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pièces de sa composition. L'Amant indiscret, qu'il fit jouer en 1654, fut couvert d'applaudissements cette pièce se distingue, entre les comédies de Quinault, par un style plus vif et plus comique, et l'on pense que Voltaire en a profité pour sa comédie de l'Indiscret. Après la mort de son bienfaiteur, auquel il avait à son tour prodigué les plus tendres soins, Quinault donna successive ment au théâtre : la Comédie sans Comédie; les Coups de l'Amour et de la Fortune; la Mort de Cyrus, tragédie en 5 actes; diverses autres pièces, et en 1681, la tragédie d'Agrippa, ou le faux Tibérinus, qui fut jouée deux mois de suite et reprise plusieurs fois. S'étant marié vers cette époque, Quinault prit le titre d'avocat au parlement, acheta une charge de valet de chambre du roi, et fut pendant trois ans plus occupé de son bonheur domestique que de la littérature. Il y revint en 1664, et fit paraitre sa tragédie d'Astrate, qui eut un succès prodigieux, et qui attira une telle affluence de spectateurs que les comédiens doublèrent le prix des places. Cette pièce, malgré la critique de Boileau, eut, avec le faux Tibérinus, l'honneur assez rare d'être jouée pendant quatre-vingts ans; mais le peu de réussite qu'elles eurent aux dernières reprises les a fait disparaitre de la scène. Jusqu'alors notre poète, s'abandonnant à sa trop grande facilité, n'avait encore rien produit qui fût vraiment digne du suffrage des connaisseurs et de la postérité. Chez lui les succès amenaient les succès; car il est à remarquer qu'aucune de ses pièces ne fut mal accueillie, si ce n'est Bellerophon, son avant dernière tragédie, qui tomba dès la première représentation. Mais sa comédie de la Mère coquette, ou les Amants brouillés, représentée en 1665, raffermit sa réputation dramatique qui avait souffert quelque atteinte. Pausanias, qu'il fit jouer un an après, fut sa dernière tragédie. Enfin il devint le créateur et le modèle d'un nouveau genre dramatique; il s'essaya dans la tragédieopéra ; et quoique ses premières pièces en ce genre fussent loin de la perfection à laquelle il parvint ensuite, elles annonçaient du moins que Lulli, qui avait obtenu le pri vilége de l'Opéra, ne s'était pas trompé dans son choix en préférant Quinault aux autres poètes de son temps. L'alliance de ces deux talents éleva bientôt la scène lyrique française au-dessus de toutes les autres; mais avec cette différence que la musique

que

du compositeur a passé de mode, tandis les vers du poète seront toujours goûtés. Déjà gratifié par le roi d'une pension de deux mille livres, Quinault fut décoré du cordon de Saint-Michel, et continua d'élever la renommée de l'opéra français jusqu'en 1686, que parut Armide, son dernier ou vrage et son chef-d'œuvre. Depuis cette époque, cédant aux sentiments religieux que sa femme lui avait inspirés, il cessa entiérement de travailler pour le théâtre, et ne voulut plus composer de vers que pour chanter les louanges de Dieu. Il mourut le 26 novembre 1688 à l'âge de 53 ans. La noblesse de ses sentiments, la bonté de son cœur, sa modestie et l'aménité de son carac tère le firent regarder comme l'un des hommes les plus aimables de son siècle. Les OEuvres de Quinault ont été imprimées avec sa Vie, Paris, 1739 et 1778, 5 vol. in-12. M. Crapelet a publié pour la première fois, dans le format in-octavo, les OEuvres choisies de Quinault, précédées d'une notice fort intéressante, Paris, 1824, 2 vol. in-8".

*QUINAULT (JEAN-BAPTISTE-Maurice), bon acteur comique, fut reçu au ThéâtreFrançais en 1712, et mourut en 1744. Son père avait commencé à jouer en 1695, et s'était retiré du théâtre en 1717. Quinault l'aîné était aussi musicien. Il a fait, ses divertissements, la musique des Amours des déesses.

outre

* QUINAULT (JEANNE-FRANÇ.), sœur du précédent, née à Paris à la fin du 17e siècle, joignit à la réputation d'une excellente actrice celle d'une femme de société, pleine d'esprit et d'instruction, et mourut en 1783. On trouve sur elle et sur ses relations avec Duclos (voyez ce nom), de curieux détails dans les Mémoires de madame d'Épinay, 1818, 3 vol. in-8°.

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QUINCY (CHARLES SÉVIN, marquis DE), officier général, né vers 1660, signala sa valeur dans les guerres que Louis XIV eut à soutenir depuis 1676 jusqu'à la paix d'Utrecht, et obtint, en récompense de ses services, le grade de lieutenant-général dans l'arme de l'artillerie. Il se distingua encore à la malheureuse bataille d'Hochstedt (1704), où il reçut une blessure assez grave, et commanda en 1707 l'artillerie de l'armée, sous les ordres du maréchal de Villars. L'année suivante, il fut employé à l'armée que dirigeait sur le Rhin l'électeur de Bavière. A la paix, il fut nommé lieutenantgénéral au gouvernement de la province

d'Auvergne, et consacra ses loisirs à la mise en ordre des matériaux qu'il avait recueillis dans ses campagnes. On croit que cet officier-général mourut en 1728. On a de lui un ouvrage assez estimé, ayant pour titre : Histoire militaire du règne de Louis-le-Grand, roi de France, etc., Paris 1726, 8 vol. in-4o, avec cartes et plans.

QUINCY (JEAN), médecin anglais, mort à Londres en 1723, a publié (en anglais): Dictionnaire de physique, 1719; Pharmacopée universelle, 1721, in-8°; traduite en français par Clausier, Paris, 1745, in-40; Pharmacopée chimique, Londres, 1723, in-4o. — QUINCY (Josias), publiciste anglo-américain, conseiller à la cour de justice de Boston, se signala en 1770 et en 1774 par son patriotisme, et mourut au - Un cap Ann en 1775, à l'âge de 31 ans. autre QUINCY (Edmond), citoyen de Boston, mort en 1688 à l'âge de 85 ans, est auteur d'un Traité de la culture du chanvre, Boston, 1765, in 4o.

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QUINETTE (NICOLAS-MARIE), membre de la convention nationale, était procureur ou notaire à Soissons, sa ville natale, en 1789, lors des premiers troubles de la révolution. Nommé député à l'assemblée législative par le département de l'Aisne, il prit place au côté gauche, demanda, en 1792, que les biens des émigrés fussent séquestrés, appuya vivement la motion de la mise en accusation du duc de Brissac, commandant de la garde constitutionnelle du roi, et fut membre de la commission chargée de surveiller et diriger le gou vernement nommé après le détrônement de l'infortuné Louis XVI. Réélu ensuite à la convention nationale, Quinette fut un des premiers représentants du peuple envoyés aux armées, devint ensuite membre du comité de salut public, fut l'un des quatre commissaires envoyés à l'armée de Dumouriez pour faire arrêter ce général, qui fit saisir lui-même les commissaires, et les livra au général autrichien, prince de Cobourg. Quinette fut échangé avec ses collègues, en 1795, contre MADAME, fille de Louis XVI, revint à Paris, devint membre du conseil des Cinq-Cents en 1796, en sortit l'année suivante, fut nommé ministre de l'intérieur en 1799, et préfet de la Somme en 1800, sous le gouvernement consulaire. Il se montra sage administrateur, et fut désigné quelque temps après candidat au sénat conservateur. Bonaparte le fit conseiller

d'État pour la section de l'intérieur, et créa pour lui une direction génerale de la comptabilité des communes et des hospices. En 1814, Quinette donna son adhésion à la déchéance de Napoléon, qui, toutefois, le nomma son commissaire extraordinaire dans les départements de la Somme et de la SeineInférieure, et pair dans la chambre dite des cent jours. Après la seconde abdication de Napoléon, Quinette fut appelé par Fouché à faire partie du gouvernement provisoire. A la fin de 1815, il fut banni comme régicide, et se retira à Bruxelles, où il mourut en 1821. On ne cite de lui que le Rapport des représentants du peuple Camus, Bancal, Lamarque, Quinette et Drouet, sur leur détention, lu au conseil des Cinq-Cents, Paris, an IV (1796), in-80, de 206 pages. * QUINONEZ (FRANÇOIS DE), cardinal espagnol, né vers la fin du 15° siècle dans le royaume de Léon, était fils du comte de Luna (voyez ce nom). Il entra de bonne heure dans l'ordre des cordeliers, fut élevé à la dignité de général en 1,522, et devint membre du conseil de conscience de l'empereur Charles-Quint. Chargé par Clément VII, alors prisonnier au château Saint-Ange, de négocier auprès de Charles-Quint l'élargissement de ce pape, Quinonez eut de la peine à l'obtenir, mais réussit enfin. Le chapeau de cardinal fut la récompense de ce service signalé. Quinonez fut également honoré de la confiance de Paul III, devint, en 1534, protecteur des franciscains, évêque de Cauria en 1539, de Palestrine en 1540, et mourut à Véruli dans le mois de septembre de cette même année. On a de lui: Compilatio omnium privilegiorum minoribus concessorum, Séville, 1530, in-fol. ; Breviarium romanum ex sacrá potissimùm Scripturá, et probatis sanctorum historiis nuper confectum, Rome, 1535, in-8°; Lyon, 1540, in-4o; 1541, in-8°, etc.; Paris, 1536, in-4o, etc.; Venise, 1546, in-8o; Anvers, 1563, in-16, et, en plusieurs autres villes, in-4°, in-8° et in-16. La dernière édition, dont aucun exemplaire ne fut mis dans le commerce, fut imprimée à Paris, 1678, in-8°, pour l'usage particulier de Colbert, sous le titre de Breviarium colbertinum. Le bréviaire de Quinonez, bien que vêtu de l'approbation des papes Clément VII, Paul III, Jules III et Paul IV, n'obtint pas celle de la Sorbonne, à laquelle l'auteur l'avait soumis. La censure de cette compagnie se trouve dans la Collection des jugements, etc., par d'Argentré, tom. 2,

pag. 121 et suivantes. En 1568, le pape Pie V défendit la récitation de ce bréviaire par une bulle, et depuis lors il a cessé d'èire en usage. Les reproches qu'on faisait à l'auteur étaient d'avoir omis le petit office de la Vierge, les Antiennes, les répons, les capitules, les homélies, l'ordre et le nombre des psaumes, tels qu'on les lisait dans l'Église, etc., et surtout d'avoir tellement abrégé la vie des saints dont on y fait l'office, qu'on ne peut être éclairé ni sur leurs vertus, ni sur les miracles que Dieu a opérés par leur ministère pour l'édification des fidèles. D. Juan DE QUINONEZ, de la famille du précédent, né en 1650 dans les environs de Tolède, mort en 1640, est auteur des ouvrages suivants : Traité sur les langoustes et les sauterelles (en espagnol), Madrid, 1620, in-4o; el monte Vesuvio, ahora la montaña de Soma, ibid., 1622, in-4o; un Essai sur les gitanos ou bohémiens, etc. (en espagnol ), ibid., 1728, in-4o, et quelques autres écrits peu remarquables.

QUINQUINA. (Médecine.) On se rappelle toujours avec le plus grand intérêt les époques principales qui ont signalé la précieuse découverte du quinquina. Il parait, d'après la tradition la plus ancienne, que les Indiens étaient depuis long-temps en possession de ce médicament devenu si célèbre, dont le simple hasard leur avait manifesté les vertus; mais ils s'obstinaient à ne point les révéler à leurs oppresseurs. L'histoire terrible des malheurs du NouveauMonde explique facilement cette répugnaace; d'ailleurs, il faut le présumer, des richesses de cette nature étaient peu propres à tenter l'avidité d'une armée composée d'hommes barbares et sans instruction, qui ne respiraient que le pillage et l'amour de l'or.

Ce fut seulement en 1640 qu'un événement particulier fit apprécier les avantages de cette inestimable écorce, Alors résidait à Lima un vice-roi du Pérou : Geronimo Fernandez de Cabrera, comte del Cinchon. Son épouse était en proie aux graves symptômes d'une fièvre intermittente; aucun moyen n'avait pu en modérer l'intensité. Un Espagnol, gouverneur de Loxa, proposa aussitôt cette poudre, dont les propriétés avaient été découvertes et constatées depuis long-temps dans ce pays. Ce merveilleux remède arrêta les paroxysmes. Un semblable succès chez une personne d'un si haut rang dut singulièrement le mettre en crédit; aussi la con

naissance de ce nouveau médicament ne tarda pas à se répandre dans toute l'Espagne. Peu de temps après, les jésuites l'apportèrent en Italie, et l'on sait avec quel zèle charitable il fut distribué aux malades indigents de Rome, par les soins pieux du cardinal de Lugo, et de son médecin. Sébastien Baldo, dont la gloire est d'avoir écrit le premier sur les avantages et les propriétés médicales du quinquina. Presque aussitôt, la France, l'Angleterre, l'Allemagne, etc., s'approprièrent un secours si utile et si universel.

Mais le quinquina ne tarda pas à subir le sort de toutes les découvertes modernes. Des hommes, aveuglés par l'amour-propre ou par les préjugés, s'opposèrent à son introduction dans la matière médicale ; ils motivèrent sa proscription d'après quelques tentatives qui tenaient surtout à l'ignorance où l'on était des doses précises auxquelles il convenait de l'administrer. Heureusement un Anglais, nommé Robert Talbot, esprit hardi et entreprenant, encouragé d'ailleurs par l'autorité puissante de Sydenham, son contemporain, vint fixer les incertitudes sur cet objet. Il assura les bons effets du quinquina par un nouveau mode de préparation, dont Louis XIVacheta les ecret; et ce précieux remède recouvra bientôt sa première renommée par la munificence libérale d'un de nos plus grands monarques. Je passe sous silence les contestations ultérieures qui s'élevèrent à ce sujet ; je ne dis rien non plus des obstacles que lui opposèrent dans la suite des médecins d'ailleurs très-recommandables par leurs lumières. Lorsqu'une longue expérience a prononcé ses résultats immuables, il faut bannir les détails superflus.

Les premières recherches exactes qui aient été fournies sur l'histoire naturelle du quinquina sont dues au zèle infatigable du voyageur La Condamine. C'est néanmoins faute de n'avoir pas assez déterminé les différentes espèces dont on a fait usage jusqu'à ce jour, qu'on a publié sur sa manière d'agir tant d'opinions fausses et souvent contradictoires. En effet, les médecins administrent indistinctement les écorces qui viennent en Europe par la voie du commerce. Ils ne peuvent donc fonder leurs opinions que sur des expériences entreprises au hasard. La science est infiniment redevable aux travaux de feu Mutis, directeur en chef de l'expédition botanique de Santa-Fé de Bogota, ainsi qu'à ceux de MM. de Hum

boldt et Bonpland. Ruiz et Pavon, auteurs nomination, C'est là un des résultats inévitade la Flore péruvienne, ont également bles de l'habitude où l'on est d'envisager, beaucoup contribué à dissiper la confusion comme étant de nature identique, les subrépandue sur cet objet, durant le cours de stances qui se ressemblent par quelques leurs mémorables voyages. caractères physiques extérieurs.

Le QUINQUINA OU CINCHONA. ( Pent., monog., LINN.) forme, comme l'on sait, un genre très-bien tranché dans la famille des rubiacées; il est indigène du Pérou, et se rencontre spécialement dans la vaste province de Quito, sur le territoire de Loxa; mais il abonde pareillement aux environs de Santa-Fé, dans l'Amérique méridionale.

La récolte de cette substance si précieuse est un des spectacles les plus intéressants que puisse offrir l'industrie des habitants de Loxa. Les individus qui sont particulièrement chargés de cette corvée sont communément désignés sous le nom de cascarille ros; ils se répandent en grand nombre dans les forêts, escaladent les arbres qui couvrent les hautes montagnes de ces lieux, sous les ordres d'un chef éclairé qui dirige leur zèle, et encourage leur activité. Ils ont, à ce qu'on assure, des signes particuliers auxquels ils reconnaissent d'une manière infaillible si le quinquina est en maturité ou de saison; ils en jugent plus ou moins favorablement par sa couleur intérieure qui reste plus ou moins rougeâtre, dès qu'une fois les écorces ont été séparées des branches; ils en décident pareillement par leur arome plus ou moins prononcé, par leur saveur, par la consistance de leur tissu Ces écorces, une fois recueillies, on les expose aux rayons du soleil: cette dessiccation est toujours avantageuse, quand elle est rapidement effectuée; elle concentre le principe médicamenteux que l'humidité pourrait affaiblir ou entraîner avec elle.

Les écorces que l'on met en usage se rapportent uniquement à cinq espèces bien connues, qu'on croit généralement être les seules officinales. Cependant des observations faites par des médecins instruits ne permettent pas de douter que l'art de guérir ne puisse en employer un plus grand nombre. Quoi qu'il en soit, ce sont ces cinq principales espèces que nous devons d'abord nous attacher à faire connaitre ; nous ferons ensuite une mention rapide de celles que l'on pourrait introduire encore dans la matière médicale. Il existe aussi dans beaucoup de pharmacies de l'Europe des écorces qui n'appartiennent point au genre cinchona, et qu'on préconise néanmoins sous cette dé

QUINQUINA GRIS. (Cinchona officinalis de LINNEUS, cinchona condaminea de MM.HUMBOLDT et BONPLAND)

Il convient de parler d'abord de l'espèce qui a été la première connue, et mise en usage dans l'art de guérir, C'est celle que l'on désigne vulgairement sous le nom de quinquina gris, quinquina de Loxa. C'est la même qui a été observée et figurée par le célèbre voyageur La Condamine. M. Bonpland a comparé attentivement les échantillons qu'il a rapportés du Pérou avec ceux envoyés jadis par Joseph de Jussieu, et il s'est assuré qu'ils appartenaient tous à la même espèce. Le caractère de cette espèce est facile à établir. Il est indiqué par un petit enfoncement qu'on observe sur les feuilles dans l'aisselle de chaque nervure principale : cet enfoncement n'avait été remarqué encore par aucun botaniste.

C'est dans le territoire de Loxa que se rencontre communément le quinquina gris, apporté jadis par La Condamine. L'arbre qui le fournit parvient à une élévation trèsconsidérable. Bonpland assure que c'est l'espèce la plus précieuse qui ait été introduite dans le commerce. Les hommes du pays la décorent du titre de cascarilla fina. On l'a successivement confondue avec d'autres espèces employées dans la matière médicale. Linnæus et Vahl n'ont point été exempts de ces erreurs. Le voyage de M. de Humboldt a beaucoup contribué, ce me semble, à débrouiller les différentes synonymies. Bonpland me remit, à son retour, des écorces de cette espèce. Elles étaient presque sans odeur; elles étaient d'une saveur très-astringente.

QUINQUINA ORANGE. (Cinchona tunita, LoPEZ; cinchona lancifolia, MUTIS; cinchona nitida, Rurz et PAvon.)

Cette espèce est une des plus vantées; mais c'est mal à propos qu'on l'a regardée comme la véritable espèce officinale, primitivement employée pour combattre les fièvres intermittentes. Mutis l'a fréquemment recueillie dans les forêts de Santa-Fé. Elle est très peu abondante aujourd'hui, et le commerce ne l'offre presque jamais. Mais il en est ainsi du quinquina de La Condamine (cinchona condaminea), qui pourra bien nous

manquer un jour. Cette disette générale des bonnes et fines écorces a déjà été expliquée par Ruiz et Pavon, et ultérieurement par Bonpland. En effet, mille fautes se commettent dans les procédés que l'on suit pour les recueil lir et les faire circuler dans les ventes publiques. Par la plus absurde imprévoyance, on abat quelquefois les arbres, et on s'inquiète peu d'en replanter de nouveaux. On néglige même d'en semer les graines, sous le faux prétexte qu'elles sont impropres à la germination. Pour réparer ce qui manque, on introduit par ruse, dans les caisses et les magasins, une multitude d'écorces hétérogènes d'une quantité plus ou moins astringente. Vainement des inspecteurs sont-ils chargés de se rendre dans les marchés pour y surveiller un si coupable trafic; l'astuce ingénieuse des vendeurs se dérobe souvent à l'examen le plus éclairé et même à la plus exacte vigilance.

Pour ne pas confondre le quinquina orangé avec le quinquina jaune, les botanistes proposent des caractères certains et invariables. Ils pensent qu'il est nécessaire de pulvériser l'écorce, et d'établir une sorte de comparaison avec la poudre et la teinture des deux espèces. La couleur intérieure de l'écorce est le premier signe qu'il est important de remarquer. Elle est fauve et plus ou moins analogue à celle du miel; mais la pulvérisation, aussi bien que l'immersion, la rendent plus foncée. Par la dégustation, ce quinquina n'imprime pas seulement à la langue une saveur amère; il est d'un goût aromatique très-manifeste; il est, en général, très-peu astringent. Le principe aromatique qui domine dans cette espèce, lui assure un empire particulier sur le système nerveux d'après l'observation de Mutis: de là son excellence dans les fièvres intermittentes essentielles et dans quelques névroses périodiques. La disette presque universelle de cette espèce devrait, sans doute, engager les habitants de l'hémisphère américain à la repropager par les soins assidus de la culture, et les succès qu'on obtiendrait en ce genre seraient d'une grande utilité pour le genre humain.

QCINQUINA ROUGE. (Cinchona oblongifofolia, MUTIS; cinchona magnifolia, Ruiz et PAVON.)

Cette espèce paraît avoir remplacé les précédentes dans les prescriptions médica les. Elle a été portée en Espagne par Sébastien-Joseph Lopez Ruiz. Ortega a beaucoup

contribué à la faire connaître. Elle est trèsabondante au Pérou. C'est celle que Fourcroy analysa jadis, lorsqu'il voulut la comparer avec le prétendu quinquina qu'on avait apporté de Saint-Domingue. Elle est très-usitée en France. On la reconnait aisément à la surface interne de son écorce, qui est d'une couleur rougeâtre bien plus foncée, lorsqu'on la mouille. La poudre, infusée à froid, donne une teinture rouge trèschargée, mais plus chargée encore, si elle est infusée à chaud. Sas saveur est d'une amertume austère; c'est le quinquina astringent par excellence : de là vient que les médecins l'emploient principalement pour la guérison du scorbut, des fièvres adynamiques et de la gangrène.

La vieillesse de l'arbre qui fournit ce quinquina, l'influence du sol et plusieurs autres circonstances agissent également sur les caractères extérieures des écorces, aussi bien que sur leurs vertus médicinales. Cette remarque a été faite par Fothergill, Irving et autres savants très-recommendables. On se rappelle d'ailleurs les observations faites par M. Saunders sur les écorces larges du tronc des chênes, comparées avec celles qui avaient été prises sur les plus petits ra"meaux ; et l'on sait qu'un examen attentif lui a prouvé qu'elles présentaient absolument les mèmes différences physiques et chimiques.

QUINQUINA JAUNE. ( Cinchona cordifolia, MUTIS; cinchona pubescens, WHAT; cinchona micracantha, Ruiz et PAVON. )

Pour suivre la chronologie des espèces d'après les époques de leur découverte, nous devons parler maintenant du quinquina jaune. Il est employé dans la médecine depuis l'an 1740. II croît sur les montagnes les plus élevées du Pérou. Il est très-abondant dans les provinces de Loxa, de Cuença; et M. Tafalla eut occasion de l'observer en 1797, vers le bourg de Saint-Antoine et de Playa-Grande. Il en communiqua la description aux auteurs de la Flore péruvienne. On a cru long-temps que c'était la même espèce que le quinquina orangé; mais M. Mutis l'a signalée par des caractères distincts trèsbien établis.

La surface intérieure de ce quinquina est d'un jaune-paille, couleur qui devient plus foncée, si on le plonge dans l'eau, mais qui pâlit, si on le réduit en poudre. Son infusion à froid donne une teinture très faible, qui se charge par l'addition du calorique.

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