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réelle dont il s'est séparé par la généralisation, au moyen de ces idées intermédiaires que les esprits pénétrants savent saisir entre les propositions dont la vérité leur est connue, et celles dont la vérité est encore à connaitre. C'est dans ce sens qu'on peut dire seulement que les idées générales rentrent dans les idées particulières, dont elles sont sorties originairement ; mais, antérieurement à cette opération, existe celle qui a conduit aux idées générales, sans lesquelles il n'est point de raisonnement. Toutefois il est d'autres idées qui ne doivent rien à l'ordre naturel. Outre les vérités mathématiques qui en sont indépendantes, s'il n'y avait originellement dans notre esprit un principe de vérité, qui, semblable à l'aiguille de la balance, nous montre la rectitude du jugement et du raisonnement, il nous serait impossible de rien affirmer ou nier avec certitude sur les rapports que nous observons entre Les objets, ou que nous concevons entre nos idées. Le raisonnement ne saisit donc pas la vérité dans les faits particuliers pour les convertir en faits généraux. Il ne s'empare pas des propositions particulières pour les convertir en propositions générales. C'est l'office de l'analyse qui, au moyen de l'analogie, découvre une série de propriétés renfermées les unes dans les autres. Tel était le raisonnement inductif de Socrate, qui consistait à porter la lumière des exemples et des jugements vulgaires sur les jugements les plus complexes et les plus éloignés ; et tel est le procédé que nous suivons dans la recherche des faits extérieurs ou de la nature humaine. Nous disons si la fusibilité est analogue à la propriété constitutive de métal, et celle-ci à la propriété constitutive d'argent; donc la fusibilité est analogue à celle d'argent. C'est une suite d'analogies, mais ce n'est pas un raisonnement. Le raisonnement proprement dit procède par synthese on peut le définir une opération par laquelle nous classons une proposition dans une autre, dont la vérité nous est connue, au moyen d'une ou de plusieurs autres déjà classées dans celle-ci. C'est une méthode rationnelle de découvrir l'inconnu dans le connu, non d'après quelques analogies, mais en nous les faisant concevoir l'un dans l'autre, c'est-à-dire, les idées sensibles et particulières dans les idées générales, déjà formées et établies dans notre esprit. Nul doute que le raisonnement proprement dit ne s'appuie donc sur des catégories, puis

qu'il s'appuie sur des classes de faits que l'entendement a recueillis par le développement de ses facultés, et qui ont reçu la sanction du jugement. Mais ces catégories diffèrent de celles d'Aristote en ce que cellesci sont arbitraires, tandis que celles-là s'introduisent et se déterminent en nous, selon les lois de la pensée, dans sa formation et ses développements. Les sciences ont, dans ce sens, chacune leurs catégories, qui sont leurs vérités générales, admises d'un commun consentement. Il ne s'agit que de montrer que les faits particuliers, à mesure qu'ils se présentent, y sont compris. Si dans l'origine des sciences, avant la création de leur système, nous ne pouvons procéder que par raisonnement analytique et inductif, lorsqu'elles sont constituées et que leurs principes sont établis, c'est par raisonnement synthétique que nous procédons plus particulièrement. Il s'agit alors de transmettre la lumière des propositions démontrées ou convenues à des propositions éloignées ou contestées, soit pour établir la certitude de ces dernières, soit pour la faire reconnaitre aux autres.

De cette distinction des deux formes de raisonnement il suit qu'il y a des sciences où le raisonnement analytique doit être d'une application plus fréquente, comme celles dont les principes sont contestés ou faiblement établis, et d'autres où le raisonnement synthétique doit prévaloir, comme celles qui ont des principes arrêtés, soit qu'ils le soient par l'autorité, comme la théologie, ou par l'autorité et la raison, comme la jurisprudence. Mais comme toutes en général sont destinées à des progrès indéfinis, il y a peu de principes qu'on doive regarder comme définitivement arrêtés, et les raisonnements n'y peuvent avoir par conséquent qu'une vérité conditionnelle et en quelque sorte provisoire. (Voyez ANALOGIE, INDUCTION, LOGIQUE et RAISON.)

SATUR.

* RAITSCH (JEAN), savant servien, né en 1726 à Carlowitsch, mort en 1801 à Kovila, où il était archimandrite du couvent de Saint-Michel-Archange, a fait des recherches sur l'histoire ancienne de son pays. On lui doit une Histoire des divers peuples slaves, en langue slave, Vienne, 1794, 4 vol. in 8°; une relation de ses voyages et des Fragments pour servir à l'histoire de Servic.

*RAJALIN (THOMAS DE), né en Finlande en 1673, fut d'abord simple matelot, s'éleva

par son courage et ses talents jusqu'au grade d'amiral, et mourut en 1741, à bord d'un vaisseau de ligne, faisant partie de la flotte de Carlscrona. Il a publié (en suédois) les deux ouvrages suivants : Instruction du Pilote, 1730, in-4o; et Introduction sur l'architecture navale, 1732, in-8°.

*RALEGH (WALTER), Anglais célèbre par ses découvertes dans le Nouveau-Monde, ses écrits, sa haute fortune et ses malheurs, naquit vers l'an 1552 dans le comté de Devon. Entré au service vers 1569, il gagna, par ses exploits sur terre et sur mer, l'estime de la reine Élisabeth, qui l'employa dans diverses négociations, et se plut à favoriser ses projets d'établissements au Nouveau-Monde, en lui accordant de nombreux priviléges, qui devinrent pour lui une source de richesses. Il découvrit la Virginie en 1584, y fonda une colonie, et bientot l'introduction de nouvelles denrées, notamment celle du tabac, dont il propagea l'usage, attestèrent ses efforts pour la prospérité de son pays. Les combats qu'il livra ensuite aux Espagnols avec des vaisseaux équipés à ses frais, et les services qu'il rendit dans le parlement, dout il avait été élu membre, achevèrent de lui gagner la faveur de sa souveraine, qui le nomma successivement grand-sénéchal des duchés de Cornouailles et d'Exeter, surintendant des mines d'étain des comtés de Devon et de Cornouailles, lieutenant-général de cette dernière province, et enfin capitaine de ses gardes. Tant de richesses et de dignités accumulées sur la tête de Ralegh ne pouvaient manquer de lui susciter un grand nombre d'envieux, parmi lesquels il lui fallut compter Leicester, et ensuite le comte d'Essex, plus redoutable encore; ce dernier parvint même à l'éloiguer quelque temps de la cour; mais la victoire que Ralegh obtint dans l'attaque de la fameuse flotte envoyée par l'Espagne pour envahir l'Angleterre, ses soins et ses travaux pour la découverte et la conquête de la Guiane, sa bravoure et son habileté comme marin dans l'expédition de Cadix, enfin ses talents comme orateur dans la chambre des commu. nes, suspendirent les effets de la haine qu'il avait excitée. Cette haine n'osa même éclater qu'après l'avènement de Jacques Ier au trône. Ce fut alors que Ralegh expia cruellement toutes les faveurs dont il avait joui sous le règne précédent. Dépouillé de tous ses emplois, dénonce au roi comme suspect, et bientôt accusé de haute tra

hison, il fut arrêté en 1603, et condamné à mort par une commission dans laquelle figuraient ses plus grands ennemis. Cependant cette terrible sentence était à peine prononcée que l'intérêt le plus vif remplaça l'animosité dont Ralegh avait été l'objet; on ne vit plus en lui qu'un héros injustement accusé ses qualités éminentes, les services qu'il avait rendus à sa patrie comme grand capitaine et comme homme d'État furent rappelés avec enthousiasme ; un cri genéral s'éleva en sa faveur, et le roi fut obligé de faire suspendre l'exécution du jugement. Transporté à la Tour de Londres le 15 décembre 1603, Raleghy subit une longue captivité, dont le terme semblait ne pouvoir être abrégé que par son supplice. Il ne se laissa point abattre par une destinée aussi cruelle. La présence d'une épouse chérie, qui avait voulu partager sa prison, l'éducation de ses enfants, enfin la culture des sciences et des lettres, lui offrirent non-seulement des consolations, mais des jouissances que ses ennemis lui eussent enviées peutêtre; et lorsqu'au bout de douze ans il recouvra sa liberté, sa grande âme n'avait rien perdu de son énergie. Sorti de prison le 17 mars 1616, sans toutefois être relevé de la condamnation qui pesait sur lui, Ralegh voulut mériter sa grâce entière par de nouveaux services, et entreprit une expédition pour la Guiane, où ses premières recherches lui donnaient l'espoir de découvrir une mine d'or. Il mit à la voile le 28 mars 1617. Mais cette entreprise excita les alarmes des Espagnols; ils réussirent à force d'intrigues à se procurer le plan de l'expédition, qui leur fut livré par la cour d'Angleterre elle-même, attaquèrent Ralegh avec des forces supérieures, et celui-ci, trahi par son propre gouvernement, et ensuite par ceux qui l'accompagnaient, revint en Europe, ayant à déplorer la perte d'un fils chéri qu'il avait associé à sa fatale entreprise, et celle de toute sa fortune qu'il n'avait pas craint d'exposer. Arrêté sur la route de Londres et láchement sacrifié à une nation rivale qui demandait sa tête, il fut décapité quelques jours après, le 29 octobre 1618, emportant avec lui les regrets et l'admiration de toute l'Angleterre, qui reprocha hautement à Jacques Ier cette odieuse barbarie. Parmi les nombreux ouvrages sortis de la plume de Ralegh, on distingue son Histoire du monde, qui eut un très-grand succès dès sa publication et qui a été réimprimée pour la onzième fois en

1736, in-fol. Ses OEuvres diverses ont été publiées en 1751, 2 vol. in-8°, avec une no. tice sur sa vie par le docteur Thomas Birch, mais cet éditeur a omis un assez grand nombre d'ouvrages, soit imprimés, soit manuscrits, dont M. Arthur Cayley a donné la liste à Londres en 1805, dans sa Vie de Walter Ralegh en 2 vol. in-4o. Carew RALEGH, fils du précédent, gouverneur de Jersey, mort en 1666, a publié un mémoire pour la défense de son père, et quelques pièces en

vers.

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* RALPH (JAMES), écrivain anglais, originaire des colonies anglaises d'Amérique, fut d'abord maître d'école à Philadelphie, et vint s'établir en Angleterre au commencement du règne de Georges II, et mourut à Londres en 1762. On a de lui une Histoire d'Angleterre, un poème intitulé la Nuit; quelques pièces de théâtre, et plusieurs pamphlets politiques.

* RAMAZZINI ( BERNARDIN), médecin italien, né à Carpi en 1633, exerça successivement son art dans sa patrie, à Rome et à Padoue, où il fut professeur, et où il mourut en 1714, membre de l'Académie des Dissonanti de Modène, de celle des Curieux de la Nature, de la Société royale de Berlin et de l'Académie des Arcadiens de Rome. Sa vie a été écrite par Michel-Ange Zorzi, parmi celles des Arcadi illustri, tom. 6; par Fabroni, Vita Italorum, tom. 14, et par Tiraboschi dans la Biblioteca modenese, tom. 4.

* RAMBAUD (Jean-Charles DE), médecin de l'école de Montpellier, né en 1725 dans le comtat venaissin, fut attaché successivement à l'hôpital militaire de Givet et à celui de Sédan, reçut en 1777 le brevet de méde. cin consultant des camps et armées du roi, et mourut en 1785 à Sédan, correspondant de la Société royale de médecine de Paris, à laquelle il a adressé plusieurs intéressants mémoires. Il a été aussi imprimé dans le Journal de médecine militaire divers opuscules de Rambaud. (Voyez son éloge, par de Horne, dans le cinquième volume de ce même recueil.)

COMBAT, il devient superflu de nous étendre sur ce sujet. Qu'on ne s'attende donc pas à nous voir disserter ici sur la disposition des rames dans les fameuses trirèmes, quadrirèmes, quinquerèmes, etc., de l'antiquité. Nous avons déjà montré combien il était peu convenable pour un écrivain militaire de se livrer à ces recherches d'archéologue.

Il serait peut-être plus à propos d'exposer brièvement la théorie de la rame; mais, il est pénible de le dire, quelque simple que soit cette machine, on n'a pu encore arriver à la connaissance exacte de ses effets. Cette connaissance exigerait la solution d'un des problèmes les plus compliqués de la mécanique transcendante, et toutes les hautes spéculations du calcul infinitesimal n'ont procuré à cet égard que des résultats peu satisfaisants, parce que l'impossibilité de saisir avec exactitude les données du problème a introduit dans la mise en équation des erreurs qui ont dû nécessairement affecter ces résultats.

La rame est un levier du 2e geure, où la résistance se trouve placée entre la puissance et le point d'appui. La première est appliquée au point où la rame touche le plat bord de l'embarcation; la seconde à la poignée de la rame, et le point d'appui se trouve au point central d'effort de la pale contre l'eau qu'elle pousse. Les effets d'une semblable machine seraient très-faciles à calculer dans un cas ordinaire; mais ici, d'abord le point d'appui pris sur un fluide n'est pas fixe; d'un autre côté, la résistance à vaincre n'est pas exactement connue, puisqu'elle dépend à-la-fois et de la masse de l'embarcation à mouvoir, et de sa forme plus ou moins propre à diviser l'eau, et qu'on n'est point encore parvenu à résoudre cette question : connaissant la masse et la forme d'un corps flottant sur une eau tranquille, quelle est la force nécessaire pour le faire avancer d'une certaine quantité dans un temps donné? La puissance ou la force que le matelot peut appliquer à la poignée de la rame, est également assez difficile à évaluer.

Telles sont les difficultés qu'offre la théo

* RAMBOUILLET. Voyez ANGENNES et rie des effets de la rame. Cette théorie a été VIVONNE.

RAME (Marine.) La description de la rame a été donnée au mot AVIRON. Nous avions seu. lement réservé pour le présent article quel. ques détails sur l'usage des avirons tant chez les peuples anciens que chez les nations modernes. D'après ce que nous avons dit au mot Tome 19.

exposée d'une manière savante par don Georges-Juan dans son ouvrage intitulé Examen maritime, dont nous devons une excellente traduction à feu M. L'Évêque, examinateur des élèves de la marine. Don Georges-Juan trouve par ses calculs qu'avec une certaine réunion de circonstances favo

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rables, une embarcation, telle, par exemple, que le grand canot d'un vaisseau de ligne, peut acquérir une vitesse d'un peu plus de 5 nœuds ou 5 milles à l'heure, et qu'avec les conditions les plus avantageuses indiquées par la théorie, cette même embarcation pourrait obtenir une vitesse d'environ 6 nœuds ou 6 milles à l'heure. Mais, ainsi que nous l'avons dit plus haut, toute cette théorie a en grande partie pour base une autre théorie demeurée jusqu'à ce jour trèsincertaine, celle de la résistance des fluides. Aussi l'expérience ne confirme-t-elle pas les résultats de tous ces calculs scientifiques, et n'obtient-on jamais, pour les bâtiments à rames employés dans les marines européennes, une vitesse si considérable. Quelques voyageurs prétendent que les pirogues de certains insulaires du Grand-Océan, d'une forme très-effilée et mues par des pagayes, voguent avec une rapidité extraordinaire; mais ces embarcations n'ayant pas été soumises à des expériences régulières, on n'a point de notions précises sur leur prodigieuse vélocité.

L'utilité de la rame pour faire voguer les bâtiments par un temps calme, où les voiles sont inutiles, et pour les faire avancer directement contre le vent, faisait regretter de ne pouvoir s'en servir sur des navires d'une grande dimension. L'application des machines à feu à la navigation a remédié en partie à ce grave inconvénient, et les roues à pales des bateaux à vapeur ne sont autre chose que des rames multiples, mises en mouvement par une puissance infiniment supérieure à la force physique des hommes qu'il eût été possible d'employer à les manœuvrer isolément.

PARISOT.

* RAMEAU (Jean-Philippe), l'un des plus célèbres musiciens et compositeurs français du 18e siècle, né à Dijon en 1683, était fils d'un organiste qui cultiva soigneusement ses dispositions pour le clavecin; et il acquit dès sa première jeunesse une grande habileté sur cet instrument. Ayant quitté sa ville natale à l'âge de dix-huit ans, pour aller visiter l'Italie, il renonça à Milan à ce premier dessein, pour s'attacher à un directeur de spectacle qu'il suivit dans plusieurs villes du midi de la France, et vint ensuite à Paris, où il espérait que son talent lui fournirait aisément le moyen de s'établir. Mais, révolté bientôt des obstacles que l'envie semblait vouloir lui susciter, il alla chercher en province des succès plus faciles, et

ne revint dans la capitale qu'en 1722, armé de son Traité sur l'harmonie, qui devait fonder sa réputation, et qui lui obtint en effet celle d'un profond théoricien. Il crut alors que le théâtre lyrique pouvait lui offrir un autre genre de gloire et il voulut s'y essayer; mais là, comme à son premier début, il rencontra des obstacles. On ne connaissait encore de lui que des motets, des cantates et quelques fragments mêlés de chant et de danse qu'il avait faits pour les pièces que Piron, son compatriote, donnait à l'Opéra Comique, et aucun des poètes qui travaillaient pour le Grand-Opéra ne voulait lui confier un poème. Voltaire fut le seul, qui, appréciant son génie, consentit à lui fournir de quoi l'exercer; il lui donna sa tragédie de Samson. La musique en fut essayée chez La Pouplinière, et excita l'admiration des auditeurs ; mais l'autorité défendit la représentation de cette pièce, et Rameau se vit réduit à chercher un autre poème. Enfin l'abbé Pellegrin se hasarda à lui confier celui d'Hyppolyte et Aricie, au moyen d'un billet de 500 livres déposé comme garantie entre ses mains. On rapporte cependant qu'après avoir entendu la répétition du premier acte, il courut plein d'enthousiasme vers le savant compositeur, et déchira son billet à l'instant même. Le succès qu'obtint l'opéra d'Hippolyte, représenté en 1733, fut pour Rameau le signal de nouveaux triomphes. Il avait alors cinquante ans, et il est à remarquer qu'il fit pendant trente ans encore les délices de la scène lyrique, sans que son imagination perdit rien de son éclat. Ses nombreuses productions qui, pour la plupart, furent accueillies avec une admiration toujours croissante, et les découvertes qu'il fit pour le perfectionnement de son art, lui valurent d'honorables distinctions: le roi créa pour lui la charge de compositeur de son cabinet, lui donna des lettres de noblesse et le nomma chevalier de Saint-Michel. l'Académie de Dijon le reçut au nombre de ses membres, et les magistrats de cette ville l'exemptèrent des impôts, lui et sa famille, à perpétuité. Les compositions de Rameau, malgré les beautés qu'elles renferment, sont généralement moins goûtées aujourd'hui qu'elles ne le furent de son temps; mais comme théoricien, il n'a du moins rien perdu de sa réputation: la découverte de la basse fondamentale, qu'on doit à ses savantes recherches, suffirait seule pour la lui conserver. On a

reconnu qu'il avait trouvé les lois de l'harmonie comme Newton celles du système du monde ; et son nom, souvent associé à celui de ce grand homme, en reçoit une nouvelle illustration. Parmi les ouvrages de Rameau sur la théorie de son art, on cite son Traité de l'harmonie, 1722, in-40; Nouveau système de musique théorique, etc., 1726, in-4o; Génération harmonique, 1737, in-8°; Démonstration du principe de l'harmonie, 1150, in-8°; Erreurs sur la musique pratique de l'Encyclopédie, 1655 et 1756; Code de musique pratique, et nouvelles Réflexions sur Le principe sonore, 1750, in-40. Jean François RAMEAU, neveu du précédent, né à Dijon en 1716, mort vers 1772, a laissé les ouvrages suivants : le Maître à danser, qui enseigne la manière de faire tous les pas de danse, Paris, 1748, in-8°; la Raméide, ibid., 1766, in-8°. On trouve quelques détails assez curieux sur ce personnage dans un écrit posthume de Diderot, intitulé: le Neveu de Rameau.

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* RAMEL (PIERRE), officier-général, né à Cahors en 1761, fut nommé, en 1791, député à l'assemblée législative, y vota constamment avec le côté monarchique, et s'op posa à la mise en accusation de M. de La Fayette, dont il était l'ami. Chargé ensuite de concourir à l'organisation de l'armée des Pyrénées-Orientales, Ramel y obtint le commandement d'une légion de cavalerie, se distingua en diverses occasions, et fut fait général de brigade en 1793; mais il avait été signalé, comme patriote modéré, par Jean-Bon-Saint-André, son ancien concurrent dans les élections de l'assemblée législative un léger prétexte servit de base à une accusation en forme, et l'infortuné Ramel, condamné à mort en 1794, fut exécuté à l'insu des troupes dont on craignait le soulèvement. Trois de ses frères suivi rent aussi la carrière des armes : l'un d'eux capitaine au régiment de Wellesley (irlandais) fut massacré à Châlons, avec plusieurs officiers du même corps, pour avoir refusé de prêter le serment exigé des troupes après le 10 août 1792. Le plus jeune, officier de cavalerie, fut tué en 1796, sous les murs de Kehl, à côté de son frère qui commandait ce fort, et dont l'article suit.

* RAMEL (JEAN-PIERRE), officier-géué ral, frère des précédents, né à Cahors en 1770, était chef de bataillon à l'armée des Pyrénées, lorsque son frère aîné fut trainé à l'échafaud; et il eût subi le même sort, si

le brave et vertueux Dugommier n'était venu mettre un frein aux fureurs du terrorisme dans les départements frontières du midi de la France. Rendu à la liberté, après une cap. tivité de seize mois, Ramel fut nommé adju dant général, fit la campagne du Rhin, sous les ordres du général Moreau, défendit vaillamment le fort de Kehl, dont il avait obtenu le commandement, et fut appelé, en 1797, à celui de la garde des deux conseils de la république sous le gouvernement directorial. On prétend que sa conduite offrit alors des disparates qui lui firent tort dans l'opinion de ses amis eux-mêmes et qu'il n'obtint la confiance d'aucun parti. Proscrit au 18 fructidor et déporté à Cayenne avec quinze autres victimes de cette journée, Ramel et ses compagnons d'infortune furent traités pendant leur voyage, et après leur arrivée dans l'ile de Sinuamari, avec une telle cruauté qu'ils n'eurent bientôt plus qu'à choisir entre l'évasion et la mort. Plusieurs d'entre eux s'étaient résignés à ce dernier parti, mais Ramel, Pichegru, Barthélemy, Dossonville, Aubry, Delarue, Willot et Le Tellier, résolurent au contraire d'échapper à tout prix au sort affreux qui leur était réservé sur cette terre de désolation; ils se jetèrent la nuit dans un frêle esquif, sous la conduite d'un pilote qui se dévouait à leur salut, et après sept jours d'une navigation des plus périlleuses, pendant laquelle ils souffrirent tour à tour les tourments de la faim et les horreurs du naufrage, ils parvinrent le 10 juin 1798 à prendre terre au fort de Monte-Krick, dans la colonie hollandaise de Surinam, où ils trouvèrent tous les secours de la plus généreuse hospitalité. Ramel s'embarqua bientôt après pour l'Angleterre, et fit paraître un Journal sur les faits relatifs à la journée du 18 fructidor, sur le transport, le séjour et l'évasion des déportés. Cet écrit, publié en 1799, eut alors une grande vogue, mais il valut à l'auteur un nouvel exil sur la terre étrangère, et ce ne fut qu'après la journée du 18 brumaire qu'il lui fut permis de rentrer en France. Il reprit alors du service, fit plusieurs campagues, devint maréchal-de-camp en 1814, et fut nommé commandant de la ville de Toulouse en 1815. Ramel conserva cette place après le second retour du roi, et s'efforça de rétablir la tranquillité parmi les habitants; mais ayant voulu désarmer ces compagnies dites de Verdets, qui n'avaient ni existence avouée

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