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ples d'une pieuse compagne, qui poussait l'indifférence des choses mondaines jusqu'à n'avoir jamais voulu lire les chefs-d'œuvre de son mari, achevèrent de le fortifier dans l'espèce de réforme qu'il avait embrassée, et ce ne fut qu'après un silence de douze ans, en 1689, que, à la prière de madame de Maintenon, il composa son Esther, non pour être jouée sur la scène française, mais dans la maison de Saint-Cyr. Cette pièce, qu'il appelle un amusement d'enfants, fut accueillie avec des transports d'admiration, et fait encore aujourd'hui les délices de tous les âges. L'auteur reçut du roi l'ordre de composer une nouvelle tragédie tirée des livres saints pour le même théâtre, et il fit Athalie. Mais, par la nature religieuse du sujet, cet immortel ouvrage, «ce chef-d'œeu vre de l'esprit humain, » ainsi que l'appelle Voltaire, ne put être représenté; il fut joué seulement deux fois à Versailles, sans théâtre et sans costumes, par les demoiselles de Saint-Cyr; et quand l'auteur l'eut fait imprimer, il fut tellement en butte au dédain et à l'outrage, que, s'il faut en croire les mémoires du temps, on en prescrivait la lecture par pénitence dans quelques sociétés de soi-disant beaux-esprits! Cet affront, plus cruel encore que le premier, et que Racine ne vit point réparer, porta à son âme le coup le plus sensible. En vain Boileau lui répétait Cette pièce est votre plus bel ou vrage; on y reviendra ; il ne crut point à ce retour, et peu s'en fallut qu'il ne pensat avoir survécu à son génie. Soutenu par la religion, honoré de la faveur et de l'estime de son souverain, auquel il portait le plus vif attachement, Racine cependant pouvait encore se consoler des injustices de son siecle, et surmonter peut-être la maladie dont il était atteint depuis long-temps; mais quel ques années après, en 1697, il eut le chagrin de déplaire à son roi et à son bienfaiteur par un mémoire sur des affaires d'État qui fut surpris entre les mains de madame de Maintenon. Le monarque ayant laissé échapper quelques paroles sévères, Racine se crut disgracié, et l'on remarqua que depuis cette époque le mal fit chez lui des progrès beaucoup plus rapides. Il y succomba le 22 avril 1699, avant d'avoir atteint sa soixantième année. Indépendamment des ouvrages déjà cités, nous avons de ce grand poète la comédie des Plaideurs, imitée des Guépes, d'Aristophane, et jouée en 1668; un Abrégé de l'histoire de Port Royal; des

cantiques, des lettres et quelques opuscules. Les éditions de son théâtre sont innombrables : nous indiquerons seulement celle de Bodoni, 1681,3 vol. in-fol., et celle de P. Didot l'aîné, an IX (1801-05), 3 vol. in fol., le livre le plus magnifique que la typographie ait encore produit. Les meilleures éditions des OEuvres complètes de J. Racine sont, sans contredit, celles que M. Aimé Martin a publiées, avec les notes de tous les commentateurs, Paris, Lefèvre, 1820, 1822 et 1825.

RACINE (Louis), que Voltaire appelle le bon versificateur Racine, fils du grand Racine, né à Paris le 6 novembre 1692, fut privé de bonne heure des soins paternels, et fut confié à ceux du savant Rollio, alors principal du collège de Beauvais, qui se plut, ainsi que Mésenguy, à le diriger dans ses études et à le fortifier dans les principes de vertu qu'il avait puisés dans sa famille. Le jeune Racine, au sortir du collége, s'attacha a l'étude du droit, et se fit recevoir avocat ; mais le penchant qu'il avait toujours eu pour la poésie le dégoûta bientôt de cette profession. En vain Boileau, qu'il consulta sur ses premiers essais, chercha à le détourner du commerce des muses, il entra comme pensionnaire dans la congrégation de l'Oratoire, et commença dès lors son poème de la Gráce, qui lui fit quelque réputation. En se retirant dans la solitude, le jeune poète semblait avoir eu dessin de s'y fixer les chagrins que son père avait essuyés dans le monde n'étaient pas propres à le réconcilier avec lui; mais le chancelier d'Aguesseau parvint à changer ses résolutions. Reçu à l'Académie des inscriptions en 1719, Racine partit pour Marseille en 1722, avec le titre d'inspecteur-général des fermes, passa successivement à Salins, à Moulins, à Lyon, se maria duns cette dernière ville, et fut ensuite envoyé à Soissons, où il demeura plusieurs années. Sa retraite, qu'il obtint au bout de vingt-quatre ans de servi

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regrets de tous ceux qui avaient connu le charme de ses vertus et les qualités aimables quile distinguaient. Louis Racine était membre des Académies de Lyon, de Marseille et de Toulouse. Outre le poème de la Grace, publié en 1722, on a de lui: le poème de la Religion, ouvrage estimable que La Harpe regarde comme un des meilleurs de son ordre, et dont les éditions multipliées ont suffisamment prouvé le succès (il a été traduit en vers anglais, en vers allemands, deux fois en vers italiens, et plusieurs fois en vers latins); des odes tirées des livres saints; des Épitres sur l'homme, sur l'âme des bétes, etc., adressées au chevalier Ramsay; et des poésies diverses parmi lesquelles on distingue l'Ode sur l'harmonie. Il a encore publié des Réflexions sur la poésie, 2 vol. in-12; des Mémoires sur la vie de J. Racine, avec ses lettres et celles de Boileau, 2 vol. in-12 (c'est un monument de la piété filiale et un morceau de biographie du plus grand intérêt); des Remarques sur les tragédies de Racine, avec un traité de la poésie dramati que et moderne, Paris, 1752, 3 vol. in-12; une traduction du Paradis perdu de Milton, avec les notes et remarques d'Addison; et un Discours sur le poème épique, ibid., 1755, 3 vol. in-12. On a publié en 1784, sous le nom de Louis Racine, des pièces fugitives que sa veuve et ses amis ont désavouées. Les OEuvres de cet auteur ont été recueillies en 1747 et en 1755, 6 vol. petit in-12. M. Lenormant en a publié une nouvelle édition, Paris, 1808, 6 vol. in-8°, précédée de l'éloge de l'auteur par Le Beau.

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RACINE (BONAVENTURE), ecclésiastique, théologien appelant, né à Chauny en 1708, se livra d'abord à l'enseignement, fut principal du collège de Rabasteins, se vit forcé de quitter cette place à cause de ses opinions jansénistes, devint plus tard chanoine d'Auxerre, et mourut à Paris en 1745. On a de lui quatre écrits de controverse relatifs aux disputes élevées en 1734 entre les appelants sur la crainte et la confiance; un Abrégé de l'histoire ecclésiastique, en 13 vol. in-12. Le temps l'empêcha de donner à cet ouvrage l'étendue qu'il désirait; les deux volumes qu'on y a ajoutés sont attribués à l'abbé Troia d'Assigny. Il y en a eu une nouvelle édition en 13 vol. in-4°. Des résumés en ont été détachés et imprimé en 2 vol. in-12.

RACINE. (Analyse.) Ce n'est pas ici le lieu d'exposer les procédés d'extraction des

racines des nombres et des expressions algébriques; ces détails de calcul dépendant essentiellement des éléments de mathématiques, doivent être demandés aux traités spéciaux. D'ailleurs les opérations deviennent si simples en se servant des logarithmes (voyez cet article), que l'on ne les fait ordinairement que par le secours de ces quantités.

Cependant lorsqu'on veut porter l'approximation au-delà de certaines limites, les logarithmes ne peuvent plus être employés, du moins ceux qui n'ont que 7 décimales et qui entrent dans les tables ordinaires (celles de Callet): on recourt alors aux séries. Par exemple, pour obtenir la racine carrée de 8 avec 12 décimales, je me sers de la formule du binome pour le cas de l'exposant, sa

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il faut donc décomposer le nombre proposé 8 en deux parties, dont la première a2 soit un carré, comme 8—9—1. Je développe la puissance de (3-1); et même, pour faire marcher l'approximation plus rapidement, je décompose 8 en deux parties, dont la première, toujours un carré, soit très-grande par rapport à la seconde ainsi, comme 8 est à peu près 2,829, il est facile de voir que 8=(2,828) — 0,003241; et c'est de ce binome que je fais la puissance, savoir,a= 2,829, x2 —— -0,003241. On trouve

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Supposons que pour extraire la racine me d'un nombre donné N, on ait déjà trouvé la première approximation a par les logarithmes, ou de toute autre manière; il s'en faudra d'un nombre ±b que am ne reproduise N; savoir : Nam±b, et N=a

m

x, x étant la petite correction inconnue que a doit éprouver pour devenir la racine me de N; a et b sont connus; on a donc am

b = (a±x)m; b et x sont supposés très-petits par rapport à a. Développons ce second membre par la formule du binome, et nous aurons

b=x(mam-1±1m (m—1) xam+, etc...). Négligeons pour un première approximation le petits termes en x, x3...., et nous au

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Ainsi pour 8, prenons a=2,8, d'où aa ·=7,84, b=+0,16 et |/ 8=2,8 + =2,82842, première approximation. Prenant ensuite a=2,82842, on en tire une nouvelle valeur de b, qui conduit au résultat obtenu précédemment par une voie différente. FRANCOEUR.

RACINE. (Botanique.) Le nom de racine s'applique surtout à cette partie inférieure du végétal, simple ou divisée, qui s'enfonce en terre et se couvre de radicelles, ou, comme disent les cultivateurs, de chevelu, petites ramifications de la racine, qui sont autant de bouches aspirantes. Les radi celles sortent chacune d'une coléorhize dans beaucoup de monocotylédons et de dicotylédons.

A l'exception de quelques trémelles et de quelques conferves, dont la substance est homogène, et qui vivent à la surface de la terre ou dans l'eau, tirant leur nourriture d'une manière uniforme par tous les points extérieurs de leur corps, toutes les plantes ont des racines. Il en est même qu'on peut considérer comme n'étant en totalité que racine de ce nombre est la truffe.

Presque toutes les parties du végétal sont de nature à s'enraciner : la pointe des feuilles de l'aspidium rhizophyllum, les nœuds des chaumes des graminées, la superficie entière

des tiges du bignonia radicans, du lierre, etc., la base des feuilles de l'oranger, l'extrémité des branches de tous les végétaux ligueux.

Une branche de saule, courbée en arc, et enfoncée dans la terre avec ses deux bouts, s'enracine par l'un et par l'autre, et produit des rameaux dans sa partie moyenne. Les branches du figuier de Pajodes s'inclinent d'elles-mêmes jusqu'à terre, y jettent des racines, et forment de magnifiques arcades.

La plupart des plantes d'eau douce : le nénuphar, le ményanthe, la reconcule aquatique, etc., outre les racines qui les retiennent au sol, en ont encore de flottantes qui partent de la base des feuilles.

Le lemma, connu sous le nom de lentille d'eau, n'a que des racines flottantes : ce sont de simples filets, longs de deux à trois centimètres, terminés chacun par un petit cordon charnu. Ces filets, isolés les uns des autres, descendent perpendiculairement dans l'eau.

Les racines des plantes grasses, telles que les cierges, les mesembrianthemum, les stapelia, et autres espèces d'un tissu lâche et succulent, sont sèches, fibreuses, et ne ser vent, ce me semble, qu'à fixer ces plantes au sol. La succion des tiges et des feuilles suffit aux besoins des plantes grasses, parce qu'elles transpirent peu; aussi les voit-on croitre avec vigueur dans les climats chauds, sur des rochers arides.

Des espèces d'un tissu plus serré, la giroflée jaune, l'erysimum murale, le mufle de veau, etc., qui s'accommodent fort bien d'une terre humide et substantielle, se comportent de même que les plantes grasses, quand le hasard les fait croitre sur des rochers, sur le sable ou sur les murs; leurs racines les fixent, leurs feuilles les nourrissent.

Les plantes parasites, le gui, par exemple, enfoncent leurs racines dans l'écorce des autres plantes.

L'orobanche, la clandestine, l'hypociste, implantent leurs racines sur celles de certains végétaux ligneux.

Dans l'Amérique méridionale, contrée de merveilleuse végétation, des arbres vivent en parasites sur d'autres arbres. Les longues racines du clusia rosea, parasite de cette nature, descendent de la cime des arbres jusqu'à terre ; et quelquefois ces racines venant à s'entre-greffer, et à se couvrir d'une seule et même écorce, forment un immense fourreau, dans lequel est renfermé le tronc

étranger qui soutient dans les airs celui du

clusia.

Beaucoup de lichens, de champignons, de mousses, se cramponnent à l'écorce des arbres; mais il ne parait pas qu'ils en détournent la sève à leur profit.

La durée des racines est un caractère qu'on ne doit pas négliger: les unes sont passagères, les autres sont vivaces. Les premières ne subsistent qu'une année ou deux au plus; elles périssent avec le reste de la plante, après une seule floraison. Les autres, quand elles portent des tiges ligneuses, durent autant qu'elles ; et, quand elles portent des tiges herbacées, survivent à ces tiges, en produisent de nouvelles, et n'ont, pour ainsi dire, pas de fin.

On peut rapporter presque toutes les racines qui terminent la partie inférieure des végétaux aux cinq espèces suivantes, les pivotantes, les fibreuses, les tubéreuses, les bulbifères et les progressives.

1o Les pivotantes sont formées par le caudex descendant, qui s'enfonce perpendiculairement dans le sol, et représente une espèce de pivot. Leur forme générale approche plus ou moins de celle d'un cône renversé. Ces racines sont quelquefois sans ramifications (carotte, rave, etc.), et d'autres fois, elles ont des branches d'autant plus vigoureuses et plus longues, qu'elles partent de points plus voisins de la surface de la terre (frêne ). Beaucoup d'herbes, et le plus grand nombre des arbres bilobés, ont des racines pivotantes. Aucun monocotylédon, que je sache, n'en a de telles.

L'oxigène est nécessaire au développement et à la conservation des racines. Cela est bien visible dans les arbres à racines pivotantes; car, si l'on exhausse le sol autour de leur tronc, il arrive souvent que de nouvelles ramifications naissent immédiatement au-dessous de la superficie du terrain, et que celles qui sont plus avant dans la terre, et la partie inférieure du pivot, se détrui

sent.

Quelquefois les ramifications latérales des racines pivotantes tracent au loin, et produisent des turions, sortes de boutons nés sous terre, qui cherchent la lumière et donnent naissance à de nouvelles tiges.

Les ramifications latérales de la racine pivotante du schubertia disticha, ou cyprès distique, grand arbre des contrées marécageuses de l'Amérique septentrionale, pousse de distance en distance des cònes d'un bois Tome 19.

mou, sans branches ni feuilles, qui s'élèvent à plus d'un mètre au-dessus de la surface du sol. Des cônes moins élevés naissent autour du tronc de l'aviænnia, petit arbre des contrées chaudes de l'Amérique.

Certains mangles ou palétuviers, qui se plaisent sur les plages maritimes des terres équinoxiales, portent leurs branches et leurs racines entrelacées comme un grillage, à quelques centaines de pas sur les eaux de la

mer.

Plus le terrain est meuble, et plus les racines des arbres s'alongent. Celles qui pénètrent dans des conduits d'eau, se divisent en une multitude infinie de filets menus, et deviennent ce qu'on appelle des queues de

renard.

2o Les racines fibreuses sont composées d'une multitude de fibres grêles, tantôt simples, tantôt ramifiées. Quelquefois le caudex descendant existe confondu avec ces fibres, dont il ne se distingue par aucun caractère; et quelquefois aussi ce caudex se détruit peu après la germination. Cette suppression naturelle du caudex descendant, ordinaire dans les monocotylédons, fait que les droccena, les pândanus, les palmiers, des arbres si vigoureux, au lieu d'enfoncer en terre un épais et long pivot, comme nos ormes ou nos chênes, s'y attachent par un grand nombre de filets plus ou moins déliés.

30 Les tubercules, qui ont fait donner le nom de tubéreuses à certaines racines, sont des renflements charnus, souvent arrondis, masses de tissu cellulaire, que parcourent quelques vaisseaux qui se rendent vers tous les points de la surface, d'où doivent partir les filets radicaux et les turions. Les poches du tissu cellulaire des tubercules sont remplies d'une fécule amilacće.

Le caudex descendant se développe dans certaines espèces en une racine tubéreuse, comme on le peut voir par la germination du cyclamen et de beaucoup d'orchidées. Le tubercule du cyclamen survit à la chute des feuilles, grossit d'année en année, et donne naissance à de nouveaux turions.

Les orchis, les satyrium, etc., produisent chaque année, de la partie latérale de leur collet, un nouveau tubercule', qui pousse une tige au printemps suivant, à quel. ques millimètres de la place que l'ancienne tige occupait. Celle-ci a disparu pendant l'hiver; son tubercule, qui s'est épuisé pour la nourrir, n'est plus, au retour de la belle

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Les ramifications des racines se renflent en tubercules dans une multitude d'espèces. Les pommes de terre, les patates, les ignames, etc., n'ont pas d'autre origine.

4o Les racines bulbifères sont des tubercules minces, élargis en plateau, dont la surface inférieure produit des filets radicaux, et dont la surface supérieure porte un ognon ou bulbe, sorte de gros turion qui se forme dans une année, et se développe une ou plusieurs années après.

La destruction du caudex descendant de la plantule des monocotylédons à tige annuelle, et le mode de croissance de leurs feuilles, amènent souvent la formation d'une racine bulbifère.

La différence entre la racine bulbifère et Ja racine tubéreuse est légère. Dans la première, le turion est très-apparent et le tubercule l'est fort peu; dans la seconde, l'inverse a lieu; c'est-à-dire que le tubercule présente un volume considérable, et que le turion est à peine visible.

5o Les racines progressives sont, à proprement parler, des tiges enracinées qui s'alongent et se ramifient entre deux terres, en suivant une direction plus ou moins hori zontale. Elles donnent des pousses annuelles, et se développent par le moyen de turions qui naissent à leurs extrémités antérieures, tandis que les extrémités postérieures se détruisent et semblent avoir été tronquées ou mordues, selon l'expression des botanistes. Quelques racines progressives offrent de distance en distance des impressions qui ressemblent à celles d'un cachet sur une cire molle (sceau de Salomon). Ce sont des cicatrices que laissent les tiges annuelles en se détachant.

Les cinq espèces de racines que je viens d'examiner se confondent ensemble par des nuances intermédiaires. Ainsi la racine du navet tient en même temps de la pivotante et de la tubéreuse; et la racine de l'allium nutens participe de la tubéreuse, de la bulbifère, et de la progressive. La racine du topinambour offre à la fois un pivot qui s'enfonce dans la terre, et des racines progressives chargées de tubercules.

Revenons à des considérations plus géné

rales.

La force et la longueur des racines ne sont pas toujours proportionnées à la grandeur des végétaux. Le groupe des conifères et celui des palmiers comprennent peut-être les plus élevés de tous les arbres, et cependant leurs racines sont courtes, et ne les attachent quelquefois que faiblement à la terre ; tandis que la luzerne de nos prairies, dont les tiges herbacées ne s'élèvent pas à plus de cinq à six décimètres, a souvent des racines pivotantes, longues de trois à quatre mètres.

Les racines des plantes herbacées diffèrent beaucoup par leurs propriétés, des parties de ces plantes qui sont exposées à l'air et à l'humidité. Cela est visible dans la carotte, la pomme de terre, la scammonée, le jalap, la betterave, etc. Les racines des arbres n'offrent pas en général des différences aussi prononcées ; cependant on en voit des exemples. C'est une chose bien remarquable que la forte odeur d'ail qu'exhalent les racines des mimosa, odeur qui ne se retrouve dans aucune autre partie de ces végétaux, si ce n'est quelquefois dans leurs graines.

J'ai dit que c'était par les ramifications déliées que l'on nomme radicelles, que les sucs nutritifs pénétraient dans les plantes. En voici la preuve un navet dont la pointe seule trempe dans l'eau, pousse des feuilles; mais un navet dont la partie moyenne plonge dans le liquide, tandis que la pointe est à sec, ne fait aucun développement.

Pour ne pas s'affamer mutuellement, les racines de plantes d'une égale vigueur ont besoin d'être d'autant plus éloignées les unes des autres, que la terre qui les nourrit est moins substantielle.

Les herbes périssent au pied des jeunes arbres, parce que le chevelu ramassé autour du collet épuise la terre; mais les vieux arbres étendant au loin leurs racines vigoureuses, laissent subsister les herbes voisines, et détruisent celles qui sont plus éloignées.

La croissance des racines vivaces commence en automne. A cette époque, les rayons du soleil sont sans force; les nuits deviennent froides; les feuilles s'imbibent de l'humidité de l'atmosphère, et transpirent peu; les sucs se cantonnent dans les parties inférieures du végétal, et les nourrissent. Mais sitôt que le froid a pénétré les

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