Page images
PDF
EPUB

D'ailleurs, cette écorce mâchée offre beaucoup d'amertume, qui en est le principe prédominant. Elle n'imprime aucune astriction, ni à la langue ni au palais. De même que le quinquina orangé agit plus directement sur le système nerveux, de même aussi le quinquina rouge a une influence plus marquée sur l'irritabilité des muscles. Mutis avait cherché à établir que le quinquina jaune exerçait une action particulière sur les humeurs du corps vivant, en vertu du principe amer qu'il contient.

QUINQUINA BLANC. (Cinchona ovalifolia, MUTIS; cinchona macrocarxa, WAHL.) C'est le quinquina blanc de Santa-Fé de Bogota on n'a pu encore le rencontrer dans les forêts du Pérou. D'après les nombreux échantillons qui m'ont été remis, il est très-facile de distinguer ces écorces des précédentes. Elles sont en général très-minces; leur couleur observée intérieurement est blanchâtre, et comme basanée; et cette couleur se prononce davantage quand on les plonge dans l'eau. La teinture de ce quinquina à froid et à chaud se charge considérablement, et présente beaucoup d'écume à sa surface. Cette espèce se distingue par un goût acerbe trèsprononcé.

Mutis a fait des remarques intéressantes sur le mode d'action de ce quinquina. Comme son astringence est presque nulle, il pense qu'on pourrait l'administrer avec plus d'avantage dans certaines affections febriles et inflammatoires, qui n'admettraient pas les autres espèces; il prétend enfin que son activité médicamenteuse se porte plus directe ment sur les systèmes glanduleux et lymphatique de là, son extrême utilité dans les altérations particulières des membranes muqueuses.

Telles sont les notions principales acquises jusqu'à ce moment sur les cinq espèces de quinquina le plus fréquemment et le plus utilement employées. Il en est d'autres sur les quelles on n'a point encore expérimenté. Dans ce nombre, il faut distinguer le cinchona ovata, trouvé dans les forêts des Andes par MM. Ruiz et Pavon; le cinchona dichotoma, découvert par M. Tafalla dans les vallées de Chicoplaya; le cinchona ro

sea,

dont les fleurs servent à orner les temples; le cinchona grandiflora, des rives de Pozuzo; le cinchona purpurea, des montagnes de Pati; le cinchona glandulifera, le cinchona acutifolia, le cinchona lanceolata, le cinchona corymbifera, et enfin le cin

chona laccifera, ainsi désigné, parce qu'il fournit une belle couleur de laque. J'ai possédé long-temps des échantillons de cette intéressante espèce. M. Tafalla dit dans une lettre adressée à MM. Ruiz et Pavon, qu'en raclant avec un couteau la partie intérieure de ce quinquína, au moment où il vient d'être coupé, on recueille un suc qui, épaissí à la chaleur du soleil, peut remplacer la cochenille pour la teinture. Le P. Gonzalez l'avait envoyé de Lima, sous le nom de laque cinchonique.

De quelques végétaux rapportés au genre cinchona. Il appartient aux botanistes d'examiner s'il faut rapporter au genre cinchona plusieurs écorces de nos colonies, et parmi lesquelles on remarque particulièrement le cinchona cariboca, qui croit spontanément aux iles Caraïbes, spécialement à la Jamaïque, à Saint-Domingue; le cinchona montana de Badier, ou cinchona floribunda de Schwartz, vulgairement nommé quinquina piton, ou quinquina des montagnes, qu'on trouve en grande abonbance à la Martinique, à la Guadeloupe, etc.

La première de ces espèces a été, comme l'on sait, très-exactement décrite par M. Wright dans les Transactions philosophiques de Londres. Ce sont communément des tuyaux roulés, à la surface desquels adhèrent de petits lichens. Lorsqu'on enlève l'épiderme mince et de couleur grise, on aperçoit une couche brune, à laquelle on attribue une saveur aromatique, comme celle du raifort. Les fragments qui sont séparés du tronc sont moins convexes. On y distingue aisément deux couches : l'une externe, plus épaisse, rugueuse, se brisant facilement; l'autre ferme, fibreuse, d'un brun viridescent et

d'une amertume extrême.

Pour ce qui est de la deuxième espèce, c'est Badier qui la fit connaitre en France en 1777. On la reconnaît à la couleur grise de son épiderme, qui revêt un parenchyme fibreux d'un brun pâle. Les échantillons ont une forme roulée. Le principe amer domine dans ce quinquina; son goût se rapproche de celui de la gentiane; il manque d'odeur. Les médecins de la Guadeloupe lui attribuent une propriété émétique très prononcée. Feu M. Dubuc, ancien intendant de la Martinique, homme d'un mérite rare et d'une science profonde, me fit parvenir, dans le temps une grande quantité de ces écorces, dont je me servis pour confirmer d'anciennes expériences.

On a beaucoup parlé depuis quelques an nées, du portlandria hexandra, genre très voisin du cinchona, et qui appartient par conséquent à la famille des rubiacées. Ce fébrifuge, quoique inférieur aux espèces communément usitées, a été quelquefois employé à la Guiane avec succès contre les fièvres intermittentes. Il a moins d'amertume et d'astringence que les écorces plus anciennement introduites dans le commerce. C'est l'analogie qui a déterminé les médecins à l'employer. Les chimistes qui s'en sont ultérieurement occupés, lui ont trouvé des rapports de composition avec le quinquina rouge. S'il y avait disette de ce dernier, ou pourrait donc recourir avec quelqué avantage au portlandria hexandra. Nous ne dirons rien de l'espèce qu'on a voulu introduire assez récemment dans la matière médicale, sous le nom de kinu nova. Cette espèce est peu estimée, parce qu'elle manque des principes contenus dans les espèces fébrifuges. M. Bréra a eu l'extrême bonté de me faire parvenir de Padoue une écorce désignée par lui sous le nom de quinquina bicolore. Je regrette que les échantillons qui m'ont été envoyés par ce savant médecin soient en trop petit nombre pour que j'aie pu déterminer les avantages qui lui appartiennent.

Des travaux chimiques entrepris sur les diverses écorces du quinquina. A mesure que la thérapeutique s'enrichit, il convient d'en élaguer les travaux inutiles, et dont notre art ne saurait profiter. Je supprime en conséquence les détails superflus, et je m'attache surtout à reproduire ici les recherches les plus remarquables qui aient été faites dans ces temps modernes sur le point qui nous occupe. Telles sont, sans contredit, celles de MM. Pelletier et Caventou, dont le mérite principal est d'avoir séparé de l'écorce du Pérou la substance élémentaire dans laquelle réside la propriété éminemment fébrifuge qui la rénd si précieuse pour les besoins journaliers de tant de malades. Déjà M. Gomez, de Lisbonne, avait signalé la présence de ce principe; mais c'est aux chimistes français que l'on doit d'avoir constaté sa nature alkaline. Cette matière, connue sous le nom de cinchonin ou de cinchochonine, se distingue, lorsqu'elle est obtenue dans son état de pureté, par sa blancheur et par son amertume. Elle se dissout très facilement dans l'alcohol, ainsi que dans l'éther. Elle forme avec les acides différents

sels neutres qui se cristallisent. Mais ces précieuses recherches sur la cinchonine ont conduit MM. Pelletier et Caventou à un résultat encore plus utile. Ils sont arrivés à la découverte d'un second principe, qui diffère du précédent par plusieurs caractères, et qui porte généralement le nom de quinine. Les deux bases salifiables existent dans le quinquina, sous forme de kinades acides, et de quinine.

Or, il est démontré maintenant que c'est à ces deux principes qu'il faut rapporter les propriétés médicamenteuses qui ont rendu le quinquina si célèbre dans la thérapeutique médicinale. Les trois espèces de quinquina”, gris, rouge et jaune, contiennent ces deux substances à-la-fois, mais dans des proportions différentes. On ne prononce rien sur le quinquina blanc, parce qu'il n'a point été soumis à l'analyse. Le quinquina gris contient presque en totalité de la cinchonine et très-peu de quinine. Le quinquina jaune ne renferme, pour ainsi dire, que de la quinine, et trèss-peu de cinchonine; mais le quinquina rouge contient, dans des rapports à peu près égaux, de la cinchonine et de la quinine.

Maintenant, si l'on consulte les quantités de ces alkalis végétaux renfermés dans ces écorces pour apprécier et graduer leurs qualités fébrifuges, on conclut que le quinquina rouge est le plus énergique ; viennent ensuite le jaune et le gris. La quinine est plus fébrifuge, à doses égales, que la cinchonine. Celle-ci cristallise eu parallélipipèdes; l'autre se présente toujours en masses amorphes, sans rudiment des cristaux. Ces bases, n'étant point solubles à l'eau, ne sont point employées pures; on les amène à l'état de sulfates. Le sulfate de quinine est presque seul employé aujourd'hui ; il est fébrifuge à un très-haut degré, et ne manque point son effet quand il est employé avec discernement.

Des propriétés médicinales du quinquina. Les propriétés médicinales des cinq espèces de quinquina en usage dans nos pharmacies sont absolument relatives aux cas particuliers de leur application; la meilleure, et même la seule bonne, est celle qui est en rapport avec l'affection que le médecin se propose de combattre. Puisque ces cinq es pèces ont des vertus qui leur sont particu lières, on sent qu'elles peuvent être associées avec le plus grand avantage dans le traitement des maladies, et servir de base à

des combinaisons ou à des mélanges médicamenteux qui rassemblent ainsi leurs propriétés caractéristiques.

Mutis et Zéa ont disserté sur le choix à faire des écorces de quinquina; ils ont attribué plus d'énergie et d'activité aux écorces du tronc et des grosses branches, qu'à celles qu'on retire des rameaux du même arbre. Mais faut-il penser, avec ces deux savants, que les propriétés sont d'autant plus efficaces, que les écorces ont été recueillies sur des arbres plus vieux? Ruiz et Pavon sont d'un avis contraire. Cette question, du reste, sera plus positivement décicidée, lorsqu'on aura déterminé, par des expériences, à quelle époque de la vie végé tale le principe fébrifuge existe en plus grande abondance dans la substance corticale du cinchona.

Les bases salifiables du quinquina étaient à peine découvertes, que les médecins s'empressaient de toutes parts d'en étudier les effets par des observations cliniques qu'il serait trop long de détailler ici; mais ces observations se trouvent consignées dans tous les journaux scientifiques de notre époque. C'est le sulfate de quinine qui a été employé de préférence; on a constamment reconnu que ce sel avait la propriété de suspendre ou de modérer les accès des fièvres intermitentes de divers types, pourvu qu'il n'y eût aucune complication particulière de la fièvre qui pût contre-indiquer l'usage d'un pareil remède. On prend d'ailleurs pour le sulfate de quinine les mêmes précautions que pour le quinquina en substance. On prépare les premières voies, et on étudie avec un soin particulier la nature de la maladie. Il est même prouvé que le sel fatigue moins l'estomac que le quinquina en substance, puisqu'il agit avec d'autant plus de vertu sous un plus petit volume.

A l'histoire du quinquina se raillie donc naturellement la théorie des fièvres intermittentes, dont cette écorce a été regardée long-temps comme le remède spécifique. Mais quelque efficacité que l'on suppose à ce remède pour combattre le génie intermittent, on sait que la plupart des affections de ce genre, et particulièrement celles qui se déclarent au printemps, cessent communément d'une manière spontanée après la révolution du septième paroxysme. L'emploi de quelques amers indigènes suffit d'ordinaire pour seconder la nature et pour Tome 19.

l'aider à en opérer la solution. Il est rare toutefois qu'on puisse s'abstenir du quinquina dans les fièvres intermittentes rebelles qu'entretient surtout la saison humide de l'automne, ainsi que dans le traitement des fièvres pernicieuses intermittentes qui sévissent dans les endroits marécageux et insalubres.

Le quinquina jouit pareillement d'une efficacité très-remarquable dans les maladies nombreuses et variées qui sont caractérisées par des accès périodiques, lesquels sont séparés les uns des autres par des intervalles plus ou moins longs où brille une santé parfaite; on connaît l'affinité particulière de ces affections avec les fièvres intermittentes; et l'identité des moyens auxquels elles cèdent, n'est pas un des moindres traits de leur ressemblance. Aussi le quinquina a-t-il souvent triomphé de plusieurs de ces maladies sujettes à des retours fixes, et aussi alarmantes par la violence de leurs symptômes, que par la fréquence de leurs récidives.

On a reproché au quinquina les rechutes fébriles qui ont lieu quelquefois après son administration; mais ce reproche est sans aucune sorte de fondement : car ce remède héroïque agit toujours d'une manière certaine, quand il est prescrit avec méthode et d'après des indications rationnelles, quand surtout on ne néglige aucune des sages précautions qui peuvent assurer son activité salutaire. En effet, pourquoi voudrait-on attribuer au quinquina des accidents dus à l'impéritie des gens de l'art, aux fautes commises par les malades, ou aux négligences commises dans leur traitement.

Mode d'administration du quinquina. Le mode d'administration du quinquina est rclatif aux doses auxquelles on le prescrit communément, au temps où il convient de le placer, et aux diverses préparations qu'on peut lui faire subir. L'expérience des médecins apprend que, dans les fièvres intermittentes ordinaires, il faut administrer la poudre de cette écorce à la quantité de deux ou trois gros. Si les fièvres sont accompagnées de symptómes très-dangereux, on porte la dose jusqu'à six gros ou une once. Il est des circonstances qui nécessitent une plus grande préparation de ce remède; mais ces circonstances sont excessivement rares. En général, quand il s'agit de déterminer la dose de quinquina, il faut avoir égard à l'espèce dont on fait usage : c'est ainsi que

30

le quinquina gris, rouge, jaune, orangé, agissent à une moindre dose que le quinquina blanc.

Dans les fièvres intermittentes, il faut craindre de recourir au quinquina avec trop de précipitation, et attendre le septième paroxysme, à moins que le génie particulier de l'épidémie ou le danger imminent ne commande de se hâter. Certains médecins font prendre le quinquina immédiatement avant ou après l'accès. Ce qu'il y a de positivement établi par l'expérience, c'est qu'il faut choisir pour l'administrer le temps de l'intermission ou de la rémission. Durant le paroxysme, il serait nuisible. Quand les intervalles d'un accès à l'autre sont courts, on fractionne la poudre par doses plus considérables, et on en donne plus fréquemment. Si les accès se touchent, et si le péril est pressant, on prescrit le quinquina au déclin de la fièvre, et dans le temps où elle a le moins de violence.

Lorsqu'on a pris le remède après les doses prescrites dans l'intervalle de l'apyrexie, les paroxysmes s'arrêtent ordinairement ou deviennent moins intenses. Dans l'un et l'autre cas, il faut continuer quelque temps l'administration du quinquina pour éviter les rechutes. Il ne faut en cesser l'usage que lorsque le pouls a repris son état naturel. Les médecins ont observé que, dans les fièvres intermittentes tierces, la récidive arrive communément l'un des jours de la seconde semaine; dans les quotidiennes et les quartes, l'un des jours de la quatrième semaine. On répète alors, suivant le type et la nature de la fièvre, l'emploi du quinquina, dans le deuxième ou troisième septenaire, après avoir laissé un intervalle de sept ou de quatorze jours.

La forme la plus convenable pour administrer le quinquina est de l'employer en substance par ce moyen, il conserve mieux son énergie médicamenteuse. Les Espagnols se servent d'un moulin très-ingénieusement construit pour le réduire en poudre impalpable, et lui donner la finesse de l'amidon. On soumet quelquefois le quinquina à la décoction, et on en met une once dans deux livres d'eau. Comme la chaleur de l'eau bouillante peut faire disparaitre certains principes, il est des praticiens qui usent plus volontiers d'une infusion de quinquina faite à froid; cette infusion a même l'avantage d'être moins désagréable au goût que la décoction. On diminue alors la propor

tion de l'eau froide, et on laisse macérer pendant vingt-quatre heures.

On a beaucoup préconisé le vin pour extraire les propriétés médicamenteuses du quinquina. Mutis a pensé que la fermentation était aussi un excellent moyen pour enlever sa partie active; c'est ce qui l'avait déterminé à préparer avec cette écorce une bière médicinale qui remplit des indications très-importantes dans le traitement des maladies : cette bière est composée d'une partie de quinquina réduite en poudre, de huit parties de sucre ou de miel, et de quatre-vingt-dix ou cent parties d'eau. L'écorce du Pérou est pareillement administrée sous forme de teinture alcoholique. Cadet préparait autrefois une liqueur spiritueuse ou ratafia de quinquina qui était utile aux convalescents.

La susceptibilité nerveuse de quelques individus, dont l'estomac ne peut supporter un remède aussi amer, fait qu'on l'administre souvent sous forme de sirop. Associće au sucre, cette substance s'accommode mieux à certains tempéraments, à certains âges, à certaines maladies. Depuis la découverte des principes alkalins febrifuges du quinquina, on prépare surtout un sirop de quinine, dans les proportions d'un grain ou de de deux grains de sulfate de quinine par once de sirop de sucre incolore.

Il nous reste à fixer nos idées sur les produits qui s'obtiennent, lorsqu'on fait évaporer l'infusion ou la décoction de quinquina, Ces produits, ordinairement désignés sous le nom d'extraits, sont fréquemment préférés à la poudre, parce qu'ils répugnent moins aux organes digestifs. Leur confection s'opère de diverses manières. Certains pharmaciens les préparent par une simple infusion à l'eau et par une lente évaporation. On a donné beaucoup d'éloges à l'extrait qui se prépare par trituration dans l'eau suivant la méthode de La Garaye. On soumet, dans quelques cas, les écorces à l'esprit-de-vin et à l'eau pour se procurer à-la-fois les parties gommeuses et les parties résineuses. L'extrait préparé par les Péruviens est très-supérieur à celui de nos officines. Les détails seraient infinis, si l'on voulait exposer ici toutes les combinaisons pharmaceutiques auxquelles ont donné lieu les indications qui nécessitent l'emploi du quinquina. On administre le sulfate de quinine en pilules ou dans des potions; on le place dans des émulsions douces; on les mêle avec des écorces confites

d'orange ou de citron et autres substances propres à flatter le goût. On a composé des vins médicinaux, des bols, des pastilles, des électuaires. C'est à l'art, éclairé par l'expérience, de placer ces préparations dans le rang qui leur convient. ALIBERT.

QUINTE. (Musique.) La quinte est un intervalle qui se compose d'une succession de cinq degrés; ainsi la quinte d'ut est sol, celle de ré est la, celle de mi est si, etc., etc. Ainsi qu'il a déjà été dit au mot QUARTE, les échelles majeures et mineures apportent entre le degré dont l'une et l'autre se composent, des différences de proportion dans les distances respectives des intervalles, sans néanmoins que leurs désignations nominatives éprouvent aucun changement. Une seconde, une tierce, une quarte, une quinte, etc., etc., etc., sont toujours désignées par leurs noms propres : seulement, quand elles éprouvent une augmentation ou une diminution de proportion dans leur écartement, un substantif sert à l'indiquer, Ainsi, comme nous avons trois espèces différentes de quintes, on les désigne de cette manière : quinte inaltérée, quinte augmen. tée et quinte diminuée.

La quinte inaltérée contient en somme, dans le genre diatonique, une valeur de trois tous et un demiston : ce qui donne pour le genre chromatique une succession de sept demi-tons.

La quinte augmentée contient en somme, dans le genre diatonique, une valeur de quatre tons ce qui donne pour le genre chromatique une succession de huit demi

tons.

La quinte diminuée contient en somme, dans le genre diatonique, une valeur de trois tons ce qui donne pour le genre.chromatique une succession de six demi-tons.

La quinte inaltérée, étant la réplique à l'octave en dessous de la dix-septième, second intervalle donné par la résonnance du corps sonore harmonique, est avec l'octave une consonnance parfaite. Ainsi que l'octave, elle a été qualifiée de parfaite, par la raison sans doute qu'on ne peut lui faire subir aucune altération, soit en augmentation, soit en diminution, sans de suite la faire rentrer dans la catégorie des dissonnances. Selon les règles du contre-point, l'on ne peut faire marcher deux parties qui sont à une distance de quinte l'une de l'autre, sur deux intervalles semblables, c'est-à-dire deux autres quintes, surtout par degrés conjoints

et par mouvement direct. (Voyez CONTREPOINT.) BERTON.

[ocr errors]

QUINTE - CURCE, Quintus Curtius Rufus, écrivain latin, connu seulement par une Histoire d'Alexandre-le-Grand, paraît avoir vécu dans le premier siècle de notre ère. Les savants se sont évertués à l'envi à présenter, sur le compte de cet auteur, des hypothèses plus ou moins admissibles, mais qu'il ne nous appartient pas de discuter, et dont la simple indication excéderait même nos limites. Entre les divers personnages que mentionnent les anciens auteurs sous le nom de Curtius, un seul, cité dans Tacite et dans Pline le-Jeune, pourrait avoir quelque analogie avec l'historien d'Alexandre; mais ce n'est aussi qu'une hypothèse. Tout ce qu'on sait de lui, c'est qu'il était fils d'un gladiateur, qu'il devint questeur, puis consul; qu'il obtint en l'an 47 de notre ère, les honneurs du triomphe, et qu'il mourut en Afrique. Dans la liste des rhéteurs, dont, sur la foi d'un manuscrit, l'on croit que Suétone avait écrit les notices, se lit le nom d'un autre Quintus Curtius Rufus, qui peut-être aussi serait notre auteur. Dans tous les cas, on ne voit pas qu'aucun écrivain antérieur au 12° siècle, ait connu l'ouvrage qui nous est parvenu sous le nom de QuinteCurce. Les premiers qui l'ont cité sont Jean de Salisbury, Pierre de Blois, Jacques Vitri et Vincent de Beauvais. Quant aux manuscrits de Quinte-Curce, on a prétendu en posséder plusieurs, dont l'ancienneté remonte au 10 siècle. Les critiques ne sont pas moins partagés sur le mérite de l'Histoire d'Alexandre, que sur l'époque où elle fut écrite. Mais cet ouvrage, qui, dans le fait, ressemble assez à un roman, a d'incontestables droits à l'admiration de ceux qui, justes appréciateurs des compositions historiques de l'antiquité, n'y recherchent guère que de brillants récits, des peintures fortes et un syle élégant et pur. Il se composait originairement de dix livres, dont les deux premiers sont perdus, ainsi qu'une partie du cinquième et du sixième Les éditions de Quinte-Curce, avec ou sans commentaires, sont innombrables. Plus de 150 mériteraient d'être citées honorablement, mais nous devons nous borner à indiquer, comme les plus anciennes, celles de Rome (1470) et de Venise (1470 ou 1471), in-49; et comme les plus estimées, outre les éditions publiées par les Juntes, les Alde et Elzeviers (Leyde, 1633, in-12, et Amsterdam, 1673, in-8°),

« PreviousContinue »