait que le sage suspendit son assentiment, sans lui défendre de persévérer dans la recherche de la vérité. Il admettait comme un fait notre confiance involontaire dans les impressions des sens. Il reconnaissait la nécessité d'agir, l'autorité pratique du sens commun, celle des lois et des usages, celle de la morale, qu'il considérait comme écrite au cœur de l'homme, et comme la fin de toutes ses actions. Il n'affirmait rien et ne détruisait rien. La doctrine de Pyrrhon, suivant la judicieuse remarque de M. Degérando, au milieu du vague qu'elle présente, se rapproche plus de l'idéalisme que du doute absolu d'Arcésilas, fondé sur l'incompréhensibilité de toutes choses. La plus grande contradiction du pyrrhonisme, c'est de présenter le doute suspensif comme un état fixe, et de placer, dans cette situation inquiète et violente, le parfait repos de l'intelligence et de la volonté que les sceptiques appelaient le souverain bien. La vie de Pyrrhon a été écrite par Sextus Empiricus, qui a donné l'exposé le plus complet de la doctrine de ce philosophe. On la trouve aussi dans le recueil de Diogène-Laerce. Pyrrhon eut un grand nombre de disciples; mais leur enseignement fut individuel et isolé. Ils ne formèrent point une succession liée de philosophes, et furent rapidement éclipses par la seconde et troisième Académie, où presque toutes leurs opinions ont été reproduites. * PYRRHONISME. Voyez l'article précédent.

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PYRRHUS (Mythologie), fils d'Achille et de Déiadamie, est surnommé Néoptolème, parce qu'il sortait à peine de sa première jeunesse lorsqu'il porta les armes au siège de Troie, où, suivant un oracle, sa présence devait décider du sort de cette ville héroïque. Comme son père, Pyrrhus poussa jusqu'à la férocité l'instinct de ses combats. Ayant vaincu et tué Euripyle, fils de Télèphe, il institua, dit-on, en mémoire de son triomphe, la danse appelée pyrrique, qui consistait à figurer par les gestes et par les mouvements du corps, soit les évolutions militaires, soit les combats corps à corps avec la lance et l'épée. Ce fut Pyrrhus qui entra le premier dans le fameux cheval de bois que les Troyens eurent l'imprudence d'introduire dans leurs murs, Pendant l'horrible nuit qu'éclaira l'incendie de Troie, Pyrrhus se montra insatiable de carnage :

non content d'avoir massacré le roi Priam, et précipité du haut d'une tour le petit Astyanax, fils d'Hector, il voulut encore immoler Polyxène aux manes de son père. Il eut alors en partage Andromaque, qui devint sa femme. Plus tard il alla fonder un royaume en Épire, et fut tué au pied des autels par Oreste, furieux de ce qu'il avait fait son épouse de la belle Hermione, dont lui-même avait demandé la main au roi Ménélas, son oncle.

* PYRRHUS, célèbre roi d'Épire dans le 3e siècle avant Jésus-Christ, descendait, dit-on, de Pyrrhus, fils d'Achille, et d'Hercule par sa mère. Il règne beaucoup d'incertitude sur les premières années de la vie de ce prince; et, à vrai dire, son histoire ne commence qu'à la bataille d'Ipsus (301 avant Jésus-Christ), dans laquelle il se distingua. Il était alors âgé de 15 ans, et combattait dans l'armée de Démétrius-Poliorcétès, son beau-frère, qui fut vaincu. Pyrrhus consentit à se rendre comme ôtage en Égypte, après le traité conclu entre les successeurs d'Alexandre. Il épousa dans ce pays la princesse Antigone, fille de la reine Bérénice; et cette alliance l'ayant mis en état de revendiquer ses droits sur l'Épire, il y entra avec des troupes et de l'argent, et fit d'abord un accord avec Neoptolème, qui s'était emparé de la couronne après la mort d'OEacide (père de Pyrrhus). Mais bientôt ce collègue, qui voulait régner seul, ayant tenté de l'empoisonner, il le prévint, et le tua au milieu d'un festin. En l'an 291, Pyrrhus profita d'une maladie de Démétrius, son beau-frère, pour envahir la Macédoine, dont celui-ci s'était emparé. Les Macédoniens finirent par aban ner Démétrius, reconnurent Pyrrhus pour leur souverain, et s'en détachèrent au bout de sept mois de règne pour se donner à Lysima que. Pyrrhus fut contraint de retourner en Épire, et, quelques années après, accepta la proposition que lui firent les Tarentins de commander leur armée contre la république romaine. Le, prudent Cynéas (voyez ce nom), après s'être efforcé vainement de le détourner de cette entreprise, fut envoyé par lui à Tarente avec 3.000 hommes d'infanterie; et le prince s'embarqua lui-même peu après avec 23,000 fantassins, 3,000 chevaux et 20 éléphants. Une partie de ces troupes fut submergée dans une tempête; toutefois le reste suffit à Pyrrhus pour marcher contre le consul Lævinus, qui s'avançait dans la Lucanie.

L'armée romaine fut mise dans une déroute complète, et laissa 15,000 hommes sur le champ de bataille. Après cette victoire, Cinéas vint, au nom du roi, offrir la paix au sénat, qui répondit, d'après le conseil d'Appius Cæcus, « que si Pyrrhus voulait traiter, il devait commencer par sortir d'Italie.» Toutefois les sénateurs jugèrent convenable de négocier la rentrée des prisonniers, et cette mission fut confiée à C. Fabricius (voyez ce nom), qui conquit l'estime de Pyrrhus par ses vertus. Ce prince renvoya tous les prisonniers romains sans rançon, et reçut en échange un égal nombre de Samnites et de Tarentins, précédemment tombés au pouvoir des Romains. Fabricius, nommé consul, perdit une nouvelle bataille contre le roi d'Épire, après une action prolongée durant deux jours et long-temps douteuse : ce qui fit dire à Pyrrhus : « Si nous remportons encore une pareille victoire, c'en est fait de nous. » Sur la demande des Siciliens, qui l'invitaient à venir défendre leur ile contre les attaques des Carthaginois, le roi quitta bientôt après l'Italie, et chassa les agresseurs de la Sicile. S'étant brouillé ensuite avec les Siciliens, il retournait en Italie lorsque les Carthaginois attaquèrent. sa flotte et lui prirent plusieurs vaisseaux. Toutefois il parvint à gagner Tarente avec 20,000 fantassins et 3,000 chevaux. Avec cette armée, renforcée d'un corps de Tarentins, il marcha à la rencontre des Romains. Mais cette fois il fut battu sous les murs de Bénévent par le consul M. Curius Dentatus. Cette bataille fut la dernière que Pyrrhus livra en Italie, et cette même année (274 avant Jésus-Christ) il retourna en Épire avec 8,000 fantassins et 500 cavaliers, restes de sa formidable armée. Ennemi du repos et manquant d'argent pour payer et entretenir ses troupes, Pyrrhus attaqua ensuite Antigone, qui régnait alors sur la Macédoine, et soumit la plus grande partie de ce royaume ; mais, entraîné bientôt par le roi Cléonyme (voyez ce nom) dans une nouvelle guerre contre les Spartiates, il fut tué au milieu d'une mêlée nocturne qui eut lieu dans la ville d'Argos, dont il venait de s'emparer, en l'an 272 avant Jésus-Christ. Pyrrhus a été regardé par les anciens comme le plus célèbre des capitaines après Alexandrele-Grand; c'était aussi l'avis d'Annibal, qui pourtant l'a surpassé. Son histoire avait été écrite par Hiéronyme de Cardie; mais elle s'est perdue. Il y a lieu de croire que Plu

tarque, qui cite cet écrivain, s'est beaucoup aidé de son ouvrage pour composer la vie de Pyrrhus, où il a rassemblé presque toutes les traditions relatives à ce prince, vraies ou fabuleuses. J.-B. Jourdan a publié une Histoire de Fyrrhus, roi d'Épire, Amsterdam, 1749, 2 vol. in-12.

* PYTHAGORE, célèbre philosophe, chef et fondateur de l'école qu'on a désignée sous le nom d'école d'Italie, paraît avoir vécu dans le Ge siècle avant l'ère chrétienne. Les anciens auteurs ne s'accordent point sur le lieu de sa naissance, toutefois l'opinion la plus générale est que l'île de Samos fut sa patrie. I prit des leçons de Phérécyde (voyez ce nom), et l'on présume qu'il fut admis aussi à l'école de Thalès et d'Anaximandre. Suivant l'usage des sages de ce temps, il entreprit de visiter les contrées que la renommée signalait alors comme jouis. sant des bienfaits de la civilisation et du trésor des connaissances. Il visita l'Égypte, et y séjourna long-temps; il parcourut la Phénicie, l'Asie-Mineure, visita les temples les plus célèbres de la Grèce. fut initié dans les mystères égyptiens, dans ceux de Bacchus, d'Orphée; et, s'il faut en croire Jamblique, ainsi que beaucoup d'autres auteurs, il alla jusque dans la Perse et dans l'Inde; quelques-uns même ont voulu le mettre en rapport avec les Hébreux et les druides des Gaules. On doit croire que dans le cours de ses longs pèlerinages, il étendit le cercle de ses connaissances, et s'exerça surtout à d'utiles comparaisons. Il fit des découvertes importantes dans les sciences mathématiques, et leur donna une forme méthodique, dont il ne parait pas qu'elles fussent encore en possession chez les différents peuples qu'il avait visités. De retour dans sa patrie, il enseigna d'abord la géométrie et l'arithmétique à Samos, et de là, selon le témoignage de Porphyre et de Jamblique, dans la plupart des iles de la Grèce, en propageant avec ses sciences une doctrine mystérieure et sacrée dont il était le créateur. Étant passé dans la partie de l'Italie qu'on appelait alors la Grande-Grèce, Pythagore s'établit à Crotone. Là, cet homme extraordinaire, sans exercer aucune fonction publique, obtint, par l'influence de ses lumiè. res et de sa vertu, un empire égal à celui des législateurs. On accourut en foule auprès de lui les hommes les plus distingués se rangèrent au nombre de ses disciples. Il dirigea ses efforts vers la réforme et le perfectionne

ment des mœurs, et, par suite, des institutions sociales, « pensaut, dit un sage écrivain (M. Degérando), que le moyen le plus sûr pour conduire les peuples à la liberté est de les en rendre dignes, et que c'est en formant de bons magistrats qu'on prépare de bonnes lois, qu'on procure aux lois une bonne exécution et un salutaire empire. » Aussi un grand nombre de ses auditeurs furent-ils appelés aux principaux emplois publics dans les villes de la Grande Grèce. Toutefois les passions et les intérêts ambitieux s'irritèrent contre les doctrines du philosophe, quelle que fût la réserve qu'il s'était imposée; on s'alarma des innovations qu'il introduisait; on s'effraya de la sévérité de ses préceptes. De son vivant même, il vit éclater la persécution qui s'attacha à son école, et, suivant quelques auteurs, il en aurait été personnellement la victime. I mourut l'an 500 avant Jésus-Christ. Le cadre de ce Dictionnaire ne nous permettant pas d'exposer dans ses détails le système de l'école fondée par ce célèbre philosophe, nous indiquerons à nos lecteurs l'excellent ouvrage de M. Degérando intitulé: Histoire comparée des systèmes de philosophie, considérés relativement aux principes des connaissances humaines, deuxième édition, Paris, chez Al. Eymery, 1822, 4 vol. in-8o. PYTHAGORICIENS. (Philosophie ancienne.) On peut placer Pythagore au-dessus des philosophes qui l'ont précédé, soit par la profondeur de son génie. Il possédait au plus haut degré l'art d'employer à l'exécution d'un vaste projet les plus puissants ressorts de la politique. Le plan qu'il avait conçu était de se concilier l'affection et la confiance non seulement de ses compatriotes, mais encore des étrangers. L'école ou la société qu'il fonda fut avantageuse aux mœurs, à la liberté, ainsi qu'à la propagation des lumières dans une grande partie de la Grèce. Il ne sortit d'aucune école un plus grand nombre d'excellents poètes, de savants, législateurs, d'habiles militaires, d'hommes illustres dans tous les genres. C'est sous ce rapport qu'on doit beaucoup à Pythagore. S'il est vrai que l'histoire de ce qui le concerne intéresse plus que celle de tout autre philosophe de la Grèce, il faut reconnaître en même temps qu'elle est remplie de beaucoup d'incertitudes et d'obscurités.

de

Il établit son école à Crotone, dans cette partie de l'Italie nommée Grande-Grèce, parce qu'elle était peuplée de colonies grec

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