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sans autel, sans chaire, sans images, et restent en silence debout et la tête découverte, jusqu'à ce que l'un deux se sente porté, par l'inspiration de l'Esprit divin, à prier ou prêcher, sans distinction de sexe (1), ni d'âge. Si l'esprit ne se manifeste point, ils se séparent après quelques heures, sans avoir rompu le silence. Dans les derniers temps, quelques quakers s'étant distingués par leurs talents dans la prédication, ont été acceptés pour l'exercer gratuitement, sans que ce choix puisse empêcher aucun des membres de la communauté de prendre la parole dès qu'il se sent inspiré.

La théologie scholastique leur paraît une vanité, et ils rejettent les titres que l'on reçoit dans les aniversités, comme étant en opposition formelle avec les paroles du Sauveur (2).

L'organisation politique des quakers est purement démocratique et sur le pied d'une égalité absolue. Chaque communauté s'assemble une fois par mois pour délibérer sur les écoles, les établissements de bienfaisance, sur la réception des néophytes, et les permissions de mariage, lequel se fait par simple promesse d'union devant les plus anciens. De trois mois en trois mois, les délégués des différentes communautés d'un cercle se réunissent pour confirmer ou infirmer les décisions des assemblées mensuelles, et nommer les délégués aux assemblées annuelles : celles-ci comprennent les députés de tous les pays; en elles résident le pouvoir législatif, celui de conférer à des missionnaires le droit de propager la doctrine, et la surveillance des caisses sociales, produit de dons volontaires des membres de chaque communauté. Ces assemblées se tiennent successivement dans chacune des sept provinces que la secte habite en Amérique, et à Londres pour les quakers d'Europe. Le protocole des délibérations porte ordinairement la réunion a lieu sous la direction de la Providence, pour l'avancement de la vertu et de la piété. Les principes de morale qui caractérisent cette société sont empreints dans les précautions qu'ils prennent pour maintenir entre eux la pureté des traditions évangéliques; dans la surveillance qu'ils exercent les uns sur les autres, sous les rapports de la religion, des mœurs, de la probité; enfin dans les avertissements qu'ils se donnent mutuel

(1) Actes, II, 1 18.

que

(2) Cor., 1, 26; Matt., xxIII, 8, 9.

lement, et les censures ou peines plus graves qui sont prononcées dans leurs assemblées.

Ils croient que les chrétiens doivent témoigner le plus grand respect pour la vérité, et la maintenir dans toute sa force, mais sans jamais faire aucun serment (1). Ils ne prennent pas Dieu à témoin; ils attestent seulement leur conscience, sans doute parce qu'ils croient que cette partie de l'homme est un rayon de la Divinité (2).

Les quakers se refusent absolument au service militaire, quoique d'ailleurs ils acquittent les impôts de guerre auxquels sont assujettis leurs concitoyens (3).

Cette répugnance pour la guerre, si conforme à l'esprit de l'Évangile (4), a toutefois cédé chez plusieurs à l'influence des circonstances, durant la guerre pour l'indépendance des États-Unis. Quelques-uns ont pris les armes et formé une secte, dite des quakers libres ou militants, du sein de laquelle s'élevèrent les généraux Moltock, Green et Thomas Mifflin. Elle est totalement séparée du reste des quakers fidèles à l'ancienne répugnance pour la gurrre, et ne comprend qu'un sixième du nombre total de ces sectaires dans les États-Unis (5).

(1) Matt., v.-34.

(2) Les plus grands intérêts ne les portent point à s'écarter de cette règle ; parmi plusieurs exemples, celui-ci en août 1780, le commis de

on

remarque

MM. Smith, Wright et Gray, banquiers à Londres, quaker comme eux, a refusé d'appuyer par un serment, exigé en matière criminelle, la déclaration d'une tentative d'assassinat commise sur lui, et à l'aide

de laquelle trois brigands avaient tenté de lui enlever six mille livres sterling dont il était porteur.

(3) Ils ne refusent pas moins les avantages que la guerre peut leur offrir; l'un d'eux, intéressé dans divers bâtiments que ses associés avaient, malgré ses représentations, armés en course, restitua aux capturés français sa part des prises; son fils, hôtel d'York, rue Jacob, et publia un avis qui Edouard Loog Fox, se rendit, à cet effet, à Paris, fut inséré dans tous les journaux, en mars 1785.

(4) Matt., v. 38, 44; Just. martyr, Origène, Tertulien, etc.; Isaïe I, 4; Mic., iv, 13; Gal., v. 27 Cod., 10, 4: Joan., 18, 36; Rom., 12, 19.

"

, sous

(5) « Vous dites qu'un article de votre religion vous défend de prendre les armes et de tuer quelque prétexte que ce soit : c'est sans doute un beau principe philosophique que celui qui donne en quelque sorte ce culte à l'humanité ; mais pre nez garde que la défense de soi-même et de ses semblables ne soit aussi un devoir religieux. Vous auriez donc succombé sous les tyrans ! Puisque nous avons

Leur humanité n'est pas un vain mot; ils réprouvent l'esclavage, et se croient obligés de donner assistance temporelle et spirituelle aux nègres, pour les dédommager des maux qu'ils ont à souffrir (1).

Ils s'abstiennent de tout compliment, de toute formule cérémonieuse; ils se tutoient mutuellement, et tutoient toutes les personnes avec lesquelles ils se trouvent en rapport, quels qu'en soient le rang (2), la richesse, le sexe et l'âge. Ils portent de grands chapeaux rabattus et ne se découvrent jamais, même devant les rois. Leurs habits sont de couleurs obscures, d'une coupe simple, sans boutons. Les femmes

conquis la liberté pour vous et pour nous, pourquoi refuseriez-vous de la conserver? Vos frères de la Pensylvanie, s'ils avaient été moins éloignés des sauvages, auraient-ils laissé égorger leurs femmes, leurs enfants et leurs vieillards, plutôt que de repousser la violence? Et les stupides tyrans, les conquérants féroces ne sont-ils pas aussi des sauvages?... Si jamais je rencontre un quaker, je lui dirai Mon frère, si tu as le droit d'être libre, tu as le droit d'empêcher qu'on ne te fasse esclave. Si tu aimes tou semblable, ne le laisse pas égorger par la tyrannie ce serait le tuer toi-même. Tu veux la paix, el bien ! c'est la faiblesse qui appelle la guerre; une résistance générale serait la paix universelle. (Extrait de la réponse de Mirabeau à la députation des quakers.)

(1) Les quakers d'Amérique ne se contentèrent pas de rendre la liberté à leurs esclaves, trois cent trente-cinq d'entre eux présentèrent, sous la date du 4 novembre 1783, une pétition dans laquelle, pour parvenir à un affranchissement général, ils réclamaient l'intervention chrétienne du congrès, de la manière que l'influence de la sagesse divine voudrait bien lui inspirer.

(2) On lit dans l'epître dédicatoire d'un des ouvrages du quaker Barclay à Charles II : « Tu as goûté de la douceur et de l'amertume, de la prospérité et de grands malheurs; tu as été chassé du pays où tu règnes; tu as senti le poids de l'oppres»sion, et tu dois savoir combien l'oppresseur est détestable devant Dieu et devant les hommes... Au » lieu d'écouter les flatteurs de la cour, écoute la » voix de ta conscience, qui ne te flattera jamais. Je » suis ton fidèle ami et sujet.

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L'adresse que les quakers présentèrent à Jacques II en 1685 n'est pas moins curieuse, « Nous venous te témoigner la douleur que nous ressentons de la » mort de notre bon ami Charles, et la joie que tu ⚫ sois devenu notre gouverneur. Nous avons appris » que tu n'es pas dans les sentiments de l'Église gallicane, non plus que nous. C'est pourquoi nous >>te demandons la même liberté que tu prends pour » toi-même. En quoi faisant, nous te souhaitons >> toutes sortes de prospérités. Adieu. ■

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portent de longues robes fermées jusqu'au col, et des coiffures noires. Ils désignent les mois et les jours de la semaine par des noms numériques, afin d'éviter ceux dont les païens faisaient usage. Le jeu, la danse, le théâtre, les modes, les réunions profanes, leur paraissent autant de piéges tendus au cœur de l'homme pour le détourner de la culture du principe intérieur. Enfin, ils prennent à la lettre ce passage de l'apôtre : « Si vous vivez selon la chair, vous mourrez; mais si par l'esprit vous mortifiez les faits du corps, vous vivrez car tous ceux qui sont conduits par l'esprit de Dieu sont enfants de Dieu (1).

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« L'examen de vos principes, considérés » comme opinions, ne nous regarde point. » Nous avons prononcé. Il est une propriété » qu'aucun homme ne voudrait mettre en ⚫ commun, les mouvements de son âme, l'é» lan de sa pensée; ce domaine sacré place » l'homme dans une hiérarchie plus relevée » que l'état social: citoyen, il adopte une » forme de gouvernement; être pensant, il » n'a de patrie que l'univers. Comme principe religieux, votre doctrine ne sera point l'objet de nos délibérations; les rapports » de chaque homme avec l'Être d'en haut » sont indépendants de toute institution politique entre Dieu et le cœur de chaque » homme, quel gouvernement oserait être » intermédiaire. » Mais il leur avait déjà dit: Comme système philanthropique, vos principes obtiennent notre admiration ; » ils nous rappellent que le premier berceau de chaque société fut une famille réunie » par ses mœurs, par ses affections et par » ses besoins. Et sans doute les plus subli>> mes seraient celles qui, créant une seconde » fois l'espèce humaine, la rapprocheraient » de cette première et vertueuse origine. » L'influence de toutes les institutions s'use à la longue : l'inspiration devient de moins

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(1) Rom., VIII, 13.

(2) Le premier article de cette charte porte : « Toute personne qui demenre en Pensylvanie ou » qui viendra s'y établir, joħira d'une pleine liberté » de servir Dieu de la manière qu'elle croit en con» science lui étre plus agréable. »

en moins commune chez les quakers, et leur zèle paraît se refroidir. Plusieurs s'isolent de leur communauté, se marient avec des personnes d'une autre secte, et aspirent aux emplois publics. On les appelle quakers tièdes, par opposition aux fidèles, qu'on nomme quakers rudes ou secs. On a remarqué que le nombre de ceux-ci diminuant journellement, le quakerisme finira sans doute par se perdre dans le déisme, tombeau de tant d'autres formes religieuses.

prennent ensemble leurs repas. La table, abondamment servie, sépare les sexes. Les chambres à coucher des femmes ne sont séparées de celles des hommes que par une cloison, et communiquent par une porte qui se ferme le soir; mais un même lit contient deux individus du même sexe : cette seule précaution a suffi pour conserver la règle du célibat presque sans altération. Nous sommes obligés de dire presque, parce qu'on nous a cité une ou deux infractions qui ont été punies par l'expulsion. (Voyez ASSOCIA TIONS, CHRISTIANISME, Culte, Déisme, HéRÉSIE, MORALE, MORAVES, MYSTICISME, RÉFORME religieuse et Religion.)

Barclay (Robert), Catéchisme ou profession de foi, etc., Rotterdam, 1675; Apologie de la vraie théologie chrétienne, Amsterdam, 1676, in-4°, en latin, et, en 1678, en anglais, traduite en français, Londres, 1702, in-8.- Les réfutations des ouvrages

On désigne aux États-Unis sous le nom de shakers les membres d'une secte fondée en 1774 par la concubine d'un officier anglais, qui prétendait être l'élue désignée par saint Jean. Ses disciples ont emprunté aux quakers le refus de porter les armes, de prêter serment, la simplicité dans les habits, et le tutoiement. Ils dansent en allant en avant et se retournant pour revenir sur leurs pas; ils suivent la mesure battue par de Barclay, par Jean Brown, Nicolas Arnold, Jeanles anciens et les vieilles qui chantent sur un ton très-élevé, ou plutôt qui crient une espèce de ronde ou cantique. La danse est entremêlée de discours fort ennuyeux. Les sexes dansent ensemble, mais sans se mêler. Les shakers sont millénaires ils croient à la seconde apparition du Christ, et par conséquent à la fin du règne de l'Antechrist; règne dans lequel ils font figurer aussi bien les catholiques que les protestants, et généralement toute secte chrétienne, du moment qu'elle est autorisée et surtout protégée par un gouvernement. Leur dogme fondamental est que la seconde incarnation du Christ an. nonçant comme très-prochaine la fin du monde, il faut, pour entrer dans les vues du Sauveur, travailler à l'extinction de la race humaine par la pratique rigoureuse du

célibat.

Cette secte n'a pénétré aux États-Unis qu'en 1780. Ils n'ont commencé à se réunir et à former un corps qu'en 1788, et ce n'est qu'en 1792 que le régime qui les gouverne aujourd'hui a été établi.

Le premier rassemblement un peu considérable a eu lieu à Lébanon, Miancy-Contry, État de l'Ohio. Plusieurs autres se sont formés dans divers États de l'Union; le plus considérable, celui qui, par sa position, est le plus visité des curieux, est fondé à deux milles environ des eaux minérales de NewLébanon, État de New-York, sur la lisière de l'État de Connecticut. Ils ont formé deux villages, qu'ils occupent seuls. Les hommes et les femmes habitent ensemble,

George Bager, Loftursius et Reiser. - Guillaume
Penn, Journal de la vie de George Fox, 1682.-
Gérard
Relation sur la Pensylvanie, 1683.
Crate, Histoire de Quakers, Amsterdam, 1695.
Basnage, Histoire des Savants, 1696.- Le Père
Catrou, Histoire des Trembleurs, 1733.-Voltaire,
Quatrième Lettre philosophique.
Quaker à Voltaire, traduite de l'anglais, signée
Josias Martin, Londres, 1745, in-8°. Antoine
Benezet, Observations sur l'origine, les principes
et l'établissement en Amérique de la Société des
COURTIN.
Amis, New-Yorck, 1816.

Lettre d'un

--

QUANTITÉ. (Grammaire.) (Voyez PROSoDie.)

QUANTITÉ DE MOUVEMENT. ( Mécanique.) Lorsqu'un mobile parcourt l'espace, s'il rencontre un corps, la force avec laquelle il agit sur lui est mesurée par le produit de la masse du moteur multipliée par sa vitesse; c'est ce qu'on appelle en mécanique sa quantité de mouvement. Les conséquences de ce principe ont été exposées aux articles CHOC et FORCE. FRANCOEUR.

*

QUANZ(JEAN-JOACHIM), musicien exécutant et compositeur, né en 1697 près de Gottingue, se distingua par son talent sur la flute, donna des leçons de cet instrument au grand Frédéric, qui prenait plaisir à exécuter souvent des duos avec lui, et se l'attacha par de nombreux bienfaits. Il mourut à Potsdam en 1773. On a de lui: Instruction pour jouer de la flute, Berlin, 1752, in-40; ouvrage qui eut plusieurs éditions, et qui a été traduit en français et en hollandais. Quanz a composé en outre une Suite de pièces à deux flútes, publiée en

1729; et on lui doit d'avoir perfectionné cet instrument.

QUARANTAINE. (Voyez ÉPIDÉMIE LAZARET, SALUbrité et Peste.)

QUARIN (JOSEPH), célèbre professeur de médecine-pratique, naquit à Vienne en 1733. A peine âgé de quinze ans, il reçut le grade de docteur en philosophie, et trois ans après, il fut promu à l'université de Fribourg au grade de docteur en médecine. L'année suivante, de retour dans sa patrie, il se présenta à l'université de Vienne pour y obtenir la confirmation de ses grades; ces nouvelles épreuves lui firent tant d'honneur, qu'il y fut reçu par acclamation. L'illustre Van Swieten, premier médecin de l'empereur, siégeait alors parmi les professeurs de l'école de Vienne, et cet homme supérieur découvrit bientôt le mérite du jeune Quarin. Il l'engagea à se vouer à l'enseignement de l'art de guérir, et ce fut sous de si dignes auspices que Quarin commença ses leçons sur l'Anatomie du corps humain; bientôt après, pendant la maladie du professeur M. Storck, il donna les Institutions cliniques, auxquelles il ajouta, après la ruort de ce professeur, la Matière médicale. Vers la même époque, Quarin fut nommé premier médecin et directeur de l'hôpital des Frères de la Miséricorde. En 1758, Quarin vit ses services récompensés par de nouveaux honneurs qu'il avait su mériter. L'impératrice Marie-Thérèse lui déféra le titre de conseiller du gouvernement, et il fut chargé, en cette qualité, de l'administration sanitaire des provinces de la BasseAutriche. Ses écrits le firent bientôt connaî tre aussi à l'étranger; la traduction qui s'en fit dans presque toutes les langues de l'Europe en atteste le mérite. Il eut la gloire de détruire un grand nombre de préjugés qui défiguraient l'histoire naturelle, comme le prouvent entre autres: 1° ses observations sur l'utilité et l'inconvénient des insectes; 2o son traité sur les sels et leur usage; 3° son Essai sur la cigue, etc. Mais on doit mettre au premier rang de ses écrits celui qu'il a intitulé: Méthode pour guérir les fièvres et les inflammations, ainsi qu'un autre qui a pour titre : Observations sur diverses maladies, spécialement maladies chroniques, ouvrages précieux, rédigés sous l'inspiration de la nature. Lié d'amitié et d'affection avec les plus célèbres médecins de la capitale, Quarin fit aussi plusieurs voyages utilement dirigés dans l'intérêt de la science,

en Allemagne, en France, en Angleterre et en Belgique, et en rapporta des connaissances prodigieuses; les académies les plus célèbres de l'Europe, celles de Londres, de Madrid, de Venise, de Wilna et de Vienne, se partagèrent l'honneur de se l'associer. Peu de temps après son retour, l'impératrice Marie-Thérèse l'envoya en Italie pour porter les soins de son art à l'archiduc Ferdinand, et le succès le plus complet vint couronner le zèle éclairé du docteur Quarin. Il fut nommé premier médecin de sa ma jesté impériale, et la haute réputation qu'il s'était acquise dans la médecine-pratique se trouva dès lors entièrement consolidée. Personne ne possédait à un plus haut degré cette présence d'esprit, cette justesse du coup d'oeil qui découvre le véritable caractère de la maladie ; aussi, lorsqu'il se trouvait appelé en consultation au lit des malades, était-il rare que son avis, énoncé en termes clairs et précis, et basé sur l'expérience, ne prévalût point. L'empereur Joseph 11 s'empressa dès le commencement de son règne à reconnaître par des distinctions et des récompenses flatteuses, les services signalés que Quarin avait rendus à l'humanité souffrante. Ce prince philanthrope s'était proposé de réformer les hospices et les établissements de charité; dans ce dessein, il décréta qu'on réunirait en un seul lieu les divers hôpitaux où l'on recevait des malades, persuadé que cette réunion ne pouvait être qu'avantageuse aux malades, ainsi qu'aux jeunes gens qui se vouent à l'étude de la médecine. Quarin fut chargé de l'exécution de cet important projet, et en obtint la direction supérieure. L'empereur étant revenu, en 1788, des pays marécageux de la Basse-Hongrie, tomba malade. Voyant que ses forces s'affaiblissaient de jour en jour, il sentit lui-même qu'il touchait à sa fin. Ce prince, occupé des grands projets qu'il avait commencés, et qu'il eût désiré conduire à leur fin, fit appeler Quarin dans une consultation, et lui demanda combien de temps il pouvait encore prolonger sa vie? Quarin, le cœur navré de doulcur, obtempéra à l'ordre de son souverain, et lui fit entendre, avec cette candeur qui le caractérisait, qu'il n'avait plus que peu de jours à vivre. L'auguste malade adressa de sincères remerciments à son médecin, et lui fit remettre le lendemain une lettre autographe par laquelle il lui conferait le titre de baron; faveur qu'il accompagna d'un don de mille

souverains d'or. Le trait suivant offre une preuve de son patriotisme. La ville de Mantoue ayant été prise par les Français en 1797, et l'ennemi s'avançant de plus en plus, les étudiants de l'université de Vienne donnèrent au monde le bel exemple d'une jeunesse studieuse qui vole aux armes pour la défense de la patrie; Quarin, qui était à cette époque recteur de l'université, applaudit à ce noble enthousiasme et voulut bien se charger lui-même du soin des enrò. lements. Il leva lui-même des défenseurs à ses propres frais, et son exemple eut une si salutaire influence dans la capitale, que bientôt les citoyens de toutes les classes prirent les armes. Il ne remplit pas avec moins de générosité le poste de prorecteur pendant la malheureuse année de 1805. C'est à l'estime que lui avaient vouée les gouverneurs français Maret et Daru, que l'on dut la profonde tranquillité dont jouirent tous les établissements consacrés aux sciences et aux lettres; c'est encore à cette considération générale dont Quarin était investi, que l'on dut la conservation de tous les musées de la capitale, qui restèrent entiers et intacts. On érigea, en 1802, en son honneur, une statue dont l'inauguration eut lieu avec une grande solennité. Le professeur Hock, qui remplissait alors les fonctions de recteur, prononça à cette occasion un discours dans lequel il montra Quarin comme un modèle d'humanité et de science, comme un praticien d'une expérience consommée. En effet, l'illustre professeur enseigna avec éclat, pendant plusieurs années, l'art de guérir qu'il avait exercé pendant plus d'un demi-siècle. Il mourut le 19 mars 1814, à l'âge de 81 ans. Les ouvrages de me decine-pratique du célèbre professeur Quarin ont été publiés en Flandre, en 2 vol. in-8°, sous le titre Animadversiones in morbos acutos et chronicos, editio viennensi auctior atque emendatior, cum præfatione, notis, etc., Gandavi, 1820. C'est la meilleure édition connue; on la doit aux soins du docteur Kesteloot, professeur de médecine-pratique à l'université de Gand.

* QUARLES (FRANÇOIS), poète anglais, né à Steward, dans le comté d'Essex, en 1592, vécut au milieu des troubles de l'Angleterre. Une pièce, qu'il intitula le royal Prosélyte, et son attachement à la cause de Charles Ier lui suscitèrent beaucoup d'ennemis, et consommèrent, la ruine de sa fortune. Ses livres furent pillés, plusieurs de

ses manuscrits enlevés, et cette perte contribua à hâter sa mort, arrivée en 1644. On a imprimé de lui, en 1649, la Vierge veuve, avec quelques poésies sur des sujets religieux. L'un de ses fils, JEAN, cultiva la poésie, prit les armes pour Charles Ier, et mourut de la peste, à Londres, en 1665.

QUART. (Marine.) Division du service sur les vaisseaux en rade et à la mer. Les détails relatifs à la manière dont se fait le quart, quoique nécessairement incomplets, à cause du peu d'étendue qu'il est possible de leur donner dans notre ouvrage, méritent néanmoins d'y occuper une place. Leur réunion forme une masse de renseignements curieux pour l'immense quantité de lecteurs à qui l'organisation et le service de la marine sont tout à fait inconnus. Il doit être intéressant, pour des personnes qui n'ont jamais monté et n'auront peut-être jamais occasion de monter des vaisseaux, , de se transporter par la pensée sur ces merveilleuses machines, et d'y suivre les marins dans les phases si étranges et si variées de leur vie pénible et aventureuse. Il est presque superflu de faire remarquer que le même intérêt de curiosité ne peut exister pour ce qui concerne les troupes de terre, avec lesquelles on est perpétuellement en contact dans toutes les parties du royaume.

Outre l'acception que dans l'article BonDÉE nous avons donné à ce mot (celle de durée d'un quart ), il désigne encore la fraction de l'équipage organisée pour faire un quart. C'est dans ce dernier sens que nous l'enployons ci-après.

Chaque bordée, dans les manœuvres ordinaires du quart, représente l'équipage entier dans les manœuvres générales, et conséquemment comporte une répartition semblable des hommes aux divers postes qui exigent action ou surveillance. De même, l'officier chef de quart représente le capitaine, donne tous les ordres et dirige tous les mouvements. Pour le quart, les officiers ne sont point répartis d'une manière conforme aux bordées de l'équipage. Le plus ordinairement, l'état-major est partagé en cinq divisions; d'où il résulte que le roulement général s'opère en vingt heures et que chaque officier fait successivement les différents quarts de jour et de nuit. Le service des quarts, pour les officiers, commencent à huit heures du soir. En rade, c'est l'officier chef de quart le moins ancien qui prend le premier quart; en mer, il appartient à

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