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de la plus grande partie de l'auditoire. Il est des prédicateurs qui ne peuvent invoquer l'autorité de l'Écriture ou des Pères, rapporter le passage tout entier en latin. Ces latinades, comme on les appelle dans les idiômes de nos provinces méridionales, forment une bigarrure qui déplait et qui choque. Massillon ne s'en permettait que très rarement, et le président Agier s'en est déclaré l'ennemi le plus prononcé. En général, les citations, en quelque langue qu'elles soient, quand elles sont trop fréquentes, deviennent désagréables. Le père Isla n'a eu rien tant à cœur que de faire sentir le ridicule de ces sermons parsemés au hasard de toutes sortes de témoignages, d'autorités et de citations. «Si on entasse les » citations, dit-il, si elles sont vulgaires, si » elles n'ont ni âme ni esprit, c'est un fa» tras, et non de l'érudition. Le prédicateur acquiert plutôt la réputation de génie en» fantin, qui saisit tout ce qu'on lui pré» sente, que celle d'homme judicieux et sa» vant (1).

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divisés en deux ou trois points sont des espèces de bouts rimés; et, à l'appui de sa découverte, il cite les sermons de Bourdaloue, de Massillon sur la Passion. Qu'est-ce que cela prouve? Si ce n'est que l'ingénieux académicien a voulu amuser son nombreux auditoire par un paradoxe qui fût de son goût. Il est vrai que les discours des Pères, comme parle l'abbé Fleury, sont simples, sans aucun art qui paraisse, sans divisions, sans raisonnements subtils, sans érudition curieuse; quelques-uns sans mouvement; la plupart fort courts. Il est vrai que les sermons des prédicateurs du quatorzième, du quinzième, du seizième siècle sont tout l'opposé des Homélies des Pères; qu'ils sont divisés et subdivisés jusqu'à la dissection, s'il est permis de s'exprimer ainsi; qu'ils sont surchargés d'une érudition pédantesque et ridicule. Il est vrai aussi que les discours des orateurs les plus célèbres et les plus récents de la Grande-Bretagne nous offrent communément quatre, six, et jusqu'à huit points, comme les sections scolastiques de la Somme de saint Thomas. Mais y a-t-il raison suffisante pour adopter en tout la manière des Pères, ou pour rejeter continuellement celle de nos vieux prédicateurs et des Anglais, parce qu'ils ont successivement multiplié leurs divisions? « Laissons, dit le cardinal Maury, blâmer la méthode des divisions >> comme une contrainte funeste à l'élo»quence, et adoptons - la, sans craindre » qu'elle ralentisse la rapidité des mouve»ments oratoires, en les dirigeant avec plus » de régularité. Le génie a besoin d'être • guidé dans sa route, ou de se guider lui» même, en nous disant d'où il vient et où ⚫ il va ; et la règle qui lui épargne des écarts >> le contraint pour le mieux servir, quand » elle lui donne de salutaires entraves; car » le génie n'en est que plus ferme et plus grand lorsqu'il marche avec ordre, éclairé >> par la raison et dirigé par le goût. L'au» diteur qui ne sait où l'on veut le conduire » est bientôt distrait, et le plan est telle»ment nécessaire pour fixer son attention, » qu'il ne faut plus délibérer si le prédica»teur doit l'indiquer (1). »

On devrait bannir de la chaire l'usage de farcir les discours de citations latines qui sont si contraires au bon goût, qui entravent la marche de la diction, qui ne font que l'alonger, et qui ne sont point entendus

(1) Essai, etc., tom. 1. pag. 61..

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Il ne faut pas qu'un prédicateur se montre trop relâché dans sa morale; il ne faut pas non plus qu'il exagère la sévérité de l'Évangile, de peur de mériter qu'on lui applique l'épigramme, aiguisée contre le père Bourdaloue: Il surfait en chaire, mais il rabat dans le confessionnal. Il y a un juste milieu, dont il ne doit jamais s'écarter; s'il ne fait point aimer son ministère, il le fait détester.

C'est un des plus graves abus de la prédication que celui de nommer les personnes que l'on se propose de corriger, ou de les désigner de telle sorte qu'il soit impossible de ne pas les reconnaître; ce n'est plus la parole de Dieu, c'est une vraie diffamation, et cependant rien de plus commun. Il parait que les prédicateurs de Louis XIV ne l'épargnaient pas en chaire, puisqu'il disait à l'un d'entre eux : J'aime à faire ma part d'un sermon, mais je n'aime pas qu'on me la fasse; et que madame de Sévigné était effrayée que Bourdaloue, prêchant devant le grand roi, tonnát contre l'adultère, frappát de droite et de gauche.... sauve qui peut! Le duc de Saint-Simon raconte avec effroi, qu'étant à l'abbaye de La Fontaine-Saint-Martin, près de la Flèche, avec son ami Chamillart qui venait d'être disgracié, le prédicateur adressa

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directement la parole à cet ancien ministre, et ne lui parla que du triste événement dont il était si vivement pénétré (1). Quelle inconvenance! quelle atroce barbarie!

Un prédicateur n'est jamais mieux assuré de produire du fruit, que quand il pratique lui-même ce qu'il enseigne aux autres. Si sa conduite est en opposition avec sa doctrine, il n'excite que le mépris; il parle sans conviction, et ses paroles ne sont plus qu'un airain sonnant, et une cymbale retentissante. Mais, s'il a commencé par s'appliquer à lui-même les instructions qu'il est chargé d'adresser à ses auditeurs, si ses mœurs sont irréprochables, s'il est exempt d'ambition, de cupidité, de vaine gloire, il peut s'attendre à être favorablement écouté; alors la parole de Dieu n'est jamais inutile; elle ne retourne point sans effet vers celui qui l'envoie. Un ancien a dit tout cela en peu de mots: Magis clamat vita, quam lingua. (Voyez ÉLOQUENCE, CLERGÉ, MISSIONNAIRES, MINISTRES DES CULTES et MORALE.)

LABOUDERIE.

PRÉFECTURE. Voyez ADMINISTRATION, BUREAUCRATIE, DÉPARTEMENT, MINISTRE et MUNICIPALITÉS.

* PREISLER (JEAN-JUSTIN), peintre et graveur à l'eau-forte, directeur de l'Académie de Nuremberg, où il naquit en 1698, a gravé les plus belles statues antiques de Rome, d'après Bouchardon, et la plupart des sujets que Rubens représenta sur les plafonds de l'église des Jésuites à Anvers. Il mourut en1771.-Georges-Martin PREISLER, son frère, né en 1700, mort en 1754, se distingua dans le même art, et fut l'un des plus habiles professeurs de l'Académie de Nuremberg. Jean-Martin PREISLER, second

frère des précédent, né en 1715, fut appelé à Copenhague, où il devint graveur du roi et professeur à l'Académie de peinture. Il mourut à Copenhague en 1794. ValentinDaniel PREISLER, autre frère des précédents, né en 1717, mort en 1765, grava à Zurich, sous le nom de Saint-Walch, le portrait de la plupart des bourgmestres de cette ville, d'après les dessins de Fuessli.-Jean-Georges PREISLER, fils de Jean-Martin, cultiva aussi la gravure et fut reçu membre de l'Académie de peinture de Paris en 1787.

PRÉJUGÉS. Toute opinion adoptée de

.

confiance, tout jugement qui ne repose pas sur l'examen est un préjugé. Mais de même que, pour s'écarter des idées reçues, le paradoxe n'est pas toujours hors de la vérité, le préjugé n'est pas non plus toujours une erreur, bien qu'il n'ait pas encore obtenu l'assentiment de la raison. De deux personnes, dont l'une, qui s'en rapporte au témoignage de ses sens, donne au soleil deux pieds de diamètre, dont l'autre, sur la foi de quelque astronome, attribue au roi des astres sa dimension réelle, et le fait un million de fois plus grand que la terre, la dernière seule ne se trompe pas, et néanmoins elles ne parlent toutes deux que d'après un préjugé. Ainsi donc ce mot n'est pas absolument synonyme d'opinion fausse; et certes il faudrait plaindre les hommes, si le contraire avait lieu, car la plupart du temps leur condition les condamne à ne pouvoir penser d'après euxmêmes. L'esprit le plus étendu et le plus actif possède inévitablement beaucoup de notions dont il ne s'est jamais rendu un compte exact et réfléchi. On ne devient pas un philosophe éminent, un poète sublime, un grand historien, sans jeter un coup d'œil général sur le cercle entier des connaissances humaines; mais ces rares génies à qui le ciel accorde de tenir l'un des sceptres de la pensée, ne peuvent point explorer chaque

division du vaste domaine des sciences avec

la même attention patiente, la même pénétration profonde qu'ils ont apportée à l'étude spéciale de telle ou telle partie : aussi les voit-on souvent céder comme le vulgaire au préjugé de l'autorité.

développement complet de l'intelligence Jusqu'à l'époque plus ou moins tardive du l'enfant est soumis à un enseignement dogmatique. Long-temps il ne comprend la rai

,

son ni de ses jugemens, ni de ses actions. Plus tard, lorsque les progrès de notre esprit nous ont mis en état de passer au creuset de l'examen les opinions nouvelles que nous allons adopter, ou celles que nous avons admises dans notre premier âge, presdiscuter sérieusement les motifs qui nous que toujours le temps nous manque pour déterminent à agir comme à prononcer. Nous faisons telle chose, parce qu'on l'a faite avant nous, parce que nous l'avons faite nousmêmes précédemment, parce que nous la voyons faire encore tous les jours par nos parents, nos amis, nos concitoyens. Au

(1) Mémoires complets et authentiques, tom. 7, reste, l'usage, l'habitude, l'exemple ne sont pag. 427.

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pas toujours de mauvais guides. L'expérience

de ceux qui nous ont précédés dans la vie ne doit pas être perdue pour leurs successeurs; elle leur sert à prendre une résolution là où les premiers n'ont su qu'hésiter, à suivre la voie directe quand ils se sont égarés, et tourne véritablement au profit des derniers venus. Il faut donc le reconnaître il y a beaucoup de préjugés utiles, légitimes, et qui pourraient sans inconvéniens se peser au poids de la raison.

Mais à la faveur de cette nécessité d'accepter des opinions toutes faites, de ce penchant à l'imitation et à la crédulité, sans cesse augmenté par la paresse de l'esprit, devenue un vice invétéré, se glissent en nous une foule de préjugés de toute nature, qui ne sont que des erreurs plus ou moins funestes. Elles viennent pour la plupart de ceux qui, se proclamant les instituteurs et les maîtres du genre humain, n'ont d'autre but que de l'assouplir à une domination qu'ils exploitent d'un commun accord. Bientôt il abdique les droits de la raison entre les mains d'imposteurs politiques ou religieux qui se sont fait, comme le Mahomet du poète, la mission de mettre à profit les erreurs de la terre. Alors les hommes oublient qu'ils sont frères et qu'ils sont égaux. Les préjugés dont l'éducation a nourri leur enfance renversent tous les rapports naturels entre les citoyens d'un même état, entre les gouvernants et les gouvernés, entre les diverses nations du globe; ils altèrent les plus importantes notions de la morale, et déplacent toutes les bases de la justice et de l'estime publique. N'est-ce donc pas le préjugé qui élève ici des échafauds pour les hérétiques; là, pousse la moitié d'un peuple saintement homicide à égorger l'autre; ailleurs, maintient la société divisée en castes, dont les unes accaparent tous les profits de l'association, et les autres portent éternellement le fardeau du mépris, du travail et de la douleur ?

Les souvenirs du passé exercent sur nous une si grande puissance, qu'à la longue l'opprimé croit que son malheur est de droit, l'oppresseur, que sa tyrannie.est légitime; car une nation ne souffre pas moins des préjugés qui ont perverti l'esprit de ses chefs, que de ceux qui l'ont façonnée au joug. Quel frein reconnaîtra ce monarque à qui des courtisans n'ont cessé d'assurer qu'il est maître absolu de toute cette foule acconrue sous ses fenêtres, que tout cela est à lui, qu'il dispose de tout sans contrôle, en un mot qu'il règne de droit divin?

Nihil est quod credere de se

Non possit, quum laudatur Dîs æqua potestas.
(JUVÉNAL, sat. IV. )

Un roi pourtant a moins d'intérêt à opprimer ses sujets que ces pestes de cour qui l'assiégent au berceau, dirigent son éducation, et l'empoisonnent du préjugé qui lui montre une certaine classe d'hommes comme des oracles infaillibles et les arbitres suprêmes de la vérité. A la vue d'une nation que son orgueil, son luxe insatiable et son ambition auront appauvrie, épuisée, Louis XIV lui-même hésitera à la surcharger d'un nouvel impôt : mais ses doutes ne tarderont pas à s'éclaircir, ses scrupules s'évanouiront; il signera d'une main ferme l'ordre fatal. Et quelle autorité aura suffi pour étouffer le cri de sa conscience? la décision d'un jésuite (1), qui aura osé dire au royal pénitent que tous les biens de ses sujets lui appartiennent, et qu'ils sont trop heureux lorsqu'il leur en laisse une partie. Cependant ces préjugés, et d'autres aussi détestables, n'ont-ils jamais coûté aux princes de dures épreuves? Les barrières que rencontre la vérité finissent toujours par s'abaisser devant elle, et tôt ou tard les nations comprennent que le bienêtre social forme la mesure de l'autorité des rois. Mais lorsque le bandeau se déchire pour les nations, souvent les ténèbres s'épaississent sur les yeux des rois, tout imbus des doctrines mensongères du pouvoir absolu. Alors un Charles Ier, malheureux par des préjugés profondément enracinés, s'aveugle au point de se refuser à d'équitables concessions, à des restitutions légitimes, et d'essayer enfin de remonter violemment le cours d'un torrent qu'il fallait suivre pour ne pas succomber dans une lutte inégale. Et même, après ces déplorables catastrophes, ne voit-on pas les successeurs de la victime, n'ayant rien appris, n'ayant rien oublié, persister dans des préjugés qui troubleront longtemps le repos de tout un peuple, et les comdamneront à un exil éternel?

Ce n'est donc pas au seul avantage des nations que la philosophie tente de rendre à la raison ses droits imprescriptibles. Moins les nations et leurs chefs se traîneront dans l'ornière des préjugés, moins ils seront détournés de leur véritable but, moins les révolutions seront à craindre. Aussi ne comprenons-nous pas comment des écrivains

(1) Le père Le Tellier. (Voyez les Mémoires de Saint-Simon, tom. 9 chap. 5.)

érigés en censeurs de la philosophie, ont pu se demander sérieusement s'il était bon que l'homme connût la vérité et fût guéri de ses erreurs. Ces prétendus sages redoutent le penchant de l'esprit humain pour la nouveauté, son inconstance, sa mobilité naturelle, qu'il serait dangereux d'exciter trop vivement; ils allèguent enfin les troubles et les désordres à travers lesquels il marche de l'erreur à la vérité. Mais la vérité, l'expérience de tous les temps le démontre, ne parvient à triompher qu'après de longs et pénibles efforts. Du jour où un préjugé a été ébranlé dans ses premières racines, jusqu'à l'époque où il tombe pour ne plus refleurir, des centaines d années s'écoulent; et combien qu'on croyait abattus pour toujours, se relèvent avec une promptitude et une vigueur

nouvelles !

On ignore, ou l'on affecte d'ignorer avec quelle tyrannie la mémoire et l'imagination luttent en nous pour maintenir ce qui existe contre ce qui n'existe pas encore. C'est avec une timidité invincible que les hommes osent douter et critiquer. « Ce qui est hors des gonds de la coutume, dit Montaigne, on le croit hors des gonds de la raison. » Voilà pourquoi des législateurs, avertis par la connaissance de notre nature et par l'empire des mœurs et des habitudes, ont eu la sage politique de promulguer, non pas des lois irréprochables, mais les moins mauvaises qu'une nation pût supporter. Toutefois, les obligations du législateur et du philosophe ne sont pas les mêmes; si le premier doit céder à des préjugés trop vivaces encore pour être domptés, le second a mission de les attaquer sans relâche et sans ménagement. Les plus funestes de ces préjugés sont quelquefois ceux-là mêmes qui résisteront avec le plus d'énergie. Une contagion horrible peut nous menacer dans notre exis. tence, flétrir tout au moins la beauté de nos sœurs, de nos épouses, de nos filles ; et l'antidote de ces effroyables ravages restera long-temps dédaigné, redouté peut-être plus que le mal dont il prévient l'explosion. Depuis quelles longues années l'équité et la raison ne s'élèvent-elles pas contre ce préjugé que nous ont légué des siècles barbares, et qui, pour le plus frivole motif, force deux hommes, deux amis à croiser le fer, et, sous prétexte de donner réparation d'une insulte, souvent continue son triomphe dans le sang de l'insulté! Cependant le duel n'est pas près de sortir de nos mœurs, et le fléau que

combat la vaccine moissonnera encore bien des victimes.

L'histoire des malheurs du monde est l'histoire de nos préjugés en présence d'un fait aussi triste, loin de refroidir le zèle de la philosophie qui les combat, louons-la plutôt de ses efforts, remercions-la de ses conquêtes, et ne songeons qu'à nous mieux disposer à recevoir les semences de la vérité. Si l'on nous objecte les sacrifices qu'entraîne quelquefois l'établissement de son règne, répondons hardiment que reculer devant les hasards d'une révolution qui retirera tout un peuple d'une condition honteuse et misérable, ce serait préférer des maux éternels à des commotions passageres. N'oublions pas d'ailleurs, pour être justes, d'attribuer aux véritables coupables les désastres momenta nés de la lutte que les défenseurs des préjugés osent engager contre leurs adversaires. Quand le vrai et le faux ont été serrés fortement sur la trame des opinions humaines, la séparation ne saurait plus s'en faire sans déchirements; mais les troubles qui en résultent ne doivent point retomber sur la philosophie, dont le devoir est de signaler ce mélange adultère. Le préjugé qui les lui imputerait ne serait pas un de ceux qu'il importe le moins de détruire. ( Voyez OPINION PUBLIQUE.)

TANCE.

PRÉMARE (Joseph-Henri ), savant jésuite français, s'embarqua à La Rochelle en 1698 pour aller prêcher l'Évangile à la Chine, fut un des missionnaires qui ont fait le plus de progrès dans la littérature de cet empire, et celui qui a le mieux apprécié la théorie de la langue et des antiquités chinoises. Il mourut à la Chine vers 1735. On a de lui: Recherches sur les temps antérieurs à ceux dont parle le Chou-King, et sur la mythologie chinoise, écrit inséré par Deguignes, à la tête du Chou-King, traduit par le père Gaubil, sous la forme d'un discours préliminaire; un grand nombre d'autres ouvrages, dont trois écrits en chinois, qui n'ont point été publiés, et font partie des manuscrits de la Bibliothèque du Roi. On peut consulter pour plus de détails la notice judicieuse que M. Abel Remusat a consacrée au père Prémare dans la Biographie universelle, ancienne et moderne, publiée par L.-G. Michaud, tom. 36.

* PREMIERFAICT (LAURENT DE), né dans le village du même nom, près Arcissur-Aube, mort en 1418, fut secrétaire du duc de Berri. On lui doit la première tra

duction française du Décaméron de Boccace, langue basque et dans beaucoup d'autres, publié en 1534, celles des Economiques pourrait étre indiqué en mettant livre avant d'Aristote, des OEuvres de Sénèque-le-Phi- Pierre, qui en latin serait rendu par le losophe, et des traités de Cicéron sur changement de la terminaison du mot Pel'Amitié et la Vieillesse. Ces derniers n'ont trus en Petri, est exprimé par la préposipas été publiés et sont conservés manuscrits tion de. dans la bibliothèque de Genève. * PRÉMONTRÉS (Ordres DES). Voyez NORBERT.

*

:

PRÉMONTVAL (ANDRÉ-PIERRE LE. GUAY DE), littérateur, membre de l'Académie des sciences de Berlin, né à Charenton en 1716, enseigna d'abord avec succès les mathématiques à Paris. Une aventure amou reuse le détermina à quitter la France; emmenant avec lui sa maîtresse, qu'il épousa bientôt, il alla se fixer à Berlin, où il mourut en 1764, après avoir embrassé le protestantisme. On a de lui la Monogamie, ou l'Unité dans le mariage, 1751, 3 vol. in-8°, etc.; plusieurs mémoires dans le recueil de ceux de l'Académie de Berlin, et divers autres opuscules mathématiques, philosophiques et littéraires. - PRÉMONTVAL (Marie-Anne-Victoire PIGEON de), femme du précédent, née à Paris en 1724, morte peu de temps après son mari, se distingua par son esprit et l'élégance de ses manières. Elle fut lectrice de la princesse Guillelmine de Prusse, et publia la vie de son père sous ce titre le Mécaniste philosophe, ou Mémoires concernant la vie et les ouvrages de Jean Pigeon, La Haye, 1750, in-8°. PRÉPARATION. (Histoire naturelle.) (Voyez TAXIDERMIE.)

PRÉPOSITION. (Grammaire.) Mot invariable qui sert à exprimer les rapports que

les mots ont entre eux.

Les mots ont entre eux les mêmes rapports qu'ont entre elles les choses qu'ils désiguent. Ces rapports peuvent être exprimés par le langage de différentes manières, soit simplement par la place même que les mots occupent, soit par un changement dans la terminaison du mot qui sert de deuxième terme au rapport (voyez CAs), soit enfin par un signe particulier, par une nouvelle espèce de mots ce signe, cette nouvelle espèce de mots, c'est la préposition. Lorsqu'en français je dis : j'aime Dieu, la seule place du mot Dieu montre le rapport qu'il y a dans ma pensée entre aimer et Dieu; quaud, en latin, je dis Deum amo, ce rapport est exprimé par la terminaison um ; quand je dis le livre de Pierre, le rapport de livre à Pierre, qui en anglais, dans la

Le nom de préposition (de ponere, placer; præ, devant) vient de la place qu'occupe généralement dans la phrase cette espèce de mot, qui se met ordinairement devant son complément; cependant, comme il y a des langues, telles que le turc, le basque, le groenlandais, où ces mots se placent après leur régime, ce nom manque de justesse; on y a substitué dans quelques traités de grammaire générale celui d'exposant de rapport,qui fait bien mieux connaître la nature du mot.

C'est par une conséquence de sa nature même que cette espèce de mots est invariable; en effet, quelque variation que puissent subir les termes d'un rapport, le rapport reste toujours le même. S'il s'agit, par exemple, d'un rapport d'inclusion exprimé par dans, ce rapport ne change pas : que je sois dans une ville ou dans une maison, dans un lieu ou dans un autre.

La préposition servant à exprimer le rapport des choses entre elles, on peut en distinguer d'autant de sortes qu'il y a de rapports; aussi les grammairiens distinguent-ils des prépositions de temps, de lieu, d'ordre, d'union, de séparation, d'opposition, de but, de cause, de moyens, de spécification;

on

en pourrait distinguer un bien plus grand nombre, et l'énumération ne serait pas encore complète.

Il s'en faut de beaucoup d'ailleurs qu'il y ait autant de prépositions qu'il y a de rapports possibles entre les idées ; telles langues out des prépositions qui manquent dans d'autres; plusieurs prépositions expriment à-lafois les rapports les plus divers ; c'est ainsi que de exprime union ( le livre de Pierre), et séparation (s'écarter du chemin ); à exprime le point où l'on est ( être à Paris ), et celui où l'on va (aller à Paris ): La plupart du temps, elles ne font qu'indiquer qu'il y a un rapport, mais elles ne le déterminent pas, et laissent à l'auditeur le soin de le déterminer lui-même, avec le secours des mots qui précèdent ou qui suivent; quand on dit: Pierre ressemble à Paul, la préposition à ne fait qu'avertir qu'il y a un rapport entre Pierre et Paul; mais c'est le mot ressemble qui exprime vraiment ce rapport.

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