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département du Gard à la Convention. Il y vota la mort du roi avec sursis, osa se plaindre de la tyrannie qu'exerçait la Montagne, et fut un des soixante-treize députés arrêtés par Robespierre et relâchés après sa chûte. Rabaut fut sous-préfet de Vigan, et appelé en 1803 pour être un des pasteurs de l'église réformée de Paris. Exilé en 1815 comme régicide, il fut rappelé deux ans après, et mourut à Paris le 16 mars 1820. On a de lui deux discours, intitulés : l'un, Napoléon libérateur, discours religieux, 1810, in-8°; l'autre, Sermon d'actions de graces sur le retour de Louis XVIII dans la capitale de ses États, prononcé le 22 mai 1814. On a dit, et il paraît certain que Rabaut-Pomier eut la première notion de la vaccine avant que les Anglais eussent rien ecrit sur cette decouverte. Une lettre que lui adressait sir James Ireland, de Bristol, datée du 12 février 1811, atteste qu'il avait fait part de ses observations à un Anglais dès l'année 1784, en présence de M. Ireland. RABAUT jeune (N.) surnommé Dupuis, frère des précédents et négociant à Nimes, partagea les opinions de ses frères, et fut proscrit comme eux, en 1793, sous le titre de fédéraliste. S'étant soustrait à la persécution, il fut porté sur la liste des émigrés, et cette circonstance fit arrêter son père. Député du Gard au conseil des Anciens, en 1797, il écrivit en faveur du directoire exécutif, quoiqu'il n'en approuvât pas toutes les mesures. Il se prononça à la tribune en faveur des émigrés du Bas-Rhin, de ceux d'Avignon et du comtat Vénaissin, et s'éleva contre les jacobins du Midi. Passé au corps législatif en 1799, il le présida en 1802, et c'est sous sa présidence que fut voté le consulat à vie. Il fut ensuite envoyé en mission dans le Midi. Au moment de son arrivée à Toulouse, on y allait fusiller un émigré, M. de Seguy, condamné par un conseil militaire. Rabaut-Dupuis, informé que des nullités existent dans le procès, prend sur lui de suspendre l'exécution, résiste au général-commandant qui réclamait impérieusement la victime, et accepte toute la responsabilité à laquelle sa conduite pouvait donner lieu. Le premier consul approuve cette conduite, le procès est revu et la victime sauvée. Rabaut-Dupuis obtint en 1803 la décoration de la légiond'honneur, et fut nommé conseiller de préfecture à son retour dans sa ville natale, où il mourut en 1808, des suites d'une chute occasionée par un cheval fougueux.

Tome 19.

* RABELAIS (FRANÇOIS), né vers l'an 1483, à Chinon, petite ville de Touraine, où son père était apothicaire, prit l'habit religieux chez les cordeliers de Fontenai-leComte, fut élevé aux ordres sacrés, se fit remarquer par la diversité de ses connaissances, surtout par celle des langues, et eut aussi des succès dans la prédication. Mais malheureusement son humeur bouffonne s'accordait trop peu avec l'austérité de son état pour qu'il pût long-temps s'y maintenir. Une espièglerie sacrilége dont il se rendit coupable lui attira de la part de ses confrè res un traitement fort rude, à la suite du quel il fut enfermé. Il résolut dès lors de secouer le joug qu'il s'était imposé, et, quoiqu'on lui eût obtenu de Clément VII la permission de passer dans l'ordre de SaintBenoit, au monastère de Maillezais, il n'en jeta pas moins le froc aux orties, et mena pendant quelque temps une vie assez vagabonde. S'étant ensuite rendu à Montpellier, il y étudia la médecine, fut reçu docteur, et publia une édition latine de quelques écrits d'Hippocrate. Un arrêt provoqué par le chancelier Duprat avait aboli les priviléges de la faculté de médecine de Montpellier. Cette faculté députa Rabelais auprès de chancelier pour plaider sa cause; il réussit, et, en reconnaisssance de ce service, l'université décida que tout médecin appelé au doctorat se revêtirait désormais de la robe de Rabelais. Mais si, comme on le dit, cet usage subsiste encore, cette robe, qui a environ 300 ans, ne doit plus être qu'un lam. beau. Après avoir exercé la médecine à Montpellier et à Lyon, Rabelais suivit à Rome le cardinal du Bellay, qu'il connaissait depuis sa jeunesse, et qui lui montra toujours de l'amitié. Ce fut bien plus sans doute au crédit de ce protecteur qu'il dut la nouvelle bulle de translation qui l'envoyait dans l'abbaye de Saint-Maur-des-Fossés, dont on allait faire un chapitre, qu'à ses saillies plus ou moins heureuses qui amuserent beaucoup, dit-on, le pape et les cardi naux. Quoiqu'il en soit, de cordelier devenu bénédictin, de bénédictin médecin, et de médecin chanoine, Rabelais devint, en 1545, curé de Meudon, et ne parut pas plus appelé à cet état qu'à ceux qu'il avait abandonnés. On croit qu'il mourut vers 1553. Depuis environ sept ans il avait mis la desnière main à son Pantagruel, ouvrage qui fut censuré par la Sorbonne et condamné par le parlement. Cette composition bouf

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fonne et satirique, où l'auteur décrit avec une gaîté cynique les mœurs de son siècle, où il dévoile avec un plaisir honteux les turpitudes de tous les rangs, où sont répandus à pleines mains l'esprit et l'érudition, les traits piquants et les sottises grossières, les ordures et les impiétés, a eu des prôneurs et des détracteurs également exclusifs; mais les bons esprits se sont placés entre les deux extrêmes, et ont adopté ce jugement de La Bruyère, dicté par la raison : « Où Rabelais » est mauvais, il passe bien loin au-delà du » pire: c'est le charme de la canaille; où il » est bon, il va jusqu'à l'exquis et à l'excel» lent, et il peut être un mets des plus dé»licats. » Parmi les éditions qui ont été fai» tes des OEuvres de Rabelais, on distingue celle des Elzevier, 1663, 2 vol. petit in-12; celle de 1711, avec figures et les remarques de Le Duchat et de La Monnoye, 5 vol. petit in-8°; réimprimée avec des remarques nouvelles de Gueulette et Jamet l'aîné, 1732, 5 vol. in-12; avec de nouvelles notes par Le Duchat et des figures de B. Picart, Amsterdam, 1741, 3 vol. petit in-4°. D. Delaulnaye en a publié depuis deux autres éditions, 1820, 3 vol. in-18; 1823, 3 vol. in-8°; enfin MM. Esmangart et Éloi Johanneau ont publié les OEuvres de Rabelais, édition variorum, augmentée de pièces iné dites, des Songes drolatiques de Pantagruel, ouvrage posthume, avec l'explication en regard, des remarques de Le Duchat, de Bernier, de Lemotteux, de l'abbé de Marsy, de Voltaire, de Ginguené, avec un commentaire historique et philologique, Paris, Dalibon, 1823-1825, 8 vol. in-8°, avec gravures. L'abbé Perau a donné en 1752, sous le titre d'OEuvres choisies de M.-F. Rabelais, Gargantua le Pantagruel, etc., d'où il a retranché les endroits licencieux. On trouve à la fin une vie de Rabelais. Jean Bernier avait déjà publié : Jugement et Observations sur les OEuvres de Rabelais, ou le Véritable Rabelais rẻformé, Paris, 1697, in-12.

* RÁBENER (THEOPHILE - GUILLAUME), 'moraliste allemand, né à Wachau, près de Leipsig, en 1714, fit ses études au collège de Meissen et à l'université de Leipsig, montra de bonne heure un goût très-prononcé pour la poésie, exerça pendant longtemps diverses fonctions financières, mourut à Dresde en 1771. On a de lui un grand nombre d'écrits, pleins d'observa tions fines et vraies, où il montre une

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grande connaissance des hommes et de leurs travers, mais sans affections haineuses et misanthropiques. Tous ont été réunis sous le titre d'OEuvres, dont la onzième et dernière édition a paru à Leipsig, 1777, 6 vol. in-8°, avec la vie de l'auteur par C.-R. Weisse. Ces œuvres ont été traduites, en totalité ou en partie, dans différentes langues.

* RABOTTEAU (PIERRE-PAUL), littérateur et vaudevilliste, né en 1766 à La Rochelle, fut admis en 1788 à l'Académie des belles-lettres de cette ville, vint neuf ans après se fixer à Paris, s'y fit connaitre par quelques productions, et remplit, sous le ministère de M. Decazes (1815-20), l'emploi de sous-chef d'une division du ministère de la police. Retiré plus tard dans sa ville natale, il y mourut le 21 octobre 1825.

RABUTIN (ROGER DE BUSSY-). Voyez

Bussy.

* RACAGNI (JEAN), religieux barnabite sous le nom de Joseph-Marie, physicien et mathématicien habile, né à 1741 à Tarazza province de Voghera, mourut en 1822. On ne cite de lui que quelques mémoires, un entre autres sur les Translations, un autre sur les Propriétés des nombres, enfin une Théorie des fluides, imprimée en 1779.

* RACAN (HONORAT de BUEIL, marquis DE), poète distingué, né eu 1589 à La Roche-Racan, en Touraine, était fils d'un maréchal-de-camp des armées du roi. Il reçut une éducation toute militaire, et prit même une telle aversion pour la langue latine, qu'il ne put jamais, dit-on, retenir le confiteor. Ayant été nommé en 1605 page de la chambre du roi sous le duc de Bellegarde,dont l'épouse était sa cousine, il obtint un libre accès dans la maison de ce seigneur, et ce fut là qu'il conaut l'illustre Malherbe, dont il devint le disciple et l'ami. Il prit ensuite la carrière des armes, et s'y distingua. On lit dans la vie de Malherbe, attribuée à Racan, que le disciple, à son retour de Calais, où il avait été envoyé au sortir des pages, ayant consulté son maître sur le genre de vie qu'il devait choisir, Malherbe lui récita l'ingénieux apologue de Pogge, dont La Fontaine a tiré l'une de ses plus belles fables, le Meunier, son Fils et l'Ane. Cette réponse était peu faite pour décider Racan; aussi continua-t-il pendant quelque temps encore la carrière qu'il avait embrassée. Il parvint au grade de maréchal-de-camp, se maria, et passa le reste de sa vie au milieu des plaisirs et du culte des muses. Racan

fut l'un des hommes les plus aimables et les plus galants d'une cour qui s'était formée à l'école de Henri IV. Son mérite et ses lalents, comme poète, le faisaient généralement rechercher. Il contait avec grâce, et sa mémoire lui fournissait une foule d'historiettes et de bons mots qui rendaient sa conversation très-piquante ; mais il avait la manie de tirer vanité de son ignorance, et d'affecter un grand dédain pour les savants. Toutefois il ne dédaigna pas le titre d'académicien, qu'il obtint en 1735; mais il se proclama l'antagoniste des sciences dans un discours prononcé à l'Académie Française, et qui a été imprimé depuis. Il mourut en 1670, ayant survécu aux hommes, aux mœurs, au langage même qui existaient à la cour dans sa jeunesse, et sans néanmoins que la réputation qu'il s'était acquise eût souffert la plus légère atteinte. Coustelier a publié à Paris, en 1724, une édition des OEuvres de Racan, en 2 volumes in-12; mais elle est incomplète: il y manque, entre autres pièces, une Ode à Richelieu, et les Mémoires sur la vie de Malherbe.

RACE. Voyez HOMME.

* RACHEL (Bible), seconde fille de Laban, eut du patriarche Jacob deux enfants, Joseph et Benjamin. Elle mourut en mettant au monde ce dernier. On montre encore sur la route d'Éphrata un monument qu'on dit

être son tombeau.

RACHIS (médecine) est le nom par le quel les anciens écrivains et M. Chaussier ont désigné l'assemblage des vertèbres qui constitue une sorte de colonne placée entre la tête et le bassin, que l'on appelle colonne vertébrale, et vulgairement épine du dos. L'importance du rachis est telle, que les zoologistes ont fait de sa présence le caractère commun des animaux qui forment la nombreuse section des vertébrés.

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Pour faire connaitre la disposition du rachis, les courbures et les particularités qu'il présente, on lui considère quatre faces une antérieure, une postérieure, deux latérales; on le divise en trois régions, que l'on appelle trachélienne, dorsale et lombaire.

La face antérieure présente à la région trachélienne, ou au col, la convexité de l'une des trois courbures alternatives que l'on remarque au rachis. Cette courbure est la moins considérable de toutes. Le pharynx, les nerfs trisplanchniques, et d'autres parties importantes, sont en rapport avec cette portion du rachis. Au-dessous, la face inté

rieure constitue une partie de la paroi postérieure de la poitrine; elle présente une concavité très marquée qui dépend de la seconde courbure de la colonne vertébrale. Cette concavité agrandit beaucoup la capacité thoracique. Dans cette région, le rachis est en rapport avec l'œsophage et d'autres organes importants. La troisième portion de la région antérieure, que l'on nomme prélombaire, offre une convexité très-marquée; les deux piliers du diaphragme se fixent sur cette partie de la colonne vertébrale; l'artère-aorte est contiguë à sa région médiane.

La face postérieure du rachis est courbée en sens inverse de l'antérieure, c'est-à-dire concave au col, convexe au dos, et concave aux lombes, région que l'on appelle vulgairement les reins. On voit sur sa ligne médiane une suite de saillies osseuses que l'on a comparées à des épines, et qui ont fait donner au rachis le nom vulgaire qu'il porte. Ces saillies sont formées par l'apophyse épineuse que chaque vertèbre présente. Sur les côtés de ces saillies, sont des gouttières qui correspondent aux lames des vertèbres. Toute cette face du rachis donne attache aux muscles nombreux et forts qui servent aux divers mouvements du tronc, et qui maintiennent le corps dans sa rectitude.

Les faces latérales sont percées de trous que l'on appelle de conjugaison, parce qu'ils sont formés par le rapprochement de deux vertèbres. Ces trous donnent passage aux nerfs qui viennent de la moelle épinière, et qui se rendent aux parties environnantes. On remarque de plus sur ces faces des lames osseuses que l'on a appelées apophyses transverses, et qui, au col et aux lombes, ont pour principal usage de servir de points d'insertion à différents muscles, tandis que les dix premières dorsales servent de second point d'articulation aux dix premières côtes. Au-devant de ces apophyses transverses, et à la région dorsale seulement, on voit les surfaces articulaires de l'extrémité postérieure des douze côtes. Ces faces latérales du rachis présentent à la partie supérieure de la région dorsale une courbure, dont la formation a vivement excité l'attention et les recherches des physiologistes. Cette courbure forme à gauche une concavité très-remarquable contigue à l'artère-aorte; et à droite, une convexité dont la saillie est en raison directe de la concavité du côté gauche. Cette courbure dépend-elle de la

présence de l'artère-aorte qui, par ses pulsa tions, la déprimerait dans ce point? Bichat ne le pensait pas. Béclard a, en effet, vu la transposition complète des viscères thoraciques et abdominaux sur un sujet dont la pointe du cœur était à droite, et l'incurvation sous - sternale de l'aorte également à droite cependant la courbure latérale du rachis avait la même disposition que dans l'état normal. Sur un gaucher, au contraire, la courbure du rachis était disposée en sens inverse de Fétat ordinaire. Il faut donc, d'après ces observations de Béclard, admettre l'opinion de Bichat, qui pensait que c'est à l'action musculaire qu'il faut attribuer la formation de cette courbure latérale, et non aux battements de l'artère-aorte. Ces considérations sont très-importantes pour la théorie du développement des courbures accidentelles du rachis et pour le traitement qui leur convient.

Au reste, différentes causes font varier les courbures que nous venons d'indiquer le gonflement des vertèbres ou de leur cartilage, leur carie, leur usure, etc. Des positions vicieuses trop long-temps prolongées suffisent pour les augmenter ou pour les changer. Ainsi, le soldat qui a vieilli dans les rangs, et le laboureur qui a passé sa vie penché sur sa charrue, offrent-ils une disposition bien différente du rachis.

La base du rachis s'appuie sur le sacrum, et fui transmet le poids des parties supérieures. Le sommet s'articule avec la tête, mais en arrière du centre de la base du crane; en sorte que la tête serait toujours penchée sur la poitrine, si des muscles trèsforts ne la retenaient en arrière.

Le rachis est creusé dans toute sa longueur d'un canal qui loge et protége la moelle épinière, et dont la conformation est telle, que l'organe important qu'il renferme ne peut être lésé dans les nouvements du rachis.

Le rachis est composé de vingt-quatre vertèbres sept cervicales, douze dorsales, et cinq lombaires. La première cervicale se nomme atlas, la seconde axis; toutes les autres prennent le nom numérique qui convient à leur rang. Ces diverses vertèbres ne sont pas également volumineuses celles du col sont les moins grandes, celles des lombes les plus grosses, et celles du dos sont d'une moyenne grandeur. Cette différence de volume forme du rachis la réunion de plusieurs pyramides, sur la disposition des

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quelles nous ne pouvons nous arrêter, BOB plus que sur quelques autres considérations anatomiques assez importantes.

Le rachis est formé par les vertèbres, os spongieux au centre, et compactes à leur circonférence, réunis par des cartilages intervertébraux très-forts, par des ligaments extrêmement denses, et entourés de muscles qui contribuent à augmenter leur union. Ces parties reçoivent de nombreux vaisseaux; le sang paraît y séjourner long-temps, et les veines qui len rapportent ont principalement été décrites par MM. Chaussier, Dupuytren et Breschet.

Le rachis est loin d'avoir la même disposition à tous les àges. Chez le fœtus, il ne présente que le commencement à peine sensible des courbures qu'il doit offrir dans la suite; l'ossification de ses diverses parties ne se fait que tardivement: aussi c'est pendant l'enfance que l'on commence à former les bateleurs aux exercices et aux tours que, plus tard, ils ne parviendraient jamais à exécuter. Chez le vieillard, les courbures sont augmentées, et l'affaisement des cartilages intervertébraux a diminué la hauteur de sa taille. Souvent aussi ces cartilages se sont ossifiés, et c'est a cette altération de nutrition qu'il faut attribuer la rigidité et le peu de flexibilité du rachis que l'on observe à cet âge.

Le rachis a pour usage de renfermer la moelle épinière dans un canal osseux qui la protége contre l'action des corps extérieurs. Il sert de point d'appui à beaucoup de viscères et d'organes, il concourt à la formation des cavités thoracique et abdominale. Ses diverses courbures cervicale, dorsale et lombaire, sont disposées pour transmettre le poids de la tête au tronc, et le poids de ceux-ci au bassin dans les diverses attitudes du corps, en sorte qu'elles ont une grande importance dans le mécanisme de la station et de la progression. Cette disposition des courbures du rachis est tellement nécessaire que, dès qu'il s'en développe une accidentellement dans un sens, il s'en forme bientôt une autre dans un sens opposé, afin de soutenir le centre de gravité, et de le transmettre convenablement au bassin. (Voyez NERFS et ORтhopédie.) MARTIN SOLON. * RACHYD-EDD-YN. (Voyez RASCHIDEDDYN.)

* RACINE (JEAN), l'un des plus beaux génies du grand siècle de Louis XIV. et le poète tragique le plus parfait dont s'honore

la scène française, naquit à La Ferté-Milon le 21 décembre 1639, l'année même que Corneille, âgé de 33 ans, faisait paraître Horace et Cinna. Orphelin de père et de mère dès l'âge de 3 ans, le jeune Racine fut d'abord envoyé au collège de la ville de Beauvais ; il vint ensuite à Paris au collège d'Harcourt, entra enfin à Port-Royal-desChamps, et ce fut dans le commerce des hommes pieux et savants qui habitaient cette solitude, qu'il puisa le goût des bonnes lettres et les principes religieux qui ne l'abandonnèrent jamais. Son ardeur pour l'étude, surtout pour celle de la langue grecque, égalait sa docilité envers ses maîtres. Une fois pourtant cette docilité se démentit : surpris par le sacristain Lancelot lisant le roman grec des Amours de Théagène et Chariclée, il eut la douleur de voir jeter au feu son livre chéri; un second exemplaire eut bientôt le même sort; enfin il s'en procure un troisième, l'apprend par cœur, va ensuite le porter au maitre, et lui dit : Vous pouvez encore brúler celui-ci. Cette désobéissance, d'un genre si nouveau, et qui ne pouvait avoir beaucoup d'imitateurs, fut sans doute aisément pardonnée. Le début poétique de Racine fut une ode intitulée : la Nymphe de la Seine, à l'occasion du mariage du roi, Chapelain, alors arbitre des réputations littéraires, fit valoir cette production auprès de Colbert, et le jeune auteur fut magnifiquement récompensé. Quatre ans plus tard, vers la fin de 1663, une autre ode, intitulée: la Renommée aux Muses, ayant pour objet de célébrer l'établissement des trois académies, valut à Racine une nouvelle gratification, et, ce qui était pour lui d'un bien plus grand avantage, elle lui fournit l'occasion de se lier avec Boileau, qui devint dès lors son censeur et son meilleur ami. Un peu avant cette époque, Racine avait connu Molière, et lui avait montré une tragédie de Théagène et Chariclée, tirée du roman grec auquel il avait donné, dans sa mémoire, un abri sûr contre le zèle incendiaire du pieux Lancelot. Molière n'ayant pas été content de cette production, lui conseilla d'y renoncer, lui donna en même temps le plan de la Thébaïde, et lui prêta cent louis pour en attendre le succès. Cette pièce fut en effet assez bien accueillie; celle d'Alexandre, jouée l'année suivante (en 1665), réussit complètement; mais rien encore dans ces deux ouvrages n'annonçait Racine; on dit même que Corneille, à la lecture d'Alexan

dre, lui avait conseillé de ne plus faire des tragédies. Enfin Andromaque parait, et le grand poète tragique est révélé. Naguère disciple et imitateur de Corneille, Racine devient tout à coup créateur d'un nouveau genre de tragédie. Cependant sa supériorité a jeté l'effroi parmi tous les aspirants à la palme tragique. Déjà l'envie est sous les armes; elle veut faire expier au génie ce moment de triomphe. Lorsque Britannicus paraît, en 1669, cette tragédie est reçue froidement, et Boileau est presque le seul qui en reconnaisse les beautés. A Britannicus succéda Bérénice. Une princesse avait exprimé le désir de voir représenter sur le théâtre l'histoire de son cœur, et ce fut à sa sollicitation que les deux maitres de la scène tragique Corneille et Racine, entreprirent, à l'insu l'un de l'au tre, de retracer les amours d'Henriette d'Angleterre et de Louis XIV sous les noms antiques de Bérénice et de Titus. Les deux Bérénice furent représentées sur la fin de 1670. Racine avait su déguiser l'extrême faiblesse du sujet par un style enchanteur et des beautés de détail inimitables; sa pièce fit verser des larmes, et le grand Corneille fut vaincu. Bajazet, Mithridate, Iphigénie, proclamée par Voltaire le chef-d'œuvre de la scène française, se succédèrent d'année en année, et valurent à Racine de nouveaux succès, mais en même temps d'amères critiques, qui n'étaient pourtant encore qu'un faible essai des indignes persécutions qu'on lui réservait. Ce fut en 1677, époque de la première représentation de Phètre, que l'odieuse cabale montée contre lui osa se mettre tout à fait à découvert. Elle usa dès lors de tous ses moyens pour déprécier la Phèdre de Racine, et pour élever aux nues celle de Pradon, qui fut jouée trois jours après, et qui, à la honte du goût, eut tous les honneurs du triomphe. Le siècle qui vit cette injustice et ne l'empêcha pas en fut assez puni, et malheureusement la postérité, innocente d'une faute qu'elle déplore, a porté sa part du châtiment. La reprise de Phèdre, qui eut lieu un an après, ne put faire oublier à Racine l'acharnement de ses ennemis; il renonça au théâtre à l'âge de 38 ans, c'est-à-dire dans toute la maturité de son génie, et chercha alors dans la religion, pour laquelle son âme tendre etait si bien faite, les consolations que le monde où il vivait ne pouvait lui offrir. Il s'était marié vers cette époque. Bientôt les exem

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