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couches superficielles de la terre, la végétation des racines s'arrête, et elle ne reprend qu'au retour de la belle saison. Alors l'extrémité de chaque radicelle se gonfle, et forme un mamelon blanchâtre qui s'alonge et se fortifie jusqu'à ce que les vives chaleurs de l'été, attirant toute la sève vers les parties supérieures, en privent les racines et les épuisent. C'est par cette raison qu'il faut récolter en hiver les racines des plantes vivaces qu'on recherche pour leurs propriétés médicinales.

Tant que la sève est en mouvement, l'oxygène de l'air se combine avec le carbone de la racine, et forme de l'acide car bonique. Les mucilages, les sels, les gaz en dissolution dans l'eau, sont aspirés par le chevelu. L'acide carbonique contenu dans la racine, soit qu'il y ait été formé par l'action de l'oxygène, soit qu'il provienne directement de la terre, s'élève par les tiges jusque dans les feuilles, où il est décomposé.

On serait dans l'erreur, si l'on croyait que le chevelu choisisse dans la terre les substances propres au végétal : il aspire tout ensemble l'eau avec les matières qu'elle tient en dissolution; mais la succion est d'autant plus considérable, que les matières étrangères altèrent moins la liquidité de l'eau. Quand ce liquide, chargé de substances solubles, acquiert une grande viscosité, la racine pompe fort peu, et le végétal pâlit. Quand, au contraire, l'eau est dans un grand état de pureté, la racine pompe beaucoup, mais néanmoins le végétal ne profite guère davantage. Cela nous fait comprendre pourquoi les terres trop riches ou trop pauvres sont également contraires à une belle végétation.

Il faut un obstacle bien puissant pour empêcher la racine d'un arbre vigoureux de se porter dans un terrain substantiel situé à sa proximité. Un mur, un fossé sont des moyens insuffisants : elle perce le mur de part en part; elle s'incline et se relève, en suivant la double pente du fossé. On ne peut expliquer raisonnablement ce phénomène qu'en admettant que l'humidité du sol porte les sucs de la bonne terre jusqu'à la racine, et détermine par ce moyen cet alonge

ment.

Par sa position, la racine, plus froide pendant l'été, plus chaude pendant l'hiver que les parties exposées à l'air, les préserve, selon l'occurrence, de l'excès de la

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*RACLE (LÉONARD), architecte, né à Dijon en 1736, acquit, presque sans maître, des connaissances étendues dans les mathématiques et dans les différentes branches de la physique. Il se fit connaître de Voltaire, qui le prit pour son architecte, et le chargea des travaux qu'il avait entrepris à Ferney. Racle établit près de Versoix, et ensuite à Pont - de - Vaux une manufacture de faïence, dirigea ensuite les travaux du canal de Pont de Vaux, qui joint la Reissouze à la Saône, et y fit construire un pont de fer, le premier qu'on ait vu en France, mais qui n'a subsisté que peu d'années. On doit aussi à cet architecte le secret de cette espèce d'enduit, appelé par Voltaire argilemarbre parce qu'il en a le poli et la dureté. Racle mourut à Pont-de-Vaux en 1791. * RACOCZY. Voyez RAGOтZKY.

* RADBERT (PASCHASE), abbé de Corbie au 9e siècle, se distingua par sa vaste érudition et la variété de ses connaissances dans un temps où les lumières étaient encore peu répandues. Après sa mort arrivée vers l'an 865, il fut mis au nombre des saints. Ses OEuvres ont été recueillies à Paris, 1618, par le célèbre père Sirmond.

* RADCLIFFE (JEAN), médecin anglais, né en 1650, à Wakefield, dans le comté d'York, mourut en 1714, laissant une grande fortune, dont il avait consacré une partie à l'université d'Oxford pour la construction et l'entretien d'une riche bibliothèque de médecine et d'histoire naturelle. Il fut aussi, dans la même ville, le fondateur d'un observatoire d'une architecture très-remarquable, et d'un hôpital qui attire à sa mémoire les bénédictions du pauvre.

* RADCLIFFE (ANNE), romancière anglaise, dont la vie passée tout entière dans l'intimité domestique, fut aussi obscure que la réputation de ses ouvrages a été brillante et universelle, naquit à Londres, en 1764, de parents estimables, qui prirent un soin particulier de son éducation. Mariée vers

l'âge de vingt-trois ans à William Radcliffe, gradué à l'université d'Oxford, et qui devint propriétaire et éditeur de la Chroniqne anglaise, elle se livra dès lors à la culture des lettres, et se plaça à son troisième essai, publié en 1791, sous le titre de la Forêt, ou l'Abbaye de Saint-Clair, au premier rang des écrivains anglais dans ce genre de composition. Les Mystères d'Udolphe, qu'elle composa, ou retoucha, dit-on, à son retour d'un voyage qu'elle fit en 1791 sur les bords du Rhin, et qui parnrent en 1794, 4 vol. in-12, excitèrent un nouvel enthousiasme par les sombres beautés qu'ils renferment. On a dit qu'Anne Radcliffe avait la terreur dans son cœur et dans son esprit : elle semble en effet plutôt céder en écrivant à une imagination en délire qu'aux règles d'un art par lequel elle doit s'efforcer de plaire; mais elle a créé un genre dans lequel elle n'a pas encore été surpassée, et les critiques les plus sévères, sans approuver ce genre, n'ont pu s'empêcher de rendre hommage au talent qu'elle y a déployé. L'envie, excitée par les succès d'Anne Radcliffe, s'est plu à lui attribuer diverses productions indignes d'elle, et l'on croit assez généralement que ce fut pour se soustraire à cette odieuse manoeuvre qu'elle renonça tout à coup à écrire. Le roman de l'Italien, publié en 1797, et traduit en français par l'abbé Morellet, sous le titre de : l'Italien, ou le Confesseur des pénitents noirs, Paris, 1795, 3 vol. in-12, fut le dernier ouvrage qu'elle mit au jour. Depuis on prétendit que, sans cesse occupée des visions et des terreurs qu'elle a décrites, sa raison s'était aliénée, et que l'auteur des Mystères d'Udolphe habitait la triste enceinte d'une maison de fous; mais cette ridicule supposition a été démentie par des personnes dignes de foi, et l'on sut positivement que cette femme aimable et spirituelle mourut dans sa maison à Londres, le 7 février 1823, des suites d'un asthme spasmodique qui la faisait souffrir depuis douze ans. Outre les ouvrages que l'on vient de citer, on a encore d'Anne Radcliffe : les Cháteaux d'Athlin et de Dunbayne, Londres, 1789, 2 vol. in-12; Julia, ou les Souterrains du château de Mazzini; Voyage en Hollanite, etc., Londres, 1794,1 vol. in-12, etc. Tous ces ouvrages, souvent réimprimés, ont été traduits en plusieurs langues, et notamment en français. Sir Walter Scott a consacré un article détaillé à Anne Radcliffe dans sa Biographié littéraire des romanciers célèbres.

RADE. Voyez PORTS.

* RADEGONDE (SAINTE), née en 519, était fille de Bertaire, roi d'une partie de la Thuringe, qui était païen. Ce fut Clotaire ler qui la fit instruire à 10 ans dans le christianisme. Devenue reine de France, elle obtint six ans après de se retirer dans l'abbaye de Sainte-Croix, qu'elle avait fondée, et où elle passa sa vie dans des exercices de piété et de charité, protégeant encore les malheureux par le crédit qu'elle avait conservé sur l'esprit de son époux. Elle mourut le 13 août 587. Son testament et sa vie se trouvent dans le Recueil des conciles, Poitiers, 1527, in-4°. Le père de Monteil a donné depuis une nouvelle vie de Radegonde, Rodez, 1627, in-12.

* RADEMAKER (GHERARD), peintre hollandais, né à Amsterdam en 1672, mort en 1711, a laissé un grand nombre de tableaux, parmi lesquels on cite une Vue perspective de l'église de Saint-Pierre de Rome, et surtout le tableau allégorique de la régence d'Amsterdum, qu'il a peint dans l'hôtel-de-ville de cette cité. RADEMAKER (Abraham), autre peintre, né aussi à Amsterdam en 1675, mort en 1735, s'est fait beaucoup de réputation dans le genre du paysage. On a de lui un recueil fort estimé des Vues les plus intéressantes des monuments de l'antiquité répandus dans les Provinces-Unies. Ce recueil, composé de trois cents estampes, qu'il a dessinées et gravées, a été publié à Amsterdam en 1731, en 1 vol. in-40.

* RADET (ÉTIENNE), général de division, né en 1762, dans la Lorraine, commandait en qualité de colonel la vingt-quatrième légion de la gendarmerie, lorsqu'il présenta à Bonaparte, premier consul, sur l'organisation de cette armée, un mémoire qui fut approuvé, et dont on le chargea d'exécuter les vues. Il fut à cet effet appelé à Paris, plus tard envoyé en Corse, et de là en Piémont, puis à Gênes. C'est à lui que fut confiée en 1809, la triste mission d'enlever le pape (voyez PIE VII), et il ne dépendit pas de ses prévenances et de ses soins que cet attentat eût moins d'amertume pour le Saint-Père, qu'il n'accompagna que jusqu'à Florence. Revenu à Rome, le général Radet reçut de l'empereur le titre de baron. Après la première restauration, il cessa d'être employé activement; mais s'étant rangé des premiers sous les drapeaux de Napoléon, au mois de mars 1815, il eut le

commandement de l'escorte chargée de conduire monseigneur le duc d'Angoulême ( aujourd'hui dauphin ) à Cette, où il s'embarqua. Au mois de juin, Radet fut nommé inspecteur - général de la gendarmerie et grand-prevôt de l'armée. Remplacé dans ces fonctions après la retraite de l'armée sur les bords de la Loire, il fut arrêté à Vincennes en 1816, conduit à la citadelle de Besançon, et condamné à neuf ans de détention par le conseil de guerre de la sixième division militaire, comme ayant favorisé la reprise du trône par Bonaparte. Une ordonnance royale de décembre 1818 rendit la liberté au général Radet, qui mourut le 28 septembre 1825, à Varennes (Meuse).

* RADHY-BILLAH. Voyez RADY-BILLAH. * RADICATI (ALBERT). Voyez PASSE

RANI.

* RADIER (Dreux Du). Voyez DREUX. * RADLOFF (JEAN - GOTTLIEB), humaniste allemand, né en 1775, à Lauchstaedt, mort en décembre 1824, à Berlin, était titulaire d'une chaire au gymnase de Bonn. La Revue encyclopédique d'avril 1825 (tom. 26, pag. 591) le cite comme auteur de plusieurs bons écrits sur l'histoire primitive de la Germanie et sur la langue allemande, mais n'indique point les titres de ces ouvrages, vraisemblablement fort peu répandus.

* RADONVILLIERS (CLAUDE-FR. LYSARDE DE), ecclésiastique, littérateur, né à Paris en 1709, fut sous-précepteur des enfants de France, conseiller d'État, membre de l'Académie française, et mourut à Paris en 1789. On a de lui: une idylle sur la convalescence du roi ; un Traité sur la manière d'apprendre les langues, 1768, in-12; une comédic intitulée : les Talents inutiles; divers opuscules composés pour l'éducation des enfants de France, et quelques traductions, entre autres celle des trois premiers livres de l'Eneide et celle des Vies des hommes illustres, par Cornélius Népos, revues et terminées par M. Noël, qui a recueilli et publié en 1807 les OEuvres diverses de l'abbé de Radonvilliers, Paris, 3 vol. in-8°. L'abbé de Radonvilliers n'eut pas de succès à l'Académie française, et ce ne fut qu'en 1807 que le cardinal Maury paya un tardif hommage à la mémoire de son ancien confrère.

* RADZIWIL (NICOLAS IV), palatin de Wilna au 16° siècle, issu d'une ancienne et noble famille de Lithuanie, se distingua par sa valeur brillante dans la guerre contre

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les chevaliers teutoniques en 1557, et fut nommé gouverneur de la Livonie. Chargé ensuite de repousser les Russes, qui s'étaient emparés de la Lithuanie, il défit complètement leur armée en 1565, et sa réputation de bravoure s'étendit alors dans toutes les cours de l'Europe. Du milieu des camps, Radziwil se montra aussi l'un des plus chauds partisans de la réforme, et ce fut dans son palais de Wilna que les réformés polonais tinrent leur premier synode, en 1557. II poussa même l'ardeur de son zèle jusqu'à faire établir à Brzescie un atelier typographique, d'où sortirent divers ouvrages ascétiques, et une traduction de la Bible en polonais, qui lui coûta plus de trois mille ducats. Cette Bible, imprimée en 1563, est très-rare aujourd'hui, parce qu'un grand nombre d'exemplaires ont été mutilés ou jetés au feu. Radziwil mourut en 1567. — RADZIWIL (Nicolas-Christophe), duc d'Olica et de Nieswitz, fils aîné du précédent, né en 1549, abjura le lutheranisme, et fit vou, pendant une maladie grave dont il fut atteint à l'âge de 26 ans, d'aller en pèlerinage à la Terre-Sainte; mais, ayant embrassé la carrière des armes, il ne put remplir ce vœu qu'en 1582. De retour dans sa patrie en 1584, il devint maréchal de la cour, puis vaivode de Trozka et de Wida, et mourut en 1616. On a de lui, en polonais, Voyage de Jérusalem. Ce livre offre des détails curieux sur la Terre-Sainte, l'Égypte et les autres contrées que l'auteur avait parcourues. Thomas Tretter, custode de l'église de Warmie, en a donné une traduction

latine. RADZIWIL (Françoise), première femme de Michel-Casimir Radziwil, palatin de Wilna dans le dernier siècle, composa plusieurs pièces de théâtre recueillies en 1751; un Traité des devoirs du soldat chrétien, Wilna, 1748, in-12, et une Instruction à ses enfants.

* RÆMOND ou RÉMOND (FLORIMOND DE), écrivain médiocre, né à Agen vers 1540, fut pourvu en 1572 d'une charge de conseiller au parlement de Bordeaux, et, quoiqu'il eût d'abord adopté les principes des calvinistes, il les combattit ensuite, comme écrivain et comme juge avec un zèle si ardent, qu'il se fit de nombreux ennemis parmi les partisans de la réforme. Il mourut en 1682.

* RÆVARDUS (JACQUES), jurisconsulte, né près de Bruges en 1634, professa le droit à Douai, et mourut dans sa patrie en 1568.

Ses OEuvres ont été recueillies et publiées à Lyon en 1623, 2 vol. in-8°.

* RAFFENEL (CLAUDE-DENIS), jeune écrivain de beaucoup d'espérance, né probablement vers 1797, dans le département du Jura, d'un officier de marine, depuis commandant de La Rochelle, fut, au sortir de ses études, qu'il fit à Clermont en Auvergne, placé (1816) dans une maison de commerce, d'où il ne tarda pas à sortir pour se livrer à des spéculations aventureuses dans les mers du Levant. Un penchant irrésistible le portait vers ce genre d'instruction qu'on ne peut acquérir qu'au prix des dangers de lointains voyages. et, doué d'ailleurs d'une grande aptitude pour les recherches savantes, il coordonna à cet objet de prédilection la plupart de ses entreprises commerciales. Il avait parcouru déjà diverses contrées de l'Orient, lorsque, se trouvant dans les colonies du Sénégal à l'époque du naufrage de la Méduse, il fut exalté à tel point par la terrible merveille de cet événement, qu'il résolut de faire les plus hasardeuses incursions dans l'intérieur des terres, et en effet il passa plusieurs mois seul dans une cabane construite sur la lisière d'une forêt, et faillit y succomber à une maladie dont il fut atteint. Les curieux détails que, dans la suite, il donna à ses amis sur cette partie de ses voyages en Afrique, font regretter qu'il n'ait pu en rédiger la relation comme il se le proposait. Raffenel, qui, attaché à l'un des consulats de France aux Échelles du Levant, avait été témoin des premiers mouvements de la révolution des Grecs, s'était voué dès lors tout entier à leur cause. Il fonda à Smyrne, sous le titre de l'Observateur oriental, un journal écrit en français, et qu'il voulait consacrer à l'intérêt du commerce des Francs, gravement compromis par suite de l'insurrection. Mais il était audessus de ses moyens de soutenir seul ce journal il aima mieux l'abandonner que d'accepter le patronage de gens dont les affections différaient des siennes. Étant alors passé en Morée, il assista en quelque sorte aux événements qui signalèrent la première campagne de la révolution des Hellenes. Cependant une maladie grave l'ayant obligé de revenir en France, il y fut accueilli par le géneral La Fayette, qui le chargea de diriger l'éducation de ses petits-fils, et pendant deux ans qu'il occupa cet emploi, il en

consacra les loisirs à la rédaction d'un ouvrage qui, le premier, intéressa la France

en faveur de cette cause sainte dont il devait lui-même être un des généreux martyrs. Il venait de mettre la dernière main à quelques autres écrits, lorsque, en 1826, il s'embarqua pour aller porter les armes sous l'étendard des Grecs, dont un Françuis, le colonel Fabvier, commandait déjà une cohorte disciplinée (les tactitos). Reçu avec une grande distinction par ce chef, Raffenel, avec le simple titre de volontaire, se glorifia de partager les périls de la valeureuse nation que sa plume avait déjà si bien servie. Renfermé avec Fabvier dans le château d'Athènes, il y eut la tête emportée par un boulet le 27 janvier 1827. Aux justes regrets qu'a causé sa perte à tous les Philhellènes, se doivent joindre les regrets non moins légitimes de tous les amis des lettres. Raffenel n'avait pas eu sans doute le loisir d'embrasser assez fortement le genre d'études auxquelles il se destinait; mais la mobilité même de son imagination, évidemment funeste jusque-là au développement de toutes ses facultés, fût devenue avec l'âge une qualité de plus. Son élocution est facile, persuasive, entraînante; il a de la chaleur, et de généreux élans attestent, dans tout ce qu'il a écrit, que la France eût trouvé plus tard un digne défenseur de ses libertés dans ce jeune et infortuné champion de la liberté des Hellènes. Les ouvrages de Raffenel sont : Histoire des Grecs modernes depuis la prise de Constantinople par Mahomet II jusqu'à ce jour, Paris, 1824, in-12; Résumé de l'Histoire de la Perse depuis l'origine de l'empire des Perses jusqu'à ce jour, ibid., 1825, in-18; Histoire complète des événements de la Grèce, depuis les premiers troubles jusqu'à ce jour, deuxième édition, ibid,, 1825, 3 vol. in-8°, avec carte et portraits (le premier volume de cet ouvrage avait paru en 1822, et le deuxième en 1824; il y a été fait en dernier lieu quelques corrections ou chan gements); Résumé de l'histoire du Bas-Empire, ibid., 1826, in-8°.

RAFFINERIE. (Technologie.) L'atelier dans lequel on purifie les sucres bruts, chargés de parties hétérogènes, se nomme raffinerie. Les manipulations par lesquelles on fait cette opération ont reçu le nom de raffinage, et l'ouvrier qui l'exécute prend celui de raffineur.

Les Vénitiens paraissent être les premiers qui ont purifié le sucre que l'Égypte leur

fournissait dans le treizième siècle. Ils le réduisaient en sucre candi, et le livraient à

la consommation sous cette forme, à l'imi- cristallisation confuse. Quand celle-ci est tation de celui qui venait de l'Inde. Bientôt opérée, on débouche l'extrémité des foraprès ils parvinrent à lui donner la forme et mes; on perce même la masse solide de la cristallisation confuse qu'on lui a conser- part en part, à l'aide d'une tarière, pour vées jusqu'à ce jour. donner issue à la mélasse, que l'on reçoit dans le vase qui supporte les formes. En ce moment, les formes doivent être placées dans un lieu dont la température soit élevée de trente à quarante degrés, afin de faciliter l'écoulement du gros sirop.

L'art du raffineur consiste principalement dans la clarification de la clairce, en dé ́barrassant le sucre de la mélasse, qui n'est pas cristallisable, et de toutes les autres impuretés avec lesquelles se trouvent mêlés les sucres bruts qui nous sont importés d'Amérique, de l'Inde et des colonies. En 1815, MM. Cadet et Boudet firent imprimer un mémoire, qui n'a pas été assez répandu, et dans lequel ils ont réduit le raffinage du sucre à sa plus simple expression.

Autrefois une raffinerie était toujours une grande fabrique exigeant de forts capitaux et n'opérant que sur de grandes masses; aujourd'hui l'on peut également agir sur des quantités considérables ou faibles à volonté, raffiner dans un vaste atelier ou dans son ménage, employer mille formes ou deux ou trois seulement. Deux petites chaudières ou bassines en cuivre, quelques filtres ou chausses, quelques formes en terre cuite, une petite étuve, suffisent. On peut n'employer ni la chaux, ni le sang de bœuf, ni l'argile. On a supprimé les cristallisoirs et les rafraîchissoirs; enfin on a réduit la fabrication aux opérations les plus simples et les plus faciles.

Le problème à résoudre dans le raffinage consiste, 1o à séparer le sucre cristallisable de celui qui ne l'est pas; 2o à le séparer d'une matière empyreumatique, provenant d'une portion du sucre décomposée par le feu dans les premiers travaux sur le vezon. On arrive à ce résultat par trois opérations successives. Supposons qu'on veuille raffiner un quintal de sucre brut (cinquante kilogrammes ) :

1. On met ces cent livres dans une bas

sine de cuivre à fond plat, avec cinq litres (dix livres) d'eau, et l'on chauffe jusqu'à ce qu'en plongeant le doigt dans la solution, on ait peine à l'y tenir. On la verse alors dans des formes à sucre, bouchées à l'aide d'un morceau de linge, et que l'on tient dans un lieu frais. Les formes doivent avoir été préalablement trempées dans l'eau, afin qu'elles en soient imprégnées, et que le pain de sucre qui s'y moule, puisse s'en détacher facilement ; autrement on risquerait de les briser en le retirant. Le repos et la fraîcheur déterminent une sorte de

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20 On reprend ce premier sucre, encore coloré, et qui n'est pas cependant débarrassé du sirop non cristallisable; on le pèse. On prépare, dans un vase particulier, de l'eau albumineuse, qui se fait en délayant à froid un blanc d'oeuf dans cinquante parties d'eau, dans la proportion de cinquante centièmes du sucre employé. On verse moitié de cette eau dans la bassine, que l'on met sur le feu avec la totalité du sucre et un dixième de charbon animal en poudre, lavé et préparé. On chauffe jusqu'à ce que le mélange se boursoufle. On apaise ce mouvement, en versant la seconde moitié de l'eau albumineuse, et en agitant avec une spatule. On attend un second soulèvement; alors on jette la solution sur les chausses, et l'on obtient un sirop limpide et décoloré.

Après avoir nettoyé la bassine, on la remet sur le feu, et l'on chauffe fort lentement jusqu'à ce que la température soit de quatrevingts à quatre-vingt-dix degrés. On reconnait que le sucre est suffisamment cuit au petit soufflé (1) ou au boulé (2). Il faut avoir de l'habitude pour faire ce dernier essai sans se brûler, et pour bien juger de la cuite. On ne laisse atteindre le degré de petit cassé (3), que lorsqu'on veut faire du sucre

(1) La preuve du petit soufflé consiste à plonger une écumoire dans le sirop, et à souffler fortement au travers de ses trous. Si le sucre, en s'en déta

chant, forme un petit réseau blanc et nuageux, qui se prend comme de la mousse, le sirop est assez

cuit.

(2) Pour essayer le sucre au boulé, on prend un vase contenant de l'eau froide; on plonge avec célérité, dans le sirop, un doigt préalablement mouillé, et on le porte dans l'eau. Alors, si, en roulant le sucre qui s'est attaché au doigt, on en forme une petite boule, on dit que le sucre est au degré. Au lieu du doigt, on peut employer un morceau de bois tendre.

(3) On dit que le sucre est cuit au cassé, lorsque, procédant comme pour le boulé, le sirop solidifié ne se détache du doigt qu'en se cassant.

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