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commandait la troisième division militaire. On a de lui: la Science du gouvernement, * RAZOUX (JEAN), savant médecin, né Aix-la-Chapelle (Paris), 1751-64, 8 vol. à Nîmes en 1723, fut reçu docteur à la faculté in-4°. - RÉAL DE CURBAN (Balthasar de), de Montpellier, acquit une grande réputation neveu du précédent, connu sous le nom de dans la pratique de son art, et mourut dans sa l'abbé de Burle, né à Sisteron en 1701, patrie en 1798. Il s'était occupé dans sa jeu- mort à Paris en 1774, est auteur d'un écrit nesse de recherches archéologiques, et avait intitulé : Dissertation sur le nom de famille projeté, avec le marquis de Rochemore, la de l'auguste maison de France, Paris, publication d'un grand ouvrage sur les anti- 1762, in-4°. Cette pièce fait partie d'un quités de sa patrie. Mais l'exercice de la Recueil de mémoires et dissertations sur le médecine le détourna de ce travail, et il se même sujet, publié à Amsterdam en 1769 borna à publier, dans le recueil de l'Acadé- par de Sozzi. mie de Nîmes, trois Mémoires sur les Volces arécomiques, sur les Consécrations des anciens, etc., et sur les grands Chemins des Romains. On a de lui plusieurs ouvrages de médecine. Razoux était correspondant de l'Académie des sciences, membre des Sociétés de médecine de Montpellier et de Paris, secrétaire perpétuel de l'Académie de Nimes. * RAZYAH ou RADHIAT-EDDYN reine de Dehly, fille de Chems-Eddyn Iletmich, fut élevée au rang suprême par le choix de toute sa nation, l'an 634 de l'hégyre (1236 de Jésus Christ), et se rendit digne de cette distinction par ses qualités éminentes; mais son règne glorieux fut troublé par la jalousie de son frère Bahram, qui parvint à la détrôner, et la retint captive. Delivrée par le roi de Serhind, dont elle devint l'épouse, elle périt avec lui en combattant l'usurpateur.

* RAZZI (JEAN-ANTOINE), peintre, plus connu sous le nom de Cavaliere SoDOMA, né à Vergelli, village du pays de Sienne, en 1479, mort en 1554, a laissé un grand norabre d'ouvrages. Il a formé à Sienne d'habiles élèves, aufnombre desquels on compte Mastro Riccio.

* RÉ (Philippe ), savant agronome italien, recteur de l'université de Reggio, né dans cette ville en 1763, fut professeur d'agriculture et de botanique à l'université de cette ville, et membre des académies les plus célèbres d'Italie, devint membre de la régence de Modène lors de l'invasion des Français en Italie, rentra ensuite dans la vie privée, et mourut en 1817. Les Annales encyclopédiques (août 1817) contiennent une Notice sur Philippe Ré, traduite du Journal encyclopédique de Naples.

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RÉAUMUR (RENÉ - ANTOINE FERCHAULT DE), l'un des plus ingénieux et des plus célèbres naturalistes et physiciens que la France ait produits, né à La Rochelle en 1683, se distingua dès sa jeunesse par la variété et la profondeur de ses connaissances. Il vint à Paris en 1703, y fut reçu de l'Académie des sciences en 1708, et se montra pendant près de cinquante ans l'un des membres les plus actifs et les plus utiles de cette compagnie. Ses travaux embrassant tour à tour les arts industriels, la physique générale et l'histoire naturelle, la France lui dut d'importantes découvertes sur ces diverses matières; mais aucune de ses laborieuses recherches n'eut plus d'influence sur l'industrie que celles qu'il fit sur le fer et sur l'acier. et qu'il publia en 1722 sous le titre de : Traité sur l'art de convertir le fer en acier, et d'adoucir le fer fondu. Cet ouvrage, qui lui valut une pension de 1,200 livres de la part du régent, fut suivi de nouvelles observations sur la fabrication du fer-blanc, sur celle de la porcelaine, enfin sur l'art de perfectionner les thermometres. Celui qu'il fit connaître en 1731, et qui porte son nom, est devenu l'un des monuments les plus durables de sa gloire. Ses Mémoires pour servir à l'histoire des insectes, dont il publia 6 volumes in-4o, de 1734 à 1742, ne firent pas moins d'honneur à son génie, et sont encore étudiés aujourd'hui avec intérêt. Outre les nombreux Mémoires qu'il a insérés dans le Recueil de l'Académie et les ouvrages cités ci-dessus, Réaumur a laissé cent trente-huit portefeuilles remplis d'ouvrages complets ou commencés, d'observations, de mémoires, etc. Il mourut des suites d'une chute le 18 octobre 1757 à sa terre de La Bermondière, dans le Maine.

* REBECCA (Bible), fille de Bathuel et femme d'Isaac, étant devenue enceinte de deux enfants jumeaux (Esau et Jacob), les sentit se battre dans son sein, et consulta

Dieu à ce sujet. Il lui fut répondu que de ces deux enfants naîtraient deux peuples qui se feraient une guerre perpétuelle, et que le puiné demeurerait victorieux. Rebecca eut toujours de la prédilection pour Jacob, et ce fut elle qui lui suggéra le moyen de surprendre la bénédiction paternelle due à Eṣau par son droit d'aínesse.

* REBEL. Voyez FRANCOEUR. RÉBELLION. Voyez RÉSISTANCE, RÉVO

LUTION.

REBENTISCH (Jean-Frédéric), chirurgien et botaniste allemand, n'est connu des biographes que par quelques ouvrages, parmi lesquels on cite: Prodromus flora neomarchiæ secundùm systema proprium, etc., Berlin, 1804, 1 vol. in-8°, avec vingt figures, accompagné d'une préface par Willdenow; Index plantarum circum Berolinum spontè nascentium, etc., ibid., 1805 : 1 vol. in-8°.

* REBKOW (EBKO DE). Voyez Евко. * REBMANN (ANDRÉ DE), président de la cour d'appel de Deux-Ponts, mort à Wisbaden le 16 septembre 1824 à cinquante-six ans, joignit la culture des lettres aux fonctions de la magistrature. Outre quelques romans et morceaux de poésie, notamment des satires, il a publié divers ouvrages politiques qui ne sont point connus en France. La Revue encyclopédique, qui lui a consacré une courte notice (tom. 25, pag. 856), nous apprend que ce fut lui qui présida la cour criminelle de Mayence dans l'affaire célèbre des brigands de Schinderhannes, jugée sous le gouvernement français.

* REBOLLEDO (BERNARDIN comte DE), littérateur espagnol, né en 1597 à Léon en Espagne, d'une famille illustre, se distingua dans la carrière des armes, fut créé successivement comte de l'empire, gouverneur du Bas-Palatinat, capitaine général de l'artillerie en Allemagne, ambassadeur du roi d'Espagne en Danemarck, et rendit dans ce dernier emploi d'importants services à son pays. Il monrut à Madrid en 1677, emportant avec lui la réputation d'un bon mi litaire, d'un habile négociateur, et d'un littérateur distingué. On a de lui: Selvas militares y politicas, Cologne (Copenhague), 1652, in-16; Selvas danicas, ibid., 1655, in-4o; Selvas sagradas, ibid., 1657, et Anvers, 1661, in-4° ; la Constancia victoriosa, egloga sacra, y los trenos, ibid., in-40; Ocios (Loisirs), ibid., 1660, in-4o. La meilleure édition des poésies de RebolTome 19.

ledo, est celle de Madrid, 1778, 4 vol. in-8°. * REBOULET (SIMON), historien, né à Avignon en 1687, entra d'abord dans l'ordre des jésuites, mais ne put y rester à cause de la faiblesse de sa santé. Il mourut en 1752, après avoir publié : Histoire de la congrégation des Filles de l'Enfance, 1734, 2 vol. in-12 livre condamné au feu par le parlement de Toulouse; Mémoires du chevalier de Forbin, rédigés sur les manuscrits de ce célèbre marin; Histoire du règne de Louis XIV, Avignon, 1742-44, 3 vol. in-4o ou 9 vol. in-12; Histoire de Clément XI, ibid., 2 vol. in-4o, supprimée à la prière du roi de Sardaigne, dont le père (VictorAmédée) y est maltraité. Reboulet a encore laissé quelques autres ouvrages en manuscrit. On trouve des détails sur cet auteur dans les Mémoires de littérature de l'abbé d'Artigny.

RECANATI (JEAN-BAPTISTE), littérateur vénitien, mort vers 1740, avait rassemblé un grand nombre de manuscrits rares qu'il légua par testament à la bibliothèque de Saint-Marc. On a de lui Osservazioni critiche sopra il libro del sig. Jacopo Lenfant, intitolato Poggiana, Venise, 1721.

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RÉCHABITES, secte juive qui eut pour fondateur, sous le règne du roi Jéhu, Jonadab, fils de Rechab, et qui dura pendant trois cents ans. Les réchabites avaient la prétention d'observer rigoureusement la loi de Moïse. Ils s'abstenaient de vin, vivaient sous des tentes, ne cultivaient point la terre, et ne possédaient aucun bien en propre.

*RECHENBERG (ADAM), professeur de théologie à Leipsig, où il mourut en 1721 à l'âge de soixante-dix-neuf ans, a publié des livres de controverses, des éditions du philosophe Athénagore, et des Épîtres de Rolland Desmarêts; de l'Obstetrix animorum du docteur Richer, Leipsig, 1708, in-12; et de l'Historiæ numariæ Scriptores, ibid., 1692, 2 vol. in-4o; Fundamenta religionis prudentium, ibid., 1708, in-12. — RECHENBERG (Charles-Othon), jurisconsulte, fils du précédent, mort en 1751 à Leipsig, où il avait le titre de conseiller, travailla au Journal de cette ville, et a laissé : Institutiones jurisprudentiæ naturalis; Institut. juris publ. ; Regulce juris privati.

*RECIMER. Voyez RICIMER.

RÉCOMPENSES. (Politique.) Définironsnous ce mot de récompense, comme Bentham, une portion de la matière des biens accordés en considération d'un service réel

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ou supposé? Non ; tenons-nous-en à la définition ordinaire qu'a adoptée Diderot, et que nous rendrons plus complète, en disant: c'est le prix des services rendus à l'État, c'est une marque de distinction accordée pour honorer la bravoure, pour exciter l'émulation, et offrir quelques dédommagements à ceux qui suivent une carrière pleine de périls et de sacrifices.

On pourrait distinguer les récompenses en honorables et lucratives, et faire une troisième classe de celles qui sont à-la-fois l'un et l'autre.

Les premières n'ont un grand prix que sous les gouvernements où l'opinion publique est une puissance. Ainsi, chez les Grecs, c'était moins pour obtenir, comme Pausanias après la bataille de Platée, une plus grande part des dépouilles de l'ennemi, que pour recevoir, comme Alcibiade et Eschine, une couronne des mains du general, qu'on cherchait à se distinguer. La faveur et le caprice ne décernaient pas cet insigne honneur, mais c'étaient les troupes elles-mêmes, qui, après la bataille, décidaient à la pluralité des voix, quel avait été le plus brave des combattants. On lui permettait ou d'ériger une colonne qui rappelât ses exploits, on de déposer ses armes dans la citadelle, et de se parer du nom révéré de cécropidès.

Thucydide, Xénophon, Plutarque nous donnent des détails touchants sur les honneurs rendus aux citoyens qui succombaient dans les batailles. Les Athéniens surtout se faisaient remarquer par leur empressement à remplir ce pieux devoir. Les dix tribus envoyaient chacune un cercueil de cyprès pour y renfermer leurs morts, et l'armée, les armes baissées, suivait dans un profond silence jusqu'au lieu de la sépul turc. Dans les expéditions lointaines, les corps étaient brûlés, et on envoyait les cendres aux parents. Les Lacédémoniens, au contraire, ensevelissaient leurs morts au lieu même où ils étaient tombés, et ne rapportaient sur le sol de la patrie que les archagites, qu'ils embaumaient avec du miel. Des chants solennels, des hymnes, des oraisons funèbres, consacraient les exploits de ces guerriers. Elle retentit encore et retentira dans les siècles à venir la voix de Périclès, qui s'écriait, en louant les victimes de la guerre de Samos: « Ils sont im» mortels comme les dieux, ceux qui meu>> rent pour la défensé de la patrie! ›

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Dans la république romaine, qui sem

blait instituée pour combattre, et n'avoir d'autre but que la conquête, les récompenses devaient atteindre tous les rangs de l'armée, et offrir un prix à tous les services. Aussi furent-elles plus variées que chez les Grecs, et eurent-elles la qualité caractéristique que les publicistes voudraient qu'elles eussent toujours. La couronne civique était accordée au guerrier qui avait sauvé la vie d'un citoyen, et elle donnait le droit de prendre place dans les lieux publics auprès des sénaleurs. Quoique de simples feuilles de chêne, elle était plus appréciée que les couronnes d'or décernées à ceux qui les premiers avaient gravi les remparts d'un camp ou escaladé les murailles d'une ville assiégée. Lorsqu'une armée était bloquée par l'ennemi, les soldats offraient à celui qui venait les délivrer une couronne formée de l'herbe qu'ils ramassaient sur les lieux mêmes où on les tenait enfermés; et cette récompense, rarement accordée, était le premier des honneurs militaires. Pour des actions moins éclatantes, on distribuait des armes, des harnais, des bannières, des colliers, des chaines qui descendaient sur la poitrine, des bracelets, des cornes d'or ( cornicula), qu'on attachait aux casques. Les guerriers s'en paraient au spectacle et dans les assemblées du peuple.

Les dépouilles de l'ennemi étaient appendues aux portes et aux lieux les plus apparents de la maison ; mais celles qu'un général romain enlevait au commandant de l'armée qu'il devait combattre ( quæ dux duci detraxit), étaient placées avec pompe au temple de Jupiter Férétrien, dont Romulus avait été le fondateur.

Le triomphe que décernait le sénat, et quelquefois le peuple, contre la volonté même du sénat, ne pouvait être accordé que dans une guerre contre l'étranger (justo et hostili bello), et l'on ne l'obtenait qu'après une victoire qui avait coûté cinq mille morts au moins à l'ennemi, et reculé les limites de la république. Je n'en donnerai pas les détails, je ne peindrai pas cette longue et imposante marche du Champ-deMars au cirque de Flaminius, et de là au Capitole; je ne suivrai pas le général qui, le visage peint de vermillon comme la statue de Jupiter aux jours de fête, trainé par quatre chevaux blancs, une courorne de laurier sur sa tête, tenait de la main gauche un sceptre que surmontait un aigle; car c'est en vain que l'esclave placé derrière lui mur

murait sans cesse à son oreille: souviens-toi que tu es homme; nous le verrions, en traversant le forum, donner froidement l'ordre de mettre à mort les rois ou les chefs des nations vaiucues, qui, enchainés, avaient suivi son char, et violer ainsi toutes les lois de l'humanité.

Les peuples barbares qui abattirent le colosse romain n'eurent pour récompense qu'une plus grande part dans le butin ou dans la distribution des terres. C'est seule snent, d'après Daniel, dans l'institution des légions par François Ier, qu on trouve pour La première fois une récompense honorifique. Cette récompense était un anneau d'or, et il fut donné par l'amiral Chabot à un simple légionnaire, qui traversa à la nage la Doire, et ramena, sous le feu de l'ennemi un bateau qu'il avait enlevé sur la rive opposée. L'historien aurait dù conserver le nom de ce brave, qui a eu depuis tant d'imitateurs.

La féodalité avait mis une si grande ligne de démarcation entre la noblesse et le peuple, entre l'officier et le soldat, qu'il y eut et dut y avoir des récompenses distinctes pour les uns et pour les autres. Les nobles obtenaient des charges à la cour, des titres de chevalier, de chevalier-baronnet, de comte, de duc, et ces titres, qui entraient dans les hiérarchies militaires, leur don. naient des commandements. Quant aux soldats, nés pour obéir, condamnés à végé. ter dans des grades subalternes, leurs ex ploits étaient payés par quelques modiques sommes d'argent, la place d'anspeçade, ou la hallebarde de sergent.

Engagé dans les guerres longues et sanglantes que lui suscita la ligue d'Augsbourg, Louis XIV, à qui l'Europe avait déjà donné le nom de Grand, institua, en 1693, l'ordre militaire de Saint-Louis. « Les offi» ciers de nos troupes, disait-il dans l'édit » de création, se sont signalés par tant » d'actions considérables de valeur et de » courage, que les récompenses ordinaires » ne suffisant pas à notre affection et à la » reconnaissance que nous avons de leurs » services, nous avons cru devoir chercher » de nouveaux moyens pour récompenser

» leur zèle et leur fidélité. »

Les sous-officiers, les soldats s'étaient sans doute signalés aussi par des actions considérables de valeur à Fleurus, au combat de Lens et dans les champs de Steinkerque; mais, dans l'ordre social alors en

vigueur, ce ne pouvait pas être pour eux qu'on avait institué un ordre, dont le monarque se déclarait grand-maître et chef souverain. Les officiers seuls pouvaient y prétendre. Nous verrons bientôt un ordre qui, créé par un capitaine qu'on décore aussi du titre de grand, eut l'égalité pour base, et récompensa du même prix le courage de tous les rangs.

Depuis l'établissement des armées permanentes, l'avancement devint un grand moyen de rémunérer les services. Cette récompense à-la fois honorifique et lucrative, est également employée par toutes les puissances de l'Europe, mais avec des barrières que, chez le plus grand nombre, l'aristocratie empêche de franchir. C'est en les abattant toutes, en mettant toutes les placca au concours, en promettant à chaque soldat de dire comme les héros d'Ossian, je seruį grand ou mort, que la révolution française inspira à nos armées tant d'enthousiasme, et les rendit capables de tant de prodiges.

D'autres récompenses plus adaptées aux idées républicaines attendaient ceux qui avaient trouvé des occasions particulières de se distinguer, et les sabres d'honneur, les fusils d'honneur, les trompettes d'honneur, devinrent pour tous les rangs de l'armée de vifs objets d'émulation.

Tous ces moyens parurent insuffisants à Napoléon, qui était appelé à donner à la France une nouvelle impulsion, et à la rendre l'arbitre du monde. Après avoir consacré un monument à Turenne, réparé pour d'Assas l'ingrat oubli que Voltaire nous reprochait, érigé des statues à Condé, comme à Kléber, comme à Desaix, et prouvé ainsi qu'il rendait un égal hommage à la gloire de tous les âges, il résolut de créer une institution, dont aucune époque ne lui offrait le modèle ; il voulut que, ne blessant pas l'égalité, puisque tous les Français pouvaient y prétendre, elle placât la gloire acquise bien au-dessus de la gloire héritée ; que, destinée à récompenser les services civils comme les services militaires, elle détruisit des prétentions jusque alors rivales, et réunit par une distinction commune le guerrier, le magistrat, l'administrateur, l'artiste, le savant qui, marchant au même but par des voies diverses, avaient concouru à la gloire et à la prospérité de la patrie.

Telle fut la pensée à la fois morale et pa, triotique qui présida à la création de la lớgion - d'honneur, levier puissant auquel la

France dut tant de prodiges. La restauration et la royauté n'a pas d'autre origine, d'aul'adopta, et les mots sacrés honneur et patrie tre contrat ni d'autre destination. brillent encore avec éclat auprès de l'image du monarque-citoyen, dont le souvenir vit dans tous les cœurs.

Les Romains donnaient aux généraux qui avaient soumis de vastes territoires le nom des contrées où ils s'étaient illustrés, et les surnoms d'Africanus, de Numidicus, de Germanicus, rappelèrent de glorieux services, et immortalisèrent ceux qui les avaient rendus. Catherine II avait renouvelé cet usage pour les Orloff, pour les Romanzoff. Napoléon qui conquit des royaumes, qui changea la destinée de tant de nations, ne pouvait le négliger, et la France eut ses ducs de Rivoli, de Castiglione, de Montebello, ses princes d'Auerstedt et de la Moscowa!

Si je n'étais resserré dans de justes limites, j'examinerais ce que sont, ce que doivent être les récompenses dans les différentes formes de gouvernement, et le degré de civilisation où les nations sont parvenues. Il serait curieux surtout d'observer la force que leur donnent les idées religieuses, quand elles sont d'accord avec les institutions; mais ce serait le sujet d'un grand ouvrage, et je ne dois faire qu'un article. (Voyez CHEVALERIE, NOBLESSE, PRIVILEGES.)

MIRBEL.

* RECORD (ROBERT), savant anglais, né dans le pays de Galles, professa d'abord les mathématiques à l'université d'Oxford, fut ensuite reçu docteur en médecine à celle de Cambridge, et mourut en 1558, dans la prison du Banc-du-Roi où il avait été mis pour dettes. Il est, dit-on, le premier Anglais qui ait écrit sur l'algèbre. Ses ouvrages (en anglais) sont: Principes des arts, dont la meilleure édition est de 1623, in-8°; la Pierre à aiguiser les esprits, Londres, 1557, in-4°; le Chemin de la science, contenant les premiers principes de la géométrie; le Chateau de la science, ou Explication de la Sphère, deuxième édition, 1596, in-8°, etc. RECOUSSE. Voyez PRISES EN MER.

RECRUTEMENT. ( Armée de terre.) L'organisation d'une défense commune est le principe vital de toute société. La raison n'en imaginera pas, l'histoire n'en signale aucune qui n'ait obéi à cette nécessité.

Faire concourir toutes les intelligences et toutes les volontés à ce but de conserva tion doit être la pensée dominante d'un gouvernement: c'est aussi son premier devoir,

De l'organisation de la défense commune découlent pour les États leur lustre, leur indépendance et leur durée; ce n'est qu'à ce prix que la terre produit pour celui qui la possède, et que le travail profite à celui qui s'y livre. Nulle part cette question fondamentale n'a excité plus de sollicitude que chez les anciens: on s'y était tellement attaché à créer et à maintenir des mœurs militaires, que, si tout ce que les arts, les lettres, la morale et la philosophie ont de grand, de noble et de beau ne nous venait aussi de ceite source, on serait tenté d'accuser leurs législateurs, à qui la postérité confirme pourtant le nom de sages, d'avoir regardé l'homme comme uniquement destiné pour la guerre.

Remontant à leurs codes immortels qui ont servi de modèle aux peuples venus depuis, on trouve que chaque membre d'une société naissante est tenu d'abord au service personnel. Long-temps la dette est payée sans murmure; car le premier des devoirs sociaux ne saurait peser à l'homme que n'a pas amolli le luxe, et que satisfait la médiocrité. Mais, à mesure que les peuples croissent en savoir, en industrie, en richesse, lorsqu'ils approchent cette période d'abàtardissement que l'on appelle haute civilisation, alors la loi du service personnel devient gênante et dure. C'est à cette époque de crise qu'on a vu certaines sociétés chardeau de la défense commune ; qu'on en a vu ger quelques-uns de leurs membres du fard'autres, plus déchues encore, réduites à soudoyer chez l'étranger la vigueur et le courage devenus introuvables chez elles.

est la conséquence prochaine d'une mesure Pour les premières, l'esclavage des masses imprudente, et le grex imbellis ne tarde guère à être foulé aux pieds par la caste belliqueuse : c'est l'histoire de l'Inde, de la Chine, des États mahométans et de notre Europe féodale. On sait ce qu'ont à endurer les masses qui ont résigné le plus noble de leurs droits. Néanmoins de telles populations peuvent subsister comme États, attendu qu'il y reste un principe plus ou moins puissant de conservation et de vie.

Mais chez celles où toutes les mains ont désappris le maniement des armes, le principe vital a cessé d'exister. Aussi n'en est-il pas qui n'ait disparu de la terre, comme il arrive à ces infortunés tombés en démence,

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